(numsin) ≈ the movies and a pretty girl

Bon sang, elle me fixe. Alors je me tortille, regarde à gauche, à droite, me gratte la nuque. Je sens son regard brûlant sur moi. "Merci à toi d'être venue." C'est le moment où on se dit au revoir, à une prochaine fois ? C'est sûrement ce que j'aurais dû faire ouais mais je parle trop vite, à chaque fois, j'improvise et c'est la cata. Je la dépose en voiture, putain mais quelle idée Num ! En plus je bafouille, je sors une phrase à rallonge, ça la fait rire. "Carrément ouais !" J'arrive pas à ravaler mon petit sourire alors que je relève les yeux vers elle. "J'espère que ce sera pas un trop grand détour pour toi..." Je secoue la tête, hausse les épaules. "Non, non, t'en fais pas." Elle étudie à Harvard, elle doit quand même pas habiter à 100 bornes d'ici. On traverse le parking au pas de course, parce que je me gèle les miches moi par ce temps. Je laisse Tamsin s'installer à la place passager, je m'attache, tourne la clé et allume mes phares. "T'arrive à conduire comme ça ? avec tes talons, j'veux dire ?" Je tourne la tête vers elle, un petit sourire en coin. Ouais j'sais, j'ai l'air con avec mes escarpins au ciné. "C'est too much c'est ça ?" Je laisse ma main glisser sur mes créoles dorées puis je pouffe de rire en secouant la tête. Je ressemble à un sapin de Noël avec mes bijoux et ma robe, pour aller voir Casse-Noisette au pays des licornes. "T'inquiète pas, je suis équipée !" Et puis je me baisse et sors une paire de Crocs oranges de sous mon siège. "Tadaaam." Je ris en les brandissant sous mon nez alors que j'enlève mes talons aiguilles pour glisser mes pieds dans mes sabots de plastoc. Bon, elles sont vraiment laides ces godasses, peut-être que j'aurais pas dû. Merde, qu'est-ce qui m'a pris d'enfiler ça devant Tam, elle va penser quoi maintenant ? Je la regarde de nouveau avec un petit sourire gêné avant de me mettre en route. "Tu m'as dit que t'habitais où déjà ?" Je demande en sortant du parking. Je suis censée regarder la route, pourtant je laisse toujours mes yeux traîner un peu trop sur elle. Focus, Numa, focus.

Je sais pas si ça lui fait un détour, mais puisqu'elle a proposé.. pourquoi pas ? Au fond je me dis qu'elle a pas envie que la soirée se termine, et d'un autre côté, j'avais choisi le cinéma pour justement qu'elle se sente libre de partir quand elle le voulait. Apparemment, je lui plait. "Non, non, t'en fais pas." Ce qui m'étonne, c'est les talons pour conduire. Je préfère encore conduire pied nus qu'avec des talons aussi haut. Je suppose qu'elle doit avoir une technique. "C'est too much c'est ça ?" Je grimace et souris en coin en haussant les épaules, "Non c'est.. parfait, ça t'fait des belles jambes, mais pour conduire..." mais une fois assises, pas sûre que ce soit le plus sécurisant pour nous deux. Je la regarde, et elle sort quelque chose de.. bizarre. "T'inquiète pas, je suis équipée !" Non, c'est pas possible, tu te fous de moi ? "Tadaaam." Je regarde les chaussures, un peu perplexe. Elle remplace ses talons par.. ces bouts de plastique orange, j'en reviens pas. D'accord le naturel, on aime, et Numa elle est vraiment belle, mais ces trucs oranges ? Ma vie vient de défiler devant mes yeux, je suis même plus sûre de l'endroit où j'ai envie d'aller. "Tu m'as dit que t'habitais où déjà ?" Ah oui, ça. "A Boston, dans l'centre, tu sais en face de l'hôtel trois étoiles ?" j'ai oublié le nom, et pourtant je passe tous les matins devant. Je regarde Numa, puis ses chaussures, souris, taquine. "Tu sais, tu passe pas la porte de mon appart' avec ces trucs là au pied ?" elle avait dit me ramener, mais c'est un peu ma manière de l'inviter à rentrer. Pourquoi pas, après tout ? "C'est une horreur de la nature, ça devrait même pas exister !" rigole un peu, toujours taquine. Je préfère le prendre à la rigolade, c'est toujours plus sympa. Surtout que de ce que je vois, elle les assume, ces goûts.

"Non c'est.. parfait, ça t'fait des belles jambes, mais pour conduire..." Des belles jambes ? Je peux pas empêcher mon petit regard fier de reluquer mes gambettes, le sourire aux lèvres. Puis les joues un peu roses aussi. Mais j'la sens pas rassurée mine de rien alors je sors mes chaussons de secours, quoi ? Elle tire une de ses têtes ! Je ris en les glissant à mes pieds. Je cesse de glousser et je nous sors du parking, mes pieds parfaitement à l'aise sur les pédales. "A Boston, dans l'centre, tu sais en face de l'hôtel trois étoiles ?" Euuuuh, l'hôtel trois étoiles ? J'en ai absolument aucune idée. "Je vais dans le centre de Boston, et tu me guides ?" Je me concentre du mieux que je peux sur la route même si j'ai tendance à repasser en boucle dans ma tête la remarque de la brunette sur mes jambes. "Tu sais, tu passe pas la porte de mon appart' avec ces trucs là au pied ?" Je ris, un petit sourire en coin. "Tu sais qu'en fait c'est très tendance, j'ai vu ça à la Fashion Week, le orange ça sera la révolution 2019." Bon je raconte n'importe quoi, clairement. T'en fais pas, dès que je pose un pied en dehors de cette voiture, je ressors mes talons de diva. J'aurais jamais dû les sortir devant elle en fait ces Crocs, je regrette. "C'est une horreur de la nature, ça devrait même pas exister !" On arrive à un feu, j'en profite pour tourner la tête vers elle en riant. "T'abuuuses, t'as déjà mis ton pied là dedans ? Le confort ultime." Je lance un petit regard vers mes petons et hausse les épaules. "Bon, d'accord, c'est méga moche." Le feu passe au vert, je nous remets en route. Puis sa remarque me revient en tête. "Parce que j'étais censée passer la porte de ton appart ?" Je tente de prendre le ton le plus innocent, le plus ahuri, le plus surpris et à la fois détaché qui soit. Comment expliquer à quel point c'est un échec ? "Fin j'veux dire ce soir ou une autre fois ?" Oulah, oulah, terrain glissant Numa, reconcentre toi sur la route au lieu de trop parler. "Pour regarder la suite du film, là, Narnia ou je sais plus trop quoi." Je rame, je m'enfonce, help ! Puis c'était pas Narnia qu'on venait de voir au ciné, Casse-Noisettes, j'le saurais si j'avais pas passer la soirée à fixer Tam bouffer du pop-corn. J'allume l'auto-radio. Réflexe de survie, la musique dissipera sûrement la gêne. Et ça m'empêchera sûrement de bafouiller comme une môme. Mariah Carey à fond.

"Je vais dans le centre de Boston, et tu me guides ?" J'hoche la tête, commençant à la guider. Ouais, c'est plutôt compliqué en voiture. A pied, il suffit de traverser un parc, quelques patés de maisons et on est chez moi. En voiture, avec la règlementation, les sens interdits et les routes barrées, ça demande un peu plus de temps. Je lui fais quand même remarqué qu'elle passera pas la porte avec ces horreurs qu'elle porte. "Tu sais qu'en fait c'est très tendance, j'ai vu ça à la Fashion Week, le orange ça sera la révolution 2019." grimace en secouant la tête, "Tendance veut pas dire que c'est de bons goûts.." tristement. Des bensimons auraient fait amplement l'affaire. C'est pas dingue non plus mais pour conduire, ça fait amplement le boulot, et j'ai entendu dire que c'était plutôt confortable. En réalité, moi, tout ça, ça m'amuse. Le plus drôle c'est qu'elle l'assume, alors je me marre encore plus à taquiner là dessus. "T'abuuuses, t'as déjà mis ton pied là dedans ? Le confort ultime." grimace de nouveau en secouant la tête. Jamais. Mon pied. Entrera. Là. Dedans. "Bon, d'accord, c'est méga moche." Je rigole et hoche la tête, "Ravie que tu reprenne ta raison !" encore heureux, parce que vraiment, je laisse pas n'importe qui entrer chez moi. Mon voisinage est habitué à du haut standing. "Parce que j'étais censée passer la porte de ton appart ?" Je souris en coin, elle l'a noté. "Fin j'veux dire ce soir ou une autre fois ?" Hausse les épaules en souriant, quand tu veux. "Pour regarder la suite du film, là, Narnia ou je sais plus trop quoi." Je rigole et baisse le son alors qu'elle l'augmente. Je trouve ça encore plus adorable quand elle se perd avec elle même. "Regarder la suite ou regarder le film, plutôt ?" souris en coin en observant les traits du visage de Numa. J'ai remarqué, tu sais. Je me pince les lèvres, souriant un peu, "De toute façon, c'est le bordel chez moi donc on fera certainement ça une autre fois." Tamsin qui joue. Tamsin qui propose et qui retire. Tamsin qui tente et qui attire. Tamsin qui repousse l'échéance. Tamsin qui donne et qui reprend. Tamsin qui sous-entend une prochaine fois, encore. J'augmente le volume de la musique, comme pour l'empêcher de contredire la prochaine fois, et chante avec la chanson, guidant la conductrice quand même de temps à autre, avant d'arriver devant chez moi.

"Regarder la suite ou regarder le film, plutôt ?" Non, nooooon. Je suis pas crâmée quand même ? Fin j'sais pas, Casse-Noisettes, Narnia, c'était pour la blague. Je veux ajouter un truc mais toutes mes idées tombent à plat, je me contente d'ouvrir la bouche, ma langue en suspension sans avoir rien de smart à répondre. "De toute façon, c'est le bordel chez moi donc on fera certainement ça une autre fois." Une autre fois ? Ah bon ? Putain mais Numa tu t'attendais à quoi au juste ? Aller chez Tamsin ce soir mais pour quoi faire ? Je sais pas, je sais pas, je sais pas. Bordel la petite voix dans ma tête elle peut pas juste la mettre en veilleuse et se concentrer sur la route, veiller à ce que je tue personne. Puis elle veut dire quoi par "on fera ça", ça quoi ? Help, je suis perdue. Mariah Carey vient à ma rescousse. Last Christmas I gave you my heart lalala. La brune chante en choeur, je me laisse même prendre au jeu, fredonnant entre deux coups de pédale. En moins de dix minutes on arrive devant chez Tam. Je me gare au pied de l'immeuble, j'ai trouvé une place, ça doit être la magie de Noël. Je coupe le contact, l'autoradio s'éteint. Je sais même pas pourquoi je coupe le contact en fait, je devrais repartir en moins de cinq secondes. On va dire que c'est ma conscience écolo. "C'est pour économiser le carburant hum..." Je me gratte l'arrière de la nuque, un petit sourire gêné. "Hum du coup c'est chez toi ?" Je parle encore, alors qu'en fait, c'est le juste le moment pour elle de se détacher, de bondir hors de la voiture et de me dire merci de l'avoir ramenée, à une prochaine. J'attrape mon sac sur la banquette arrière, farfouille dedans, sors mon porte-feuille, en sors un billet de dix. "Hum, pour le pop-corn et la place."

Ce qui me fait craquer, ce sont les plus adorables. Les plus naïves, celles qui ne savent pas où elles vont, et moi, Numa, je l'emmènerai où elle voudra. Je me ferais guide pour pouvoir lui offrir toutes les merveilles dont elle aura envie. " C'est pour économiser le carburant hum..." Je rigole et hoche la tête, de toute évidence, oui. "Hum du coup c'est chez toi ?" Regarde à la fênetre, pointe du doigt, "troisième fenêtre à gauche." c'est chez moi. Si jamais un jour elle voudra repasser dans le coin, que ça la tente. Je me détâche alors qu'elle fouille dans son porte feuille. Je crois que je comprends pas très bien ce qu'il se passe, juste avant qu'elle se mette à l'expliquer. "Hum, pour le pop-corn et la place." Je rigole et secoue la tête, "Mais t'es dingue !" j'offre, et quand je dis que j'offre, je le fais. C'est quoi cette conscience qu'elle a ? Probablement trop d'argent. Les étudiants d'Harvard, tous trop riches. Je souris et attrape mon sac pour le mettre sur mes genoux en la regardant, "Merci de m'avoir ramené jusque ici.." regarde la belle, souriant en coin. Une voix au fond de moi me dit que je peux pas faire ça, mais je sais que je peux le faire. Je vais même le faire, qu'est-ce qui peut m'en empêcher ? La seule personne à pouvoir me dire non se trouve en face de moi. S'approche de la belle et glisse ma main tendrement contre sa joue, murmurant, "Disons que pour le pop-corn et la place, tu peux.. acheter d'autres chaussures ?" souris en coin et fait les derniers centimetres pour atteindre les lèvres de la brune. Je l'embrasse doucement, tendrement, même. C'est rare quand je m'empêche de faire quelque chose dont j'ai envie. Et j'en avais envie, c'est pas comme si c'était un secret depuis le début.

Elle me pointe du doigt une fenêtre, par la fenêtre de la voiture. "Troisième fenêtre à gauche." Mes yeux suivent son doigt, pour s'arrêter au bout de ses ongles. Pas de vernis. Et puis ils redescendent sur sa main, son bras. Putain. Je hoche la tête en me pinçant les lèvres. "Troisième fenêtre à gauche." Je réponds, toujours en hochant la tête avant de me plonger dans mon sac, de farfouiller avant de lui tendre le flouze. "Mais t'es dingue !" Je penche la tête, tente le regard de pauvre petit chaton mignon mais non. C'était une invitation, ok. J'veux juste pas que ça laisse d'ambiguité entre nous, parce que là, tout me semble déjà beaucoup trop ambigü et... J'veux pas qu'elle fasse fausse route, j'aime les gars, leur corps, leur gueule, voilà faut s'y faire. hum... hum... Elle attrape son sac, le pose sur ses cuisses. "Merci de m'avoir ramenée jusque ici..." -"Oh de rien tu sais je..." Je replace maladroitement une mèche de cheveux derrière mon oreille, le regard posé sur mes genoux, petit fille penaude. Je relève les yeux, timidement. Elle sourit, je souris. C'est pas vrai, je souris trop, je suis cucul la praline. Et Tam se rapproche, elle se rapproche. J'la sens, sa lente inclinaison du buste. Et je fais rien pour l'arrêter, peut-être même que je m'approche aussi un peu, que je laisse mes épaules tendre vers les siennes, subtilement, lentement. "Disons que pour le pop-corn et la place, tu peux.. acheter d'autres chaussures ?" Je sens d'abord le souffle qui vole sur mon cou, ses doigts qui se posent sur ma joue et ses lèvres sur les miennes. J'ai pas été embrassée comme ça depuis très très longtemps, un truc tendre et terriblement érotique en même temps. Mon coeur bat la chamade, j'ai chaud, je tremble. Une boule de feu qui me vient du ventre et qui m'inonde partout. Je ferme les yeux, je laisserais presque ma langue s'aventurer passé le seuil de ma bouche. Mais. Putain, non. J'ai un sursaut, je me recule, je m'enfonce dans mon siège. Je secoue la tête, passe ma main devant ma bouche. "J'peux pas Tam, j'peux pas." Je sens des larmes qui viennent perler au coin de mes yeux. Maintenant que j'ai goûté à ses lèvres, je veux juste les avoir de nouveau. Parce que mon plapitant s'emballe, que ma poitrine est attirée comme un aimant vers le creux de ses épaules, que mon bas-ventre me hurle de replonger vers elle. Mais j'peux pas. J'ai le menton qui tremblotte, je me mords la lèvre, fuis son regard.

Je sais pas où ça nous emmène. Je pourrais mentir, en disant que je peux prévoir ses prochains faits et gestes mais la vérité c'est que non, j'en ai pas la moindre idée. Parfois, j'ai même l'impression que ce n'est pas moi qui contrôle, mais juste elle. Elle qui commande, qui dicte où nous allons. J'aurais pourtant jurée être celle qui tenait les ficelles, comme quand je m'approche, comme quand mes lèvres rencontrent les siennes. Elle ne me repousse pas, pas au début, du moins. Puis, d'un coup, le recul. Elle secoue la tête, passe sa main sur ses lèvres. "J'peux pas Tam, j'peux pas." Je la regarde en souriant en coin, ouais, j'oubliais, elle aime les hommes. Elle me regarde pas, alors que mes yeux n'appellent qu'elle. J'hausse les épaules, me recule, "Tu viens d'le faire." je souris une nouvelle fois, sans rien ajouter de plus. Bien sûr que tu peux, c'est juste que tu ne l'accepte pas, pas encore. Ouvre la portière, "Merci pour la soirée en tout cas, c'était cool." sort de la voiture, s'abaisse, lance un ; "à la prochaine !" comme si il y allait avoir une prochaine alors qu'elle vient de me repousser. Je sais que non, mais on se montre bien dans les apparences. Si elle a pas envie de ça, alors c'est pas comme si j'allais changer quelque chose. J'ai pas envie de forcer les choses, je suppose qu'elle est assez grande pour décider par elle-même. Je ferme la porte de la voiture et rentre chez moi. C'était cool le temps que ça a duré, on va dire ça comme ça.