Philip me faisait ressentir des choses qu'aucun homme auparavant n'avait pu me faire ressentir. Sauf peut-être Kenny. Il était en train de faire régner le chaos dans ma tête, de secouer mes émotions comme si c'était une boule à neige. Ce que je voyais, dans ses excuses, c'était de la sincérité, mais aussi fatal que cela puisse être, ça ne changeait absolument rien à ce qui avait pu se passer. Avant de le rencontrer, j'étais vierge et invisible. Désormais, je regrettais -en grande partie- ce que j'avais pu faire et je détestais la façon dont certains de mes amis pouvaient prendre toute cette histoire à cœur. J'étais amoureuse de Philip et c'était la pire chose qui aurait pu m'arriver. Une fois de plus, je me retrouvais à pleurer à cause de lui, sans qu'il ne fasse rien pour que cela arrive. Je pleurais pour la première fois devant lui, lui montrant à quel point il avait pu m'abimer. Et dans un geste contradictoire, je venais l'embrasser autant avec douceur qu'avec fermeté. Mes lèvres sur les siennes, comme la fois précédente. Un baiser plus long qui arrivait sans que cela ne soit calculé. Philip se laissait faire, restant immobile face à cet acte délibéré. Quand je mis un terme à notre échange, je vins le regarder dans les yeux, essayant désespérément de trouver une lueur dans ses pupilles, quelque chose qui pourrait m'indiquer qu'au fond, rien n'était perdu et que mes attentes pourraient être nourries. Mais, tout ce que je voyais, c'était la même flamme de désir qui l'avait habitée lors de notre dernière soirée sur le bateau. Malgré tout, ça ne changeait rien. Des excuses ou bien un baiser... Rien ne pouvait inverser la situation. Le winthrop glissa l'une de ses mains dans mes cheveux roux, la deuxième dans le creux de mes reins. Ses lèvres venaient s'écraser sur les miennes avec une telle intensité que j'eus du mal à garder mon esprit au clair. Malgré ce qui nous arrivait. Malgré un mois à me courir après. Malgré une semaine à vivre ensemble, dormir ensemble H24. Malgré ma première fois et mes sentiments. Malgré l'attraction évidente. Rien. Rien de changerait quoi que ce soit au fil de notre histoire. « Phil... » Ma main venait se poser sur son torse, du moins, sur ce qui l'habillait, c'est-à-dire le gilet de sauvetage qu'il portait. Une légère pression pour le faire reculer, pour stopper ce baiser qui était en train de pomper toute mon énergie. « Retiens bien ce qui vient d'arriver... » Ce baiser, qu'il le retienne dans un coin de sa tête, toute cette envie qu'il venait de me transmettre, ce désir fougueux. Il devait se souvenir de ce qu'il venait d'arriver pour une bonne raison. « ... Parce que ça n'arrivera plus jamais. » Ça me brisait le cœur de le dire. Je n'étais pas fière de moi, je ne me sentais pas comme une grande fille qui faisait ça pour donner une leçon. Il n'y avait aucune leçon, aucune morale dans tout ça. On agissait bêtement, spontanément, impulsivement. Mais ce que je remarquais surtout et avec beaucoup de violence, c'est que nous n'étions pas sur la même longueur d'onde et que rien ne semblait pouvoir nous aider à ce propos. À quoi bon se faire du mal ? Il fallait que je me réveille, que je me secoue et que je tourne la page. Une chose était sûre, c'est que le désir qu'il pouvait avoir à mon égard n'aboutira plus à rien parce qu'il était hors de question que je devienne une source de plaisir, un objet de satisfaction. Je me reculais et j'arrêtais enfin de le regarder pour attraper la clé qu'il avait autour de son poignet. C'était à moi de conduire, on allait retourner sur la terre ferme et ne plus jamais se revoir.
(Imogen Blum)
i'm not that innocent ••
you see my problem is this i'm dreaming away wishing that heroes, they truly exist