Alcibiade... à l'honneur de l'originalité de son prénom est née une étoile noire rongée par le paradoxe humain des sentiments. Toute la vie de cet homme aux tiraillements internes puissamment chargés d'amertume et de douceur inavouée sera au profit de son évolution sociale et personnelle. Quel a été son meilleur choix ? Sans doute celui d'avoir cru bon de se dévouer totalement à l'amour.• LE JEUNE ALCIBIADE •
Alcibiade est né le 20 septembre 1967 dans la maison familiale des Hamilton en plein cœur du quartier de Knightsbridge. Si la maison d'une imposante architecture singulière reste discrète malgré sa superficie monumentale derrière les grands arbres des parcs municipaux, sa valeur auguste est à la hauteur de la popularité des Hamilton, connus pour leurs travaux exemplaires dans l'immobilier londonien. Les parents du jeune Alcibiade ont travaillé d'arrache-pied pour offrir à leur progéniture une vie parfaitement équilibrée et soignée par un luxe glorifiant, les affublant du surnom enviée de « famille la plus riche de Londres ». Rosie et Arthur Hamilton ont battis à la sueur de leur front un empire dans l'immobilier, autrefois modestement géré des mains de leurs ascendants. L'héritage de ce nom si connu en Grande-Bretagne a permis aux Hamilton de s'élever dans les hauteurs de la société lesquelles ils n'espéraient pas tant à leurs débuts difficiles. Le milieu étant défavorable suite à la nombreuse concurrence et à la jalousie permanente, Rosie et Arthur se sont battus et ont remué ciel et terre pour rendre leur héritage plus prestigieux et plus vivant que jamais. En somme, Alcibiade n'a jamais manqué de rien si ce n'est de la présence rassurante d'un parent à l'écoute et disponible, car si l'opulence et le luxe le noyaient dans une mare sans fond de principes et de règles, il n'a jamais vraiment profité d'un moment solennelle et intime en compagnie de ses géniteurs, trop occupés à lancer leurs affaires à travers le pays. Alcibiade fut le premier enfant d'une grande fratrie qui s'est vue agrandie par l'arrivée de trois nouveaux membres. Sa première sœur est née deux ans après lui et les jumeaux ont envahi son espace vital alors qu'il avait six ans, rendant sa vie beaucoup plus animée pour le meilleur comme pour le pire. Les relations entre les enfants Hamilton ont toujours été tantôt sincèrement bonnes et fructueuses pour leur éducation, tantôt auto-destructrices tant les tensions entre leurs points de vus et leurs souffrances personnelles semblaient envahir l'espace familiale. Chacun souffrait d'une manière allègrement visible du manque de leurs parents, lesquels étaient substitués par des domestiques payés et forcés d'apprécier leur rôle que les enfants ne voyaient pas d'un bon œil. Les employés changeaient très régulièrement, cédant aux caprices de la mère qui s'évertuait à trouver la personne parfaite pour la remplacer, ne se rendant pas compte qu'elle fuyait son rôle de mère pour le donner à des inconnus. De cette pratique souvent utilisée par les familles nobles découle toute la faiblesse de ce luxe : la progéniture Hamilton croulait sous les règles et les principes lesquels ils n'avaient que faire. L'absurdité de l'argent leur faisait croire à des chimères, les bridant dans un monde éloigné de la société modeste, ce qui naturellement amena des problèmes liés à leur adolescence et leur désir de liberté intensément recherchée. La liberté, oui ils la connaissaient, mais exclusivement et tristement sous forme de liasse de billets échangés contre des biens matériels et indéformables... Et c'est bien ce qu'il manquait à l'esprit joueur et charismatique d'Alcibiade : du jeu, du défis et de la création. Ses parents cédaient absolument tous les caprices onéreux et matériels à leur enfant, mais leur imposaient au moins trois activités extra-scolaires dans le but de les rendre « parfaits et intelligents », des dires de leur mère. Le jeune Alcibiade a sept ans quand ils l'inscrivent à l'athlétisme et au théâtre, lui offrant des cours privée en compagnie des meilleurs enseignants de la région. Sa troisième activité fut le piano qu'il abandonna dans le dos de ses parents, séchant ses cours pour se consacrer à l'apprentissage de ses répliques préférés de Shakespear, Molière ou encore Socrate. Revêche, taquin, très rusé, il abusait de son pouvoir qu'il comprit bientôt comme étant le seul moyen d'obtenir la puissance et la liberté qu’il recherchait tant : les mots. Dès l'école primaire, il se démarquait par une éloquence très poussée pour son âge, ses professeurs excusant cette facilité par le milieu dans lequel il était élevé. Lorsqu’arriva le lycée, la maison familiale n'était habitée que par des dragons féroces en quête d'un avenir prometteur, les jumeaux se battaient pour obtenir gain de cause et posséder l'empire familial Hamilton tandis que leur sœur se promettait au fils d'une autre noble famille qui n'acceptait le mariage que si l'héritage de l'entreprise revenait à la jeune fille. Rosie et Arthur n'avaient cependant en tête que le nom d'Alcibiade, celui qui leur semblait avoir le meilleur profil pour reprendre les rênes de la société après leur retraite. Ni plus ni moins, Alcibiade se heurta au douloureux sentiment d'être enfermé dans un huis clos auquel il n'avait aucune échappatoire. Cette frustration inquiétante vit naître en lui une profonde révolte qui libéra toute la finesse de son caractère fort et charismatique. Par son naturel indépendant et son esprit fondamentalement classé parmi les meneurs, il n'entendit pas de cette oreille la décision hâtive de ses parents et n'entreprit aucunement d'obéir à ses géniteurs. Ce fut une révélation pour lui qui se sentait trop bridé et inéluctablement pris au piège, et, libérant ses capacités intellectuelles, son insolence et sa maniabilité de la phrase lui ont permis d'avoir les meilleurs choix pour sa vie. Au lycée, Alcibiade garde la tête haute et travaille plus dur, souhaitant voler de ses propres ailes pour la suite de son histoire professionnelle, rêvant par-dessus tout de détenir un royaume dont il serait le créateur et le roi solennel. C'est alors que s'est dressée face à lui l'immensité de l'établissement le plus primé du Royaume Unis et l'un des mieux côté du monde : The London School of Economics and Political Science. Les portes de l'université passées, son avenir fut tout tracé ; il voit la grandeur des possibilités, s'imagine à la tête de son entreprise et entame de très longues études dans la gestion et le management tout en validant un double diplôme en économie et finances, tout cela avec une idée bien précise en tête: redorer son nom d'un nouveau prestige. Alors qu'il valide son ultime année à l'université, réussissant avec brio les dernières épreuves, Alcibiade rencontre un professeur de mathématiques et statistiques qui lui fait découvrir les secteurs en plein essor tel que l'aéronautique et l'électronique, lui proposant de miser sur une carrière dans l'exploitation de ces deux catégories d'industrialisation nouvellement dans le collimateur de nombreux investisseurs. Nous sommes en 1990 et le jeune homme tout juste diplômé n'a que 23 ans, la tête pleine d'idées, libre comme l'air, bien loin de répondre au dictât imposé par son nom londonien comme il s'amuse à décrier sa famille parfois. Malgré son humour cinglant particulier aux britanniques, Alcibiade ne perd jamais l'occasion de rappeler qu'il est londonien et ce même lors de ces incroyables ruses verbales, mettant dans son sac absolument qui il veut. Comment peut-on se refuser à un londonien à l'accent si subtil ?
• PREMIÈRE FOIS •
En mai 1990, son professeur lui propose un aller pour les États-Unis afin d'y rencontrer les principaux acteurs de ces secteurs en pleine expansion industrielle et dont la recherche ébranle tous les marchés au milieu de la Silicon Valley. Fier de faire partie du voyage, Alcibiade a du cependant se battre pour être invité à une journée visite afin de serrer les mains onéreuses de tous ces ingénieurs aux idées de génie. Arrivé sur place, prêt à bondir sur la moindre occasion, il se présente comme étant un jeune ingénieur intrépide dont la soif de connaissance est insatiable, l'esprit se chargeant de ces sciences nouvelles en compagnie de son professeur pour y mémoriser toutes les informations capitales. De fil en aiguilles, Alcibiade se prend d'amour pour le secteur de l'informatique qui le fascine où il fait la rencontre de Ted Hoff et ses travaux sur les ordinateurs dont il voit évidemment le potentiel financier et évolutif. De son séjour aux États-Unis, le jeune homme rusé tombera amoureux deux fois : une première fois pour le secteur de l’électronique et l’informatique et une seconde fois pour une sublime américaine alors qu'il se baladait dans le pays. Parmi les centaines de millions de visages qui peuplent les rues, c'est elle qui l'a rendu fou d'un regard perdu dans la foule. Les deux jeunes ont 24 ans et c'est le parfait amour entre eux malgré l'adultère que la jeune femme consomme avec passion auprès de Alcibiade. En effet l'américaine est fraîchement fiancée à un homme dont les liens sont solides et durables. Mais très vite Alcibiade pèse le pour et le contre, et les travaux qu'il prévoit aux États-Unis pour sa montée professionnelle multipliés par son histoire idyllique avec sa "moitié américaine" comme il se plaît à la surnommer sont une évidence pour lui malgré le problème de sa petite-amie: il doit rester. Le jeune diplômé sillonne les entreprises au chiffre d'affaire florissant: les courbes, ça le connaît, et il sait voir le potentiel d'une firme. Le secteur informatique se développe très vite, et pour lui, c'est l'occasion de sauter à pieds joints dans le bain. Il s'impose alors très vite face à une entreprise, insistant pour son embauche en tant que manager appuyé de son ancien professeur et complice. Faux papiers et menaces, Alcibiade intimide grâce à son nom de grande renommée et ses talents de diplomate à la carrure imposante malgré son très jeune âge. De son chantage, il acquiert un poste de manager au sein d'une industrie de pièces électronique qui travaille avec le monde entier avant de commencer à pousser son étude des chiffres et de la gestion d'entreprise à son paroxysme, jouant avec plusieurs acteurs extérieurs pour rapporter toujours plus. L'entreprise dans laquelle il travaille est incroyablement satisfaite, tout se passait pour le mieux jusqu'à ce que les ennuies et les doutes s'emparent de son ambition avec une fermeté qui lui rappelait trop l'enfermement familial: sa compagne est enceinte. Un faux bonheur, un mauvais moment, un choix hasardeux mais une femme qui refuse qu'il l'approche à nouveau. Le sentiment d'abandon fait fuir le cœur hurlant du jeune homme qui aspirait à faire prospérer ses affaires pour offrir une vie parfaite à cette femme et leur enfant, et il se voit alors être hésitant et désemparé malgré lui, ce qui ne lui ressemble pas. La jeune femme enceinte de lui refuse tout contact, le met à la porte, et repart vivre son ancienne vit auprès de son véritable fiancé. Elle lui annonce la nouvelle en mentant sur l'identité du père: Alcibiade n'existe plus, pour le couple américain, il s'agit de leur enfant. Face à cette échec cuisant, Alcibiade souhaite repartir à Londres pour refaire sa vie, et c'est en janvier 1991 qu'il rentre au pays avec un dossier personnel exemplaire et beaucoup d'argent.
• LONDRES 2.0 •
Son ancienne entreprise continue de le payer alors qu'il travaille toujours à distance sur la stratégie économique de celle-ci, usant de son charme pour leur soumettre l'idée qu'il puisse faire prospérer la société sur le territoire outre-atlantique. Gagnant de confiance, il est chargé de arpenter les institutions nationales à la recherche d'un potentiel investisseur anglais afin d'implanter la société en Europe et améliorer leur rendement au niveau mondial. Cette nouvelle mission l'emmène sur de nouveaux terrains, avec plus d'argent en jeu, et plus d'acteurs nocifs, prêts à tout pour lui barrer la route. Toute cette tension excite l'esprit vit et rusé d'Alcibiade qui joue de ses talents d'acteurs plus d'une fois pour obtenir ce qu'il veut... jusqu'à ce qu'il croise à nouveau une jeune femme dont il tombera amoureux. Londres prospère abrite alors le jeune couple qui se forme officiellement en avril 1991. Lancé à vive allure sur la voie de la réussite, Alcibiade travaille de son côté sur un projet personnel qu'il tente de monter de toutes pièces: il veut créer sa propre entreprise. Travaillant encore pour les États-Unis, il cherche néanmoins d'autres firmes prêtes à tout pour se l'arracher dans leurs bureaux, son but ultime étant de semer son nom dans le milieu et inspirer le respect. Sa stratégie n'a qu'un but: le rendre crédible et célèbre pour sa propre ambition. Mais fin janvier 1992, sa nouvelle compagne lui annonce une nouvelle qui raviva la douleur cinglante qui semblait s'être tu dans sa poitrine: sa petite-amie est enceinte. Sa première histoire, il ne l'a pas oublié, son expérience avec cette nouvelle, il s'en souvient avec peine, mais même si la sentence est irrévocable, sa joie sincère est lisible sur son visage. Alcibiade veut une famille, mais par-dessus tout une bonne famille, et par bonne, il faut comprendre "maîtrisée". C'est un homme d'apparence froide, à la liberté inconditionnée et au verbe cinglant, tout lui vient comme un coup de génie et c'est très impliqué et parfait que tout ce qu'il entreprend doit être. L'échec le fait fuir, l’oppresse et le ramène à cette condition d'esclave qu'il détestait tant enfant, il ne veut plus qu'on lui impose quoique ce soit s'il ne prend pas en main tous les ressorts. Mais Alaska arrive en septembre 1992 avec tout le bonheur que ses parents escomptaient, apportant avec elle son lot de responsabilités supplémentaires qu'Alcibiade prend sur ses épaules avec une volonté hors norme. La petite famille vit cinq années idylliques sur Londres, sans encombre, sans faille ni défaite, et le jeune papa réussi à se faire embaucher chez Microsoft en 1996 alors qu'il a tout fait pour prendre la place du négociateur financier travaillant auprès du directeur administratif. Vantant son flair quant à l'investissement et aux flux d'argent, il n'a pas hésité une seconde à soudoyer le titulaire avec quelques milliers pour lui voler sa place en échange d'un honneur gratifiant et d'une place de choix aux États-Unis, lui proposant son ancien poste. Alcibiade a établi de faux contrats pour expulser bon nombre de personne lui barrant la route, et ce sous le regard amusé de ses complices que le jeune père s'est promis de placer dans son équipe lorsqu'il posera son imposant et lourd dossier business plan sur la table des banquiers et financiers. Tout se passait pour le mieux mais après six ans de vie de famille harmonieuse et florissante, la compagne d'Alcibiade se confond en terreur interne et comportement psychotique: elle devient violente et alcoolique. Ce nouveau visage ingérable qui erre dans sa maison le rend triste, mais néanmoins furieusement dégoûté de tant de gâchis, il se doute même d'être profondément apeuré de devoir revivre ce qu'il a vécu en 1991 aux États-Unis, mais fort de sa personnalité impérieuse et déterminée, il ne souhaite pas se laisser abattre et prime sur ses réussites plutôt que sur ses échecs, c'est pourquoi il décide de tout plaquer en novembre 1997, après avoir terminé complètement son business plan destiné à la création de son entreprise. Il regarde une dernière fois sa fille Alaska, et ne se retourne plus jusqu'à l'aéroport où il prend le premier vol vers l'outre-atlantique, à nouveau. Mais cette fois-ci, Alcibiade a une idée bien ficelée en tête, bien plus conséquente et cohérente que lors de son premier voyage d'immersion.
• BOSTON. LE RENOUVEAU. •
Il est arrivé à Boston un après midi chaud, l'air apaisant volant au gré de la bise printanière, pour y faire naître ce qui deviendra l'une des entreprises les plus affluentes du monde en terme d'innovation technologique. Il connaît le potentiel industriel et financier des États-Unis et le secteur dans lequel il veut se lancer n'a plus de secret pour lui, c'est alors le 17 juin 1998, à tout juste 31 ans, que Alcibiade signe pour la première fois au nom de son entreprise: Hamilton Technology ou H.Tech. Alcibiade monte sa propre boite de conceptions électroniques et informatiques, travaillant avec les entreprises du monde entier pour fournir ses services de réseau et du matériel de pointe, élaboré par ses ingénieurs qu'il loue directement depuis les universités dans un premier temps. Son nom est déjà connu, sa prestance est déjà respectée, et son concept fait déjà fureur dans les yeux de ses concurrents. Il le sait, il va devoir se battre pour créer un empire solide et inébranlable, mais il est prêt à tout pour gagner et se hisser au sommet. Son entreprise démarre sur une note positive lorsque des élèves d'Harvard le rejoignent sur certains projets pour développer de nouvelles idées et faire circuler le nom de sa firme dans les écoles, mais l'université lui rappelle inlassablement ses erreurs passées et les deux enfants qu'il a laissé à l'abandon dans les bras de femmes dont il a parfois l'amer regret d'avoir côtoyé. Si il pense sans cesse à ce qu'il aurait pu faire en tant que père, il se convainc lui-même du bon raisonnement qui l'a poussé à fuir ces échecs. Échecs auxquels il se force de ne pas lier ses enfants qui restent malgré lui dans son esprit, le tordant de peine certaines nuits où l'ennuie du temps qui passe semble lui promettre un avenir aussi glorifiant que tortueux... Alcibiade s'écrase sous le travail, vertueux et laborieux afin de dépeindre le meilleur pour son avenir. Il décide de dessiner lui-même son logo, symbole explicite de son dévouement pour son secteur et de la fierté de ses origines londoniennes et paye un service entier pour imprimer son identité visuelle sur les tenues de ses employés qui se comptent au nombre de 32. Et c'est pour les six mois d'existence de Hamilton Technology, lors d'un toast en compagnie de son fidèle ami et ancien professeur de mathématiques et statistiques, qu'il rencontre une journaliste renommée venue travailler sur la naissante célébrité de l'entreprise. Cette femme fait chavirer le cœur de Alcibiade qui se voit une nouvelle fois épris de la plus puissante des manières pour cette incarnation même de l'intelligence et de la beauté. Elle lui fait tourner la tête, l'envoûte, et dans cette danse professionnelle obligatoire, il se doit d'être sage et discipliné mais avec la ferme idée en tête qu'il la reverra. C'est ainsi que le jeune directeur d'entreprise passe par mont et par veaux pour retrouver cette femme active à l'élégance inégalée pour quelques rendez-vous galants. Ni une ni deux, leur relation s'aiguille sur les rails d'une stabilité honnête et exemplaire. Alcibiade semble retrouver un certain entrain à se lancer à nouveau dans une relation, oubliant les plans d'un soir qui n'avaient ni goût ni couleur et dont l'ennuie qu'ils exprimaient le targuaient souvent d'une humeur massacrante le lendemain... ce que ses employés remarquaient aisément. Alcibiade se plaît en compagnie de sa journaliste, mais celle-ci lui avoue que deux enfants vivent déjà sous son toit, nés d'une précédente relation. La révélation de ces deux surprises à la fois déroutantes et terriblement douloureuses viennent dépeindre le tableau de leur fraîche mise en couple, cependant Alcibiade ne dévoile pas son ressenti et accepte la nouvelle sans broncher, voulant de volonté de bon cœur tenter l'approche malgré la difficulté de l'exercice par rapport à son propre passé. Malgré cela, les enfants de sa nouvelle compagne, Declan encore jeune et sa sœur de trois ans sa cadette, ne voient pas d'un œil positif l'arrivée hâtive de monsieur Hamilton. L'amour qui grandi entre les deux adultes renforcent la confiance entre les membres de la petite famille, et c'est quelques temps plus tard que Alcibiade parvient à convaincre les enfants que sa présence est loin d'être anodine et négative. Le jeune directeur d'entreprise souhaite faire la paix avec son passé et apaiser les tourments acides qui pourrissent sa clairvoyance sur sa vie de famille. Lentement, le dialogue devient plus fluide entre les enfants et lui, et réciproquement, l'amour d'un père et de ses enfants définit leur liens devenus puissants et peint d'une fierté sans faille. Alcibiade prend alors la responsabilité de les adopter, les affublant de son nom Hamilton avec leur consentement et se mari avec leur mère dans le même temps, libérant un vent de positivité sur le foyer. Hamilton qui approche tout doucement la quarantaine respire le bonheur au travail et dans sa vie personnelle malgré les passades compliquées à l'entreprise où les requins assoiffés tentent de vampiriser sa réussite. En 2003, Alcibiade lance une campagne pour une série d'ordinateurs surpuissants qu'il développe avec une petite start-up qui avait failli déposer le bilan après un démarrage raté. Hamilton Technology les a pris sous son aile à condition que leur projet fonctionne et que les résultats sont bénéfiques pour les deux entreprises. Ces ordinateurs seront destinés à de très grosses manufactures, créés pour supporter une masse de donnée colossale et capables de faire fonctionner 24h/24 tous les logiciels informatiques nécessaire à l'activité de ces exploitations industrielles. Ce projet fut le déclenchement ultime de sa grande ascension vers le sommet indestructible de la réussite et de la richesse : les ordinateurs font fureurs, tous les industriels se les arrachent et H.Tech est sans cesse en rupture. Les nouveaux processeurs et les disque durs montés sur mesure séduisent un maximum de firmes qui payent parfois très cher pour des pré-commandes. Alcibiade rachète dans la foulée la petite start-up et ses employés puis relance le marché avec des créations de poste et l'achat de nouveaux locaux dans Boston, plaçant le siège de l'entreprise dans le centre de Financial District. Hamilton Technology décolle, et Alcibiade gère ce totem de la gloire avec une main de fer, massacrant les bourreaux de la concurrence prêt à tout pour l'écraser. Interview, émission, travaux dans le monde entier, collaboration avec des géants de l'électronique... tout sourit à Alcibiade jusqu'à ce fameux soir d'automne 2007 où la moitié de son monde s'est écroulée, peut-être la partie la plus importante.
• LE RETOUR. •
Alaska frappe à sa porte. La jeune n'a que 15 ans, mais elle est très maigre, et des bleues recouvrent sa belle peau juvénile. Alcibiade vacille à l'intérieur de lui-même, se rongeant l'esprit par un nouveau problème sur lequel il n'a absolument aucun pouvoir... Il tente froidement de rejeter cet enfant, symbole pour lui d'un passé noir de souffrance et de gâchis, il voudrait qu'elle disparaisse à nouveau et qu'elle laisse sa nouvelle petite famille tranquille, mais Alaska ne l'entend pas de cette oreille et réclame une place chez son père biologique avec insistance. Il hésite, il voudrait se réveiller et se dire qu'elle n'est pas là, mais Alaska perd patience et souffre. Usant de ses dernières bribes d'énergie pour exprimer une colère justifiée, sa fille se rebelle et fait du chantage à Alcibiade pour vivre à nouveau avec lui, d'autant plus lorsqu'elle apprend qu'il a adopté deux autres enfants. Dans la maison, la jeune fille nouvellement arrivée se fait une place à coup de caprices et de dialogues arides avec son père qui, malgré lui, accepte de la soigner par des dizaines de virements bancaires sur son compte, seul gage de sécurité pour avoir la paix à la maison. Plus le temps passe, et plus Alaska lui rappelle sa propre enfance bridée, loin de sa liberté fondamentale, et trop pauvre en exploration intellectuelle. Il culpabilise chaque seconde qu'il passe à côté de sa fille, se rappelant inlassablement qu'il aurait pu lui éviter les dix ans de malheur qui ont précédé son départ pour Boston, mais son silence paraît plus apaisant pour lui que le dialogue, trop compliqué avec Alaska pour l'heure. Celle-ci travaille dur, et fait de son possible pour obtenir un avenir radieux, à la hauteur de celui de son père qui essaie de prendre du temps pour se rendre utile. La maladresse du passé semble parfois déteindre sur le présent, et c'est souvent bredouille que Alcibiade tente une approche douce. La tempête Alaska se calme lorsque celle-ci est accepté à Harvard alors qu'elle a 18 ans. Nous sommes en 2010 et la maison redevient un nid douillet et chaleureux où les enfants commencent à prendre leur envol vers leur vie professionnelle et intime.
• ALASKA. FELDT. DECLAN. •
En 2013 un attentat ébranle toute l'université d'Harvard. Alcibiade est inquiet pour Alaska, scolarisée dans l'établissement au moment des faits. Malgré une bonne santé générale et une peur plus grande que le mal qui a été fait, Alaska a un accident de voiture avec son petit ami quelques semaines plus tard, la plongeant dans un coma pendant deux semaines et créant une rage froide et viscérale chez Alcibiade qui, de panique, vient faire du chantage au petit-copain de sa fille pour l'obliger à la quitter. Le père qualifie cette liaison de toxique et ne veut plus jamais que ce jeune homme approche de sa fille à moins de cinq mètres, sinon quoi les conséquences seront douloureuses... et quand un britannique parle de menace, il siffle. Ce comportement n'est pas de l'avis d'Alaska qui verra dans cette acte une provocation malsaine et mesquine de la part de son père. Le dialogue ne passe décidément pas comme il le faudrait : son père a uniquement voulu protéger sa fille. En mai 2015 après un pot de mariage pour un investisseur de son entreprise, le cœur léger et le sang alcoolisé, Alcibiade avoue à sa fille l'existence de Feldt Crossroad, sa demie-soeur née de l'union avec une américaine il y a vingt-quatre ans. Il sait que sa première fille étudie à Harvard, et son désir de lui parler lui impose de passer par Alaska qui est étudiante dans la même université pour faire le pont entre Feldt et lui... Mais celle-ci est très loin d'accepter le retour de cet homme qu'elle rejette avec une froideur sans pareil. Leur rapprochement paraît complètement impossible et d'autant plus compromis lorsque Feldt comprend que Alaska et Declan sont ses demies-frères et sœurs. Alcibiade apprend via Alaska que sa première fille a eu deux beaux enfants issus d'une liaison trop courte et vouée à l'échec... lui jetant au visage ses propres erreurs passées et le temps perdu près de sa famille : il ne savait même pas qu'il était grand-père. Alcibiade pensait en avoir fini avec les histoires de famille mais quelques semaines après cette révélation, Alaska a un nouvel accident de voiture à Phoenix dont les prises de sang révèlent ses craintes quant à la bonne santé de sa fille : elle est complètement défoncée. Sûr de sa théorie, Alcibiade paie des complices pour camoufler l'affaire et truquer ses résultats sanguins auprès de la police, libérant les mains de sa fille promise à la prison. Il l'a rapatrie à Boston dans un taxi privé, loin des regards et lui ôtant le choix de faire n'importe quoi. Par pur protection, Alcibiade s'est mouillé à de nombreuses reprises auprès des autorités, des services de vérifications et pour les besoins administratifs dans le seul but d'offrir une vie confortable à sa fille... mais en novembre 2015 ce fut la goutte de trop... Alaska fait une overdose. Déçu, complètement impuissant face à la situation, il reprend sa fâcheuse habitude et abandonne tout, rompant tout contact avec sa fille dont il n'aura des nouvelles que deux mois plus tard, apprenant qu'il va être grand-père. Tirailler entre le dégoût profond de retenter d'avoir un dialogue avec elle et l'appréhension des conséquences de son abandon, il se rapproche de sa fille mais il est trop tard : elle a fait une fausse-couche... la communication est définitivement coupée. Il n'aura des signes de vie que par le biais de son chat qu'elle dépose devant sa porte pendant le spring break et le summer camp 2016, deux événements qui marquent également le départ inexpliqué de Declan qui ne reviendra que quelques mois plus tard. Et depuis, silence radio jusqu'au jour où sa femme lui annonce qu'Alaska a donné naissance à Lilou, le 27 février 2017. La même année elle se fait poignarder au ventre. Son père se mobilise pour la défendre dans l'enfer qui semble s'être emparée de sa vie et qui continue de s'acharner quelque temps plus tard... Son homme, censé être son futur mari, l'a quitte en septembre 2017 pour des raison obscurs que Alcibiade n'encaisse pas avec positivité. Tout ce remue-ménage n'engage en rien la suite sur une fin d'année radieuse puisque Alcibiade souffre également au travail d'une pression très importante d'un géant du secteur souhaitant racheter son nom et ses brevets. Mais ne reculant devant rien, il se défend avec ses plus belles prouesses théâtrale face aux assauts de ces chargés de communication, avides de chiffre et à la recherche de la moindre faille financière. Il pense à sa fille et à son malheur, réfléchissant au meilleur moyen possible pour lui offrir une vie meilleure et l'aider dans sa quête. Pour redorer son blason personnelle, et faire prospérer la maison d'édition pour laquelle Alaska travaille, Alcibiade veut entreprendre d'en racheter les parts et de la faire évoluer économiquement parlant, lui octroyant un grade supérieure d'un point de vue de sa production.
Alaska, Feldt, Declan et sa soeur, sa femme... Personne n'est à l’abri du danger malgré un compte en banque défiant toute concurrence. Mais la volonté et l'audace aide à se hisser vers les sommets les plus gratifiants.