SYBEL BURGESS ► ella purnell

W I S H  I ’ D  B E E N  A  T E E N  I D L E , I  W A N T  T O  S T A Y  I N S I D E  A L L  D A Y ,
I  W A N T  T H E  W O R L D  T O  G O  A W A Y

01 sybel c’est la seconde et dernière de la fratrie burgess. un papa politicien, une maman infirmière, et son frère jumeau zed qui adore lui rappeler qu'il est plus âgé -à quelques minutes près-.. le cadre de famille espéré au vingt-et-unième siècle. presque, du moins. 02 tout comme son frère elle est née à sydney, mais n’a réellement vécu qu’à newcastle jusqu’à aujourd’hui. là-bas, l’épicier du coin comme la coiffeuse à domicile connaissaient la famille par coeur. ils ne manquaient réellement de rien dans leur quartier. même qu’elle s’était liée d’amitié avec la vieille gérante de son restaurant/café à newcastle, adele. ils avaient pris l’habitude d’y dîner une fois par semaine au moins, et sybel s’y rendait toujours après les cours. c’était devenu sa deuxième maison et adele, sa deuxième famille. sybel a réellement eu toujours plus de facilité à entretenir des relations avec des adultes, les plus grands la fascine car elle considère qu’ils sont les plus sages. 03 papa et maman ils comptaient énormément sur sybel. pour s’offrir un bel avenir, pour honorer sa famille. cependant au fil des années la volonté de réussir de sybel s’est estompée et la crise d’adolescence l’a entraînée à se lasser de l’école et de tout ce que cela représente. à son entrée au lycée, sybel était déjà dans l’optique de simplement ne rien faire. son utilité là-bas était réellement de faire chier son monde en permanence et de traîner avec des garçons trop grands mais aussi trop cons pour elle. ça l’amenait à s’attirer tout le temps des problèmes, qu’elle avait l’habitude de créer et cependant zed venait toujours à sa rescousse pour leur régler leur compte. big up bro qui la sortait de ses emmerdes à chaque fois qu’elle en causait sur son passage.

I ’ D  R A T H E R  W A T C H  M Y  K I N G D O M  F A L L ,
I  W A N T  I T  A L L  O R  N O T  A T  A L L

04 tandis que cette dégringolade continuait, sybel se vit tout de même diplômée, un miracle disait-on -ou plutôt la pression de papa maman-. à peine elle sortit du lycée qu'elle vint exiger à ses parents de ne pas entreprendre d'études. rien ne la motivait dorénavant et elle souhaitait entrer dans le monde des adultes avant tout le monde, car sybel elle vit pour ça, de surpasser le reste de sa génération. c’est peut-être une véritable gamine mais en tout cas, elle désirait mûrir. et les parents ont fini par céder, probablement excédés par la pseudo-rébellion de leur fille, espérant qu’elle respecte ses idées de faire sérieusement ses premiers pas dans le monde professionnel. alors elle s’est vue employée dans tous, mais alors tous les commerces du quartier, puis de la ville, même de la région. car ses jobs sybel ne les gardaient jamais très longtemps. c’est un énergumène et alors, elle passait ses heures de labeur à ennuyer ses collègues en racontant systématiquement sa vie, à abandonner son poste pour répondre à un coup de fil, elle avait toujours l’astuce pour tout faire foirer. même lorsqu’elle s’y mettait vraiment, sybel était un calvaire pour tous les employeurs qu’elle a connu et sa réputation était maintenant toute faite. ses parents désespérèrent car elle avait vraiment tout essayé, sans résultat. sa crise d’adolescence semblait la suivre partout et elle agissait en véritable enfant. 05 son dernier recours avant de risquer de se faire renier de sa propre famille, car les parents avaient moyen envie de déconner dorénavant, c’était de supplier adele. sybel ne voulait pas lui infliger son manque de professionnalisme et risquer de la décevoir mais c’était le dernier commerce de la ville auquel elle ne s’était pas essayée. elles savaient toutes deux ce qui risquait de se passer, mais la colère noire de ses parents lui pesait dessus et cette fois-ci, pour adele, elle était réellement dans l’optique de réussir car froisser son amie de toujours serait son plus grand cauchemar. adele lui accorda cette ultime chance après qu’elle l’ait de multiple fois suppliée et vécut son premier succès en excellant ses deux premières semaines, quasiment un record considérant que sybel se faisait virer dans les soixante-douze heures suivant son admission. c’est au bout d’un mois que sybel reprit ses mauvaises habitudes, petit à petit, en se trompant dans les commandes premièrement ou en ayant des propos déplacés face à des clients qui amenait le restaurant à se vider peu à peu, mais adele décidait de fermer les yeux là-dessus. elle voulait lui faire confiance et lui donner l’impression qu’elle n’est pas bonne à rien. malgré sa compassion, cela venait à se répétait encore et encore jusqu’à ce que ça en soit réellement pesant. ne serait-ce que pour le chiffre d’affaires du café, puis l’honneur de ce dernier. la cerise sur le gâteau, événement qu’elle évite de mentionner à quiconque, c’est cette fois-là, la goutte qui a fait débordé le vase. alors que sa journée de boulot se passait pas plus mal qu’habituellement, elle reçut un coup de fil et parce que sybel burgess restera toujours sybel burgess elle laissa simplement sa poêle giser sur la plaque chauffante, deux œufs jumelés qui semblaient eux souffrir la regardant avec mépris se casser de son poste en gueulant dans son microphone. il aura duré dix bonnes minutes cet appel, sybel avait visiblement énormément de choses à dire. elle a toujours des choses à dire en fait, mais quand elle en oublie ses œufs au plat c’est que c’était pas du flan cette conversation. à son retour, elle emprunte la petite porte de derrière et se faufile pour réapparaître comme si de rien n’était ni vu ni connu. l’odeur de brûlé se sentait déjà dès qu’elle entreouvrit la porte et alors, elle réalisa. sybel accourait vers l’îlot métallique qui s’entretuait avec les énormes flammes qui se dégageaient des deux pauvres œufs tandis que là, une jeune cuisinière suivie d’un serveur portaient dans leurs mains un extincteur qu’elle eut du mal à distinguer parmi les flammes. l’incendie était déjà trop important, le café se mit à s’agiter, les clients à partir, tandis que la cuisinière faisait de son mieux pour s’avancer dans les flammes qui florissaient bien trop vite et s’emparaient des murs, les pompiers furent appelés à toute vitesse. heureusement adele n’était pas là ce soir-là. croiser son regard après cela, c’est quelque chose qu’elle n’a jamais osé faire. non seulement parce qu’elle a irradié les trois quarts des cuisines, infligeant alors le coût des réparations aux darons véritablement ravis par la nouvelle, non seulement parce que l’avant-bras droit de la serveuse héroïne ayant tenté d’éteindre l’incendie a été brûlé au troisième degré mais par-dessus tout car sybel a trahi son amie. plus que quiconque et, parce qu’elle méritait bien de se prendre la totale les autorités étant donné qu’elle est mineure l’ont assigné à une peine de travaux d’intérêts généraux dans toute la région, notamment dans des prisons histoire de lui faire bien comprendre ce que ça aurait dû normalement lui coûter. pédagogique, ça c’est clair.

T H E  T E E N A G E  H E A R T  I S  A N  U N G U I D E D  D A R T ,
W E ’ R E  T R Y I N G  H A R D  T O  M A K E  S O M E T H I N G  O F  W H A T  W E  A R E

06 en parallèle à cela dans un épisode pas facile de sa vie, sybel lance sa chaîne youtube. c’est la paresse incarnée mais cependant, elle a toujours été plus que créative. au point de tenter les œufs au plat incendiés, quelle audace. elle y prend goût rapidement et y raconte ce qu’elle a vécut, entre ses années sabbatiques et les galères qu’elle a enduré après. ses passions comme la mode et les jeux-vidéos notamment. tout cela en humour et en étant elle-même, elle n’avait pas forcément un gros public mais ça lui plaisait tout ça et elle se sentait à l’aise devant la caméra. ça devient un véritable échappatoire pour sybel, pour la première fois d’sa vie elle a l’impression que ça la mène quelque part, qu’elle n’est peut-être pas qu’un fardeau pour les gens qui l’entoure, qu’elle a trouvé un moyen d’exister dans ce monde où on n’a plus notre place. ça lui facilite le quotidien et tout prend son sens, ce n’est plus un gros trou noir. elle n’avait aucune idée de où ça la menait mais elle n’aurait jamais pensé autant imploser un jour. en seulement quelques mois les abonnés se multipliaient tant qu’on l’apercevait de plus en plus sur les réseaux sociaux, sybel devint une réelle influenceuse. étendant même sa notoriété jusqu’à sydney où tout prit une ampleur démesurée, non pas à son désavantage. c’était devenu ça son job. être son propre patron c’est sûrement ce qui l’amenait à garder la tête sur les épaules et grandir un peu même si dans le fond, c’est toujours une véritable enfant. sybel se l’est promis, cette carrière toute nouvelle n’était cette fois-ci pas quelque chose de temporaire, c’est là où elle a sa place. et même si tout n’est pas toujours facile, même avec une profession si révoltante, pour rien ni personne elle ne délaissera cet empire qu’elle a construit de ses propres mains, des heures passées derrière son petit écran à mettre au point son petit monde virtuel. 07 après deux années de galère, de désillusion, mais aussi de nouvelles expériences et de remises en question sybel allait enfin avoir la vingtaine. l’indépendance totale à ses yeux. en cette occasion, et considérant que la promesse qu’elle avait faite à ses parents de réussir dans le monde du travail n’a pas vraiment été tenue.. sybel se vit ordonnée par ses parents de participer aux concours d’entrée à harvard pour l’année à venir. elle en recracha son sushi, pensant que c’était sûrement un prank -bonne idée de vidéo vous me direz- mais il n’en était rien. à leurs yeux sa chaîne youtube c’était juste histoire de remonter la pente, comme une illusion d’optique pleinement superficielle. ce n’est pas une activité stable, sybel l’étant encore moins ils craignaient surtout qu’elle finisse par s’en lasser, comme tout le reste et qu’elle se réveille un beau jour sans rien. rien que ça. mais quand papa et maman –surtout papa- attendent quelque chose de vous, chez les burgess mieux vaut prendre la chose au sérieux et s’exécuter. alors sybel le fit, et advienne que pourra elle désirait à présent prouver au monde entier qu’elle en a dans le crâne et qu’elle est prête à relever le défi. pour cela, elle a mit sa chaîne youtube en hiatus et a travaillé d’arrache pied –avec des pauses longues d’une semaine, mais écoutez- pour convaincre au maximum le jury qu’elle avait la place dans l’école la plus prestigieuse du monde auprès de son frère zed qui lui, allait bientôt entamer sa troisième année sans emmerde. sybel s’est distancée de son petit monde à elle, a expliqué à son audience la situation qui l’a encouragée dans cette épreuve pas des moindres et au fil du temps elle eut de plus en plus foi en elle et en ses capacités, au fil que les concours s’avéraient positifs pour la jeune fille devenant jeune femme. 08 dans un moment plus qu’inattendu, pour vous éviter la journée durant laquelle s’est arrivée et la fête qui s’en est suivie, sybel reçut une enveloppe de la taille de son buste lui annonçant qu’elle l’avait fait, qu’elle allait se rendre à cambridge dans peu de temps et étudier parmi l’élite. l’inespéré pour la famille burgess qui vint soudain clore les yeux sur ses erreurs du passé. sybel eut l’offre de se racheter et voilà qu’elle s’envolait pour harvard, rejoindre son jumeau qui lui a manqué plus que quiconque et une nouvelle vie de dur labeur après avoir passé la majorité de son temps de ces deux dernières années à monter des vidéos dans son lit.. il fallait garder la tête hors de l’eau à présent. sybel c’est une grande optimiste qui n’a pas peur de regarder plus loin qu’elle ne peut aller, sa paresse l’handicape toujours mais pour la première fois de sa vie elle n’a plus l’impression de se noyer dans ces eaux troubles, non. aujourd’hui plus que jamais sybel a l’impression de pouvoir nager.