OLÉANE P. MARTIN ► Nina Agdal.

Le monde sombre. On sent que tout s'écroule. Tout tombe, et on laisse tout tomber. On se pose, et on regarde. Et on attend. On attend que le temps passe, on attend que les choses se tassent, on attend simplement un meilleur avenir, un meilleur chemin qui se présente à nous. Pour moi, quand tout est tombé, j'ai pleuré. Je voyais ma vie se briser sous mes yeux, je voyais mon copain en toucher une autre, je voyais le plaisir qu'il prenait à le faire sur elle, je voyais tout ça, et je regardais. Je me suis fais mal, j'ai regardé. Je me suis forcé à regardé, encore et encore, et puis son regard croisa le mien dans l'ouverture de la porte, et j'ai arrêté. Je suis partie en courant, je suis partie, j'ai laissé faire, je ne me suis pas battue pour lui. Le méritait-t-il ? Je ne pense pas. Est-ce que je le méritais ? Je ne pense pas non plus, et pourtant il l'a fais, rien ne l'a empêcher, ni les photos de moi qui tapissaient les murs, ni mon odeur présente dans la chambre, ni même le fait que ce soit notre chambre et que derrière le miroir dans lequel il se regardais, il n'y avait que des vêtements à moi. Il n'a pensé à rien, rien du tout, juste à son moment présent, juste à son bonheur, à son plaisir, et à ses seins plus imposant que les miens. Je rentrais pour lui annoncer une bonne nouvelle, et lui rentrais pour lui donner du plaisir. J'ai ouvert la porte de la chambre, elle était déjà sur lui, et il l'a regardais avec ces petits yeux noirs, il l'a regardais avec de la passion dans ses yeux, il l'a regardais alors qu'avec moi, il voyait seulement. J'ai entendu ses gémissements, j'ai entendu qu'il prenais son pied, et puis il m'a vu. Pour la première fois depuis longtemps, il m'a regarder, pour la première fois, j'avais l'impression d'être importante alors que j'étais là, à me briser sous ses yeux, sous ceux d'une inconnue qui était dans mon lit, sur mes draps, ne faisant qu'un avec mon copain, dans notre appartement. Rapidement, sous ce regard, j'ai couru, j'ai couru aussi loin que j'ai pu, aussi vite que j'ai pu. Je ne voulais pas qu'il me rattrape. Mettre deux ans de relation en fumé, mettre deux ans de relation à néant pour une autre. Et ces questions, toutes ces questions qui viennent, qui arrivent comme des balles qui vous transperce jusqu'à qu'il ne reste de vous qu'un gramme de poussière. Qu'est ce qui cloche chez moi ? Suis-je assez jolie ? Et si ce n'était pas la première fois ? Et si ce n'était pas la seule ? Et si je n'étais pas assez ? Et si... ? Et puis arrivent les réponses. Les réponses qu'on s'inventent à sois même parce qu'il n'y a personne d'autre pour y répondre, les réponses qu'on pensent vraies alors qu'elles ne le sont peut-être pas. On s'invente des réponses qui nous font mal, qui nous blesse, et puis on pleure.