C'est par le froid automnale du 9 Septembre 1991 que je naquis, à St Petersbourg en Russie. Ma mère était d'origine russe et mon père lui, était un militaire Américain. Ils s'étaient rencontrés alors que mon père était en mission en Russie : ils tombèrent rapidement amoureux et quand ma mère apprit qu'elle était enceinte de moi, mon père demanda à se poser et à être muté définitivement en Russie. Ma mère insista auprès de mon père pour que j'hérite de son nom de famille, Romanov et pas du sien. En Russie, la famille Romanov est très respectée car nous étions des descends directs de la famille Romanov, qui fut la famille impériale de la Russie pendant le 19ème siècle. Même si nous n'avions aucun droit en plus, ou aucune influence sur la politique du pays, nous étions tout de même très bien vus par tout le monde. Comme vous pouvez donc le deviner, ça n'est certainement pas d'argent dont nous manquions le plus. Pourtant, je n'ai jamais été pourrie gâtée : ma mère m'a apprit à mériter ce que je veux avoir. Ma mère, Demidova était médecin et elle travaillait bénévolement dans beaucoup d'associations en plus de son travail déjà très prenant. Nous étions une petite famille heureuse, j'allais aider ma mère à la soupe populaire pendant les vacances de Noël : les hivers étaient tellement froids en Russie qui'ils étaient bien souvent mortels aux pauvres malheureux qui n'avaient guère d'endroit où aller, mourant de froid ou de faim. C'est quelque chose qui m'a toujours profondément choquée : comment les gens pouvaient-ils laisser cela se produire ? Les politiciens qui gagnaient des millions à ne rien foutre, pourquoi ne faisaient-ils pas quelque chose pour tous ses gens qui n'avaient certainement pas choisis d'être à la rue ? Je tenais cette rage contre le gouvernement de ma mère et de ma grand mère, qui étaient toutes les deux de grandes militantes.
J'avais six ans quand mon père décéda dans un accident de la route le lendemain du nouvel an. Nous étions tous dans la voiture ce soir là : nous rentrions de chez mes grands parents chez qui nous avions fêtés le passage à l'an 1997. Une tempête de neige, du verglas, des pneus mal gonflés, un accident. Ma mère s'en est sortie avec deux cotes cassées, un petit traumatisme crânien et une fausse couche. Car elle était enceinte de quatre mois, et le choc fut trop violent. Je m'en étais sortie quant à moi avec une jambe cassée et des vilains bleus. Je me rappelle encore à quel point ma mère a pleurée. J'ai beaucoup pleurée moi aussi, mais surtout pour mon papa. Ma mère elle, venait de perdre deux êtres chers : son mari et on deuxième enfant. Tout changea alors. Plus rien ne la retenait ici : elle voulait voir le monde, elle voulait aider les gens. Elle fut alors embaucher pour une période de 3 ans au Japon avec Médecin Sans Frontières. Et bien entendu, je la suivis et je quittais la Russie sans beaucoup de regrets.
J'ai eu beaucoup de mal à m'adapter à la Russie. Tout était tellement différent ici. Les gens, la langue, la façon de vivre, tout simplement. Le Japon n'était pas un pays pauvre, mais ma mère et moi visitions beaucoup de villes dans les coins reculés du pays. Des endroits où les gens vivaient dans la misère, sans eau courante, sans électricité. J'avais beaucoup de mal à apprendre le Japonnais, mais je n'avais pas le choix : là-bas, ils parlaient soit leur langue, soit l'Anglais. Grâce à mon père, j'avais quelques bonnes bases d'Anglais, mais dans les petits villages, les gens ne parlaient que leur langue. J'allais à l'école à Tokyo, et je partais le week-end avec ma mère dans tous ses petits villages qui avaient besoin de la médecine occidentale pour soigner des maladies qui n'existaient même plus en Europe ou dans les pays développés. J'étais très appréciée à l'école, les enfants m'aimaient beaucoup car j'étais différente. C'est plutôt drôle, quand on sait que dans pas mal de cultures, on est rejeté à cause de nos différences. Je n'avais pas les yeux bridés, et je savais au bout de trois ans jongler parfaitement entre le Russe, l'Anglais et le Japonnais. Ma mère elle, travaillait nuit et jour et j'étais très admirative du bonheur et du bien-être qu'elle arrivait à inculper aux gens pauvres là-bas. Au bout de trois ans, Médecin Sans Frontière lui demanda si elle pouvait rester deux ans de plus, et elle accepta à mon plus grand bonheur : je n'avais pas hâte de déménager, car je savais que j’allais devoir me refaire des amis, me réhabituer à une nouvelle culture et peut-être même une nouvelle langue. Nous retournions parfois en Russie voir mes grands-parents qui étaient très fiers de leur fille, mais aussi très fiers de moi car j'étais très mature pour mon âge et je commençais à connaître beaucoup de choses, apprenant tout en accompagnant ma mère pendant ses missions pendant le week-end et les vacances. J'aimais ça, aider les gens et ma générosité était sans limite.
Les cinq ans au Japon passèrent à une vitesse incroyable. A mon plus grand regret, ma mère m'annonça, alors que j'avais onze ans, que nous partions pour l'Egypte. J'allais au collège international du Caire où je perfectionnais mon Anglais. Je n'ai jamais réussi à apprendre l'arabe ou la langue parlée en Egypte, c'était beaucoup trop complexe pour moi. Mais tout le monde parlait Anglais là-bas, alors ça n'était pas trop grave. Vivre en Egypte fut un vrai choc pour moi : j'étais habituée à avoir des hivers froid, allant jusqu'à -30*c voir plus, mais là-bas, pas un seul flocon de neige une voir l'hiver pointant le bout de son nez. La pluie se faisait rare, surtout quand nous allions dans tes petits villages en pleins déserts avec ma mère. Nous avions toujours le même deal : je travaillais bien à l'école, je faisais mes devoirs la semaine pour pouvoir l'accompagner le week-end. Le week-end,c 'était le seul moment où je pouvais partager de vraies choses avec ma mère, la voir travailler, la voir sourire à nouveau lorsque quelqu'un la remerciait pour ce qu'elle avait fait. Parfois, elle n'allait pas en mission le week-end et nous allions visiter, faire une ballade au bord du Nil, visiter les pyramides et les paysages magnifiques qu'offrait l'Egypte. Je m’intéressais beaucoup plus à l'histoire du pays qu'à sa langue : les Pharaons, leurs différents dieux et leurs légendes, je trouvais ça tout simplement passionnants. Au collège, les enfants voyaient tout de suite que je n'étais pas de chez eux : la peau blanche, les cheveux blonds, pour sûr je n'étais pas du tout une Egyptienne. Mais ça ne les gênaient pas tellement, et ils adoraient que je leur raconte tout ce que j'avais vu. Je n'avais que onze ans et j'avais déjà vu tellement de choses, tellement de paysages, mais aussi tellement de misère.
Changement total de décors quand nous sommes arrivés en France quatre ans plus tard. Ma mère justifiait ce choix en disant que nous n'étions pas obligé d'aider uniquement les gens venant de pays pauvres, mais que la misère était aussi présente dans les pays riches comme en France, et surtout à Paris. Etant la capitale de la France, il y avait beaucoup d'immigrants qui n'avaient pas de logement fixe. Sachant une an plus tôt que Paris serait notre prochaine destination, j'avais déjà commencée à apprendre la langue et c'est donc sans grande difficulté que j'arrivais en France. Il y avait une grande différence entre la France et tous les autres pays que j'avais pu visiter avant : j'étais maintenant en Europe, et le changement était rude. Surtout pour le climat. Mais je ne regrettais pas : J'avais dix sept ans quand je rencontrais le premier et unique amour de ma vie. Il s'appelait Alexandre et nous étions dans la même classe. Je suis très vite tombée raide dingue amoureuse de ce garçon. Il rêvait d'aventure et de voyages, et j'avais pu lui raconter tout ce que j'avais vu. Nous passions des heures à parler de tel et tel pays, et il était très impressionné de me savoir parler autant de langues. J'avais un peu de mal avec le Français, mais il disait que c'était mignon. Car je parlais Français avec un mélange d'accent Anglais et Russe ce qui rendait mon accent très curieux et bizarre, mais les gens, surtout au lycée, avaient finis par s'habituer. Nous avions filé le parfait amoureux pendant près d'un an, jusqu'à ce que ma mère m'annonça que nous partions après l'été pour la Nouvelle-Zélande. Ma relation avec ma mère s'était dégradée : depuis que j'avais Alexandre, je vivais la vie d'une ado normale de mon âge. Je n'allais plus trop l'aider dans ses missions, non pas que je n'en avais pas envie, mais parce que j'avais beaucoup de travail au lycée, j'étais à un an du BAC et j'étais amoureuse. J'allais de temps en temps à la soupe populaire avec Alexandre, mais ça s'arrêtait là. Alors quand ma mère m'annonça que nous partions à l'autre bout du monde, je ne l'acceptais pas, pour la première fois de ma vie, je n'étais pas d'accord. Je ne voulais vraiment, vraiment pas partir. Mais elle ne voulait rien savoir : je n'étais pas majeure, alors je devais la suivre. Surtout que mon visa allait bientôt expirer. Je lui ai fait vivre la misère, jusqu'à la dernière minute où j'avais même été jusqu'à cacher mon passeport pour ne pas partir. Avec Alex, nous nous étions promis de ne pas nous quitter, mais c'était prévisible que ça ne marcherait pas. La Nouvelle-Zélande, à des milliers et milliers de kilomètres de la France, avec un décalage horaire monstre..
Je suis arrivée dans un lycée pour faire ma dernière année avant d'avoir mon diplôme. Alex et moi nous étions séparés peu de temps après la rentrée, et je me sentais tellement malheureuse. J'en voulais terriblement à ma mère et je lui faisais payer par tous les moyens possibles. Mais je continuais à faire de l'humanitaire, de mon côté. Il y avait beaucoup de recoins, surtout dans les îles autour de la Nouvelle-Zélande qui étaient très pauvres, ou du moins, qui n'avaient pas autant de moyens que les pays développés. Je détestais la nouvelle-Zélande, mais je n'étais pas très objective, car si je détestais cette période de ma vie, c'était parce que je tenais responsable mon départ de ma rupture avec Alexandre. Je me suis concentrée sur mes études pour avoir mon diplôme de fin de lycée, j'envoyais balader tous les garçons qui m'approchaient et je m'étais mise en tête de partir pour me poser enfin quelque part pour de bon. Un soir, alors que je regardais les université du monde entier sur mon ordinateur, je tombais sur le site d'Harvard, en Amérique.
Ma mère a pleurée quand j'ai reçu ma lettre d'admission. Pleurée de joie, mais aussi de peine, car elle ne voulait pas arrêter de travailler pour médecin sans frontière et elle savait que nous ne nous verrions presque plus. J'allais partir en Amérique, et elle serait un peu partout dans le monde. Elle est venue m'aider à emménager quand même à Cambridge, les au revoir furent difficiles, mais j'étais quand même heureuse de pouvoir vivre ma propre vie sans devoir être tout le temps derrière ma mère. C'était une nouvelle vie qui commençait. Il y a quelques mois, le jour de mes vingt et un an, ma mère m'envoya par courrier une lettre qui changea ma vie. Elle m'annonça qu'elle venait d'apprendre que mon père avait eu un enfant avant de la rencontrer, un enfant qui faisait ses études à Cambridge. J'avais toujours rêvé d'avoir une soeur ou un frère alors je suis bien déterminée à retrouver cette soeur.