LEYAH R. BLACKBURN ► Teresa Palmer

Ma vie ? C'est la petite vie tranquille d'une fille unique qui vit dans une famille mono-parentale et qui s'en suffit jusqu'à ce qu'elle ressente le besoin de poser des questions, d'en savoir plus, de connaitre ce qu'il y a à la place du vide immense qu'elle ressent à l'intérieur d'elle-même.

J'ai passé mon enfance et une grande partie de ma vie à Sydney. Cette ville, je l'ai toujours aimée et ma mère n'a fait que la dépeindre de la meilleure des manières. Plus belle ville du monde, la plus agréable aussi, les meilleures écoles et universités... Bref, elle a tout fait pour que je n'ai pas envie d'aller voir ailleurs et que je reste près d'elle en Australie. Parce que ma mère n'a que moi, et je n'ai qu'elle. En fait, je n'ai toujours eu qu'elle comme famille. Embrouillée avec sa famille à cause de sa grossesse, elle s'est exilée et forcément je n'ai pas connu mes grands-parents, mes cousins, cousines maternels... Elle a toujours eu besoin de ressentir ce lien si spécial qui nous uni, un lien de dépendance et elle a très bien su l'attiser... Jusqu'à ce que je me questionne, que je veuille découvrir qui je suis.

Ce sont deux photos que ma mère prenait un soin tout particulier à cacher qui m'ont mises la puce à l'oreille. Un homme qui la tenait dans les bras et la faisait rire. Une photo de maternité avec non pas un enfant mais deux dans les bras, une photo de moi sans aucun doute au vu de la ressemblance. Dans un premier temps, je me suis imaginée plusieurs choses, puis j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis adressée à la source, à la seule personne capable de me répondre : ma mère. C'est ainsi que j'ai découvert que mon père n'était autre qu'un grand chirurgien, de renommée mondiale. Un mec super droit dans son boulot mais pas du tout dans sa vie si bien qu'il a commis de nombreux adultères. L'un de ceux-ci a été avec ma mère et voilà comment je suis arrivée sur cette terre... Comment nous sommes arrivés sur cette terre. Le deuxième bébé sur la photo dans les bras de ma mère, c'était Lyam, mon frère, mon jumeau. Je ne l'ai jamais connu et ma mère n'a pu me décrire que sa beauté lorsqu'il est né. Un bébé qui n'a pas survécu aux longues heures d'accouchement... Il est décédé, ça aurait pu être moi, le hasard de la vie. Peut être n'aurait il pas poser autant de questions et n'aurait pas rouvert la plaie béante de ma mère, ou peut être aurait il fait pire.

Il est vrai que je n'ai pas été une enfant à problème. Assez discrète, gentille, polie et surtout souriante qui aime croquer la vie à pleines dents, j'ai profité de toutes les opportunités et les petits bonheurs ou grandes joies que m'a offert la vie. Très bosseuse et déterminée, j'ai toujours bien fonctionné à l'école. J'étais en faite la bonne élève que tout le monde jalouse pour ses notes mais qui jalouse tout le monde pour sa popularité. Le genre de fille tranquille qu'on ne voit pas. Ca allait bien à ma mère mais j'ai fini par changer. Ses révélations sur mon passé ont mis un certain temps à trouver écho en moi mais elles ont fini par provoquer un électrochoc, me réveiller.

En début d'année, après avoir bien muri mon projet, j'ai demandé ma mutation pour Harvard. Grâce à mes excellents résultats et ma détermination, je n'ai pas eu trop de mal à obtenir mon transfert. Le seul couac venait du côté financier mais après de nombreuses disputes avec ma mère, elle a fini par trouver une solution : me révéler un dernier secret, le fait que mon père, qui m'a quand même reconnu mais n'a jamais demandé de mes nouvelles, m'envoyait de belles sommes d'argent depuis ma naissance. La découverte de ce compte à six chiffres m'a aidé pour financer les changements dans ma vie, tout comme la bourse que j'ai réussi à décrocher. C'est ainsi que je suis arrivée à Cambridge à l'été 2017 bien décidée à rencontrer mon père, ma demi-sœur et mon demi-frère... Et pourquoi pas l'homme de ma vie puisque toutes mes histoires australiennes, plus ou moins courtes, plus ou moins intenses, ce sont toutes soldées par des échecs.