need answers
Il faut l'avouer, le "poto" était quand même assez lourd de sens, une digne façon de lui faire comprendre qu'effectivement, je l'avais quelque peu pris pour un con et que désormais mes intentions étaient claires : je l'avais toujours considéré comme un PQR. Je m'en voulais un peu. Jouer la carte de la franchise n'était pas ce que je faisais de mieux et si la franchise conduisait au fait que je sois obligé de me séparer de lui, malgré notre bon feeling évident, j'allais l'avoir mauvaise.
*Allez Morgan, fais pas le con, il doit bien y avoir un moyen de s'arranger tous les deux*. Je lui laissais terminer ses revendications. Lui voulait plus que du cul, je le savais déjà. Il n'avait pas besoin de me le préciser, tout était pour ma part limpide. Et moi, je voulais justement que du cul. Deux volontés diamétralement opposées. Pourquoi donc les gays étaient pires que les filles en matière de sentiment et adoraient se prendre la tête avec des considérations futiles. C'est vrai quoi, le monde irait tellement mieux si tout le monde s'envoyait joyeusement en l'air avec tout le monde, sans se poser de questions. Néanmoins, malgré le caractère complexe de la situation actuelle, j'avais l'avantage. Lui après tout, en étant venu me parler, était la personne demandeuse, moi je ne l'étais pas. En la jouant fine, je pouvais donc imposer mes conditions. La clé était de faire semblant d'aller dans le sens de mon interlocuteur afin de lui retourner le cerveau. Voilà où j'en étais réduit alors qu'il m'aurait suffit de mettre mon torse sur grindr pour attirer une nuée de mecs en chaleur.
*T'as vraiment de la chance que je t'aime bien mon petit Morgan*.
"C'est vrai que je devrai y penser, coucher avec ma fonte. Peut-être que les disques d'haltère seront moins chiants que toi..." Bordel, mais qu'est ce qui m'avait pris à lui répondre ainsi. Mon objectif était de le remettre dans mon lit et non de le braquer encore plus. Je me devais de mettre toute impulsivité de côté.
"écoute, je suis désolé. Je voulais pas dire ça. Tu sais je t'apprécie Morgan, vraiment. On a un bon feeling au pieu, t'es sympa, t'es mignon et je suis désolé de te faire tourner en bourrique comme ça... et euh..." à faire le faux cul, je m'écorchais la langue. Et ce même si, à bien des abords tout ce que je lui avais dit était vrai. Oui je l'appréciais, oui j'avais envie de le revoir, oui... oui et re oui... mais être franc ça ne me correspondait guère. J'étais une grande gueule, un déconneur, un dragueur invétéré sans foi ni scrupule et quand il fallait parler de mes sentiments les plus profonds, je me sentais extrêmement faible, vulnérable. Hors, je n'avais nullement envie de m'aventurer sur ce terrain miné aujourd'hui, ni même jamais.
"Et puis merde, tu fais chier sérieux. Je t'ai jamais promis que je serai ton époux ou quoi que ce soit. On baise juste, on va pas se marier, acheter un caniche et adopter un gosse... merde quoi. Je comprends pas pourquoi tu viens me prendre la tête avec tes considérations existentielles, sérieux ! Tu veux pas, prendre les choses comme elles sont et arrêter de te prendre la tête ? Tu sais quoi, t'as 20 ans mon pote, pas 40. T'auras bien le temps de te faire chier avec les sentiments et tout..." J'avais pété les plombs. En étant aussi violent, j'étais en train de définitivement le perdre. Pourquoi, fallait-t-il toujours que je me donne l'image d'un mec dur à cuir. Alors qu'au fond, je ne suis pas juste cet abruti qui manipule les gens à sa guise.