Willow G. Fever ► Hayden Panettière

Si tu es en train en ce moment de lire cette lettre, c’est que je suis sûrement partie. Je t’en supplie n’appelle pas la police ou qui que ce soit ! Cela ne me fera pas revenir et je pense qu’au fond de toi tu le sais. Cette découverte que j’ai faite, il y a quelques jours, a créé un fossé entre nous deux, qui pour le moment, n’est pas prêt à se refermer. Tu m’as trahi et tu ne sais pas à quel point cette nouvelle a chamboulé ma vie. Je ne sais plus où j’en suis et même j’ai envie je ne sais plus qui je suis. Pendant toute mon enfance, tu m’as menti. Ma vie a été bercée de mensonges et même si c’était pour me protéger, le monde dans lequel je suis née c’est brisé en milles morceaux.

Tu savais qu’il était en vie et pourtant… et pourtant tu as continué à me dire, tes yeux dans les miens « qu’il était mort » ! Est-ce que tu sais ce que ça fait d’apprendre qu’on a un père, vivant tout près de soi et qu’il me suffisait de faire quelques kilomètres pour l’apercevoir ? Je ne comprends pas ton geste, mais là pour le moment j’ai tout sauf envie de te comprendre. Comment la personne qu’on aime le plus au monde peut-elle nous trahir à ce point ? C’est comme si j'avais reçu un coup de poignard dans le dos ! Bref, je ne veux pas m’éteindre plus sur le sujet. Je t’écris pour te dire que j’ai l’intention de découvrir l’identité de mon géniteur et celle de mon frère. Oui maman, que tu ne le veuilles ou non, j’ai une autre famille, mais tu sais ce qui est le plus fâcheux dans cette histoire ? C’est que cette fameuse famille, qui je suis sûre m’accueillera comme il se doit, n’est même pas au courant de mon existence !

Je ne te dirais pas où je me trouve, car te connaissant, tu prendras sûrement le premier taxi et que tu viendras avec la ferme intention de me ramener à la maison. La seule chose que je peux te dire, c’est que j’ai retrouvé mon demi-frère et que j’ai envie d’apprendre à le connaître et même de devenir sa véritable sœur.
Je t’embrasse et j’espère que ces quelques lignes te feront comprendre à quel point je me sens blessée et trahie. Prends soin de toi.
Willow
PS : Je t’aime…

Je soupire et sèche mes larmes. Je pose ma tête brûlante contre la vitre glaciale du taxi. Je remarque que depuis quelques minutes le chauffeur me jette des coups d’œil très intense, l'air de vouloir dire « si tu es triste, je peux facilement te réconforter ma jolie ». Je ferme les yeux, dégoûtée et je repense à toute cette histoire. Dire que je viens de commettre sûrement l'acte le plus idiot que je n'ai jamais commis. Non, en fait c'est le deuxième ; le premier, c'est quand j'ai voulu arrêter le lycée pour Liam. Mais ça c'est encore une autre histoire. Je suis dans un cauchemar, ma vie est un cauchemar. Le chauffeur tourne brusquement à droite et je rouvre subitement les yeux, mes sens en alerte. On ne sait jamais, il pouvait très bien être un serial killer ! J'observe le paysage et je me stoppe. Je reconnais cette maison. Ironie, on est arrêté par un feu, ce qui me laisse tout le loisir de la contempler à nouveau. J'ai habité dans cette demeure jusqu'à mes seize ans. C'est d'ailleurs plus un manoir qu'une maison, mais bon. Je me revois, le sourire aux lèvres, dévaler les marches du perron et sauter dans les bras de ma mère, qui m'attendait comme d'habitude tous les soirs, après les cours. Elle me caressait les cheveux et me chuchotait que j'étais la personne la plus précieuse au monde. A l'époque, je croyais tout ce qu'elle me racontait. Dès que j'avais une question, elle avait réponse à tout.

«  Dis maman, pourquoi je n'ai pas de papa comme tous les autres enfants ?

- Chérie, je te le répète tous les jours ! Ton papa est au ciel, il a rejoint le paradis.

- Mais moi je veux qu'il soit là  !

- Will, je t'en prie ! Arrête de me parler de ton père tu veux ? Il nous a quitté pour toujours et on ne peut rien y faire d'accord ?

J'hochais la tête parce que je savais que je l'embêtais avec toutes mes questions. Pour ne plus la froisser, je m'étais jurée de plus remettre le sujet sur le tapis. Je n'aurais pas dû.

Le taxi redémarre et je détourne le regard plein de nostalgie. Le chauffeur me prévient qu'il va prendre des raccourcis pour arriver plus rapidement à Harvard. Je fais une vague signe de la tête. Le fait d'avoir repensé à mon père ravive tous les mauvais souvenirs, enfouis au fin fond de mon cerveau. Des souvenirs que j'évite au maximum d'en parler. On arrive à un carrefour et sans hésité, le conducteur se rabat sur la droite et tourne. Ce n'est pas croyable ! On passe devant l'hôpital de Cambridge, l'hôpital où il m'a quitté définitivement. Liam... Qu'est-ce qu'il me manque ! Je me penche sur le côté et regarde le ciel, les larmes aux yeux, mais je sourie. J'ai rencontré Liam il y a trois ans (J'ai dix-neuf ans pour information), au lycée de Cambridge. On a eu des débuts difficiles je dois bien l'avouer, mais j'ai fini par reconnaître mes véritables sentiments et on est sorti ensemble. Notre histoire n'a duré qu'un an mais c'était incroyable et intense. On dépasse l'hôpital et j’aperçois l'Université d'Harvard, au coin de la rue. Liam n'est plus à mes côtés et à l'époque je croyais qu'il avait rejoint mon père. Mais c'était à une époque où j'étais complètement stupide et naïve. Le taxi s'arrête sur une place de parking et je tends deux billets de dix dollars en remerciant le chauffeur. Je descends du véhicule et lève les yeux vers mon nouveau chez moi.

Une légère brise apparaît et je frissonne non pas de froid mais, de plaisir. Je n'ai pas encore raté la fin de cette histoire. Je monte les marches en y repensant. Il y a deux semaines, alors que je cherchais ma tenue de pompon girl dans le garage, je farfouillais dans l'étagère et c'est là que je l’ai aperçu : un carton rempli de photos. Pas n'importe quels photos ! Elles étaient toutes sur mon père, censé être décédé depuis des années. J'en ai évidemment tout de suite informée ma mère et elle ne fit que me mentir encore et encore. J'avais su à ce moment-là qu'elle me cachait quelque chose et mon instinct ne m'avait pas trompé. Suite à cette découverte pour le moins étrange et grâce à mes contacts, j'avais réussi à retrouver mon père. L'ironie c'était qu'il habitait ici, à Cambridge ! Le plus étonnant encore était qu'il était en compagnie d'un jeune homme. J'ai appris peu après qu'il était mon demi-frère et...

«  Aie ! Fais attention où tu mets les pieds s'il te plait ! »

Je cligne des yeux et revient à la réalité. Je suis complètement perdue dans mes pensées. Je dévisage l'inconnu qui se tient devant moi et un large sourire s'affiche sur mon visage.

"Pardon ! Je ne t'avais pas vu !"

L'inconnu hoche la tête et s'éclipse non sans me lancer un regard voulant signifier «  elle est dingue cette fille ». Moi bêtement je souris. Pourquoi ? Puisque l'inconnu... c'est mon demi-frère.