SCARSIN → When asked if my cup is half-full or half-empty, my only response is that I am thankful I have a cup.

Je connaissais son emploi du temps par coeur. D'accord, c'est faux, mais je l'avais ajouté avec mon agenda sur mon téléphone, donc je savais ce qu'elle ferait et où elle serait. J'étais déjà venue quelques fois, jusque devant sa classe, à me dire que je pourrais lui parler, mais à chaque fois c'est pareil. J'en fais rien. Elle a besoin de temps, je sais qu'elle a besoin de temps. Pour me pardonner, accepter de me parler, rien que de me vois. J'avais fais demi-tour, plus d'une fois. Je me reconnaissais pas. Plus. J'avais eu mon cours, et je suis mon chemin retour, écoutant de la musique, passant devant starbucks. Appelez ça la chance ou juste une simple coïncidence, je relève la tête et voir une chevelure rousse, assise, là. Je pourrais la reconnaître entre milles. J'entre dans le café, commande rapidement une boisson, à laquelle j'ai à peine fait attention, et m'assoit face à elle. Tu attendais quelqu'un, peut-être ? Ce n'est désormais plus le cas. Une fois en face, je dis quoi ? Voilà, on en est à là. Je sais pas quoi dire. J'ai pas envie de te faire fuir, j'ai pas non plus le droit de vouloir te reprendre, alors qu'est-ce qu'on fait ? Je me souviens de la date, j'ai mon excuse. "Mon père organise un truc pour thanksgiving, une dinde, de la tarte à la citrouille et ce genre de connerie." souris, "J'crois qu'il a une copine et qu'il veut que je la rencontre." bois une gorgée, où tu veux en venir, tamsin ? "J'me dis que ce serait plus supportable, si t'étais avec moi." oui, c'est une proposition. Une invitation. Un weekend, je dirais. On part mercredi soir, pour jeudi soir, et on reviendrait dimanche. Un dimanche, juste nous deux. Juste toi, juste moi. T'as des milliers de raisons de refuser, je te demande juste d'essayer d'en trouver une seule pour accepter, et de ne retenir qu'elle.

Là où tu me cherches, je te fuis. Je cherches à te fuir, plus exactement. J'évite surement trop de filles, des brunes, des blondes, avec un peu ta démarche, ton assurance, dans le doute, je change de trottoir. Je garde la tête basse, je fuis le regard. Ca durera le temps que le cœur cicatrise un peu, qu'il soit moins sanguinolent. Ca prends des mois, ça. Ca fait déjà combien de temps ? Combien de jours sans toi entre mes doigts ? Combien de jours avec d'autres, entre les tiens ? T'aimes toujours autant le silence, quand tu rentres chez toi ? Maintenant que je suis plus sur ton canapé, à t'attendre. Maintenant que j'suis plus cette silhouette endormie dans ton lit. T'as peut-être traîné quelques rousses dans ta tanière, mais tu sais qu'aucune n'aura mes reflets. Aucune n'aura mon rire. Ou, il n'emplira pas autant la pièce. J'pense à toi, de moins en moins souvent. On se fait à tout ; même au trou béant dans la poitrine. C'est juste plus compliqué, quand tu te pointes face à moi, comme si je je t'y avais invité. "Mon père organise un truc pour Thanksgiving, une dinde, de la tarte à la citrouille et ce genre de connerie." S'arrête dans la gorgée, la mather, elle fronce les sourcils, attends la suite. "J'crois qu'il a une copine et qu'il veut que je la rencontre." Allons dont, tout arrive. Mais j'vois toujours pas en quoi ça m'intéresse. Enfin, si, c'est le cas, mais t'es pas censé le savoir. "J'me dis que ce serait plus supportable, si t'étais avec moi." Avale cette gorgée de chocolat, presque difficilement. La gorge s'est serrée. C'est ton effet sur moi désormais. « Tu sais, c'est pas trop mon truc, ce genre de choses. » Ca sonne tellement faux, que j'essaye même pas de simuler une véracité. « Tu m'as dis un truc comme ça, quand on devait aller à l'anniversaire de Robyn. Tu t'en rappelles ? » T'as jamais vraiment assumé, et moi j'te laissais faire. J't'ai laissé aller à petits pas, alors que c'est avec de grandes enjambées, que tu t'es retrouvée contre des lèvres étrangères. Triture le bord de son gobelet, du bout de son ongle. « Tu devrais emmener quelqu'un dont t'es proche. » Y en a des tas, j'suis sûre. Nous, on l'est plus vraiment. J'sais même plus qui t'es.

On s'évite. On est des ombres qui ne se croisent pas, alors même que nous marchons sur les mêmes trottoirs. Tu me manques, Scarlett, beaucoup plus que ce que j'aurai pensé. Tu te crois brisé ? Oui, j'ai merdé, je t'ai fais de la peine, et comme retour de flamme, j'ai le droit à la haine. ça brûle, ton ignorance. ça ronge chaque partie de moi, la partie la plus importante, la partie battante. Au final, c'est même pas un manque. C'est toi, qui est parti avec un bout de moi. La meilleure partie de moi. Tu sais comme c'est difficile de bien se comporter, maintenant que tu m'a abandonné ? Je reconnais pas le bien du mal, le noir du blanc. Je sais que j'ai fais l'erreur de la prendre pour acquise, c'est une erreur que je ne doublerai pas. « Tu sais, c'est pas trop mon truc, ce genre de choses. » lève les yeux vers la rousse. Je comprends pas, c'est pas toi, ça. La femme qui se dépeint en face de moi, c'est pas toi. « Tu m'as dis un truc comme ça, quand on devait aller à l'anniversaire de Robyn. Tu t'en rappelles ? » ça tilte. Je comprends pourquoi c'était pas toi. Juste un reflet désagréable de ce que je suis. Accuse le coup, hôche la tête. "J'm'en souviens, ouais." rencontrer sa famille, m'amuser à jouer la parfaite copine, c'est pas celle que je suis. C'était égoïste, mais j'avais pas envie qu'il nous juge, j'avais envie de nous garder secrète et exclusive, je voulais tout d'elle, sans que personne ne le sache. Je voulais tout d'elle. « Tu devrais emmener quelqu'un dont t'es proche. » rigole nerveusement, range ses yeux dans ceux adverses, "Y a que toi." prend une gorgée, silencieuse, repose le gobelet. "Y a qu'avec toi, que j'avais envie d'affronter ça." Mon père qui refait sa vie, une fête, la nourriture, entouré des deux seules personnes qui comptent vraiment et pour lesquelles je suis réellement reconnaissante. Y a qu'avec toi, que j'ai envie d'affronter la vie, Scarlett. Mon coeur est lourd, là, face à toi. C'est dingue comme t'es belle. "Je sais que tu m'en veux, et.. j'te demande pas de me pardonner parce que je sais que.." je suis pas réellement une bonne personne. "c'est compliqué." souris, presque timidement. L'honnêté, venant de Tamsin, ça se célèbre. "Mais si y a quoi que ce soit que je puisse faire, n'hésite pas. J'serais toujours là pour toi et j'pense que tu le sais." n'importe quoi, tes désirs seront mes ordres. Je ferais tout, rien que pour nous sentir un temps soit peu proches, à nouveau.

"J'm'en souviens, ouais." Tu vois, je garde pas que le meilleur. Je garde aussi la rancoeur, la déception, je garde les moments où j'aurai aimé que tu sacrifies encore un peu plus. Les moments où t'aurais du le faire. Pour nous, pour moi. Parce qu'on méritait ça, on méritait que ça marche. Et, regarde-nous maintenant. Regarde comme on est fades, regarde comme on a l'air de deux inconnues. On sait plus rire ensemble, ni même parler du temps. Tout est lourd, tout fait mal. « J’avais besoin de toi, pour affronter que mon frangin se tapait ma sœur, pour les confronter car je les avais laissé tomber. Et t’es pas venue. »  Hausse les épaules, esquisse un sourire fané. Triste, en fait. Tu m'as planté, quand j'te demandais de l'aide. J'ai fais comme si ça n'avait rien fait, mais tu vois, on en est pas là par hasard. On a pas sauté du bonheur au point final. On a eu des point virgule, que t'as pas forcément vu. T'as fermé les yeux sur mes prunelles humides, sur ces deux billes qui s'abaissaient, qui fuyaient. « J’me suis prise une bagnole, j’ai jamais su pourquoi, et tu m’as reproché de chercher. » Qu'elle enchaîne, s'emmêlant dans les reproches. Ces reproches qu'elle ne formulait pas, la Strudwick, de peur de te voir lui tourner le dos, de peur de te voir retrouver cette légèreté que les autres t'offrent, elle les laisse filer maintenant, libérant sa gorge. Les mots passent ses lèvres, et ôtent, l'un après l'autre, ce poids sur son battant. Tu n'as jamais accepté que je déborde de la ligne, d'un millimètre, pendant que toi tu prenais des libertés sur plusieurs mètres. « Ça a toujours été tout pour toi, et ça m’allait car je savais que tu .. que c'était compliqué pour toi, tout ça, toute cette notion de couple. » Ca n'aurait jamais du m'aller, tu sais. Mais, on m'refera pas. Je sais pas aimer autrement qu'entièrement. Lève légèrement le menton, s'arme d'un courage nouveau. « Pourquoi je viendrai ? Parce que Scarlett fait toujours ce que Tamsin désire, parce qu’elle est gentille Scarlett, elle est facile, docile. » La voix se brise un peu. C'est comme ça qu'elles me voient, tes autres proies ? Est-ce que ça rit sur mon passage ? Est-ce qu'on chuchote ? Je te souhaiterai pareille humiliation, si je ne t'aimais pas autant. J'le vois, que c'est difficile pour toi. J'le vois que ça déforme tes traits, que ça brûle ta langue, de virer dans l'honnêteté. Et, j'te crois même, quand tu dis que tu seras toujours là pour moi. Je sais que tu quitterais tout, si c'était mon existence qui était en jeu. J'ai jamais remis en cause le fait que tu m'aimais. Mais, tu le fais mal. Tu me fais mal. « J’aimerai te dire quoi faire pour me prouver qu’il y a que moi, qu'on n'est pas juste bonnes à se retrouver dans cette situation à la fin. Mais.. je sais pas, je sais pas ce que tu peux faire. » Vas-y, marche sur des braises, joue aux fakirs, passe au milieu de corps nus sans faillir. Trouve quelque-chose.

J'ai merdé tellement de fois, dans cette histoire qu'est la nôtre. Je t'ai prise pour acquise, grands nombres de fois. Notamment parce que je pensais que tu l'était, que tu me quitterai pas, jamais. Le retour à la réalité à été plus compliqué que prévu, quand ma tête a heurté le béton, quand t'était pas là pour panser les plaies. « J’avais besoin de toi, pour affronter que mon frangin se tapait ma sœur, pour les confronter car je les avais laissé tomber. Et t’es pas venue. »  regarde la brune, la bouche close. J'ai vraiment merdé. Je savais que c'était important pour toi, mais mes craintes ont pris le dessus. J'ai dû oublié, l'espace d'un instant, que ta main allait me guider. Que tu serais mon pilier dans l'adversité. Je t'ai pas fais assez confiance pour me supporter dans mes défauts, dans mes peurs. On m'a toujours dis que j'étais la plus forte, et faut croire que ce rôle me convenait. « J’me suis prise une bagnole, j’ai jamais su pourquoi, et tu m’as reproché de chercher. » Non, non, ça c'était différent. C'était.. ça, c'était moi. Qui a merdé, encore. "Nan attends Scarlett c'est.." c'était dangeureux, je pouvais pas te laisser faire ça, t'était déjà partie pendant trop longtemps, tu m'a manqué pendant trop de temps, je pouvais pas te faire prendre le risque de nouveau. « Ça a toujours été tout pour toi, et ça m’allait car je savais que tu .. que c'était compliqué pour toi, tout ça, toute cette notion de couple. » et maintenant tu te rends compte que t'a été torp gentille, que t'a été celle qui tenait les cordes trop battantes, que il aurait fallu que tu ressert le cordon. Moi, maintenant, je ne fais qu'écouter. Déverse ta haine et ta colère si tu veux, je serais le mur le plus solide que tu trouvera. « Pourquoi je viendrai ? Parce que Scarlett fait toujours ce que Tamsin désire, parce qu’elle est gentille Scarlett, elle est facile, docile. » Je fronce les sourcils, secoue la tête et dans un geste vain, j'essaie d'attraper sa main. Je suis encore là, prête à faire des efforts, prête à tout faire pour que t'accepte rien qu'un repas avec moi, rien que de partager ma table, mon air, pendant rien qu'une heure. J'en demande pas plus, juste un début de pardon. « J’aimerai te dire quoi faire pour me prouver qu’il y a que moi, qu'on n'est pas juste bonnes à se retrouver dans cette situation à la fin. Mais.. je sais pas, je sais pas ce que tu peux faire. »  Tu sais pas parce qu'on est juste deux êtres qui reviennent au même point de départ. On se trouve, on se plaît, on se cherche, on fini ensemble et ensuite tout se fini. Les belles histoires, c'est pas pour nous, faut croire. "Je ferais les choses différemments." menteuse. Dès que tu t'ennuira, tu reprendra tes vieilles manies, celle qui t'ont déjà menée jusque ici. "J'pourrai pas m'excuser plus que ça pour Robyn mais j'peux t'expliquer le reste." inspire, "Pour la voiture, j'ai fais une connerie, j'ai merdé, et.. Scarlett, t'es la seule personne qui venait si souvent chez moi, t'es la seule qui compte. C'est un coup du sort qui s'est.. retourné contre moi. C'est tombé sur toi.." se pince les lèvres, "et j'ai voulu te quitter, t'abandonner, parce que au moins t'aurait pu être en sécurité mais j'ai été égoïste." je t'ai gardée, parce que j'avais plus besoin de toi que tu n'avais besoin de moi. "J'voulais pas que tu cherche parce que j'avais peur que ça te mette en danger.." et c'est nous, que j'ai mis sur la ligne de tir. Je te ferais des miliers d'enfants, Scarlett, rien que pour profiter du mélange de nous deux, rien que pour te prouver que je peux vivre sous des responsabilités. Ce genre de responsabilité, partagée avec toi. "J'aurais du tout te dire, te faire confiance dès le départ." relève les yeux vers la rousse, le sourire fin aux coins des lèvres, "T'es plus forte que t'en as l'air." plus que moi, plus que tout. Au final, j'ai eu raison de vouloir me poser sur ton épaule, les soirs où j'allais mal. J'ai bien choisi mon pilier, dommage que j'ai pas réussi à le garder.

Ca aurait peut-être dû rester là, caché sous le plexus, rester au chaud dans la poitrine de la rousse. J'vois pas bien à quoi ça nous sert maintenant, maintenant qu'on a eu le droit à notre point final. J'aurai dû parler avant, j'm'en rends compte désormais. J'en vois aucune utilité là, maintenant que c'est gelé, qu'on a construit au-dessus. La base était mauvaise. J'ai gardé la rancœur, je l'ai caché sous pleins de vêtements, je l'avais vraiment bien dissimulé tu sais, on la voyait presque plus. Sauf qu'elle ressort juste à ce moment, quand t'es en face de moi, quand je vois que tu m'ouvres des portes que tu gardais cloisonnées jusqu'alors. Alors je m'engouffre dedans, j'sais plus bien ce que je fais, mais j'déballe tout, sans vraiment hiérarchiser, sans faire attention. Tu reçois tout, t'assimiles, au fur et à mesure. "Nan attends Scarlett c'est.." C'est quoi, putain ? Allez, sort des excuses, des arguments, je sais comme tu excelles dans cet art. Tu sais toujours quoi dire, et moi, j'm'arrange pour y croire. Je ferme les yeux tellement facilement. C'est trop simple Tamsin. "Je ferais les choses différemments." Les prunelles se ferment un peu, elle secoue la tête de gauche à droite. J'y crois pas, et toi non plus. "J'pourrai pas m'excuser plus que ça pour Robyn mais j'peux t'expliquer le reste. Pour la voiture, j'ai fais une connerie, j'ai merdé, et.. Scarlett, t'es la seule personne qui venait si souvent chez moi, t'es la seule qui compte. C'est un coup du sort qui s'est.. retourné contre moi. C'est tombé sur toi..et j'ai voulu te quitter, t'abandonner, parce que au moins t'aurait pu être en sécurité mais j'ai été égoïste.J'voulais pas que tu cherche parce que j'avais peur que ça te mette en danger.." J'entends, oui. Mais j'ai pas toutes les réponses à mes questions. J'sais pas pourquoi, j'sais pas ce que t'as fais. « Tu le savais ? Est-ce que tu savais que ce.. genre de choses, pouvait arriver ? » Est-ce que tu savais que j'étais en danger, et tu m'as rien dis ? Ca aurait rien changé, je suppose. J'aurai toujours traversé la route sans faire attention. Parce que j'suis comme ça, j'crois au meilleur de l'homme, j'me considère pas comme une cible, moi et mon petit cœur abimé. "J'aurais du tout te dire, te faire confiance dès le départ." Ca fait du bien. C'est trop tard, c'est bien trop tard, mais, ça apaise, à peine. "T'es plus forte que t'en as l'air." Esquisse un fin sourire, le premier qui semble sincère, contre son gobelet. « Il t'en as fallu du temps pour t'en rendre compte. J'te rappelle que même la faucheuse a prit peur. » Regarde comme ça semble simple, là, d'être comme avant. Comme au début, quand tu me piquais mes maillots de bain, qu'on finissait à se battre sur la plage à coup de sable. Qu'on s'embrassait par jeu. « Qu'est-ce qu'on fait maintenant Tamsin ? » S'appuie contre le dossier de son siège, tapote contre le bord de son gobelet.« On peut pas être amies, et on peut pas être ensemble. » On a jamais été vraiment amies ; ou alors, les meilleures. Et ensemble, tu sais pas faire. Tu ne sais pas ne séduire que moi. Ne désirer que moi. Regarde ton téléphone, les messages s’enchaînent, et toi tu sais pas résister.

Quand tu vois la finalité, je vois le début de grandes choses. Quand pour toi, le point est final, pour moi il n'est que virgule. La suite nous dira laquelle de nous deux a le plus de force pour contrer l'autre, pour marquer le point, pour prendre les devants. Oh, je sais. Je le sais, que c'est toi qui prendra le devant, parce que je t'ai trop fait souffrir, et à un moment, je pense que je vais comprendre qu'il faut que je recule, que je te laisse avoir un peu de bonheur, que j'arrête de ne penser qu'au mien dans tes bras. « Tu le savais ? Est-ce que tu savais que ce.. genre de choses, pouvait arriver ? » secoue la tête, non Scarlett, non, si je le savais, j'aurais élevé les barrières plus hautes, je t'aurais quitté, pour ne pas que tu souffres, j'aurais tout pris, la voiture, les coups, l'hôpital. Je connais déjà l'univers. "Non.. non j'me pensais assez maline." hausse les épaules, "J'ai reçu des menaces mais j'savais pas que.. que ça allait jusque devant chez moi." jusque toi qui sort, jusque moi qui souffre. Elle, elle a tout surmonté. Elle a pris les coups, elle s'est relevée. Sauf qu'une fois debout, elle s'est rendue compte qu'elle n'avait plus besoin de moi, et maintenant c'est moi qui tangue. « Il t'en as fallu du temps pour t'en rendre compte. J'te rappelle que même la faucheuse a prit peur. » Je la regarde en souriant, légèrement. Je prendrai peur aussi, j'ai peur. De te perdre, de plus jamais te revoir, d'être cette ancienne amie que tu présentera le jour où on célèbrera tes fillancailles, ton mariage, ton premier enfant. Quand je resterai dans l'ombre de ton paysage, pour te voir sourire. Juste pour te voir sourire. « Qu'est-ce qu'on fait maintenant Tamsin ? » Lève les yeux vers les plus clairs, j'en sais rien. J'ai jamais su ce qu'on faisait, je met difficilement des mots sur ce qui est. « On peut pas être amies, et on peut pas être ensemble. » Renie, reste dans le déni, encore un peu, "Bien sûr qu'on peut, on peut Scarlett, on.." non, on peut plus rien pour nous. La vérité c'est que d'autres courbes m'enlacerons. Jamais aussi belles, jamais aussi voluptueuses que les tiennes, mais je les laisserai faire. Il m'en faut peu, elle le sait. C'est horrible, quand la personne en face vous connait plus que vous-même, vous vous connaissez. C'est le cas, quand elle est face à moi. Elle connait mes défauts quand je préfère les ignorer, probablement parce qu'elle les a vécu. Probablement que c'est pour le mieux, si elle s'éloigne. Les yeux se perdent dans le gobelet. Les lèvres se pincent. Le monde tourne et je me suis arrêté. J'ai plus envie de tourner. D'un murmure qui laisse échapper ; "J'ai besoin de toi.." j'ai besoin de toi, Scarlett. Je suppose que de son côté, elle a besoin de tout sauf de moi. J'imagine le meilleur pour toi, j'imagine ce qu'il y a de plus beau. Je veux voir ce sourire heureux. Je lève les yeux, renifle un peu. Les histoires qui utilisent le coeur sont jamais les meilleures. "J'veux juste que tu sois heureuse." offre un sourire qui se veut beau, qui est âbimé par les douleurs internes, faut qu'on s'échappe, qu'on prenne l'air. "Tu m'tiendra au courant ?" du reste de ta vie. Je suis persuadée qu'elle commence maintenant, avec moi en moins. J'étais reconnaissante de t'avoir, t'es reconnaissante de l'inverse. Offre un dernier sourire, reprend le sac sur l'épaule et mon gobelet. Le liquide ramènera les organes à la vie quand ils n'auront plus rien pour respirer. Quand ils n'auront plus rien pour battre, plus de rousse pour les secouer. Est-ce qu'un jour quelqu'un pourra imiter le bruit de tes pas ?

"Non.. non j'me pensais assez maline. J'ai reçu des menaces mais j'savais pas que.. que ça allait jusque devant chez moi." Tu vois, c'est ça le problème, tu penses toujours que tu leurres le monde, que tes actes, fait là en douce, passent inaperçus, qu'ils n'ont aucune conséquence. J'ai fermé les yeux, j'te jure que j'ai essayé de garder mes paupières lourdes, de tourner la tête, me boucher les oreilles, changer de pièce. J'me raccrocherai à tous tes mensonges, si seulement t'y mettais plus de volonté. La victime qui supplie le bourreau de lui demander de le pardonner. Allez, je t'écris ton texte, t'auras plus qu'à le lire. J'attends, je te repousse, en espérant que ça te donne l'élan nécessaire pour que tu reviennes plus rapidement dans mes bras. Ne choisit aucune de mes solutions, refuse, impose-toi. Tu sais le faire. Mais, là, tu sais plus. Tu sais même plus mentir. Tu faisais ça si bien, pourtant. Demande, j'm'accrocherai à ton cou. "Bien sûr qu'on peut, on peut Scarlett, on.." Tu t'arrêtes, j'crois que tu viens juste de saisir que non, on peut pas. Que rien ne changera jamais, et qu'à la fin, c'est toujours moi qui perds. Nous, les sacrifiés. On faisait de si belles condamnées. "J'ai besoin de toi.." Un sourire éphémère se place sur les lèvres de la femme à la peau pâle, moi aussi, j'ai besoin de toi. Le monde n'est pas fait pour les gens comme moi ; les gens comme moi, ont besoin de gens comme toi. Ils ont besoin que tu prennes les coups, parce que leurs peaux sont trop fragiles. Regarde comme je me brise facilement, regarde comme juste une fille qui part, ça peut m'achever. "J'veux juste que tu sois heureuse." Tu m'as dis ça, avant, et moi j'attendais la suite. J'attendais que tu me dises que j'ai besoin de toi, pour ça. Parce que tu fais partie du bonheur, tu l'es, en fait. Mais tu m'balances un : "Tu m'tiendra au courant ?" qui me laisse interdite. Elle voit le château de cartes se casser la gueule, et elle reste là, comme une conne, la bouche presqu'ouverte, incapable de rattraper le moindre as. T'entends son cœur se briser sur le sol, balancé du haut d'une table du starbucks ?Et, tu pars, et elle, elle essaye juste de respirer correctement. Peut-être qu'elle va juste crever là, à cette table. Moi, j'voulais juste que t'attrapes ma main, que tu forces toutes les portes que j'laisse à peine fermées, que t'as juste à pousser un peu. Y a des secondes, des minutes peut-être. Et Strudwick se lève d'un bond, abandonne ses affaires, courre jusqu'à l'extérieur, hurle ton prénom. Il résonne, il ne te trouve pas. Et, les prunelles se noient, la mer calme déborde, le corps se soulève, convulsions de désespoir. Petite fille sanglotte, dans la rue. J'crois qu'elle fini sur l'épaule d'un inconnu, à lui tremper l'épaule, parce que même lui, a vu que t'étais toute sa vie, à cet oisillon roux.