VIOLET GOLDMAN ► sarah gadon

Evoquer Goldman Sachs, ça fait peur. Leur réputation les précèdent, leur méthode est froide et sans pitié. Goldman Sachs, c’est cette banque où tout doit être irréprochable, un empire financier, un gouffre à fric. Même si le PDG a changé, les héritiers des fondateurs ont leur petite place au chaud. Tout doit être nickel, les tenues parfaites, le comportement exemplaire.

Papa Goldman, c'est un type gentil, mais un peu bizarre. Il avait toujours voulu d'un petit garçon, il voyait déjà son successeur porter ses vieux costumes de marque, car il l'imaginait aux même mesures que lui. Malheureusement, et deux fois de suite, il se retrouvait avec deux filles, dont les courbes ne plairaient peut-être pas à ses chemises Gucci. Mais peu importe, il plaçait ses espoirs en son aînée, qui avait tout pour réussir. Elle était calme, elle était docile, jolie, la petit Eris. Déjà toute jeune elle était la parfaite petite fille. Et puis, il y avait Violet. Indomptable, insaisissable. Elle menait déjà la vie dure étant enfant, pas parce qu'elle pouvait tout avoir, mais parce qu'elle ne voulait rien. On pourrait s'attendre qu'avec tant de richesse, et un compte en banque déjà rempli avant même d'être en âge d'avoir une carte bleue, ça forge les caractères d'enfants gâtées, et que les parents deviennent laxistes. Que les jouets rattrapent les pleurs, et que les 1000 dollars d'argent de poche toute les semaines, c'est tout naturel. Pas pour les Goldman. Chez eux, il faut mériter ce que tu reçois, et pour cela, il faut travailler, ou rendre service à la famille. Eris s'y plie, elle est élevée ainsi, les espoirs sont placés en elle. Violet, c'était pire, Violet, c'était le cauchemar. A l'adolescence, elle part, elle disparaît des jours sans que l'on sache comment elle vit car elle ne prend pas l'agent de ses parents, elle revient comme une fleur (violet, fleur, ok, c'était méga nul). Elle t'aime avec la puissance d'un ouragan, ou elle te déteste froidement et t'enfonces au plus bas. Elle est intenable, elle doit faire mille choses à la fois, se présente à des fêtes peu recommandables. De toute façon, inutile de compter sur elle pour Goldman Sachs : elle n'est pas tenable loin de convenir à l’image de la banque. Son image est censurée, de peur d’entacher le nom des Goldman, ses réseaux sociaux sont cachés, privés, ou son nom est changé, elle est tout simplement cachée au monde. Ses études, elles se passent. Violet s'en sort sans effort grâce à ses capacités d’apprentissage, son dossier est tout aussi beau que celui de sa sœur, elle s’implique dans toute les activités, étudie de son côté et tâche d’avoir les meilleures notes de sa classe. Eris, elle conquiert, elle monte les échelons, elle ne dit rien et murmure à ses parents que sa sœur finira par se calmer, par comprendre les enjeux de la succession. Et vint le jour où la destinée des sœurs se mit à basculer vers un monde alternatif qui en ferait pâlir les super-héros de comics. Vous savez, ces épisodes spéciaux « et que se serait-il passé sur Spider-Man s'était fait mordre par une fourmi plutôt qu'un araignée ? ». Même genre.

Eris passe les SATs, un an avant Violet. Tout le monde est confiant, tout le monde est fier. Mais c'est l'échec, et pour ainsi dire, le premier échec de sa vie. Harvard, c'est une institution, c'est une tradition familiale. Papa Goldman est sous le choc, Maman Goldman souffle un « tant pis » alors qu'Eris fait ses bagages pour Yale. Mais soudain ils se souviennent : ils ont une deuxième carte en mains. Une carte abimée, indomptable, celle qu'on cache dans sa manche pour mieux tricher au poker. Violet n'a pas le choix, elle doit s'y plier. Elle devra prendre la suite d'Eris, qui ne pourra jamais avoir suivi le chemin de ses parents. Et brusquement, Violet se calme, depuis que l'attention de ses géniteurs s'est reportée sur elle, comme si c'est ce qu'elle avait toujours voulu obtenir. Les décevoir n'est plus une option, elle doit tirer son épingle du jeu. Elle passe les SATs, elle réussit et confirme qu'elle n'est plus la petite vilaine. Elle prend des responsabilités, travaille à la banque pour gagner son pain, car la règle est toujours la même : on mérite ce qu'on gagne. Mais Eris guette, elle ne peut supporter cette situation qui voit s'effondrer des années de travail, et pour sûr qu'elle reviendra à la charge, pour sûr qu'elle analysera chaque faux pas. Violet ne doit pas laisser ses démons gagner pour le bien de son avenir, car c’est connu, chassez le naturel, il revient au galop. Mais le pire, ça serait tout de même que son ancienne vie d'excès refasse surface. Elle ne peut pas lutter bien longtemps avant que ses anciennes envies ne la gagnent, et le monstre fêtarrd refait surface, pour amuser la galerie ; oublier tout simplement le reste de sa vie.

Tout aurait été parfait si Vee n’avait pas appris quelques temps après que son père avait eu un enfant illégitime avant même la naissance d’Eris. Cette dernière étant une actrice réputée, les paparazzi ont fouillé dans son passé et découvert cette horrible vérité, la révélant aux grand jour. Cela a donné à Violet l’occasion de se libérer de ses chaînes : le divorce de ses parents lui donne les clés pour sa liberté et elle prend la place de son père au sein du conseil d’administration de Goldman Sachs. Elle retombe progressivement dans ses vieux travers, la drogue, et fait plusieurs bad trips d'affilée, puis manque de mourir d’une overdose, sauvée in extremis par Zora. Elle apprend en juillet 2018 qu’elle est tombée enceinte de Royce, son meilleur ami. Ils décident de le garder mais Royce tombe dans le coma quelques temps après : le choc lui fait faire une fausse couche et elle décide de prendre quelques mois de break supplémentaires, avec une cure de désintoxication et faux certificat médical à la clé. Elle revient à Harvard deux mois après la rentrée, bien décidée à reprendre sa vie en mains.