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Dix jours que j’étais rentrée du Spring Break, dix jours que je ne comptais plus sur mon esprit pour remettre les choses en ordre. Je passais la plupart de mon temps en cours ou chez moi, seule dans le noir, bourrée de médicaments pour ne plus ressentir les émotions horribles qui m’arrachaient les entrailles. Depuis mes cinq ans j’avais réussi à échapper à toutes notions de sentiments et voilà qu’ils faisaient leur apparition d’une entrée fracassante dans ma vie. Je ne pouvais plus gérer ça. Il me fallait quelque chose de plus fort. J’avais demandé à Henry très inquiet à mon sujet de prendre son après-midi. Je le faisais de plus en plus, je ne voulais pas qu’il me voie dans ces états. Je n’avais pas donné suite aux messages d’Alejandro alors que je commençais à comprendre ce que je ressentais pour lui. Et Zéphyr et moi nous étions embrouillés par message suite à notre coucherie du Spring Break. Seule dans mon immense chambre, j’étais restée en pyjama toute la journée, jusqu’à ce message de Sloan. Il venait de m’apprendre qu’il avait couché avec ma cousine et souriais doucement, me disant que finalement le Spring Break avait eu raison de nous tous. Curieuse de savoir comment il allait, je l’invitais à passer à la maison, nous aurions bien des choses à nous raconter. Je passais devant le grand miroir qui trônait au-dessus de ma cheminée d’époque et arrangeait ma longue chevelure brune avant d’aller enfiler une robe de chambre par dessus ma nuisette. Quelques minutes plus tard, on sonnait à l’entrée, et je dévalais les escaliers aller ouvrir à Sloan qui avait été plutôt rapide. Nous nous voyions en cachette à vrai dire, je n’avais pas spécialement envie que Hope sache qu’on était aussi proches. C’était pas le moment. J’embrassais la joue de mon ami. « Tu re-fréquentes les Kennedy parait-il ? » ironisais-je avant de refermer la porte derrière lui et de le laisser me suivre dans le salon qui détenait le bar. Je sortais une bouteille de whisky vieille comme le monde avant de nous servir, à moins qu’il préférait autre chose. « Et elle t’a donné des nouvelles depuis ? » demandais-je tandis que je lui proposais de s’installer sur le canapé Louis XV près de la bibliothèque et de la table de billard. Je passais par la bibliothèque juste derrière lui, et sortais d’un bouquin d’Hemingway un sachet remplit de cocaïne qu’un Mather m’avait fourni la veille. Je m’installais près de Sloan, et préparais une trace sur le plateau de verre qui se trouvait sur ma table basse marbrée, laissant à mon ami le soin de se servir à son tour si le coeur lui en disait. Je n’avais pas l’habitude d’être vue de cette façon, mais les événements récents et le tourment qui me rongeait me poussait à devenir une Harper de plus en plus sombre. Je prenais un billet de cent dollars qui trainait à côté du sachet et le roula avant de m’enfiler la drogue dans le nez avant de lever mon verre pour trinquer avec Sloan. « Au Spring Break, au fait bienheureux qu’il appartienne désormais au passé ! ».
@Sloan Bushnell
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Ces derniers temps, Sloan retrouvait son âme d'enfant et de délinquant par la même occasion. Il avait du mal à savoir qui il était réellement et essayait un peu tous les traits de ce qu'il pensait être sa personnalité. Ce matin, il avait volé une trottinette, à un gosse, sans le moindre scrupule. Il lui avait piqué et s'était barré avec, comme un adolescent en pleine crise. L'ancien Eliot avait les moyens de s'en payer une mais non, c'était nettement plus marrant de le prendre à un gamin que d'aller en magasin pour en avoir une neuve. Le week-end fut assez mouvementé, il n'eut pas le temps de s'ennuyer et lorsqu'il sentit un creux, un vide dans sa journée, il n'hésita pas à envoyer un message à la première personne venue. Il avait ouvert sa liste de contact sur son téléphone et avait fait défilé les noms jusqu'à s'arrêter à Harper. Voilà un petit moment qu'il n'avait pas de nouvelle de la cousine d'Hope et clairement, ces deux-là avaient beaucoup de chose à se raconter depuis le temps. Sloan avait balancé, sans le moindre tact, qu'il avait recouché avec Hope, il voulait avoir l'avis de la cousine sur la situation. Tout s'enchaînait très vite en ce moment, le jeune Bushnell mettait toute son énergie dans la reconquête de soi et devait faire abstraction du reste.
Les mains agrippants les poignées de la trottinette, il se dirigeait à fond la caisse jusqu'au domicile d'Harper. A vingt cinq ans, il avait oublié que c'était crevant ce genre de truc et, s'il avait su qu'il en chierait autant, il aurait pris sa voiture. Pour s'être déjà rendu quelques fois chez elle, Sloan semblait connaître la route. Il mit un bon quart d'heure à arriver chez Harper qui vint l'accueillir avec le sourire aux lèvres. « Faut que tu le gardes pour toi, sinon ta connasse de tante va me virer d'Harvard c'est sur. » Il vint lui rendre son sourire et entra chez elle. « Mais ouais ... Hope et moi on s'est vu à la fin du Spring Break. J'suis plus avec ma copine, enfin c'est compliqué, j'te passe les détails mais ça s'est terminé et j'suis allé inévitablement vers Hope. On s'est revu dans une cabine à la piscine et ça a été le feu. » répondit-il en rigolant légèrement. Sloan ne pouvait pas lui cacher ça, surtout pas après l'avoir fait autant chier dans le passé. Il devait à Harper une fière chandelle, grâce à elle, il eut régulièrement des nouvelles de son premier amour. Quoi qu'il en soit, elle avait pas l'air d'aller bien et semblait morose. Le jeune Bushnell vint la suivre dans le salon et haussa un sourcil en reconnaissant le style très huppé et hors de prix de la décoration. Il n'osait même pas poser ses fesses sur le canapé alors il vint s'asseoir par terre, devant la petite table basse où Harper préparait déjà une ligne de coke. Elle vint s'en enfiler une et leva son verre en direction de Sloan pour trinquer avec lui. « Au Spring Break. » Il pouvait trinquer au désastre du Spring Break, il n'était plus à ça près. Les deux verres claquèrent dans un même et unique bruit, avant qu'il ne l'apporte à ses lèvres pour boire l'intégralité de son contenu d'une seule traite. Il grimaça en avalant et regarda la brunette en fronçant les sourcils. « Putain c'est pas de la merde que tu m'as donné là, t'aurais dû le dire, je l'aurais savouré .. tiens ressers-en moi un pour la peine. » dit-il en tendant son verre pour qu'elle lui en resserve un. Sloan regarda le sachet de coke et, instinctivement, il passa sa langue sur ses lèvres. Non Sloan. Non. Ok, juste une petite alors. Il attrapa le billet qu'Harper avait roulé et attrapa le sachet. « Harper, je trouve ça révoltant qu'une Kennedy se shoote à la cocaïne, ta famille ne t'a donc transmis aucune valeur ? » s'amusa-t-il à dire pour la faire chier. Une fois la ligne parfaitement tracée, il regarda Harper, amusé. « Bon, que je me drogue ça ne te choque pas mais toi .. pourquoi t'es dans cet état-là ? Hm ? Raconte tout à tonton Sloan. » dit-il en mettant le billet dans sa narine pour sniffer intensément la ligne de coke. Seigneur Dieu. Quelle délivrance.
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A peine arrivé qu’il me parlait déjà de cette pouffasse. J’haussa les sourcils. « Ca ne risque pas, hors réunions familiales, on ne se fait pas des tresses le soir en sirotant des margharitas chantant ‘Girls Just Wanna Have Fun’ … » ironisais-je. Etait-ce la folie qui me faisait me comporter comme ça ? J’avais effectivement omis aujourd’hui de prendre mes médicaments. Trop. Dommage. J’écoutais Sloan me parler de son batifolage avec ma cousine dans une cabine et explosa de rire. Non mais sérieux, il n’y avait pas que moi qui avait fait de la merde à ce que je vois. « Et t’as … des sentiments pour Hope ? » lui demandais-je attentive tout en commençant à lui servir un verre. Je fronça légèrement les sourcils à la vue de Sloan au sol près du canapé. « Qu’est-ce que tu fous ? Pose tout de suite tes fesses sur le canapé, où je me fâche. » Dis-je sur un ton mi directif, mi blagueur. Venant m’asseoir près de lui, je m’alignais une trace de cocaïne que je m’enfilais dans une narine. Devant sa question, je soupirais, le regard glacial. Toujours lorsqu’il s’agissait de ma famille. « Le clan m’a enseignée des valeurs qui me font paraitre d’une perfection prodigieuse en société, et d’une misérabilité déconcertante en privé. » En gros, drogue-toi si tu veux, mais ne te fais jamais, jamais prendre. Je le savais bien, je me détruisais à petit feu. Je m’enfonçais tout doucement dans des abysses profondes de ma noirceur légendaire, mais là, je touchais le fond. Sloan m’avait bien-sûr accompagnée, mais il s’inquiétait. A tort. Je savais encore ce que je faisais. Pour l’instant. Je le regardais finalement avec un petit sourire. « Que tu te drogues ne me choque pas, mais m’attriste. C’est différent. Penses-tu que je puisse y faire quelque chose ? » J’étais comme ça. Etrange. Mais il le savait. Je soupirais, me laissant retomber sur le canapé, pensant à toute la merde que j’avais foutu récemment dans ma vie. Pour une fois, j’allais être honnête. Après tout, je venais de me prendre un rail, il ne me jugerait pas. « Alors … J’ai couché par deux fois avec mon meilleur ami Franklin, et maintenant on est en froid, et puis … » J’avais du mal à la sortir celle là. C’était vraiment ça pour moi toucher le fond. « Je suis tombée amoureuse … d’un homme merveilleux … Mais je crois que tout ça me fait froid dans le dos. Tu sais, tu me connais. Ce genre de choses … c’est peut-être un peu fort pour moi, j’ai pas envie de tomber la dedans, je suis très bien seule. Du coup je lui ai dit que je ne voulais plus le voir. » Voici ma vie. Je finissais cul sec mon verre de whisky et nous resservait tous deux, quitte à finir comme des Mathers le temps d’une soirée.
@Sloan Bushnell
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Des sentiments pour Hope ? Oh, Sloan ne s'attendait pas trop à une question aussi brutale. Il leva la tête vers son amie et roula des yeux avant de rigoler légèrement. « C'est quoi cette question débile ? Non. Enfin, je ne te cache pas que ça me fait bizarre de la retrouver. C'est quand même mon premier amour, ma première fois et vu l'histoire qu'on a vécut, elle aura toujours une place spéciale dans ma vie. C'est fini tu vois, j'en aime une autre mais c'est qu'elle restera Hope Kennedy, la fille qui a su me comprendre mieux que quiconque. » avoua-t-il, les yeux baissés. Sloan ne pensait pas se dévoiler autant mais qui allait la juger ? Harper ? Surement pas. C'était une Kennedy mais une qui avait hérité du bon côté de la famille, pas une tarée comme sa tante. Les deux amis s'installèrent autour de la table basse et vinrent sniffer une raille de coke pour fêter leurs retrouvailles. La discussion allait de bon train mais quand elle lui demanda si elle pouvait faire quelque chose pour lui, Sloan vint déglutir. « Nan, malheureusement tu ne peux rien faire, moi non plus j'crois. » Il se passa une main dans les cheveux, plus perdu que jamais. Il voulait trouver la solution au problème et ne plus jamais en entendre parler. A son tour, il lui demanda ce qui n'allait pas dans sa vie et il l'écouta, tout en sirotant le nouveau verre de whisky qu'elle vint lui donner. « Ah .. ne jamais coucher avec son meilleur ami, ça brise des amitiés ce truc-là, c'est une règle d'or. Et puis ? » lança-t-il sans le moindre tact. Sloan vint étendre ses longues jambes sous la table basse et l'écouta religieusement. « C'est qui ce mec, si c'est pas trop indiscret ? Tu sais Harper, c'est normal que ça te fasse peur mais s'il te plait et que tu ressens des choses, faut écouter ton coeur, pas ton cerveau. » Putain, c'est lui qui disait ça. Lui qui se posait toujours des millions de questions et qui agissait, au contraire, le plus impulsivement possible. Comme quoi, les conseils étaient plus faciles à donner qu'à suivre. « Il n'est peut-être pas trop tard .. Si vraiment t'es amoureuse de ce gars, laisses-toi une chance. T'es pareille que moi au final, tu ne te laisses pas une chance d'être heureuse, pourtant on l'mérite aussi. » Il tapota le magnifique parquet, faisant signe à Harper de venir s'asseoir à ses côtés.
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J’acquiescais doucement devant ses dires, voyant bien que finalement ma cousine occupait toujours une place de choix dans le coeur de Sloan. Nous étions installés dans le salon qui contenait le bar et avions déjà entamé bouteille de whisky et cocaïne. Le jeune homme ne se fit d’ailleurs pas prier pour m’accompagner, et même s’il s’inquiétait de mon comportement avec raison, lui également, m’attristait, bien je savais que c’était plus dans ses habitudes que dans les miennes. Malheureusement, aucun de nous deux ne serions récupérables ce soir, trop occupés à se lamenter sur nos vies. Je lui resservais un deuxième verre tandis que je lui racontais mes récents déboires avec mon meilleur ami avec qui j’alternais moments de douceur et orages. J’avais notamment couché avec lui lors du Spring Break, et bien entendu, nous n’en avions jamais reparlé. Sans parler d’Alejandro … pour qui j’avais développé des sentiments inattendus, surtout pour moi et ma … condition. Sloan avait complètement raison, je ne sais pas ce qui nous avait prit, l’alcool certainement ? Je baissais les yeux. Mais il me demanda l’identité de l’homme qui m’avait fait tourner la tête. J’hésitais quelques secondes avant de lui répondre finalement. « Si je te le dis, je compte sur toi pour ta discrétion ? … Il s’agit d’Alejandro Ortega, un Dunster. » Et au passage héritier de la plus grosse fortune européenne ? Ce n’était pas comme s’il n’était pas un parti plus que convenable pour une Kennedy … La fin de sa phrase me fit sourire froidement. « Justement c’est tout le contraire. Ne jamais écouter son coeur mais bien son cerveau. Les reines qui ont écouté leur coeur ont fini à l’échafaud. » Toujours, rester, de marbre. J’avais toujours suivi ces preceptes, et me voilà embourbée dans un délire dont je ne connaissais pas les règles. Je réfléchissais finalement aux conseils de mon ami qui me rappelaient les dires de l’homme que j’aimais. Cet homme qui me suppliait de lui laisser une chance et qui me brisait déjà le coeur. « … Je ne peux pas. C’est en lui laissant une chance que je risque de me rendre malheureuse et lui avec. » Et encore, Alejandro ne se doute pas d’à quel point je peux être sombre. Je pourrais lui faire mal. « Il serait préférable pour lui qu’il se trouve une femme plus apte aux relations sérieuses que moi. Mon bonheur, je gère. » J’observais finalement Sloan. « Si tu me dis ça, c’est que tu dois avoir cette fille en tête … Raconte. » Je levais les yeux au ciel suite à sa proposition. M’asseoir à même le sol ? Quelle idée ! Je soupira finalement avant de me resservir et de m’asseoir près de lui après avoir déposé un coussin à trois cent dollars pièce sous mes fesses. Je réfléchissais, le regard vague. « Pourquoi nous sommes comme ça Sloan ? Tu en as une idée ? »
@Sloan Bushnell
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« T'inquiète, même sous la torture, je ne dirais rien. » répondit-il en rigolant légèrement. Sloan était une personne de confiance, il ne balançait pas les secrets, même sous la torture comme le disait si bien. Ses sourcils se froncèrent lorsqu'elle vint lui donner l'identité du gars en question, un certain Alejandro Ortega. Inconnu au bataillon. « Alejandro Orte j'sais pas quoi ? Nan j'connais pas mais t'sais .. il faut se méfier des Dunsters, c'est tous des vicieux, j'te le dis moi. » Bah voyons. Avec sa rupture avec Suzy, il avait bien du mal à rester positif et l'alcool plus la drogue n'arrangeait rien du tout. Il allait être chiant ce soir, lui-même le sentait. « Ouais mais si t'écoute que ton cerveau, tu ne seras jamais vraiment heureuse Harper .. Si j'ai bien compris un truc c'est que l'argent ne fait pas le bonheur. Ça aide .. beaucoup même. Ouais, nan en fait, oublies, j'dis de la merde. » Il rigola, confus. La brunette se dénigra et vint se blâmer dans cette relation qui, selon elle, n'avait pas lieu d'être. La petite Kennedy y allait fort là, on dirait lui lorsqu'il parlait de Suzy. Fuir semblait être la réponse à tout, se faire détester encore plus. C'était plus facile de ne pas se croire capable plutôt que de se battre. Il y avait matière à réflexion là. « Ton bonheur, tu gères ? » Sloan se mit à rigoler. « Excuses-moi mais t'as pas l'air de gérer grand chose là. » Il était franc et ne mâchait pas ses mots. Non mais regardez-là, elle semblait être au trente sixième dessous, comme lui. Harper lui demanda un peu plus d'informations sur cette fameuse fille, sur sa femme. Sloan ne répondit pas, anéanti de devoir se livrer. Au lieu de ça, il la laissa approcher et lui demander pourquoi ils en étaient arrivés là. « On est des rebuts de la société, toi et moi. Différemment c'est sur mais on se pose trop de questions. On évolue dans un monde qui ne nous correspond pas, on est soit trop égoïste, soit on pense trop aux autres. Il n'y a pas de demi-mesure avec nous, c'est tout ou rien. On se complaît dans notre malheur Harper, c'est presque .. notre zone de confort. On fuit la banalité, on recherche l'anarchie et puis on s'dit qu'on est différent et qu'on ne mérite pas le bonheur. Qu'on vole la place de quelqu'un d'autre, qu'on est des incapables mais tout ce dont on a seulement besoin c'est d'un peu de confiance en soit .. » Sloan fixait le sachet de coke avec intensité et déballait un peu ce qu'il avait sur le coeur sans s'en rendre compte. « Et quand enfin on touche au bonheur .. bah on fait tout foirer parce que de toute façon, on se dit que fatalement ça foira un jour ou l'autre. Donc autant alléger la peine et y mettre un terme de suite. J'suis marié Harper, j'suis avec cette fille depuis sept mois, j'ai voulu être le petit ami idéal pour elle, j'ai tout fait, j'ai tout changé. Et la seule chose que j'ai voulu garder, elle me l'a reproché, j'suis entier comme gars, j'suis .. ouais un peu bizarre mais pas méchant, enfin j'pense pas. Et là, c'est fini, j'suis plus avec, j'me suis éloigné parce que j'sais plus qui j'suis mais au fond de moi .. là .. » Il posa sa main sur son propre coeur. « J'suis un gamin qui n'a pas grandit, qui a besoin de ses parents qui sont décédés tous les deux, qui n'arrive pas à vivre dans le monde dans lequel il vit. Un gamin .. pauvre, qui n'a absolument pas sa place ici mais qui continue de faire bonne figure parce qu'il a pas le choix. » Oh putain, elle était violente cette coke. Jamais ces mots n'étaient sortis de sa propre bouche. Sloan badait complètement là.
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Je souris à sa remarque sur les Dunsters. « Ah ? Mauvaise expérience à faire partager peut-être ? » Je riais encore plus devant ses paroles sur l’argent. « L’argent est important bien évidemment et je n’en manque pas, mais le pouvoir … ça c’est quelque chose. » Quelque chose que mon nom et ma personnalité m’avait apporté dans la vie, et je comptais bien en faire quelque chose de grand à l’avenir. Je continuais. « Si je veux devenir une personnalité politique, je dois faire fie de mes émotions, je dois garder la tête froide. Il m’en empêche, et ça, c’est juste pas possible pour moi. » Je l’observa suite à sa question sur mon bonheur. Effectivement là comme ça, je n’avais peut-être pas l’air de gérer, et pourtant, ce n’était encore rien. « Tout est sous contrôle Sloan. » répondais-je avec affirmation. Je m’approchais finalement de lui avec mon verre, quelques peu dégoutée de devoir m’asseoir à même le sol. Qu’est ce qu’il ne fallait pas faire pour ses amis … J’écoutais son laïus, attentive. Je soupirais. « Effectivement… j’ai tendance à être un peu … extrême … Toi en revanche, c’est clair que tu manques de confiance en toi ! Jamais je ne t’aurais laissé partir de la Eliot si j’avais su. Comment t’as pu laisser faire une telle chose ? » J’avais envie qu’il revienne. Clairement. Mais il n’avait pas tort. Nous étions des peureux. Nous nous connaissions bien, et sachions que le bonheur était une chose très fragile à appréhender au vu de nos prédispositions mentales. « Tu comprends pourquoi il ne faut pas mêler sentiments et mariage ? Et puis arête de dire que tu es pauvre. On est là et avec une Kennedy derrière soi, on est jamais pauvre. » Je pensais à ce qu’il avait vécu, à ses parents, m’empêchant de penser aux miens, à cette tragédie. Nous nous ressemblions tellement. Je soupirais. « Bon maintenant tu sais. Il faut simplement se contrôler. Tu as du remarquer que c’est en t’épanchant un peu trop en amour que tout partait en vrille ? Bien. Fais comme moi, occulte tes sentiments, et tout ira pour le mieux. »
@Sloan Bushnell
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Les mots de Sloan sortaient tout seul, comme si quelqu'un d'autre parlait à sa place. Le constat était assez accablant. Il ne disait que la vérité et avouait le vrai fond du problème. Chose qu'il ne pourrait jamais faire, sobre. Il jouait avec son verre entre ses mains avant de vider le contenu directement dans son gosier. Ce soir, le but était simple, il avait envie et surtout besoin de vider son sac. Son récent célibat le mettait mal, il avait besoin d'évacuer et de parler de tout ça, de Suzy, de sa femme mais aussi du reste. L'ancien Eliot était complètement perdu et avait besoin de se retrouver. Peut-être qu'en parlant de lui, il allait réussir à se retrouver et à se libérer. Sait-on jamais. « Tu comprends rien Harper. J'ai pas besoin d'avoir des gens riches derrière moi, c'est pas ça la richesse .. Faut .. Faut le mériter, l'argent qui tombe tout cuit dans le bec ne vaut rien pour moi. Certes l'argent que j'ai n'est pas réellement à moi, il est à mon beau-père mais j'me sacrifie pour y aspirer. J'ai foutu ma vie en l'air pour lui et pour pouvoir le mériter, je travaille comme un dingue pour ça, un jour il sera à moi .. J'veux pas de l'argent facile, ça ne me ressemble pas, ça n'a aucune valeur à mes yeux. » Être une Kennedy ne signifiait absolument rien pour lui, hormis du dégoût envers la famille d'Harper et Hope, ainsi que l'argent facile que cela pouvait bien représenter. « C'est là que t'as tort Harper .. les sentiments c'est ce qu'il y a de plus vrai sur ce putain de monde. Tu vois la peine que j'ressens, bah je la ressens vraiment, j'me sens vivant, triste mais vivant. Je sais que toute la douleur que j'éprouve me rendra plus fort par la suite .. Sans sentiments, tu ne vas que survoler ta vie. T'es en colère, alors hurle, t'es contente, alors explose de joie, t'es triste, pleure .. c'est comme ça que je conçois les choses. Je ne vous comprends pas, vous les riches, vous êtes tous plus superficiels les uns que les autres. Tout ça pour rester politiquement correct et enculer le monde par derrière .. »
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« A tes yeux il n’a peut-être pas de valeur, mais dans le monde il en a crois moi. » J’avais de l’argent certes. J’avais eu la chance de ne jamais m’en soucier, si bien que c’était devenu un standard. Mais je visais autre chose. Je riais de certains Eliots qui parlaient d’argent comme les nouveaux riches qui venaient de découvrir ce que c’était d’en avoir. C’était important, mais lorsqu’on avait de l’éducation et de la classe, ce n’était pas quelque chose que l’on étalait avec les mots. Malgré tout, je continuais de l’écouter et comprenais ce qu’il éprouvait. Je me sentais moi même en colère et triste aussi. Du drame que j’avais vécu. De ma famille que je n’avais jamais vraiment considérée si ce n’était que mon histoire. J’étais en colère et triste d’être tombée amoureuse comme une de ces idiotes dont je me moquais avant. En colère et triste de voir que j’étais en train de pourrir la vie de Zeph avec notre bêtise. En colère et triste parce que je me voyais sombrer de jours en jours tout en restant impuissante face à un carnage que je voyais arriver à grands pas. Mais je m’étais toujours contenue. D’ailleurs, il fallait mieux parce qu’avec toutes ces années ou j’avais occulté ma souffrance, ça risquait d’être un grondement macabre que j’allais déverser. Je restais calme et disais tout simplement en hochant la tête de gauche à droite. « Je ne peux tout simplement pas me permettre de m’écouter pour l’instant. C’est juste pas possible … si je le fais, je … » Je soupirais. Je tournais mon visage vers lui avec un léger sourire, mais avec des yeux qui criaient au désespoir. Je continuais simplement de l’écouter, fronçant les sourcils à un moment. « Nous les riches ? Je pense que t’es en train d’émettre des jugements de valeurs. On est pas tous comme les poules que tu fréquentais quand tu étais à la Eliot. » J’étais vache, mais il me connaissait. Et j’étais encore moins d’humeur à être ‘politiquement correcte’ comme il l’avait si bien dit. « T’as l’impression que comme tu travailles fort tu as plus de mérite à obtenir ce que tu as ou auras ? Je travaille dur, et depuis toujours Sloan. Sauf que je ne vise pas l’argent, mais le pouvoir. Et ça ne s’obtient pas en un claquement de doigts. Pour ça, je suis obligée de travailler mon image, de garder le contrôle sur certaines choses. Et excuse moi mais l’expression de ses sentiments ne feront certainement pas parti de mon job. » répondais-je sèchement avant de finir mon whisky d’une traite et de me lever pour m’asseoir sur la canapé. Sérieusement lui quand il s’y mettait …
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La souffrance de Sloan était palpable et perceptible. Il était mal et rien que le fait d'être dans cette situation le rendait terne et éteint. Il ne savait plus quoi faire pour s'en sortir et pour se retrouver. Non mais regardez-le. Il buvait du whisky hors de prix, assis par terre, avec son ami de longue date, à parler du fait qu'il ne sera jamais heureux. Pour l'avoir reconnu, il venait de perdre le bonheur et tout ce qui allait avec. L'ancien Eliot n'était pas de bonne compagnie ce soir et ne s'en cachait pas. Il déblatérait tout un tas de conneries auxquelles Harper répondit également. « Le pouvoir .. » murmura-t-il bêtement, le regard vide. « Surveilles-bien ton image Harper parce que le pouvoir va t'amener très loin, j'suis certain que tu vas accomplir de grandes choses mais quand tu feras un rapide débrief de ta vie, tu verras que a seule chose que tu auras obtenu, c'est la solitude. » Mais oui Sloan, en voilà un discours encourageant. Il était au bout de sa vie et le faisait comprendre, il en rajoutait des tonnes. La drogue et l'alcool commençaient à peine à faire effet. Il posa sa main sur la cuisse d'Harper qu'il caressa sensuellement. « Tiens, sers-moi en autre stp ... ou ramène la bouteille, ça sera plus simple. » Le jeune homme semblait reprendre quelques couleurs à l'idée de boire et se murger la gueule.
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