INDIANA S. ACERENZA ► kwon so hee.

« Si les riches ne sont pas heureux, c’est que le bonheur n’existe pas. » On a beau être riches, quelques fois on oublie de nous offrir les richesses réelles, surtout quand on est gamin. Moi, je crois que mes parents ont oublié à quel point l’amour et l’attention pouvaient être importants pour un môme. Sans doute parce qu’ils m’offraient ce que je voulais ; et c’est bien là le cliché parfait d’une famille bourgeoise – ou plus –, formée par un homme, une femme, et leur enfant. Rarement deux, un seul c’est bien plus simple, étant donné qu’il faut tout lui offrir. Et là, mettez ma famille dans ce cas. Alors pour compenser leur absence, ils me jetaient des cadeaux trop chers à la tête – ou presque. Être heureux comme ça ? En un sens, oui. Quel enfant n’aurait pas aimé avoir tout ce qu’il désirait ? Tous les jouets possibles et inimaginables ? Aucun ne l’aurait refusé. Mais forcément, il manque toujours quelque chose. Alors j’ai grandi un peu comme une princesse, à donner des ordres par-ci par-là, à faire des centaines de caprices par jour, à envoyer balader les bonnes quand quelque chose me déplaisait. Une peste, je n’étais que cela. Face aux personnes importantes, j’avais l’attitude d’un ange ; et si ce n’était pas le cas, mes parents trouvaient toujours une excuse à mon comportement. Mais face à ceux que je voyais comme des ratés, les pauvres – ou soi-dit en passant tous ceux qui n’appartenaient pas à ma classe sociale, parce que ça se sentait à des kilomètres à la ronde –, j’étais le diable. Le véritable diable. Rien qu’en y repensant, je me dis qu’ils s’en prenaient beaucoup dans la face… Pauvres gens. Très pauvres. Exactement.

« Je suis un artiste. Et mon œuvre, c’est moi. » Puis j’ai grandi. Seule, en partie. Pas grand nombre d’amis, puisque l’intelligence semble repousser une bonne partie de la population. Ou devrais-je dire le surplus d’intelligence. Et je ne vais pas vous le cacher, je n’étais pas si belle que ça à cette époque-là… Mais la faute en revient à mes parents : s’ils avaient été un peu plus présents, ils auraient pu voir ce que me faisaient devenir ces idiots à leurs services. Mais c’est un manque total d’importance à présent, étant donné que je suis devenue… parfaite ? Il me semble bien oui. Avouez-le simplement, ça vous éviterait un grand nombre de tortures tant physiques que morales jusqu’à la fin de votre existence. Et encore, si je n’arrive pas à vous poursuivre après. Mais il ne me semble pas que le sujet en soit là, alors soit. J’ai beaucoup voyagé tout au long de ma croissance, entre Europe, Asie et Amérique… Il me semble même avoir mis un jour les pieds en Afrique, mais je ne sais plus trop… Que d’importance. Ma mère étant chinoise, il est évident que j’y ai vécu quelques temps, et que je connaisse la langue de son pays. Quant à mon père, en bon italien et bon don juan au passage, je crois que jamais il ne m’aurait laissée vivre en paix sans me faire mettre les pieds dans le pays des pizzas. Et finalement, je suis devenue ce que je suis aujourd’hui… Belle, intelligente et… toujours aussi riche. Et c’est sans doute pour cette raison que je fais aujourd’hui partie des Eliots… J’en suis même certaine.

« A partir de ce jour, j’étais foutu, j’étais accro. Dépendre de quelqu’un d’autre que de moi-même, m’affaiblir, me torturer, c’était tout ce que je redoutais. » Et là, il a débarqué dans ma vie comme si de rien n’était. S’il a fait des dégâts ? Pas franchement… si on ne compte pas ce qu’est devenu mon cœur. Moi qui me croyais capable de résister à tout, j’ai craqué pour ses beaux yeux. J’ai été forte pendant quelques temps, puis j’ai eu l’impression de tomber à ses pieds. Je devais l’avouer, il était magnifique et semblait tout avoir pour lui. Et il m’a achevée, m’a fait signer une sorte de pacte avec le diable lorsqu’il s’est approprié.. ma propre personne. Je suis à lui tout autant qu’il est à moi. L’approcher, c’est signer son arrêt de mort ; je crois qu’il faudrait être suicidaire pour oser toucher ce qui m’appartient. Mais certaines personnes le sont… Alors, que le jeu commence.