Histoire
Trente-cinq degrés à l’ombre. La chaleur est pesante, et avec ce calme résidant dans la villa de ton père, tu te fais bien chier. T’es seul, ton paternel et ta belle-mère étant tous deux au boulot. Tu t’accordes un bain dans la piscine de la résidence, vêtu d’un simple short de bain blanc. Ce que tu voulais, cet été-là, c’était te trouver un boulot saisonnier comme tous tes amis de seize ans, histoire de ne pas rester seul toute la journée. Ton père avait refusé, et du coup, tu te fais chier, en solitaire. Et à part jouer à la console et profiter du beau temps, t’as rien d’autre à faire. Et après avoir fait plusieurs longueurs dans la piscine, tu te calles sur l’un des matelas gonflables qui flottent dans l’eau. Les rayons du soleil t’agressent la peau, mais un petit vent frais te frôle pour te rafraichir. Et ce mélange de chaleur et de fraicheur t’aide à t’endormir paisiblement au milieu de ce bleu chloré.
Tu sais pas combien de temps tu t’es endormi, mais quand tu ouvres les yeux, tu n’es plus seul. Au bord de la piscine est étendue une femme de vingt-sept ans, les cheveux dorés et le teint halé, une paire de lunettes de soleil posée sur le visage. La tête dans le coaltar, il te faut quelques secondes pour percuter qu’il s’agit de la nouvelle femme de ton père. Elle te fait un sourire, accompagné d’un signe de main pour te saluer. Tu lui rends la pareille, et descends de ton perchoir, te mouillant une dernière fois de la tête au pied avant de sortir de l’eau. Les gouttes ruisselant le long de ton torse en suivant les courbes de tes abdos, tu ne peux que remarquer le regard insistant de la jeune femme qui a retiré ses yeux de mouche, protégeant ses globes oculaires de la brutalité du soleil, pour l’occasion. Tes joues s’empourprent malgré le bronzage. T’es mal à l’aise, et t’as qu’une envie, c’est courir vers l’intérieur de ta chambre. Dos à elle, tu te diriges vers ta serviette mais sa voix te stoppe dans ton élan. « J’ai toujours pensé que t’étais plus attirant que ton père, même de dos ! » Ta mâchoire se serre, mais tu reprends ta marche vers la serviette. Tu te sèches le plus rapidement possible pour fuir cette situation désagréable, mais t’as même pas le temps de repartir qu’elle est déjà derrière toi. Son doigt frôle ton dos jusqu’au creux de tes reins. Tu te retournes brusquement. « A quoi tu joues ? » « Me dis pas que c’est pas ton fantasme à toi aussi. C’est votre truc aux jeunes, maintenant. Se faire une femme plus âgée. Je t’en donne l’occasion. » Ses mains se font beaucoup trop baladeuses, et au moment où elle effleure ton entrejambe, tu t’écartes le plus possible. « C’est quoi ton problème ?! » T’énerves-tu en la regardant méchamment. Tu tournes à nouveau les talons et avance d’un pas pressé vers la villa, mais la voix de ta belle-mère t’arrête à nouveau. « Ne pense même pas à te barrer comme ça. Quand je veux quelque chose, je l’ai et tu vas pas t’en tirer comme ça. A part si tu veux que je raconte à tout le monde que ton père vend de la drogue pour arrondir ses fins de mois. C’est ce que tu veux ? » Le chantage, y a rien de pire. Et pendant des mois, t’as été son jouet sexuel.
Ça a duré des mois, puis ton père vous a grillé. Il a rien voulu entendre et t’as viré de chez lui. Alors, tu vas habiter chez ta mère. L’ambiance est complètement différente. Pas de piscine. Pas de grande villa. Mais un appartement en piteux état, et après la belle-mère nympho, t’as le droit à un beau père violent. Chaque jour, ça gueule. Chaque jour, ça casse. Chaque jour, ça cogne. Et chaque jour, j’ai droit à des excuses bidons de ma mère, se la jouant fautive de la colère de mon beau père, et prétextant des anecdotes pourries du genre « je me suis cognée contre le meuble de la cuisine » ou toute autre connerie du genre. T’y crois pas, et au début, tu dis rien. Mais à force, ça te saoule, et t’es dégouté de vivre dans le même espace que ce mec. T’as à peine dix-huit ans, mais niveau carrure, l’autre con ne te fait pas peur. Il est plutôt sec, n’étant pas un fan de sport, mais plus de bières. Les nerfs, ils sont montés quand t’as vu la scène en direct. Tu rentres des cours, et tu tombes sur ton beau-père en train de passer à tabac ta mère. Sans réfléchir, t’as foncé sur lui et tu lui as rendu les coups qu’il lui mettait. Il a la gueule en sang, il n’a pas pu réagir face à la situation plus que rapide. Et toi, tu l’as menacé de recommencer s’il ne prenait pas ses affaires tout de suite, sans jamais revenir. C’est comme ça que le calvaire de ta mère s’est achevé. Plus d’homme violent, juste vous deux, pour une vie beaucoup plus tranquille.
Du moins, c'est ce que tu croyais. Que tout allait s'arranger. Deux ans après, tes parents finissent par t'apprendre qu'ils t'ont adopté. En fait, tu leur as fait cracher le morceau quand t'as entendu une conversation qui était censé être confidentiel entre eux deux. T'as appris que ta vie était un mensonge, et t'as pas supporté. Tu quittes Yale après deux ans d'études là-bas, tu prends un sac pleins d'affaires, le peu de sous que t'as en poche et tu vas à l'autre bout du pays en coupant les ponts avec les gens qui t'ont élevé. Et tu commences à faire des recherches sur ta vraie famille. Parents morts, soeur disparue. T'es optimiste quand même. Tu te dis qu'elle doit être quelque part, alors tu te renseignes sur cette famille que t'as jamais connu. Et t'engages un détective privé, parce que tu veux à tout prix la retrouver. T’enchaines alors les petits boulots pour subvenir à tes besoins. Serveur dans un restaurant. Mécano. Vendeur dans un magasin de fringue. C’est là que ta vie prend un tournant. T’es tranquillement en train de ranger des habits sur les portants, quand tu te fais accoster. « Excusez-moi de vous déranger. On doit pas vous poser souvent ce genre de questions, mais je cherche un cadeau pour mon neveu et physiquement parlant, il a à peu près votre carrure. Est-ce qu’il serait possible que vous essayiez deux trois trucs pour moi ? Pour voir si c’est la bonne taille tout ça. » « Vous savez, sinon, votre neveu peut venir l’échanger si c’est trop grand ou trop p… » « Oh Conor, y a plus personne à cette heure-ci, tu peux bien faire plaisir à la dame ! ». Derrière toi, ta collègue a un sourire moqueur. Tu lui lances un regard insistant avant d’accepter la proposition de la dame en haussant les épaules. Pour une femme d’une quarantaine d’années, elle était plutôt bien conservée. Des cheveux bruns ondulés lui arrivant en dessous de la poitrine laissait entrevoir une poitrine généreuse mise en valeur par un soutien-gorge push-up et un décolleté plongeant. Sa robe lui moulait parfaitement ses formes et manquait beaucoup trop de tissus au niveau des jambes. Et là, tu captes que c’est pas très poli de dévisager une personne comme ça, même si elle semble flatter vu son sourire.
Tu la suis jusqu’aux cabines d’essayage et elle te tend une chemise blanche cintrée et un pantalon de la même couleur. Tu fermes le rideau et enfiles rapidement les affaires, constatant que celles-ci te moulaient beaucoup trop. « Alors ? » Tu ouvres le rideau un peu gêné et t’avances vers elle. A son tour de te détailler de haut en bas en faisant le tour de toi. Tu lèves les bras en avant pour lui montrer que les habits sont trop serrés. « J’espère que votre neveu est plus maigre que moi, sinon il faudra passer à la taille supérieure. » Tu lui offres un sourire, que tu ravales bien vite quand elle devient plus tactile. Sa main se pose sur ton biceps. « Je vous voyais pas aussi bien bâti, en fait. » Tu te recules, t’as l’impression d’avoir ta belle-mère en face de toi. La gêne s’empare de toi et tu retournes dans la cabine. « J’ai un dernier petit truc s’il vous plait. » Elle ouvre les rideaux de la cabine et toi, dans la gêne, t’avais commencé à te dessaper pour retrouver des vêtements beaucoup plus confortables. Tombant nez à nez sur ton corps vêtu d’un simple boxer, la cliente ne peut s’empêcher de mater ce qu’il s’offre à elle à nouveau. Tu places nerveusement tes mains devant ton entrejambe qu’elle scrute depuis quelques secondes. « Je comprends pas pourquoi vous travaillez ici avec un corps et des attributs pareils » Elle descend à nouveau son regard vers ton sous-vêtement, et tu resserres un peu plus tes mains contre le morceau de tissus. «J'ai une agence d'escorts. Je serais ravie de vous présenter au reste des employés et on serait ravi d’avoir quelqu’un d’aussi beau et musclé dans l’équipe. Et puis, sincèrement, vous gagnerez le triple de ce que vous pouvez faire ici, en faisant moins d’heures et en vous amusant plus. A vous de voir. » Elle ponctue sa phrase d’un clin d’œil et glisse son doigt le long de ton torse jusqu’à effleurer tes mains qui tenait ton entrejambe bien fermement afin de le cacher. « J’en connais des clientes qui seraient ravies de voir ça. » Finalement, t’es allé la voir. Et si au début, t’étais réticent à l’idée de prendre un job d'escort boy, t’as fini par accepter, jusqu’à même arrondir tes fins de mois en couchant avec certaines clientes friquées en échange de plusieurs billets, sous la responsabilité de ta patronne qui est satisfaite de sa nouvelle recrue. De toute manière, t'as besoin de ce fric. T'as une dette trop énorme, entre les frais d'université, le détective privé qui a bossé pendant plusieurs années pour retrouver ta soeur, les sous que t'envoies à ta mère pour qu'elle ait de quoi vivre. Le logement. Les sorties. Ta petite vie. Ca coute cher, et t'es bien dans la merde.