Trois heures. C'était ce qui séparait Boston et New York. La dernière fois que j'étais venue ici c'était un peu avant les fêtes de noël.. ça faisait un bail. J'avais eu envie de faire une surprise à mon père et à mon petit frère, sans prendre la peine de les informer de ma visite. Du moins, de notre visite. J'étais pas venue toute seule, Marcus faisait partie de ce voyage. Il avait accepté de m'accompagner, même si mon but premier n'était pas qu'il rencontre ma famille tout de suite. Non, j'voulais lui montrer d'où je venais. Lui montrer mon monde qui était très très trèèèès différent du sien. Et peut-être au fond de moi j'voulais connaître l'avis de mes proches vis-à-vis de lui. Deux personnes qui comptaient le plus pour moi -après Sienna et Rose.- Au final, je savais pu trop si c'était parce que je voulais qu'il les rencontre officiellement. J'aurais pu attendre encore un moment mais y'avait cette voix dans ma tête qui me disait de foncer et voilà où ça m'avait mené. Ici, à New York. J'indiquais au chauffeur quel chemin prendre, sous le regard de Marcus qui m'observait. « C'est là ! » finissais-je par dire, après avoir décris la maison pour qu'il sache où nous déposer. Je me tournais légèrement vers mon copain - la fierté de pouvoir enfin le considérer comme tel après tout ce temps. « T'inquiète pas, il n'y aura pas de toxico qui va te sauter dessus. lui disais-je en souriant, connaissant un peu beaucoup le personnage qu'il y avait devant moi.    

J'appréciai toujours de venir à New York. Mais cette fois, les circonstances de ce séjour étaient bien différentes. Un tête à tête avec Brin, qui c'était vite transformé en présentation avec sa famille. Je ne savais pas trop comment me comporter avec cet aspect de notre couple. Au final, je connaissais très peu de choses sur elle, sur son passé, sur ses parents... la seule chose que je savais au fond, c'est que Père n'approuverait pas. Je le savais pertinemment. Pas la même classe sociale, pas le même monde. Monde qu'il ne serait en aucun cas prêt à accepter pour un Von Habsburg. Peut-être était-ce pour cette raison au fond que je ne l'avais jamais vraiment questionnée sur sa famille, préférant faire l'autruche face à cette problématique qu'il était bien plus facile d'ignorer jusqu'à présent. Mais alors que nous étions en route pour rencontrer sa famille, je pouvais difficilement ne pas y penser.
J'observais la ville qui défilait sous mes yeux, tout en jetant des coups d'oeil à Brin qui guidait le chauffeur de notre taxi. Autant dire que nous étions loin de la 5ème avenue et de Central Park. A tout moment je choppais le typhus en ouvrant la portière. Pourtant malgré mon appréhension je restais silencieux, gardant mes jugements pour moi pour ne pas froisser ma copine. La voiture s'arrêtait devant la maison indiquée par Brin. J'allais ouvrir la portière, avant d'interrompre mon geste devant sa remarque teintée de sarcasme. « Me voilà rassuré » répondis-je, railleur, prenant la chose à la rigolade. Mais oui, elle me connaissait trop bien pour lire ainsi dans mes pensées. Une fois à l'extérieur j'ajustais ma veste par réflexe, essayant de ne pas tiquer face à l'allure mal famée du quartier. Au fond de moi, je ne désespérais pas de réussir à la ramener à l'hôtel ce soir. « Contente d'être de retour chez toi ? » demandai-je néanmoins avec sollicitude, tout en donnant au billet au chauffeur avant d'attraper nos sacs.