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À croire que je ne pouvais pas passer à autre chose. Je ne pouvais pas simplement oublier ce crash et cette histoire d’amnésie et juste commencer une nouvelle vie. Est-ce que c’était vraiment ce que je voulais? En surface, oui. Dans mon fort intérieur, pas tellement. Je tenais à ces souvenirs. Et entendre les autres, ma famille, mes amis surtout, me raconter des moments vécus ensemble dont ils se souviendraient toute leur vie tellement c’était génial, j’avais l’impression qu’on me piétinait le coeur. Pourquoi, moi, je ne m’en souvenais pas? Qu’est-ce qui n’allait pas chez moi? Alors oui, j’avais envie d’être réparé. Que mon cerveau refonctionne normalement, et que mon passé me revienne.
C’est pourquoi je suivais à la lettre les conseils de mon médecin. Ces derniers étaient : rester dans un environnement que j’avais l’habitude de fréquenter, avec des gens qui étaient importants pour moi ; aller voir un psy, un hypnotiseur ou ce genre de conneries pour faire remonter le subconscient et la mémoire ; ainsi que suivre des séances de rééducation. Rééducation du cerveau? Ça existait, ça? J’savais même pas vraiment en quoi ça consistait, mais j’me retrouvais là, assis sur un fauteuil en face de cette jeunette. « T’es pas un peu trop jeune pour être neuro-chirurgienne? » J’avais une légère grimace sur le visage. « No offense hein, c’est juste que j’te confie quand même mon cerveau. » C’était pas comme si elle allait m’opérer, no big deal — mais je dramatisais quand même la chose, comme si ça allait lui faire prendre conscience de la situation et qu’elle soit plus attentive. « Enfin, j’vais pas t’apprendre ton métier. » J’parlais trop. C’est pas d’ma faute, j’étais nerveux. « Bon, on y va? J’sais même pas c’que j’fais là pour être honnête. » Est-ce qu’elle était au courant de ce qu’il s’était passé? Sûrement. Mais ça ne m’empêchait pas d’me taire. « J’sais pas si tu sais mais, j’étais dans un hélico qui s’est crashé apparemment et j’ai eu une hémorragie cérébrale. Et quand j’me suis réveillé, ben… Le noir total. Ça arrive, le médecin m’a dit. C’est sûrement à cause de l’hémorragie. Enfin, j’en sais rien moi. Bref. » J’étais assez sociable et parler ne me dérangeait pas. Mais j’allais m’arrêter là et lui laisser en placer une quand même, parce que là c’était un peu too much.
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