Nohan ne put s'empêcher de sourire comme un con à la remarque de loulou. Il a raison, il lui disait d'arrêter de fumer alors qu'il fumait des joints à gogo. Après, il y a tout de même du bon avec la weed comparé au tabac. " C'est moins nocif que le tabac, tu devrais t'y tourner un peu plus " puis on se sent bien, on oublie tous les problèmes et ça fait beaucoup de bien par moment. Non pas que Nohan ait énormément de problème dans sa vie, c'est même bizarrement calme. N'empêche que Pluton restait tout de même un être beaucoup trop gentil et manipulable. Au moins, Louison semblait d'accord sur le fait que le Dunster restait beaucoup trop manipulable et gentil, au point qu'il en blessait beaucoup. Nono ne put s'empêcher de grimacer quand elle lui demande de lui parler de lui. Clairement, sa vie est pas mal monotone ces derniers temps. A part son béguin d'un sens pour Isabella et son amour presque terminé pour sa jolie russe passée. Il n'y avait clairement rien d'actuel dans sa vie d'étudiant. " Loulou, ma vie est totalement ennuyante tu sais. Enfin, j'ai rien de bien croustillant à te balancer tout de suite " Ouais nan, il n'avait pas de peine de cœur réelle, il avait la vie d'un étudiant banal. C'était même un peu trop calme à son goût. La radio se mit en route, et Louison se mit à chanter et gigoter comme une attardée dans la voiture. Laissant Nohan mort de rire alors qu'il tentait en vain de conduire prudemment. Louison n'était pas la meilleure co-pilote, la preuve elle vient lui foutre la main devant les yeux l'empêchant de voir réellement ce qui se passait devant lui. Il lui retira la main et grogna entre ses dents. " Tu payes si j'ai un accident, espère ce folle dingue " dit-il avec un sourire au coin. N'empêche que Nohan aimait loulou quand elle riait.
Quoi ? J’ai parlé de moi, à toi de me parler de toi. Donnant donnant. Depuis quand tu joues les mécontents quand je te demande de te confier. Toi et moi, on se confesse tout de nos vies respectives, depuis qu’on a des boutons au visage d’ailleurs. « Ah.. Même pas un rendez-vous sur Tinder ? Je t’ai vu dessus hein !! » J’allais pas liker ton profil non plus, même si on aurait pu sacrément s’entendre si nous n’avions pas un lien commun. Sérieusement, t’aurais pu être l’homme parfait pour moi. Beau, élégant et plein de courage. T’es bien le seul qui est prêt à sortir les poings pour mon honneur, je trouve ça si fort. L’amour que tu me portes, c’est le truc le plus précieux que j’ai. J’sais que mes frères et ma soeur m’aiment, mais entre nous, c’est vraiment puissant. Néanmoins, en voyant le peu d’engouement émanant de toi, je préfère passer à autre chose au lieu de te charcuter l’esprit. J’enclenche l’auto-radio et je m’ambiance dans l’habitacle. Je remue dans tous les sens. Je mords ma lèvre inférieure, symbole de mon amusement. Inconsciente, je finis même par te barrer la vue pour rajouter un peu d’adrénaline à notre trajet. « Je te paie avec mon corps alors, mes parents sont plus aussi généreux qu’avant ces cons » Et j’suis pas non plus la plus active des strip-teaseuses au Nirvana, j’touche pas une blinde. J’devrais taper dans l’illégal, ça rapporte carrément plus en moins de temps. Genre, vendre de la drogue par exemple. « On y est !!! » Le terrain en approche. Je gigote de plus belle, mais plus pour la musique. « J’ai envie de faire pipiiiii, gare toi » N’attendant pas forcément que ta Mercedes soit à l’arrêt, je m’extirpe de la caisse en manquant de me viander et je cours vers des buissons. Je descend mon jean sur mes cuisses, je m’accroupis et oh bon sang, libération.
Forcément qu’elle l’avait vu sur Tinder, il n’y a pas quinze milles asiatiques sur Tinder à Boston. Il y en a certainement plus sur New-York pour le coup. « Je n’ai pas beaucoup de match, tu sais les asiatiques. Mais ça va venir, je tiens en main et t’inquiète pas que je proposerai un rendez-vous si ça arrive » dit-il avec un grand sourire. Puis autant dire qu’il était encore totalement troublé par la belle russe qui a longtemps fait chavirer son cœur et la jolie isabella qui semble avoir un pouvoir sur lui. La voilà en train de partir dans ses délires, laissant Nohan complètement amusé bien que la situation aurait pu être dangereuse s’il y avait du monde sur la route. « Ben tiens, tu sais très bien que ma mère n’accepterait pas que tu payes de toute façon » dit-il en secouant la tête doucement. Finalement, le terrain n’était pas loin et Nohan se gara rapidement ne pouvant pas aller plus loin. Bien sûr, loulou faillit se ramasser en sortant comme une furie alors qu’il n’avait même pas fini. Tout ça pour aller pisser, elle aurait pu le faire avant. Finissant sa main d’œuvre, il sortit de la voiture et la referma aussi vite alors qu’il s’approcha d’elle. « T’es pire qu’un mec tu sais » Lui n’a jamais osé pisser dehors, on lui a beaucoup trop rabâché qu’on pouvait lui bouffer sa virilité s’il le faisait. Maintenant, c’est plus un réflexe plutôt que l’idée que quelqu’un viendrait lui bouffer son intimité. Il partit s’installer au milieu du terrain, s’étendant comme une croix alors que son regard était posé sur le ciel presque sans étoiles, seulement quelques-unes se battaient en duel. La liberté, la tranquillité, il aimait ça même s’il était catégorisé de geek.
Oui, ta mère ne voudra pas, c’est certain. T’es presque de la famille après tout. C’est compliqué d’ailleurs, très compliqué. Pour moi, t’es au même niveau que Romeo, vous êtes mes deux cousins, point à la ligne. Bref. On arrive enfin au stade goudronné et en plein air. Je me jette de la voiture encore en marche et je pars faire la petite commission dans les buissons. C’était urgent, je te jure. « Je saaais, il faut être un mec pour survivre de nos jours » Si on a pas un peu de toupet, on se fait écraser en moins de deux, surtout dans une jungle pareille. Finissant de vider ma vessie, je remonte mon jean sur mes hanches, je le boutonne et je te retrouve au centre du terrain, allongé comme Jésus sur sa croix. Euh.. Ok. Je te rejoins. Je m’étale sur le sol à tes côtés, en dessous d’un de tes bras étiré et un gravier mortel se plante sous mon crâne « Aïe » prononçais-je faiblement en le retirant pour l’envoyer valser à des mètres et des mètres « À quoi tu penses ? » murmurais-je en soupirant, croisant mes mains sur mon ventre, mon regard se perdant sur les centaines de points lumineux nous dominant. « Toi aussi tu penses que la vie est injuste et beaucoup trop compliquée ? »
Elle est plutôt unique loulou, il y a qu’elle pour être à l’aise de faire pipi dans pleine nature et surtout sur le campus. Hors de question qu’il reste à côté d’elle alors qu’elle est en position accroupi à se vider complètement. Nan, il s’était installé sur le sol du terrain de basket, le regard posé sur ce ciel très peu étoilé -l’automne arrive. Louison ne tarda pas à le rejoindre, grommelant dans sa barbe quand un caillou lui piqua l’arrière du crâne. « Je pense à tout et à rien à la fois. L’avenir, le passé, le présent, tout ça » Ca se mélangeait clairement dans la tête du français. Il hausse les épaules avant de soupirer doucement. « Je me dis juste qu’on risque d’en chier pas mal dans nos vies, beaucoup plus que nos parents » parce que la génération veut ça. On mourra certainement en travaillant. Nohan n’était pas près de vieillir, il ne l’était pas du tout même et pourtant il était bien lancé dans sa vie avec ses études. Ses grands-parents paternels lui faisaient bien comprendre qu’ils souhaiteraient qu’ils reviennent en Corée du Sud à la fin, ce qu’il ne souhaitait certainement pas pour son avenir. Il a eu de trop mauvais souvenir. « L’avenir fait peur » dit-il en fronçant les sourcils.
Pause pipi effectuée, je reviens vers toi et je retrouve un Nohan mélancolique. Quand ce n’est pas moi qui flanche, c’est toi. Rêveuse, je laisse mon attention divaguer. « J’crois pas moi. Ils nous offrent la capacité de nous bâtir un joli avenir. On est à Harvard Nono.. » Alors oui, les dérives sont différentes de nos jours. Nous n’avons pas les mêmes difficultés. L’image est importante dorénavant, moins qu’à l’époque. Si t’as pas des nike aux pieds, t’as raté ta vie. Si t’es pas sur Instagram, t’es perchée. On est hyper connecté. Trop. On manque l’essentiel et on récolte les erreurs de nos prédécesseurs qui ont voulu bien faire. « Non, il ne fait pas peur du tout. Je déteste quand tu es aussi pessimiste que moi. Ne réfléchis pas. Vis au jour le jour. » Et c’est moi qui dis ça ? La planificatrice en chef. Pourtant j’savais que ce mode de fonctionnement est voué à l’échec. On ne peut pas contrôler l’avenir. On le subit. « Un jour j’serais une brillante avocate, j’aurais ma famille tant désirée et mes mômes viendront saboter ton loft impeccable.. » concluais-je en déposant mes lèvres glossy sur ta joue. Et voilà, je me sens mieux. Mon cousin, l'homme de toutes les situations, l'homme qui n'hésite jamais à voler à mon secours quand j'suis en miettes. Un héros.
Est-ce qu’il était réellement mélancolique ? Nan, il était juste pensif sur son avenir, simplement. Le regard posé sur elle, il ne put s’empêcher de sourire à l’entendre de ses paroles. « Je parle pas de ça voyons, je parlais plus niveau sentimental » dit-il en secouant la tête. C’était plus ça qui lui faisait peur à vrai dire, les études il n’avait pas spécialement peur. Il secoua la tête doucement alors qu’il reposa son regard sur le ciel noir. « Je vis au jour le jour voyons, sauf quand j’ai mes moments comme maintenant » dit-il avec un sourire aux lèvres. Il pouffe de rire en l’entendant parler de son avenir et notamment des gamins qui allaient détruire mon futur appartement. « Tu as déjà une vie toute tracé, faut juste que tu tombes sur la bonne personne pour le vivre tiens. Et t’inquiète, mes enfants te le rendront bien » dit-il avec un sourire au coin. Un baiser sur sa joue, il déposa un regard en biais sur sa belle. « Tu te sens mieux maintenant ? Tu es prête à voir cette planète pour la soirée ? » demanda-t-il en la regardant, se mettant à côté de lui pour bien lui faire face.
Oh, niveau sentimental. J’crois que la famille Chamberlain est maudite pour les histoires d’amour. C’est peut-être pas pour nous. De nos jours, plus rien ne dure comme avant. Même mes parents vivent des turbulences. Être en couple, c’est le parcours du combattant. Les contes de fée, il y en a un pour 10 000 j’crois. « J’vois.. Je ne vais pas te contredire sur ce point-là » La preuve, j’suis en flippe pour Pluton et moi. Est-ce qu’il est le bon ? Est-ce que je vais pouvoir supporter cette situation tripartite ? J’sais pas. « Ouais.. J’aime pas te voir comme ça, ça me fait bobo au coeur » C’est pour ça que j’essaie de t’en sortir avec mes prémonitions à la con. Ma carrière parfaite, ma famille parfaite et mes enfants infernaux. « Tu seras forcément parrain d’un de mes gosses et j’espère bien être marraine d’un des tiens. » Je souris et je crois que j’ai effectivement récupéré un peu de courage pour retourner auprès du Dunster. « Ouais, je vais retrouver ma planète qui ne tourne pas rond » Me relevant, je regagne ta voiture, prête à affronter les épreuves qui m’attendent, mais pas que. Être auprès de Pluton, c’est surtout se sentir toute légère, parce que Pluton, ce n’est pas que du mauvais, sinon je ne serais jamais tombée dans ses bras. Je ne serais jamais tombée tout court pour lui. Je l’aime ce type et il restera gravé en moi pour toute ma vie. Il était déjà d’ailleurs, dans mon dos, entre mes omoplates.