ZARIAH HARPER ► chloé bennet

A l'antenne - New York, 21:12, décembre 2016
Si vous m'écoutez aujourd'hui, c'est que vous vous ennuyiez sûrement ou bien que bizarrement vous vouliez écouter ma voix. Psychopathe ou juste admirateur secret, que sais-je, aujourd'hui à 21:12 je vais vous raconter mon histoire. Si vous voulez vous épargner d'un ennui terrible, allez vous-en, il suffit d'un clic. Ceux qui reste, préparez vos pop-corns ça risque d'être un peu long.

Pour la plupart d'entre vous, vous n'avez jamais contemplé mon Instagram ainsi vous vous dites sûrement que je suis une new-yorkaise peroxydée imbue de sa personne qui a aujourd'hui décidé de raconter sa vie difficile parce que le vendeur n'avait plus le dernier Prada. Désolé de vous décevoir, je ne suis qu'une petite brune d'1m67 qui préfère les jeux vidéos à la mode. Mais bon, c'est pas vraiment le sujet.
Au delà de ma naissance à New-York un premier janvier 97 -oui je voulais naître la nouvelle année moi, bien casse-couille dès la naissance- et de mes activités de bambins, y'avait mes parents. Mon père, M. Harper a toujours été un homme humble et souriant d'après les paroles de ma mère. Ma mère quant à elle, n'était qu'une simple Bostonienne tombée en amour de cet homme riche. Digne d'une série à l'eau de rose. Néanmoins, moi ma vie, elle ressemblerait plus à une télénovela, vous savez les séries espagnoles et brésiliennes où la vie des personnages ressemble un peu à la vie de Meredith Grey ? Mon père est mort lorsque j'avais deux ans. Je ne l'ai donc pas connu, je n'ai aucun souvenir de lui, pas même un câlin, rien. Ma mère a touché l'argent, la richesse et ses entreprises. Bostonienne des temps modernes, cette richesse dans ses mains n'étaient pas forcément la meilleure des idées. Surtout pour elle. J'étais petite, je ne comprenais pas vraiment ce qu'il se passait, mais je me souviens de ces bruits de fracas que faisait les bouteilles de ma mère. "L'eau qui pue" était ma première phrase par rapport à l'alcool. Ma mère était une alcoolique. Mais pour moi, c'était juste ma mère qui vivait difficilement la mort de mon père et qui réagissait souvent bizarrement. Passant du rire aux pleurs, à cette époque elle n'était pas bien violente. Des cris certes, mais ça en restait là. C'est quand j'ai grandi et que mon beau-père est rentré en jeu que la situation a changé. Nous étions toujours une famille aisée grâce au patrimoine de mon père. Mais l'habit ne fait pas le moine et ma mère a très vite détériorée notre image. S'affichant de plus en plus en état d'ébriété, un soir elle est rentrée à l'appartement, je devais avoir six, ou sept ans. J'étais si innocente, si naïve à cet âge là. Je ne comprenais pas qu'elle bouffait sa vie à cause de cet alcool. Mais le pire, c'est qu'elle finissait finalement par bouffer ma vie petit-à-petit. Mon beau-père n'était pas là ce soir-là. Je n'avais pas pensé néanmoins que son absence aurait mené à cette violence. Oui, ma mère m'a frappé ce soir-là. Pas une simple réprimande, elle m'avait frappé sous état d'ébriété. Ma rouée de coup. C'est les premiers parmi tant d'autres. Ça n'a été ensuite qu'une habitude. Je pensais que c'était ma faute et mon beau-père n'en était pas au courant. Je ne marquais pas, mais psychologiquement j'étais marquée. Je ne lui en voulais pas, je m'en voulais à moi. Ça ne pouvait qu'être ma faute si ma mère me frappait.  

Mon adolescence a provoqué les foudres. Mon adolescence a alors marqué mes meilleurs mais aussi mes pires moments. Mon caractère s'est forgé et s'est distancé de celui de ma mère. Mon beau-père lui, était désormais au courant de ce qu'il se passait mais était bien trop fou amoureux pour quitter ma mère et partir avec moi. Alors, il est resté, il a essayé d'être là pour moi quand il était présent, mais lors de son absence tout recommençait. Tout était plus dur, plus intense. C'était un vrai combat tous les jours. J'allais en cours avec le sourire aux lèvres mais quand je rentrais, j'étais sur un terrain miné. J'ose maintenant le dire, en parler haut et fort car j'ai désormais la maturité et le recul, mais autrefois je n'étais que la victime. J'ai prit du temps pour comprendre qu'être un enfant battu était loin d'être une normalité et surtout une punition. Je n'avais pas à être traité ainsi. Je n'étais qu'une victime. Mais moi, je ne montrais rien. Je ne voulais pas entâcher encore plus l'image de la famille. Je pensais à mon père, j'essayais de surmonter ça pour lui. Bien que des multiples fois, j'ai voulu m'en aller, quitter ce monde.

Vous allez me demander, comment tu as fait pour t'en sortir ? J'ai quitté le foyer familial. À l'aide de mon beau-père et de mon oncle, j'ai réussi à m'échapper de cet enfer familial qui me bouffait et m'aurait eu à la longue. Si je vous en parle aujourd'hui c'est pour moi mais aussi pour vous. Je sais qu'il y a en a qui ont vécu des choses similaires ou ont vécus des choses atroces dont vous n'osez pas parler. Vous avez peur du jugement, qu'on vous regarde par pitié ou alors qu'on ne vous croit pas. Mais ici, vous êtes libre de tout dire. Anonymement ou non, ce podcast est crée pour les silencieux qui n'osent pas aborder divers problèmes qui les rongent de jour en jour.

Et ce n'est pas parce que je pars à l'université que je vais vous quitter. Une communauté se créera et peut-être qu'ensemble nous surmonterons nos problèmes.