A.-H. SKYLER HASSELHOFF ► vanessa morgan

Bienvenue sur cette cassette. Ma cassette. Si vous vous croyez dans un épisode de 13 reasons why, arrêtez de lire immédiatement. Même si ma vie n’a jamais été toute rose, je ne vais accuser personne, et je n’ai toujours pas mis fin à mes jours. Souriez, c’est une bonne nouvelle au fond. Ça veut dire que je me bats contre toutes les injustices qui peuvent mettre faite, et que je ne baisse pas les bras face aux difficultés. Bon… Je me présente, je ne m’appelle pas Henry. Mais Skyler. Skyler Hasselhoff. Je sais, mon nom de famille est marrant, mais bon, qu’est-ce que je peux y faire ? On ne choisit pas sa famille au fond. J’ai vingt-trois ans à l’heure où j’enregistre ceci, et pas mal de secrets qui ne peuvent pas rester inaudible. Ça fait plusieurs années maintenant que je suis étudiante à l’université d’Harvard, et je dois avouer que je m’y plais plutôt beaucoup. Je n’ai pas à me plaindre. J’adore mes études ainsi que les cours de ce cursus. Même si j’ai beaucoup hâte d’en finir enfin. Si vous vous posez la question du « est-ce que tu es une droguée débauchée qui profite de l’argent de papa maman ? » la réponse est oui, et alors ? En fait, je dois le dire. J’adore la drogue, et ce n’est pas demain la veille que j’arrêterais d’en prendre, même si mes parents, l’amour de ma vie ou mes futurs enfants me le demandaient. Et la parenthèse sur la débauchée du coin, je dois quand même préciser que je n’ai pas réellement couchée avec beaucoup de mecs. Je ne suis pas de celle qui adore les coups d’un soir, et j’évite généralement d’en faire. Ce qui nous emmène à l’abus d’argent qui n’est pas le mien. S’il n’était pas légitimement à moi, il ne serait pas sur mon compte, alors je ne vois pas qui ça gêne que je brûle des billets, que je m’assois dessus, ou que je le donne au premier sans abris du coin.

Je viens de New-York. Malgré que, j’ai vécu beaucoup plus d’année à Los Angeles. Mes parents ont toujours été le style de personne hyper patient et adorable.  À la limite des bisounours trop cute que tout le monde voudrait dans sa vie. Je sais que je les déçois, mais je n’y peux rien, j’adore ma vie comme elle est. Je l’aime surtout parce qu’elle ressemble à un immense bordel sans queue ni tête. Mon bordel. Quand j’avais dix ans, je me suis fait ma première égratignure dont je peux me souvenir. Et si vous voulez tout savoir, c’était de la manière la plus stupide et commune du monde. À vélo. Waw. Vous êtes dans la jalousie j’en suis sûr. Bref, changeons de sujet. Allons au jour du divorce de mes parents. Ma mère est partie, un mec au bras et un enfant en route dans le ventre, me laissant ainsi avec mon père. Et ce même si elle m’envoie des petites cartes pas du tout chou pour mes anniversaires. Papa était dévasté. Pourtant il n’a pas pris plus de six mois avant de refaire sa vie avec une poufiasse que je n’arrive toujours pas à apprécier au jour d’aujourd’hui. « Mais sinon… Ça va mentalement ? » Les divorces ce n’est pas toujours agréable. Mais quand vos parents ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes et qu’ils se disputent sans arrêt devant vous en s’insultant de tous les noms, il vaut mieux pour eux qu’il s’en aille chacun de leur côté.

Pour mes seize ans, j’ai eu droit à un allé gratuit à l’hôpital. On a découvert que j’étais malade. Mais ne vous en faites pas, je ne vais pas mourir demain, ni la semaine prochaine. En fait, il semblerait que ce ne soit rien de grave tant qu’on le gère avec préméditation. Du coup, je ne vois pas l’intérêt de vous révéler la nature de cette maladie, ou même son nom scientifique. Vous en entendrez déjà bien parler dans ma vie de tous les jours pour que je rajoute une couche ici. « Tu vas cracher le morceau et la fermer ou pas ? » Bon d’accord. Je souffre de tachycardie. En gros mon cœur bat de manière anormale de temps à autre. Il accélère. Parfois trop. Mais les médecins et les thérapies m’aident à gérer mon stress et éviter que certaines crises ne se déclenchent… Voilà, vous avez pété l’ambiance, vous êtes content j’espère. Parce que moi, je pète toujours la forme par contre.

Même si je pense qu’il est temps de mettre un terme à tout ceci, et dire au revoir. Vous avez vu, je n’ai accusée personne. Et je n’en voudrais jamais à quelqu’un pour quoi que ce soit, même si la vie n’est pas facile. Même si j’ai déjà été agressée dans la rue, couverte de sang avec des tournis aux cinq secondes. Même si ma mère a hérité du revers de son karma avec le cancer qu’elle se tape depuis un an maintenant. Même si mon père se confine dans son travail pour oublier son échec de vie familiale et ce, depuis beaucoup trop longtemps. Je n’en veux pas à la vie, à l’esprit qui nous protège et nous regarde. Et je ne lui en voudrais jamais. La vie est ce qu’elle est. Avec ses bons comme ses mauvais timings. « Si vous en voulez plus, regardez simplement autour de vous, on ne sait jamais. Je pourrais être juste à côté de vous, un sourire sur les lèvres, et une clope entre les doigts. » Allez, bisous.