Qu'est ce que tu comptes faire ? [Feat Felix]

Lazuli ne savait plus vraiment où se mettre. Est-ce qu'il avait vraiment sa place ici ? Dans un sens, il préférait croire que son admission ne laissait aucune marge d'erreur. Ils ne pouvaient pas l'avoir laissé arriver ici par hasard, n'est ce pas ? Pourtant, il doutait toujours un peu. Est-ce qu'il était à la hauteur ? Il avait beau gagner des concours, se démener, ressortir du lot toujours parmi les vainqueurs, se retrouver maintenant parmi tant de personnes aussi talentueuses que lui l'angoissait. Il se sentait inférieur, un peu minable. Que faire ? Il passait sa vie à mentir derrière des personnages qui n'étaient que de vagues boucliers pour éviter de faire face au monde tel qu'il était à présent. Est-ce qu'il se sentait vulnérable ? Peut-être un peu. C'était agaçant. Il ne voulait pas qu'on le considère ainsi.
Il préférait fuir de toute façon. Ne plus penser à rien, se vider la tête, foncer un peu dans le tas et voir ce qui se passait ensuite.
Il avait la désagréable impression qu'autour de lui, rien ne changeait. Les gens étaient au fond les mêmes, et lui, au fond de sa tête, il n'était encore qu'un paria. Il avait du mal à leur parler, peut-être trop timide, sûrement pas assez courageux. Si c'était pour faire face à des murs, il n'avait pas envie de se fatiguer. Il n'était pas stupide non plus.
Il trouvait principalement son bonheur au club de danse. Pas qu'il s'entendait merveilleusement bien avec tout le monde là-bas comme si c'était ses meilleurs amis pour la vie, mais il avait au moins la possibilité d'être dans son élément. C'était un moyen de reperdre son identité, de s'alléger un peu l'âme, de mentir en groupe, se rassurer de ses mensonges... Il le voyait un peu comme ça, même s'il s'en servait aussi pour exorciser ses démons.
Mais récemment, les choses s'étaient complexifiées. Oh, ce n'était pas grand chose, dirait on... Mais il y avait ce garçon qui semblait aimer le taquiner. Il ne savait pas comment interpréter sa manière d'échanger avec lui. Il était un peu débutant en matière de social, alors il se contentait d'être gêné, d'essayer de se montrer agacé, d'opposer une résistance molle en public, quand bien même en privé, finalement, il trouvait ça plutôt drôle. Felix l'amusait. Peut-être ? Il l'appréciait, en tout cas, c'était indéniable. Il était juste un peu inconvenable en public. Mais tant pis, il devait bien savoir qu'en public, Lazuli rentrerait dans son jeu, non ?
Il chercha comme à chaque fois à l'éviter durant l'entraînement, trop concentré sur son travail. Il savait qu'il était vital de faire preuve de perfectionnisme ici. Il n'allait pas pouvoir s'épanouir s'il ne cherchait pas à tous prix à se dépasser. Et cela impliquait aussi de se débarrasser des gens qui pouvaient le déconcentrer pendant les pauses... comme Felix. Felix qui s'était approché pendant un petit moment de répit.

- Encore toi ? lança Lazuli, se voulant cassant.

Il tâcha de paraître un peu agacé, mais réprimait tant bien que mal un sourire amusé. Son regard s'était allumé. Non, vraiment, il l'envoyait balader de manière très très crédible. Personne ne devait y croire au fond. Il essayait, dirait on. Mais la volonté n'était pas tant que ça derrière.

gabi le loup

T'étais enfin de retour au club de danse après les fêtes. T'allais pas mentir, si les cours et les révisions avaient été le dernier de tes soucis durant cette période, squatter le studio de danse lui, t'avait manqué. T'étais rentré en Suède pour quelques semaines, t'avait profité pour filmer quelques vidéos pour ta chaîne et faire un cover de danse quelque part dans la ville, mais c'était pas la même ambiance et le même sentiment que de te retrouver dans le studio de danse, prêt à suer durant des heures. T'appréciais peut-être pas tout le monde, tu levais les yeux au ciel parfois en voyant certains étudiants qui mettaient trois plombs à retenir un enchaînement simple, mais la présence de Jonah te suffisait à rester concentré et attentif – et celle de Lazuli aussi. Il était là d'ailleurs, focalisé sur l’entraînement, ne te lâchant pas un regard du cours. Et même si tu faisais de ton mieux et que tu participais activement de ton côté, tu ne pouvais qu'être frustré, alors que tu tentais désespérément de croiser son regard à travers de l’immense miroir. Encore raté. Alors quand la pause était donnée, tu perdais pas de temps, et tu t'avançais vers lui. « Encore toi ? » C'était tout ce dont il suffisait qu'il dise pour faire soulever les extrémités de tes lèvres. T'aimais provoquer des réactions chez les gens. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises, t'en avais besoin, ça te faisait du bien, ça te faisait exister. Il pouvait paraître agacé, il pouvait être cassant, mais au moins, il n'était pas indifférent. Et c'était peut-être con comme réflexion. T'avais sûrement pas un cheminement très normal si on prenait deux minutes pour te déchiffrer. Qui préférait être détesté ou rejeté, plutôt qu'être simplement sans opinion sur sa personne ? Toi, toi tu préférais. « Heeeey, gueule d'ange. » Tu saluais, aimant bien lui donner ce petit surnom à chaque fois que tu le croisais. Il pouvait rougir ou bafouiller ou te jeter un regard glacial - tu ne savais jamais vraiment quelle serait sa réaction, tout dépendait de si vous étiez en privé ou en public ; et ça t’excitait quelque peu, ça te faisait rester sur tes gardes. Et puis tu n'allais pas mentir, ça lui allait plutôt bien, gueule d'ange. Tu t'approchais encore de quelques pas, laissant tes yeux le dévisager de haut en bas, d'une manière qui se voulait être la moins subtile du monde. Pourquoi tu devais te montrer discret et subtil pour apprécier les belles choses ? « Un petit oiseau m'a dit que je t'avais manqué durant les vacances. » Ton sourire devenait plus un rictus amusé, preuve des conneries que tu pouvais débiter. Parce que t'en savais rien, parce que le petit oiseau c'était toi et toi seul – mais t'avais forcément du traverser son esprit à un moment ou un autre durant ces quelques semaines, non ? « J'ai bien senti que tu n'osais pas me regarder durant le cours de peur de me sauter dessus. Mais ne t'inquiète pas, ce serait avec plaisir de remédier à tes tentions sexuelles non résolues après l’entraînement. » Proposition alléchante avec petit clin d'oeil à l'appuie, ça passait toujours crème.

gabi le loup

Il y avait chez Felix une vague tendance à être lourdingue, surtout en public. Lazuli avait fini par comprendre que son camarade du club de danse aimait l'attention, même si c'était juste pour se faire détester ou salement jeter. Le décoloré avait un peu de mal à comprendre tout ça... Mais au fond, pourquoi pas ? Tout ce qu'il savait, c'était que le comportement de Felix l'amusait... un peu malgré lui, c'est vrai.

« Heeeey, gueule d'ange. »

Lazuli roula des yeux, laissant échapper un "tch" agacé, comme s'il espérait que cela  soit assez efficace pour repousser son camarade. Pourtant, il le savait très bien : Felix n'était pas si simple à envoyer balader. Et en fait, cela plaisait au singapourien. Il avait l'impression d'avoir un minimum d'importance. Au moins, il y avait quelqu'un pour lui montrer un peu d'intérêt... Et Dieu sait qu'au fond il en avait besoin.

« Un petit oiseau m'a dit que je t'avais manqué durant les vacances. »

Le jeune décoloré fit mine de se renfrogner. Qu'est ce qu'il racontait celui-là ?! Bon, OK, la vérité, c'était que ce maudit Felix le frustrait. Il avait envie de se le faire. Mais impossible de l'avouer... surtout en public ! De toute façon, même en privé il ne se sentait pas tant que ça capable de l'avouer. Mais oui, il y avait au moins un peu pensé, à ce type lourdingue. Pas de manière toujours convenable d'ailleurs, à son grand damne. Lazuli détestait tout ce que pouvait lui procurer Felix dans un certain sens, parce qu'il ne se sentait pas en sécurité. Mais cela le peinait toujours de devoir l'envoyer balader. Il avait peur de lui faire du mal, alors qu'il voyait bien à chaque fois que cela ne faisait qu'encourager son camarade.

- Te fais pas de films, j'avais autre chose à faire, avait-il donc rétorqué, sèchement.

Malgré tout dans sa tête, il se sentait désolé d'être si méchant. A croire qu'il aurait été mieux de se cacher derrière ses personnages dès le début pour ne pas se retrouver dans cette situation. Il aurait dû partir en courant la première fois, comme à son habitude quand il n'arrivait pas à jouer un rôle. Mais il peinait seulement à maintenir un comportement qui s'apparentait à celui de son personnage préféré, incapable de le devenir complètement.

« J'ai bien senti que tu n'osais pas me regarder durant le cours de peur de me sauter dessus. Mais ne t'inquiète pas, ce serait avec plaisir de remédier à tes tentions sexuelles non résolues après l’entraînement. »

Il n'aimait pas ça. Il avait bien sentit quelques regards, quelques murmures autour d'eux, et malgré lui ses entrailles s'étaient tordus, et il avait pâlit plus que rougit. Felix n'avait vraiment aucune limite ! Il ne devait pas laisser quoi que ce soit se répandre... Il ne voulait pas être l'objet de rumeur, en dehors de quand il était dans ses personnages. Là, il n'avait pas vraiment de contrôle sur la situation, et c'était extrêmement perturbant.

- Tu dois être vraiment désespéré pour sortir ça. Pas étonnant que t'aies trouvé personne, tu penses qu'à sauter tout ce qui bouge. T'as vraiment aucune dignité, lui envoya t-il, faisant la moue.

Il n'osait plus le regarder, se contentant de lui filer une tape derrière le crâne avant de se remettre au travail. Fini la pause... Même si pour être honnête, repousser Felix était tout sauf une pause. Ce garçon ne reculait devant rien ! Il fallait croire qu'au moins, lui, il allait au bout de ses plans...
Le décoloré tâcha de l'oublier, un peu inquiet à l'idée qu'il revienne à la charge, mais se doutant bien qu'une fois l'entraînement repris, il ne pourrait plus rien faire. Il avait juste à éviter son regard, quoi qu'il arrive. De toute façon, avec Jonah dans les parages, Felix avait bien intérêt à se tenir à carreaux, et se concentrer sur ce qu'il faisait. Et rien que pour ça, le singapourien lui en était fortement reconnaissant.
Lazuli pris donc le temps de songer à sa fuite après l'entraînement, au moins pour ne pas tomber sur Felix avec quelqu'un pour voir. Il détesterait l'idée qu'on sache qu'au final, il ne détestait pas son camarade... Et surtout qu'il rentrait dans son jeu dès qu'on avait le dos tourné. Après tout, Lazuli passait pour hétéro auprès de presque l’entièreté du campus, étant donné qu'on l'avait vu flirter avec des femmes... Impossible de laisser entendre que ce n'était encore qu'un personnage qu'il jouait pour planquer une homosexualité pas du tout assumée.
Il s'éclipsa dès qu'on leur laissa l'occasion, allant se planquer au vestiaire dans les toilettes après avoir verrouillé la porte. Mieux valait prétendre être un gros timide, plutôt qu'avouer qu'il fuyait encore le bon vieux Fefe international.... Enfin surtout avouer qu'il attendait que tout le monde déguerpisse pour retourner le voir afin de le gronder pour un comportement qu'il savait ne pas pouvoir corriger.
Il attendit patiemment, attentif aux moins bruissements, puis, jeta au bout de quelques minutes un oeil dans le vestiaire, voyant qu'il n'y avait plus personne. Quoi ? Felix s'était barré ?

- Pff, il s'est barré l'autre c*n...

Il fit la moue, presque déçu. Déçu ? Non non, pas du tout... Enfin si... Un peu... Juste un peu...

- Eh, Felix, t'es là ?

gabi le loup