Ryu-Jin Nam-Kim ► Jackson Wang

“On va revoir ton entretien Ryu-jin.”

Tu soupires, agacé à l’idée de devoir encore simuler un entretien alors que t’ignores totalement comment cela va se passer une fois devant ses bonshommes d’Harvard, ceux-là même qui pourront oui ou non décidés de ta place dans cette université que l’on ne présente plus.

“Ok, ok... “

Tu t’installes en face de ta mère, elle te soutient tellement pour cette entrée, pour se rapprochement avec ta soeur. Faut dire, elle a toujours été inquiète après le départ de celle-ci et t’avais réellement du mal à lui mentir en disant que t’avais pas de nouvelles. Faut dire qu’elle, elle t’aurait balancé à ton père et ça aurait fait des histoires, alors tu t’es tûs pour éviter des conflits inutiles et ce même si ça impliquait que ta mère continue de s'inquiéter pour sa fille.

“Tu sais maman, si Yura est parvenue à rentrer alors qu’elle a arrêté un temps les études, je pense que je devrais pouvoir gérer aussi, sachant que mon parcours est plus exemplaire que le sien”

Tu reprends un peu les dires de ton père, qui lui n’a pas fait le voyage jusque Boston pour te soutenir et voir un peu ta soeur. Trop rancunier, faut dire que tu tiens cela de lui, alors tu le comprends, même si cela te navre un peu pour Yura.

“Allez, première question. Pourquoi demander un transfert pour votre quatrième année?”

“Pour rejoindre ma soeur qui a quitté la maison il y a un moment pour réaliser son rêve avant de venir ici dans cette même université ?”

“Ryu-jin ! Un peu de sérieux ! Tu sais très bien que tu peux pas répondre ça, l’affecte est moins important que ton avenir alors parles de tes ambitions, de ton parcours et pas de Yura !”

Une nouvelle fois, tu soupires. Ne comprends-t-elle pas que cela t’ennuie, qu’entre vous deux, la plus stressé par cet entretien, c’est elle ? Tu passes ta main dans tes cheveux, arborant à nouveau depuis quelque mois leurs couleurs naturels, un noir de jais.

“J’ai pour ambition de prendre la relève de mon père en Corée, il est, avec ma mère, à la tête d’un label. Je suis ainsi désireux de poursuivre mon apprentissage, ici, à Harvard, pour apprendre le management pour dans le futur permettre à ce label de produire également des artistes sur le sol Américain. Mais je tiens également à montrer aux coréens qu’il est tout à fait possible de venir étudier dans ce pays et d’en sortir avec des distinctions. Je sais que je suis ambitieux, mais j’ai de la patience et surtout du courage pour aller au bout de mes projets. Si vous m’acceptez ici, au sein de votre université, je vous garantie qu’une fois de retour en Corée, je ne manquerais pas de vous faire connaître d’avantage et vous offrir la possibilité d'accueillir dans vos rangs les petits génis de mon pays.”

Tu grimaces alors.

“Tu vas trop loin là, on dirait que tu vises à être à la tête du pays, tu sais très bien que tu dois pas tenir de propos comme ça !”

Patience, tu dois en avoir avec elle, parce que tant qu’elle ne considérera pas que c’est correct, elle te fera encore répéter jusqu’au jours fatidique et heureusement pour toi, il arrive assez rapidement !

“Ouais, bien, ça serait plus simple si je pouvais me contenter de parler de Yura et argumenter ensuite au gré de mes envies sans devoir mentir autant et faire un blabla comme quoi je ferais leurs pub à mon retour au pays, et blablabla, dire que je suis là pour ma soeur et ma passion, ça devrait être bon !”

Tu ne hausses pas le ton et ce même si tu as envie. Tout comme t’as envie de laisser ton poing s’écraser sur la table et de quitter le salon commun de votre chambre d'hôtel.

“Allez, on continue. Quels sont vos antécédents scolaires ?”

“Attends ? Tu penses vraiment qu’ils vont me poser cette question alors qu’ils ont vu mon dossier, si je suis rendu à cette étape c’est qu’ils savent que je suis un bon élève ! Enfin, si tu veux vraiment…

Depuis tout petit, je suis ce que l’on appelle un bon élève. Je n’ai que très rarement ramené de mauvaise note à la maison, tout comme je n’ai que très rarement manqué les cours. J’ai toujours été appliqué que cela soit pour les cours scolaires ou bien mes cours de chant ou de danse. Désireux de suivre un cursus de musique en mineur, je me sens dans l’obligation de vous préciser que ce n’est pas pour procrastiné. La Musique est réellement importante dans ma vie et en vue de mes projets futurs, cela ne risque point de changer.”

“Quels sont donc vos projets futurs ?”

Tu lèves tes yeux aux ciels, agacé par cette question, mais avant que ta mère ne puisse faire une remarque, tu reprends la parole pour répondre, car t’as pas encore envie d’une leçon de morale et t’as bien vu à son froncement de sourcil que ça allait venir.

“Comme déjà mentionné avant et dans mon dossier, je suis désireux de prendre la suite de mon père à la tête de son label et développer encore celui-ci afin qu’il soit le plus important de Corée.”

“Pouvez-vous nous dire ce que la Musique signifie pour vous ? Est-ce juste un moyen de gagner de l’argent pour vous ?”

Tu restes de marbre face à cette question que ta mère te pose. Face au jury tu hocherais négativement la tête et mentirait, mais avec elle, tu peux te permettre de dire la vérité au final au risque qu’elle te demande elle-même de ne pas mentionner ce détail sur tes origines. Tu vas donc tenter le coup, pour voir sa réaction.

Assis sur ta chaise, tu te penches un peu en avant, joignant tes mains sous la table pour parler de ce passé qui te hante encore un peu sans pour autant être réellement une source de douleur. Tu n’aimes juste pas en parler parce que pour toi, maintenant, t’es un Nam-Kim et ce peu importe qui sont réellement tes géniteurs.

“Pour tout vous dire, la musique à fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Sans elle, je ne serais pas là devant vous. Pour aller plus en détail, j’ignore mon véritable nom. Nam-Kim est celui de mes parents adoptifs, car je n’ai pas connu mes vrais parents. J’ai été abandonné le deux mai milles neuf cent quatre-vingt-seize. Jour qui a d’ailleurs été décidé comme mon jour de naissance sans savoir si je n’en avais pas quelques uns de plus. J’ai vécu trois années là-bas, bercé par de la musique k-pop justement produite par le label de mon futur père adoptif.”

Tu baisses alors un peu la tête t’attendant à ce que ta mère t’arrêtes, mais elle ne le fait pas, comme si elle était désireuse d’entendre enfin de ta bouche ce que t’avais raconté à son mari presque vingt ans auparavant, mais cette fois-là avec des mots d’enfants. Tu reprends donc d’une voix calme et aussi posé que possible.

“A trois ans, je me suis retrouvé dans une famille d'accueil au revenu plus que modeste pour ne pas dire insuffisant. Pas assez d’argent, pas assez de nourriture et dés lors, c’est moi que l’on privait de celle-ci et aussi de vêtements correct. J’étais leurs souffres douleurs, leurs moyen de décompresser de leurs mauvaises journées. Témoins et victime de leurs souffrances, j’étais trop jeune pour comprendre que ce n’était pas ça une véritable famille…”

Tu ris alors un peu, nerveux à cause du regard de ta mère que tu sens toujours sur toi. Tu relèves un peu la tête, pour la regarder et la voir réellement se retenir de te prendre dans ses bras, elle veut réellement que tu ailles jusqu’au bout ou bien, elle tient bien le rôle d’un membre de jury et est dès lors désireuse d’aller au bout de cette simulation d’entretien d’entrée à Harvard.

“Après tout, quand on est une vraie famille, on ne s’oublie pas… Parce que c’est ça qu’il s’est passé, du moins, je suppose, ma mère m’a laissé dans la rue. Encore une fois, bien que cette fois-ci je fus un peu plus âgé. Mais ainsi quatre ans plus tard, j’étais à nouveau dans le froid et abandonné. J’ai tenté de survivre plusieurs jours comme ça, vivant de vol et mendiant sans pour autant que la police ne cherche à savoir qui j’étais et pourquoi un gamin de mon âge était dans la rue. Pour dire vrai, la seule fois où j’ai failli réellement avoir à faire à la police, c’est quelque semaine plus tard, quand j’ai rencontré votre mari. Mon père.”

Délibérément tu lui fais comprendre que tu t’adresses à elle maintenant et non plus à un quelconque personnage qu’elle pourrait incarner pour tenter de l’en libérer alors que tu ressens bien son envie de te prendre dans ses bras pour te réconforté et ce même si tu n’en ressens toi, plus réellement le besoin.

“Je lui ai alors expliqué comme je pouvais ce que je viens de te dire mère et après vous connaissez la suite n’est-ce pas ?”

Tu laisses entendre un petit rire à nouveau.

“Je vous ai fait vivre à tous les trois, avec Yura un véritable enfer au début avec mes manières. Je volais de la nourriture la nuit par peur de ne pas avoir à manger le lendemain. Je me tenais toujours loin de vous et je me cachais tout le temps quand lui ou toi rentriez du travail. Mais je pense que le pire, c’est quand même là fois où tu m’as trouvé entrain de fouiller dans la garde de robe de Yura pour avoir un peu plus de vêtements.”

Tu la vois alors rire un peu à cette anecdote qu’elle ne peut pas avoir oublié, après tout, c’est ce genre de petit souvenir drôle et peu commun qui crée les liens et peuvent permettre ainsi de vous définir comme une véritable famille.

Et ainsi, tu as gagné, elle change de sujet, parlant de souvenirs propres à ton arrivée dans leurs familles, comme par exemple le fait que par ta faute Yura se soit mise à jouer au foot pour t’aider à te sociabilisé avec elle. La simulation est donc terminée et j'espère bien que la prochaine fois que tu devras répondre à ce genre de question, ça soit face au Jury uniquement…