J'étais au centre commercial, occupé à claquer du fric inutilement quand j'avais reçu un sms de Luhànn. Elle avait envie de se défouler sur ma cousine. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres ; je me fichais pas mal de la raison pour laquelle elle était énervée et éprouvait le besoin de se défouler sur quelqu'un, elle me demandait simplement de venir pourrir quelqu'un avec elle et dieu seul savait comme j'aimais pourrir Rose. Après tout, elle faisait honte à ma famille. Sa mère et la mienne étaient en mauvais terme depuis des lustres, bien avant notre naissance. Pourquoi ? Parce que ma mère avait épousé un homme riche alors qu'elle ne l'était pas, et que ça frustrait ma tante. Elle avait qu'à avoir plus de charme et plus de jugeote si elle voulait attirer l'attention sur elle ; ma mère avait réussi sa vie, pourquoi l'en blâmer ? Et puis ça, c'était sans compter le fossé qui s'était creusé encore plus lorsque ma mère elle-même avait fait fortune. Certes avec un coup de pouce de mon père, mais elle gérait seule son empire hôtelier, mon père n'avait fait qu'aider aux financements dans un premier temps. Désormais, nos deux familles n'avaient plus rien à voir. D'un côté il y avait la réussite, de l'autre il y avait les ratés. Et ce schéma se reproduisait chez leurs enfants. Je réussissais dans mon domaine, j'étais sérieux, j'avais un grand avenir je le savais. De l'autre côté, Rose bossait certes comme une folle, mais elle se droguait et était naïve au possible. Elle se ferait marcher dessus, c'était évident, puisque c'est ainsi que le monde fonctionne. Marcher sur les autres ou se faire marcher dessus. Ma famille et sa fortune estimée à 3 milliards de dollars marchait sur la famille à Rose dont la fortune était estimée à... à trop peu pour que ce soit énoncé.
Je terminai mes achats, annonçant à Luhànn que j'étais partant avant de sauter dans ma Audi et rejoindre la maison des Cabot. Je me garai, sortis de la voiture et m'approchai de l'entrée, balayant les alentours du regard en me sortant une cigarette et l'allumant avant de remettre le briquet dans ma poche. J'attendais patiemment que Luhànn finisse de se préparer, parfaitement conscient qu'elle ne voulait pas sortir avant d'être belle à tomber par terre. Mais très vite, ma patience fut mise à rude épreuve par la présence d'un indésirable, un moustique que je rêvais d'écraser entre mes mains pour ne plus entendre son vrombissement incessant et plus qu'agaçant. Mon regard se posa sur Donovan, que je regardai de haut en bas en affichant une mine désormais dégoûtée.
« Si ma tronche ne te plait pas, je ne la ferais refaire pour rien au monde. »Les étoiles avec les étoiles, les tâches avec les tâches. Si ma tronche ne lui revenait pas et me permettait de garder Logan à distance, c'était parfait. Un sourire se dessina également sur mes lèvres, provocateur et hautain, comme j'en avais l'habitude.
« Mais toi qui est si généreuse et qui crache tant que les autres riches, tu n'as qu'à faire don de quelques millions à ces fameux Somaliens, je suis certains qu'ils seront ravis et tu auras la conscience tranquille. »Mon regard se posa sur ses frites avant que je ne hausse les épaules, reportant mon attention sur la porte d'entrée. Il ne manquerait plus que ça, que je m'abaisse à bouffer Mcdo. Elle faisait bien de ne pas m'en proposer, au moins elle avait conscience que je ne jouais pas dans la même cour qu'elle, que je ne m'abaissais pas aussi bas qu'elle.
« Douce attention. Il ne manquerait plus que je mange des frites issues d'un fast-food remplis de rats. »