STORY OF MY LIFE
please tell us more
Franchement, on va pas se mentir, mon enfance est des plus banales tant elle ressemble à celle des gosses qui naissent dans une famille de riche. J’veux dire tu pourrais même l’inter changer avec celle d’un autre gamin qu’on y verrait que du feu. Mais si tu veux tout savoir, je suis né dans une famille de bourgeois. Des vrais bourgeois genre vraiment, j’connais pas trop mon arbre généalogique, mais depuis au moins mes arrières arrières grands parents, les générations d’après sont pétées de tune.
C’est cool d’appartenir aux rangs des personnes les plus riches, ça t’apporte plein de cadeaux quand t’es gosse. Bon, faut pas exagérer, ma famille n’a jamais eu le niveau d’vie d’un prince Saoudien mais quand même. Ma mère est chirurgienne dans une clinique privée de L.A, probablement une des plus côtés de la ville et mon père, lui, possède un cabinet d’avocat qu’il a repris de son père. Tous les deux ont étudié à Harvard, cette université c’est une grande affaire familiale. D’ailleurs, c’est sur les bancs de l’école qu’ils se sont rencontrés. Quelle tristesse. Ils ont du s’mettre ensembles hyper jeune. Franchement, j’irai presque à dire que c’est du gâchis, quand tu vois à quel point tu peux profiter à Harvard tant elle est décadente sur pas mal de points. M’enfin, ça m’concerne pas vraiment, s’ils sont heureux comme ça c’est leur problème.
Enfin bref. Je suis le dernier d’une fratrie de trois. Une grande sœur de 32, styliste qui collabore avec les plus grandes maisons faisant des défilées around the world pour présenter ses collections. J’ai jamais été très proche d’elle d’ailleurs, probablement la différence d’âge qui fait que quand on me torchait encore, elle était déjà en pleine adolescence. Et aussi un frère, de huit ans mon aîné, avocat dans la boite à mon père. Puis y’a moi, le dernier. Tout juste 18 ans et toutes mes dents. Heureusement…
Moi j’suis un peu le canard boiteux d’la famille. Bon j’ai toujours cartonné à l’école parce que j’suis assez intelligent sur pas mal de points et que j’arrive sans problème à me mettre les professeurs dans la poche… Mais disons que quand, au même age, ma sœur avait des étoiles pleins les yeux et se voyait déjà chez Balmain, que mon frère lui voulait déjà défendre la veuve et l’orphelin et s’en mettre plein les poches (surtout s’en mettre pleins les poches), bah moi j’me contentais de faire des soirées, me bourrer la gueule et joueur aux jeux-vidéos. Franchement, tu m’aurais parlé d’ambition y’a un deux ans, je t’aurai rigolé au nez en te disant « mais j’ai pas l’temps pour ces conneries ». Bon forcément avec une famille élitiste comme la mienne, bah c’est pas passé quoi.
Ah j’me souviens encore quand j’avais parlé à mes parents d’mon projet de finir streamer ou joueur pro… ce désastre. J’avais même appelé mon frère la veille pour lui parler de cette volonté d’arrêter les études après le bahut. Il m’avait juste dit « Gamin t’es dans la merde, bonne chance pour leur faire avaler ça. C’est l’meilleur moyen pour que maman fasse un arrêt cardiaque ». Puis il était parti dans un éclat de rire et m’avait raccroché au nez. *Ah ah merci frangin, je te remercierai pour ça, compte sur moi.* Mais je m’étais quand même enferré dans c’projet après avoir tiré à pile ou face. Pile ça passe Face ça passe pas. Pile. Ok ça paaaassse. Du coup l’soir même, j’avais attendu qu’ils rentrent tous les deux du taffe pour les convoquer et j’avais pris mon air le plus sérieux.
« Papa, maman, vous savez que j’ai toujours aimé les jeux-vidéos. Et que depuis pas mal de temps maintenant, je stream sur YouTube et Twitch presque quotidiennement. J’atteins à peu près les 5000 viewers par live, ça veut dire que y’a 5000 personnes en même temps qui me suivent. Et avec les donations, j’engrange une certaine somme d’argent. Je pense qu’avec le temps, je pourrai être suffisamment rentable et me dégager un véritable salaire mensuel. Du coup, je voudrai tenter mon aventure dans ça, après avoir terminé le lycée. »
Ils avaient pas réagi tout de suite. J’en avais presque conclu pendant un court laps de temps, que ce silence signifiait leur approbation. Mais c’était plutôt pour eux une manière de dire « attends je l’étripe ou je l’étripe. Chérie, ramène la tronçonneuse, ce soir on l’enterre. » Et puis mon père avait gueulé, après avoir rigolé. Mais pas l’genre de rire joyeux, non, un rire gras, tellement gras que ça suintait presque autant qu’un hamburger de chez macdo.
« Putain mais t’es pas sérieux ! On te paye le meilleur lycée de L.A pour que tu deviennes quelqu’un, on est prêt à se saigner pour te payer la meilleure université du monde et TOI c’est comme ça que tu nous remercie. BORDEL DE MERDE. Chérie, dis quelque chose, ce gosse me rend dingue. »
Puis ma mère en avait rajouté une couche. A c’moment-là, j’avais hésité entre me rouler par terre et chialer comme quand à six ans on avait refusé de m’amener à disneyland, ou bien, faire l’mec vénère, claquer la porte et fuguer. Puis je m’étais dit que les deux options n’étaient pas viables. Surtout que ça allait être compliqué d’amener ma tour de gaming avec moi si je décidai de m’en aller. Donc, j’avais continué dans la lignée rentabilité, popularité, en leur sortant en argumentaire digne d’un conférencier en économie, leur expliquant que des Youtubeur gaming comme Pew Die Pie étaient avec le temps devenu multimillionnaire, qu’il y avait des gens qui t’aimaient tellement qu’ils étaient près à te lâcher 50 000 euros de donation, que certains streamers lançaient une campagne en collaboration avec des associations humanitaires et raflaient plusieurs centaines de millions d’euros… mais ça avait été aussi utile que de pisser dans un violon. Les darons aussi fermés qu’une porte de prison.
Alors de palabre en palabre, on avait conclu un marché. J’irai étudier jusqu’à au moins chopper un master, et pas dans n’importe quelle université. Hardvard ou une autre de l’Ivy League, afin de ne pas « déshonorer » la famille et surtout parce que j’en ai largement les capacités. Mais en contrepartie, j’aurai le droit d’étudier ce que je veux là-bas, eux qui me tannaient depuis trois ans pour que je fasse soit médecin soit avocat soit entrepreneur. Du coup, après un court moment de réflexion, j’avais décidé d’étudier l’informatique et les multimédias à Harvard, parce que si y’a bien une passion aussi forte que les jeux-vidéos, c’est bien l’info. Et puis, fouler les mêmes marches qu’ont emprunté Bill Gates et Marc Zuckerberg quelques années plus tôt, ça n’est pas rien.
Maintenant, alors que j’ai passé tous les tests et que je m’apprête à entamer ma première année au sein de cette prestigieuse université, j’me dis que j’aurai pas pu faire un meilleur choix. En plus, mes parents m’ont acheté un laptop gaming ce qui fait que même au sein de Harvard, je pourrai continuer ponctuellement à faire des streams. Comme quoi, avec assez de diplomatie on finit toujours par arriver à un point de compromis.
Et puis on va pas se mentir, je vais à Harvard pour le prestige de l’université et pour la formation élitiste qu’elle peut me délivrer, mais aussi pour l’ambiance phénoménale. J’ai vu assez de vidéos de spring break et autres, pour savoir que je vais m’éclater et que les années qui vont suivre, vont probablement être les plus belles de ma vie. Et en tout cas je ferai tout pour.
HARVARD ME VOICI !