Ashley N. Flockton ► Darren Criss

I/ Un prénom qui dérange.

Avoir un prénom de fille ne m'a été d'aucun secours dans ma vie. Je dirais plutôt que c'était un handicap pour moi. On se moquait et plus particulièrement les garçons de moi, je faisais le sujet de railleries puériles. Ce n'est pas facile à encaisser quand on est jeune et fils unique. Je n'avais pas de grand-frère ni de grande-soeur pour me soutenir, me dire de ne pas y prêter attention, me conseiller de fermer les yeux sur ce genre d'enfantillage. On se demande bien à quoi peuvent penser les parents quand ils vous donnent un prénom. Les professeurs s'attendaient à ce que je sois une fille chaque fois qu'ils faisaient l'appel et que je devais lever le doigt. C'était vraiment un moment gênant pour moi. Voir tous ces visages se délecter en voyant mon air contrarié. C'était très dur pour moi. C'était fou ce que les enfants pouvaient être cruels entre eux. Sans prétention aucune, je pensais que c'était de la jalousie non pas pour mon prénom (qui pourrait m'envier sur ce point?) mais parce que j'étais un élève bosseur, sérieux et très attentif. Ils essayaient donc de sauter sur la moindre occasion de me ridiculiser. je n'en pleurais pas mais j'en étais triste. J'en avais assez d'être leur souffre douleur. J'en avais parlé à personne. Je ne voulais pas mêler mes parents à ces enfantillages ni mes professeurs. Je gardais tout pour moi et je me forçais à encaisser. Les épreuves de la vie nous forgent. J'étais assez mal dans ma peau mais la confiance en soi était une lutte, un combat intérieur, un combat que j'avais choisi de gagner. Quoique je fasse, j'allais être critiqué, descendu. On allait me mettre les bâtons dans les roues. Alors, je devais m'affirmer, imposer la personne que j'étais. Je ne cherchais pas à me faire apprécié mais seulement à être moi-même.

Je commençai donc à enfiler des vêtements colorés, excentriques, sortant de l'ordinaire. Je mariais des couleurs qu'on pensait ne pas pouvoir assembler. J'avais mon propre style, entre l'artistique, le bourgeois et l'excentrique. Je savais que mes tenues attiraient le regard des autres et je savais qu'elles alimentaient les discussions. Mais peu m'importait. Je me sentais enfin moi-même. Je m'étais fait à mon nom car de toute manière je n'avais pas le choix, il allait me suivre toute ma vie. A l'adolescence, une période où en général les ados se sentent mal dans leur peau, moi j'étais très à l'aise. J'arrivais à me détacher des avis que l'on avait sur moi. J'étais très sociable et m'entendais généralement bien avec mes camarades. J'envoyais balader ceux qui persistaient dans leurs moqueries. J'avais gagné en répartie et en arrogance. Sauf qu'à leur différence, moi je les snobais et mon arrogance avait plus de classe. Je riais même des rumeurs qui couraient sur moi. J'avais tout vu. On me pensait homo même en me voyant sortir avec des filles tout cela parce que j'étais soit disant maniéré. On croyait que je jouais le rôle du petit enfant sage mais que le soir je me dévergondais.Ainsi, des tas de rumeurs infondées circulaient dans les couloirs du lycée de Cambridge. Moi, je m'en amusais. J'étais un peu dingue dans ma tête et parfois je faisais des choses complètement folles...comme faire du car wash déguisé en fille..J'étais un peu provocateur mais je ne faisais pas cela pour plus attirer l'attention. Je le faisais pour montrer que je n'avais que faire des rumeurs qui couraient sur moi. Il n'est pas dans mes habitudes de me comporter ainsi. J'étais un garçon de bonne famille avec des principes et même s'il y'avait une part de folie en moi, je restais raisonnable. Je ne cherchais pas dans le trash. J'avais d'ailleurs été à l'école Blessington, une école pour apprendre les bonnes manières. Servir le thé, savoir se tenir à table, accueillir ses hôtes, j'en avais eu des leçons de bonne conduite. Tout avait été fait pour être un vrai gentleman. Mon père m'y avait plutôt envoyé pour "sauver" ma réputation, pour faire bonne impression ou pire, pour impressionner ses collègues. Je n'aime pas trop ce terme de "réputation". Je n'ai que faire des avis des autres. Je suis moi-même et si j'avais écouté les autres je n'en serai pas là aujourd'hui.


II/ Un artiste au talent irréfutable

Avec deux parents travaillant dans le milieu musicale, comment y échapper? C'est presque inévitable. Mon père est un grand musicien. Il sait jouer de divers instruments: piano, trompette, flûte mais aussi guitare et ukulélé. Il avait appris à jouer du ukulélé en arrivant sur les îles Fidji. La population autochtone, émerveillée de voir un américain sur le sol fidjien le lui avait appris. Il était d'ailleurs tombé amoureux d'une femme des îles, Maéna. C'était ma mère. J'avais beaucoup d'admiration pour elle car en plus d'être une grande chanteuse, elle était d'une beauté exquise et époustouflante. Les traits fins, un teint olivâtre, une fleur juste au dessus de ses cheveux noirs et ondulés, elle était incontestablement la plus belle de l'île à mes yeux. C'était une grande chanteuse. Elle émouvait son publique en chantant des chants traditionnels. Avec leur riche passé musicale, il y'avait de la matière. J'avais été initié très jeune au chant et à la guitare. Plus tard, mon père m'apprit à jouer du ukulélé. Je ne suis pas un expert en la matière mais j'arrive à en jouer. Je me débrouille plutôt bien je trouve. J'avais suivi des cours de chant. C'est dès ma tendre enfance que je compris que je voulais plus tard travailler dans le milieu musical comme mes parents. La musique c'est transmettre un message, transmettre et partager des émotions. Etant quelqu'un d'expressif, qui a besoin d'extériorisé ce qu'il ressent, la musique était exactement ce dont j'avais besoin. Mon rêve serait de jouer dans une de ces comédies musicales de Broadway comme West Side Story mais aussi plein d'autres encore. J'aime être sur la scène et je m'y sens comme un poisson dans l'eau.

III/ Une place dans la plus célèbre des universités du monde, j'ai nommé "Harvard".

Mes efforts avaient fini par payer. Je m'étais donné tous les moyens nécessaires pour mon entrée à Harvard. Pas question de se limiter à Yale ou à Princeton. Je voyais gros. Mes parents voyaient gros. J'imaginais leur déception si je n'avais pas été accepté là-bas. Ils me mettaient beaucoup la pression. Mon père ne voulait pas que j'ai des résultats inférieurs à 16. Il me poussait sans cesse à être le meilleur de ma classe. Quant à ma mère, elle n'aimait pas contredire mon père même si elle n'approuvait pas toujours ses décisions un peu extrémistes. J'étais très anxieux et attendre patiemment la réponse de mon acceptation n'était pas chose aisée pour moi. L'enjeu était gros, très gros. Mais j'avais été accepté à Harvard à mon plus grand soulagement. Je pouvais enfin respirer. J'étais fier du travail que j'avais accompli. J'allais entrer dans la meilleure des universités, j'allais assister aux meilleurs cours possibles et faire de nouvelles rencontres. J'étais très excité. Pour le domaine d'étude, j'avais choisi la musique, c'était évident. En deuxième choix, j'avais choisi la littérature car tout simplement j'aimais lire et rédiger. Je pouvais écrire des tas de pages sans m'en lasser. Je suis vraiment content d'être ici, parmi vous. Des tas d'opportunités, de portes s'ouvrent à moi...à moi de tracer le chemin qui j'espère me mènera loin, très loin...