Ange déconnecté. Ange désintéressé. Le monde semblait avoir totalement perdu de son intérêt. L’extérieur n’avait plus d’attrait. Les conversations ne faisaient que me saouler. Moi tout ce que je voulais était de retourner me cloîtrer entre quatre murs pour me rouler en boule sur moi et oublier cette douleur béante à l’intérieur de mon être. Tout ce que je voulais était de me noyer sous les substances qui parvenaient, le temps de quelques heures, à effacer combien ça me faisait mal tout ça. Toute cette histoire à laquelle j’avais été idiot de croire. J’avais cru être quelqu’un. J’avais cru être important. J’avais cru à l’amour. J’avais cru qu’il m’aimait. Putain, mais quel abruti j’avais été. Je me stoppais soudainement lorsque la silhouette de Florian se retrouvait face à la mienne. Mes prunelles se relevaient sur lui et je fronçais les sourcils. Je fronçais les sourcils parce que je n’avais pas capté les mots. Je ne comprenais pas l’arrêt. Je ne comprenais pas ce soudain face à face et ça me dérangeant. Ange qui ne voulait pas parler. Ange qui avait déjà fait un effort en acceptant de sortir. Ange à qui il ne fallait pas en demander plus. Ma langue glissait sur mes lèvres lorsque Flo reprenait la parole et je ne pouvais m’empêcher de lâcher un rire sans joie à l’entente des mots. Les mains s’enfonçaient dans les poches de ma veste. Je restais là. Immobile. Silencieux. Je restais là à le fixer et à le laisser lâcher ce qu’il avait à dire. Je l’écoutais. Sagement. Attentivement. Et, lorsque le silence se faisait plus fort que le reste, mes prunelles trouvaient celles de Florian et je soufflais « Agir autrement ne m’apportera rien non plus Florian. C’est terminé. Je souffre comme un putain de martyr parce que j’étais sincère, que je l’aimais alors que je m’étais pourtant totalement fermé à l’amour. Je suis passé à côté d’histoires d’amour qui auraient pu durer et me rendre heureux pour un mec qui… » J’haussais doucement les épaules en soupirant. « Tu ne peux pas me reprocher d’être celui que je suis ou de réagir de cette manière parce que, putain, c’est juste moi et ça ne plaît pas je sais. Ça ne plaît jamais. Je ne plais jamais. On me lâche toujours et c’est juste sans doute ce que je mérite si ça tourne comme ça. Suis sans doute guère assez bien pour qui que ce soit dans ce putain de monde ! » Trifouillant dans ma poche, j’en sortais une nouvelle cigarette que je venais glisser entre mes lèvres. M’empressant de l’allumer, je tirais dessus avant de reprendre « Je ne demande pas d’aide. Tu as d’autres choses à foutre de toute manière. Et je peux parfaitement resté enfermer si je le désire. Ça ne change rien pour qui que ce soit parce que tu veux savoir quelque chose Florian… » Je me reculais d’un pas écartant les bras avant de balancer trop fort « TOUT LE MONDE S’EN BALANCE DE MA PRÉSENCE OU NON ! » Portant la cigarette à mes lèvres, je tirais dessus une nouvelle fois de mes doigts tremblants avant de souffler « Je retourne là-bas. Bonne journée Florian. ». Et, sans attendre, je faisais demi-tour désireux de fuir ce monde où ma place ne me plaisait guère. Désireux de m'effacer de cet espace où je ne me sentais - et ne me sentirais plus jamais - le bienvenue. L'époque était révolue.