Satchel ❥ Thiago Santos

C'est à Saint-Georges que je suis né et que j'ai grandis. Sans même l'avoir voulu, j'étais connu là-bas. Mon père était l'un des hommes les plus riches de l'île et il était très connu et respecté sur l'île. Aussi disait-on toujours du bien sur lui. Un homme de pouvoir, charismatique et séducteur. Il était beau parleur ce qui, remarquez, était un avantage quand on était à la tête d'une entreprise de voitures de luxe. Elle portait d'ailleurs son nom, Falconer-Edel. Il maîtrisait parfaitement le discours et les autres buvaient ses paroles. Il était très doué pour manipuler et négocier. Mais jamais je n'avais entendu quelqu'un dire du mal de mon père. Au contraire, il était admiré. Il faisait partie de ceux qui avaient le mieux réussi. Il était en quelque sorte une fierté nationale. Derrick. C'était son prénom. C'était un sacré personnage. Il était très vaniteux et orgueilleux. Il savait qu'il était quelqu'un d'important et l'affichait fièrement. Quant à ma mère, Sharmila, elle vivait un peu dans l'ombre de mon père. Ma mère était bien plus modeste et réservée. Mais elle soutenait énormément mon père et l'aimait beaucoup.

Ma famille étant connue, le bruit que le premier enfant des Falconer-Edel était né avait parcouru l'île comme une fusée. J'étais ainsi le célèbre fils des Falconer-Edel. L'inconvénient, c'est que je ne voulais pas de cette célébrité. Je m'en fichais en fait. Je restais un peu en retrait et j'étais humble. J'étais peut-être un gosse de riche mais je savais traiter les autres avec respect et je voulais rester moi-même. Depuis ma tendre enfance, je voulais être quelqu'un et non le fils de Derrick. Je voulais en fait faire comme si de rien n'était, comme si mon père n'était pas à la tête d'une entreprise de voitures. C'était dur mais je devais le faire. je vivais ma vie comme tous les autres garçons de mon âge. Je ne voulais pas faire de différence dans mes fréquentations, classer les gens. Mes amis venaient de n'importe quel milieu et je n'y prêtais aucune importance, aucune. On faisait les 400 coups, on se promenait sur des pirogues, on dessinait, on jouait au football. J'étais content d'être un enfant comme les autres.

Je n'étais pas très travailleur à l'école. J'aimais pas l'école. Je n'étais pourtant pas un élève catastrophique ni un cancre. Je travaillais très peu et mes résultats restaient passables. J'étais plus du genre à faire le pitre sans trop exagérer et tomber dans la provocation. J'amusais la galerie. Je m'avérais être beau parleur aussi, enfin un point commun avec mon père. Pour un petit, j'avais pas mal de charisme et j'étais très à l'aise pour prendre la parole. J'aimais aussi jouer les chefs et donner des directives sans trop me prendre au sérieux. l'amusement était le mot roi. Oui, oui, car dès ma tendre enfance, je ne pensais qu'à m'amuser. Je n'étais pas stressé par les cours et je faisais les choses à mon rythme. Il n'y avait pas le feu après tout. J'étais quelque peu nonchalant ce qui donnait l'impression aux professeurs que j'étais un gamin flemmard. Ils n'avaient pas totalement tord sur ce point, je veux bien le reconnaître.

Malgré nos différents, je m'entendais bien avec mon père. Il était toujours présent quand j'avais besoin de lui. Certes, je n'approuvais pas toujours son côté vantard ni même ces réunions ridicules qu'il organisait à la maison en compagnie d'autres personnes influentes de l'île. Je n'étais pas en froid avec lui et il y'avait tout de même une complicité. Mais j'étais plus complice avec ma mère car c'est tout simplement elle qui s'était occupée de mon éducation et de celle de ma petite soeur, Naveena. Elle nous avait appris à être poli, respectueux et modeste. Mon père n'étant pas croyant, elle nous avait en quelque sorte baigné dans l'hindouisme. Car contrairement à mon père qui était Afro-caribéen, ma mère avait des ancêtres originaires d'Inde. Ses parents, ses grands-parents et arrière-grand-parents étaient hindous eux aussi. J'étais donc éduqué dans l'hindouisme même si c'est moins vrai aujourd'hui. je dirais que je suis pratiquant sans trop l'être.

Départ pour Cambridge

Comment un élève avec des résultats à peine passables a-t-il pu venir étudier dans l'université d'Harvard? je suis sûr que ça doit vous travailler. Ben en fait, ce sont mes résultats excellents en dessin qui m'ont aidé. Bon, okay, j'avoue, il y'a eu aussi des négociations avec mon père. Il y'avait eu d'abord ce fichu rendez-vous où j'avais du lécher les bottes du Doyen (ce qui en temps normal ne se serait jamais passé). Ensuite, il y'avait eu ce pacte avec mon père. Si j'obtenais mon année, je pouvais rester étudier ici. Dans le cas échéant, je retournerai à Saint-Georges. J'avais donc tout intérêt à assurer si je ne voulais pas me retrouver comme un idiot. Ma mère étant couturière, c'était elle qui m'avait transmis ce goût pour la mode. J'étais fasciné, en pleine extase devant les tenues un peu extravagantes de ma mère. Elle avait de ces idées! Elle était très douée et ses modèles faisaient fureur à Cambridge bien plus qu'à Saint-Georges. Elle avait un style propre à elle et c'est ça que j'aimais chez elle. Voilà pourquoi, aujourd'hui, je me retrouve à étudier deux choses qui me passionnent: les arts plastiques et le design de mode. Bon, mon père n'était pas trop pour que je me spécialise dans ce genre de choses. S'il avait pu me refiler son entreprise de voiture, il l'aurait fait mais moi cela ne m'intéressait pas du tout. Je voulais faire quelque chose qui me plaisait et pour lequel j'étais doué.

Je dois dire que je me suis fait à ma nouvelle vie. Je n'ai pas rencontré de gros soucis au niveau de l'intégration car je suis quelqu'un de sociable et qui n'hésite pas à approcher les gens. Je n'ai peur de rien, encore moins du ridicule. Je reste moi-même, simple et naturel. J'ai un petit côté de détraqué qui plait bien. je fais ce qui me plait et je suis totalement indépendant. Il m'arrive parfois de tomber dans l'excès et dans la provocation. Moi, j'appelle ça de l'amusement. Je suis peut-être venu ici pour étudier mais j'ai aussi envie de profiter de ma jeunesse et de me défouler. je suis comme ça au quotidien. J'aime faire le fou, me donner en spectacle, profiter des gens que j'aime, leur faire rire, faire des choses complètement dingues et insensées..oui car je suis un mec loufoque et insensé. j'aime ma vie haha. Faire des trucs bizarres et complètement décousus, c'est dans ma nature.