charity (sloagan)

Sloan restait dans le flou le plus complet. Sa femme lui avait fait une véritable déclaration, à laquelle il n'avait pas pu résister. Il voulait donner une vraie chance à son mariage mais il restait quand même perdu. Il était complètement paumé et ne savait pas quoi faire pour s'en sortir. En pleine crise identitaire, il n'arrivait pas à avancer sans se poser des tonnes de questions et fatalement, à celle-ci, es-tu heureux sloan ? Il ne savait pas apporter la moindre réponse. Oui il baignait dans une certaine illusion et croyait presque qu'en ignorant sa conscience, ça irait mieux, pourtant, quand il n'était pas avec sa femme, il n'était que l'ombre de lui-même. L'ancien Eliot avait perdu goût à tout et heureusement qu'il ait repris la boxe, sinon il serait bon à enfermer à l'asile. En voyant le vent tourner, son beau-père lui avait imposé une journée de charity. Aider les pauvres pour renouer quelque peu avec son passé au Bronx. Cette idée était déplacée mais surtout, elle le rabaissait plus bas que terre. Contre sa volonté, Sloan avait dû donner à manger à des gens qui n'avaient rien. Il ignorait ce que son beau-père avait cherché en faisant ça mais c'était plutôt raté. Déjà qu'il y allait en traînant la patte, il comprit que la journée allait être pourrie en voyant Reagan, son ex, dans les parages. De toutes les bénévoles d'Harvard, il fallut qu'il tombe sur elle, la poisse. Quelques regards s'étaient échangés entre les deux anciens amants et clairement, il ignorait si elle voulait une discussion sérieuse ou juste lui foutre son poing dans la gueule.

La fin d'après-midi sonnait et franchement, Sloan avait plutôt bien travaillé. Il était relativement fier de ce qu'il avait accomplis aujourd'hui. Merci Georges hein. Le jeune Bushnell mit son blouson sur son dos et leva la tête pour voir Reagan toute seule, elle aussi en train de rassembler ses affaires. Il jeta un rapide coup d'oeil autour d'eux et se décida à l'approcher. De toute façon, mal pour mal, son moral ne pouvait pas être pire. Une fois à sa hauteur, il vint déglutir et fourra ses mains dans ses poches. « Salut Reagan .. J'peux toujours pas t'approcher ou y'a prescription depuis le temps ? » demanda-t-il doucement. Sloan était calme sur le moment mais ne savait toujours pas ses émotions. C'était compliqué pour lui d'approcher son ex, pas pour une question de fierté mais plus pour une question de nostalgie et de regret surtout.

J'avais besoin de me changer les idées, de voir ailleurs, de voir des mondes différents que le mien, et pour le coup, ce fut radical. J'avais trouvé un flyer qui proposait d'être bénévole pour aider les plus démunis et j'avais appelé le numéro. On m'avait indiqué le jour et l'heure, et j'allais être présente. Le retour du Sring Break avait été cool et même si c'était cool comme vacances, j'hésite à y retourner l'année prochaine. Je ne m'y suis pas amusée plus que ça, c'était cool, il y a eu des jours sympas, ouais. Le jour où j'ai croisé Jasper était un jour mieux que les autres, celui où j'ai passé la journée avec Amalthia, aussi, mais sinon, ça restait sans plus. J'me dis que rester chez moi, ça m'donne approximativement le même effet. Regarder des séries, jouer de la musique, c'était similaire, quelque part, alors ouais. J'avais pas adoré ce Spring Break mais je ne l'avais pas totalement détesté non plus. Du coup en revenant, je voulais changer de monde, essayer de me remonter le moral et être surtout reconnaissante pour ce que j'avais. On s'en rends pas énormément compte tant que tout vas bien, et je savais qu'être bénévole pour les démunis allait m'aider. C'est un geste solidaire et quelque part égoïste. Enfin, je pensais que ça allait m'aider, jusqu'à y voir Sloan. Les petits regards dans la journée étaient juste lancés pour que je vérifie sa distance par rapport à la mienne. Reste loin, c'est l'idée, et à la fin d'après-midi, j'essaie de rapidement rassembler mes affaires, seule dans mon coin en pensant l'éviter. « Salut Reagan .. J'peux toujours pas t'approcher ou y'a prescription depuis le temps ? » je mentirais si je disais que je n'avais pas ressenti de pincement au cœur. J'ai pas envie de le regarder, et pourtant mes yeux sont attirés dans les siens. J'ai de la tristesse, quelque part. C'est fini, j'le sais, je l'ai compris, mais on était bien, alors forcément quelque part, cette nostalgie était encore présente. "Y a pas prescription, tu m'a rayé de ta vie et.. j'ai appris à en faire de même." je lui souris, ce sourire doux et tendre. J'ai pas envie d'être méchante, t'es juste le gars qui m'a brisé le cœur alors je croyais en nous.

Au point où Sloan en était, il n'était plus à ça près. Sa relation inachevée avec Reagan restait une sacrée défaite pour lui, il avait préféré fuir plutôt que d'affronter ses problèmes. Comme à son habitude, il avait ignoré sa bipolarité et avait mit fin à l’idylle qu'il vivait en sa compagnie. Pour atténuer la peine que la blondinette aurait pu ressentir, il lui avait fait croire à une infidélité, une tromperie dont il n'était absolument pas coupable. Détester pour mieux s'en séparer, telle était sa croyance de l'époque. En aucun cas le jeune homme ne l'avait fait, il n'étai pas comme ça mais avait feinté la faute. Reagan l'avait alors accablé à juste titre et avait mit fin à leur histoire. Pour le jeune Bushnell il y avait prescription, pas pour elle visiblement. La réaction de la belle blonde était justifiée mais, étonnement, pas trop agressive. Et non Sloan, tout le monde n'est pas comme toi à agir impulsivement. Malgré le vent qu'il venait de se prendre, il afficha un mince sourire sur ses lèvres, plutôt content de retrouver cette douceur mystérieuse chez elle. « Hm ouais .. à ce propos, j'ai quelque chose à te dire, c'est important. » Il releva la tête et regarda tout autour de lui. « Mais pas ici. » Pas dans un endroit confiné et surtout, dans un endroit clos. Ce claustrophobe de service ne se sentait pas forcément à l'aise ici, il avait besoin d'air et vite. « T'es même pas obligé de parler, tu écoutes ce que j'ai à te dire et j'te fou la paix, il te reste bien une petite place pour une dernière bonne action de la journée, nan ? » lui demanda-t-il avec des yeux lui implorant son attention. Sloan avait besoin de se libérer d'un léger poids, c'était l'occasion où jamais. Si Reagan refusait, il la suivrait et lui dirait quand même ce qu'il avait à lui dire. C'est bon, la vie est trop courte pour se la gâcher avec des remords.