Violet jette son téléphone sur le lit avec un long soupir qui lui vient du fond du cœur. Elle ne savait plus vraiment quoi penser de la situation. Elle avait partagé ses doutes avec Savannah, mais ça ne l'avait pas plus avancée : elle était toujours pleine de question concernant leur dispute sur la plage. Un espèce de non-dit, qui rendait les choses bizarres. C'était précisément ce qu'elle avait voulu éviter, et merde, maintenant elle savait plus quoi faire pour s'en sortir. Vio n'arrêtait pas de ressasser les mots dans sa tête, la situation, la barrière qu'elle avait failli franchir. Et quelque part, la brune avait du mal à comprendre ce qu'elle ressentait. Tout ça, ça allait mal finir. Et clairement, la dernière chose que voulait la Eliot, c'était blesser Ryder. Il fallait mettre les choses à plat, alors elle n'allait certainement pas dire non à une visite improvisée... Quand elle entend les bruits de pas, c'est à peine si elle se contrôle ; elle bondit de son lit et va ouvrir la porte. Salut... Putain, c'était tellement étrange. Comment ils allaient pouvoir gérer ça ? Vas-y, entre. C'était lui qui était venu. C'était lui qui lui avait envoyé un message. Il avait fait plus de pas vers elle qu'elle avait osé en faire vers lui. Et clairement... C'est lui qui allait ouvrir la discussion.
J'étais pas bien, clairement. Des jours étaient passés depuis la dernière fois où Violet et moi avions parlé et... elle me manquait. Même si ça me faisait mal d'avouer, même si je sentais qu'elle ne ferait que me blesser, je pouvais pas m'empêcher d'aller la voir. Parce que j'avais besoin d'elle, qu'elle me rassure, qu'elle me dise que tout va bien. Mais je flippais aussi. Imaginons qu'elle me réponde qu'on avait plus rien à faire ensemble, qu'on pouvait plus être amis, je ferais quoi ? Rien. Je repartirais comme j'étais venu : avec les mains dans les poches et la fierté dans les chaussettes. Je me retrouverais à jouer seul le soir ou avec des filles pas nets, je me lierai d'amitié avec l'alcool et dirais bonjour à la débauche. Ouais, pendant que Vee se tapera d'autres mecs qui l'aimeront moins que moi, j'apprendrai à aimer le corps d'autres femmes qui me considéreront plus qu'elle. Pendant un instant j'avais tout de même espéré, je m'étais dit que je m'en remettrais si elle me rejetait. J'y avais vraiment cru. Puis elle a ouvert la porte, mon regard a croisé le sien et j'ai su que j'étais foutu. Pour de vrai. « Faut qu'on parle Vee.. » que je commençais à dire après être entré dans sa chambre. Sans aucune gêne je m'asseyais sur le lit. On se connaissait trop bien pour être redevenu de parfaits inconnus. « J'arrête pas de penser à ce que t'as dit l'autre jour, le fait que tu voulais pas me partager avec d'autres... Pourquoi t'as jamais rien dit ? » Parce que si ça la gênait à ce point là elle m'en aurait fait part avant.
S’il y a bien des questions que Vee aurait voulu éviter, « pourquoi » en faisait indéniablement partie. Pourquoi. Elle se l’était demandé un milliard de fois : pourquoi avoir dit ça ? Pourquoi même le ressentir ? Aucune réponse n’était assez satisfaisante pour l’héritière. Soit elle n’osait pas regarder la vérité en face, soit elle retournait le problème. Elle est comme ça, Vee : elle bloque quand il s’agit de ses sentiments, c’est un mécanisme d’autodéfense particulièrement stupide. Il avait tout remit en question, comme ça, d’un coup. Toute l’attitude de Violet avait disparu soudainement, comme un mur qui s’effondre. Mais voilà : elle doit répondre. La brune prépare ses mots en le voyant s’installer sur son lit. Parce que c’est pas moi. Ouais, c’était ça la vérité. Ça lui ressemblait pas. D’imaginer son partenaire dans les bras d’une autre et de pas aimer l’idée, de la rejeter pour ne pas être dérangée. Vio, c’est la liberté, c’est la fille volage qui n’a pas été assez souvent fidèle. Alors l’admettre, aussi naturellement... C’était bizarre. Vee baisse les yeux et commence à se ronger les ongles. Parce que ça ne m’était jamais arrivé et que je pensais pas que ça serait le cas. Parce que tu ne me devais rien... Ils étaient libres. Ils n’étaient pas un couple... Alors pourquoi c’était si difficile à admettre ? L’Eliot vient s’asseoir à côté de lui en poussant un soupir. Tu étais sérieux quand tu as dis que tu ne voulais pas partager, toi non plus ? Ça voulait dire quelque chose ? Ouais c’est important. Ça changerait la donne.
« Okaaay.. ». Il n'y avait rien d'autre à dire. Elle avait répondu en me disant que c'était pas son genre, que c'était pas elle et, au fond, ça me décevait. Je m'étais attendu à autre chose, pas une déclaration ou quoi que ce soit mais.. j'savais pas en fait. Je voulais juste qu'elle soit honnête, qu'elle me donne des raisons valables. Parce que ça c'était clairement pas un argument. Puis, comme si elle voyait sur mon visage que j'étais déçu, elle modifiait un peu sa réponse. Elle dévoilait presque rien mais, en même temps, juste assez pour me donner de la matière. Un truc que je pourrais creuser. Mais ça serait pour plus tard, parce que là elle enchaînait sur autre chose, me mettant au pied du mur. Donc si je comprenais bien, c'était à mon tour de parler ? Sauf que les sentiments et tout ce qui allait avec, c'était pas trop mon truc. Mais je pouvais pas esquiver, elle me regardait et je lui devais une réponse. Du coup je ramenais son visage vers le mien et capturais ses lèvres avec les miennes, les laissant danser ensemble. A ce moment là, il n'y avait rien d'autre qui comptait, juste elle et moi. Juste un garçon et une fille trop idiots pour avouer les choses. « Tu vois ça je veux être le seul à pouvoir le faire » que je murmurais, front contre le sien, visage trop près l'un de l'autre. Je sentais son souffle sur ma joue, je caressais la sienne de mon pouce. On était bien là, pas vrai Vee ?
Elle ne savait plus trop quoi penser de la situation. Cette explication ne l'avançait pas plus sur ce qu'il se passait, sur ce qu'ils allaient devenir. Et en même temps, elle n'avait pas envie de le laisser en suspens. Et quand Ryder l'embrasse, Violet se sent comme sur un nuage. Ce n'était pas la première fois qu'ils s'embrassaient, non. Mais celui là, en particulier, il avait quelque chose de plus, un petit quelque chose difficile à décrire et pourtant si naturel. La brune s'était laissée emporter, et elle sourit légèrement lorsqu'il explicite sa demande. Ouais. Je crois que je comprends. Vio n'était pas une grande adepte de l'exclusivité, par la simple raison qu'elle ne l'avait été qu'une seule fois dans sa vie. Sauf que c'était elle qui avait été exclusive dans cette relation passée, pas l'autre. Alors risquer de réitérer l'expérience... Ça lui faisait peur. Mais le moment était bien trop doux pour parler de ses craintes. Pour autant, elle était pas prête à lui promettre là tout de suite qu'elle était capable de se lancer là dedans, quoi que « là dedans » veuille bien vouloir dire dans ce cas... Ni l'un ni l'autre n'était capable d'expliquer ce qu'il y avait entre eux. Vee allait prendre la solution de facilité : contourner le sujet. Tu veux pas rester, cette fois ? Tu me dois toujours une soirée en tête à tête... La chambre était spacieuse.. Et vide... J'suis toute seule et il y a de la place pour au moins dix personnes... T'en vaux au moins neuf. L'Eliot a un sourire un coin alors qu'elle vient frôler le bout du nez de son vis-à-vis avec le sien, comme un espèce de bisou esquimau. Fallait profiter de cet instant de répit, parce que les connaissant, ça ne durerai pas...
Elle esquivait le sujet et quelque part ça m'arrangeait. Parce que j'étais pas prêt non plus à aller plus loin. Je voulais pas m'engager dans quelque chose de sérieux, mettre mes sentiments en jeu pour que finalement on s'arrache les ailes. Surtout que je connaissais Vee. Elle était pas du genre à se mettre en couple. Elle aimait trop la liberté, elle en était amoureuse. Et moi c'était d'elle dont j'étais amoureux. Je le savais depuis le début. Depuis cette nuit dans le placard. Depuis ces six minutes au paradis. Mes sentiments me revenaient en pleine figure à chaque fois que je la regardais, que je plongeais mes yeux dans les siens, que mes lèvres frôlaient les siennes. Mais tout ça je pouvais pas lui dire, ça la ferait flipper. En toute honnêteté, ça me faisait flipper aussi. « J'en vaux au moins neuf ? En taille tu veux dire ? » que je lâchais en rigolant avant de déposer un baiser rapide sur ses lèvres. « Bien sûr que je reste, je partirais pas ». Pour rien au monde je te laisserais. Mais bon, quitte à être là toute la nuit, autant se mettre à l'aise. Du coup j'enlevais mes chaussures et me reculais sur le lit, appuyé au dossier, les mains derrière la tête. « Bon du coup on fait quoi ? On se commande une pizza ? Ou on s'amuse autrement ? » Il y avait clairement un sous entendu. Je savais qu'on s'était dit qu'on restait amis mais je pouvais pas rester de marbre alors qu'elle était là, en face de moi, belle comme le jour.
A quoi bon se précipiter ? Ils pouvaient prendre leur temps, maintenant qu'ils savaient l'un et l'autre ce qu'ils ressentaient. S'ils n'étaient pas prêts à faire le pas fatidique, celui qui les officialiserait en une relation qu'ils n'étaient pas en état d'accepter, ils se contenteraient de savoir qu'être ensemble est un million de fois mieux que d'être avec n'importe qui d'autre. Les doutes balayés, Violet se met également à son aise, venant s'écraser sur le lit à côté de son invité après avoir retiré son pantalon. Elle était dans sa chambre : elle pouvait s'installer non ? Elle sourit et souhaite silencieusement que le temps s'arrête, qu'ils puissent rester ainsi éternellement, dans un hôtel des Bahamas, ensemble. La brune sort son téléphone afin de voir ce qui peut leur être apportés: ce soir, ils seraient comme roi et reine. Ouaip, manger c'est une bonne idée. Elle fronce les sourcils quand elle l'entend insinuer une autre manière de jouer. Tiens toi tranquille, Big Ryder ! Ou enlève ton tee-shirt, ça marche aussi. Eh, y'avait pas de mal à profiter du spectacle, non ? Oh et puis après tout, s'ils le voulaient tous les deux... A quoi bon se battre ? L'Eliot reporte son attention sur son téléphone et parcourt un menu où elle aimerait tout commander d'un coup. Dis moi ce que tu veux. Un regard en coin. Si tu réponds ''toi'', sache que tu auras perdu de la crédibilité. Tu as beau être joli à regarder, tu ne vaux pas la pizza quatre fromages. Manger d'abord, s'amuser après. Y'a des priorités dans la vie.