LETITIA MORALES ► Zendaya Coleman

Chaque enfant grandi avec ses deux parents en théorie. Mais ça n'a pas été mon cas. Et ça, dès le début. Ma mère a immigré aux États-Unis dans le but de faire des études. Une fois celles-ci terminées, elle n'est pas retournée en Afrique. Elle est restée ici, étant tombé amoureuse de son prof de droit. Un brillant avocat, début trentaine, qui possédait déjà son cabinet d'avocat en plein centre ville de Boston tout en enseignant à l'université d'Harvard. C'est d'ailleurs là qu'elle l'a rencontré. On s'entend qu'une liaison prof et étudiant, c'est clairement à bannir. Mais ce n'est pas ce qui les a empêché d'avoir une relation cachée. Si ça n'avait été que ça, le jeune homme en question était marié. Alors quand la charmante étudiante tomba enceinte, il fallait tout de suite régler le problème discrètement. Après des mois à se demander comment il allait faire pour cacher tout ça (parce qu'elle voulait clairement élever le bébé à ces côtés), il s'arrangea pour que l'étudiante soit déportée dès qu'elle aurait donné naissance aux jumelles (parce qu'évidemment, nous étions deux). Sans rien dire à sa femme sur toute cette histoire, il la convainquit de nous adopter en disant qu'on allait se retrouver dans le système à cause d'une mère alcooliques qui ne pouvait pas s'occuper de nous. De purs mensonges.
C'est le 14 février 1996 alors que nous n'avions que quelques heures que nous avions perdus notre mère biologique pour se faire "adopter" par ce célèbre avocat et sa femme qui ne pouvait pas avoir d'enfant. On a toujours su qu'on était adopté. C'était plutôt évident vu nos origines africaines. On a vécu dans le luxe en se demandant toujours où se trouvaient nos parents biologiques alors que notre père se trouvait simplement dans la pièce à côté. On aurait pu penser que tout ce serait bien déroulé, que cette histoire serait restée cacher. Après tout, nous étions heureuses, très fusionnelles. On disait de nous que nous étions une petite famille parfaite. Ma mère adoptive me partageait sa passion pour la danse alors que j'étais tout simplement en admiration devant mon père adoptif et le fait qu'il fasse régner la justice autour de lui. Ça allait tellement bien que mon père poussa son envie de sauver les jeunes en détresse en adoptant encore. Je me retrouva donc avec deux grands frères ainsi qu'une petite soeur sans compter ma jumelle.
C'est à l'adolescence que je commença à poser de plus en plus de questions sur mes parents biologiques. Je voulais savoir qui ils étaient, d'où je venais. À chaque fois que je posais des questions, mon père évitait de me donner des réponses, changeant de sujet à chaque fois. Je décida que s'il ne voulait pas me donner de réponses, j'allais en trouver moi même. Je suis allée fouiller dans son bureau pour trouver mes papiers d'adoption, certificat de naissance et tout ça. Tombant finalement sur le nom d'une jeune femme qui correspondait au profil de ma mère biologique, je la contacta. Cette dernière demeurait à Boston depuis plusieurs années après avoir finalement réussi à obtenir sa citoyenneté. Après quelques jours en discuter en secret avec elle, je suis allée la rencontrer. Elle m'a tout raconté. Qui était mon père, comment il l'avait éloigné de ma soeur et moi. J'étais folle de rage. À un tel point, qu'une fois de retour à la maison, j’explosai en plein durant le repas. Mon père était encore sur son portable de toute façon, ne se souciant pas du tout de ce qui se passait à la table alors que ma mère adoptive était bienveillante envers nous, nous donnait l'amour qu'on recherchait. Bref, je lui balança tout ce que je savais, tout ce que je venais d'apprendre en plein visage.
Résultat de cet épisode, mon père et ma mère adoptive ont divorcé. Elle n'a pas accepté que mon père lui ai menti depuis toutes ses années tout comme elle n'a pas digéré le fait qu'il l'ait trompé. S'il l'avait fait avec cet étudiante à l'époque, qu'est-ce qui disait qu'il ne l'avait jamais refait. Après tout, il passait tellement de temps au bureau que c'était possible. Ça divisa complètement ma famille. Vous savez comme le big bang. Tout était uni et en un claquement de doigt, tout se séparait. De mon côté, j'ai pris le nom de ma mère biologique. Je passais mon temps entre son logement et celui de ma mère adoptive car, malgré tout, je la considérais comme ma mère. Mon père? Ne m'en parlez même pas. Je ne veux plus rien savoir de cet homme qui n'a pas pensé à personne d'autre que lui depuis tout ce temps. Malheureusement, autant ma jumelle que mes frères et soeurs ne sont pas du même avis que moi. Chacun à choisi son camps.
Mon nouveau rythme de vie me convenait. J'obtenais le meilleur de chaque côté. L'argent de mon père qui tentait de se faire pardonner en payant toutes mes choses, y compris mes études. L'amour que ma mère adoptive m'avait toujours donné et sa passion pour la danse qu'elle continuait de me partager. Et le fait de retrouver ma mère biologique, de savoir d'où je viens finalement. Le seul hic dans toute cette histoire est que j'ai perdu la complicité que j'avais avec mes frères et soeurs, encore aujourd'hui. Je suis rendue à 22 ans. Étudiante à Harvard en droit et en danse depuis maintenant 4 ans. Ma confrérie est ma nouvelle famille. Les fêtes, mon nouveau mode de vie.