SAMARA L. COLEMAN ► Teresa Palmer

Bennet et Liv Coleman formaient ce genre de couple parfait qui faisait pâlir d'envie les gens de leur entourage. Ils s'étaient rencontrés jeunes à un festival de musique et ils avaient immédiatement sut que ce moment n'était pas le fruit du hasard. Dès lors, ils étaient devenus inséparables et leur seul but dans la vie était de fonder une famille et de finir leurs jours ensembles. Ils avaient acheté cette petite maison isolée de tout dans la campagne du Texas et en avaient fait un petit cocon d'amour à leur image, calme et apaisant. Les rumeurs faisaient d'eux des hippies marginaux, fumeurs de weed, et elles n'étaient pas si éloignées de la vérité, bien que tout ce qui les fonde soit la jalousie des femmes aigries par leur mariage. Ils eurent leur premier enfant aux alentours de 22 ans et ne s'arrêtèrent qu'une fois satisfaits par leur fratrie de 4 enfants. Bennet était instituteur et Liv donnait des cours de dessin à Austin. Ils n'aspiraient pas à de grandes carrières ou à la richesse, seul leur importait de passer du temps avec leur famille et que leurs enfants soient épanouis.

C'était dans cette bulle que Samara et ses 3 frères et soeur grandirent. Leur famille évoluait en parfaite harmonie et malgré les petites prises de becs et les aléas de la vie, rien ni personne ne semblait pouvoir bousculer le quotidien de cette famille hors du commun.


Un jour où Samara cuisinait en chantonnant avec son père comme c'était leur habitude, celui-ci eut une quinte de toux comme il avait souvent ces derniers temps. Il dut s'assoir sur une chaise pour calmer sa crise, et quand inquiète, sa fille s'approcha de lui, elle aperçut le sang qui maculait son mouchoir.

Il fut révélé plus tard que c'était le cancer qui avait toqué à la porte de leur foyer, apparemment trop heureux pour que le destin les laisse s'en sortir comme ça. Leur famille démarra alors un long combat contre le cancer qui dura plusieurs années. Ils gagnèrent une bataille contre celui-ci, mais quand la maladie repointa le bout de son nez, ce fut pour emporter leur père. Samara avait alors 17 ans. La fratrie mit du temps à se remettre du décès du père qui les avait couvé d'amour et avait toujours trouvé le mot pour les faire rire. Mais c'était sans compter sur l'incroyable force de leur mère qui, même brisée par le désespoir de la perte du seul homme qu'elle n'avait jamais aimé, avait sut montrer à ses enfants que la vie ne s'arrêtait pas là et que dans toute mauvaise chose il fallait en faire sortir du positif.


Samara était une jeune fille brillante qui s'était démarquée de ses camarades de classe depuis le plus jeune âge. Ses parents avaient un peu du mal à comprendre d'où leur petite fille tenait cette qualité qu'eux mêmes ne soupçonnaient pas chez eux. Cela causait une incompréhension chez presque qu'aussi forte que leur fierté. Au collège, les professeurs de la jeune Coleman voulurent lui faire sauter une classe mais ses parents refusèrent quand elle leur confia sa peur de passer pour un OVNI. Au lycée, ses résultats étaient toujours aussi excellents et elle se découvrit une passion pour le volley qui lui apportait encore davantage de crédibilité dans son rôle d'élève modèle. Au décès de son père, Samara tomba dans un profond chagrin qui inquiéta beaucoup sa mère qui ne voulait pas que cet évènement brise ses chances d'être acceptée dans l'université de son choix. Lorsqu'elle arriva à convaincre sa fille qu'il fallait faire de cet évènement une force, Samara se plongea dans l'écriture d'un essai qui bouleversa les bureaux d'admission des plus grandes universités et lui valut de perdre un tympan quand sa mère ouvrit la lettre d'admission de Harvard. Le décès de son père fit naitre en elle le besoin de soigner des gens et son ambition de devenir un grand médecin. En septembre 2009, elle rejoint donc l'université de ses rêves et posa ses cartons à la Dunster House.


Un jeudi soir, alors qu'elle buvait un verre avec une amie dans un bar, son regard a croisé celui d'un beau brun qui semblait légèrement éméché. Samara n'était pas du genre fleur bleu ; aucun homme n'avait fait chaviré son coeur jusque là, et si elle s'entendait bien avec eux en général, elle ne leur accordait rarement plus d'attention que le temps d'une soirée. Décidée à s'amuser, elle aborda le jeune homme avec qui elle passa toute la soirée à rire et à boire. Fortement attirés l'un par l'autre, ils finirent leur soirée dans la chambre de confrérie du Mather et comme à son habitude, Samara s'était sauvée à pas de loup à l'aube. Le destin ne semblait pas vouloir les unir plus longtemps, et pourtant..

3 semaines plus tard, alors que Samara suivait un cours en amphi, elle fut prise d'une vague de nausée ncontrôlable. Elle quitta la salle de cours à grande foulée et rentra chez elle, pensant couver quelque chose. Cependant, ces nausées n'apparaissaient que le matin et revenaient de manière récurrente tous les jours. Au bout d'1 semaine passée la tête sur la cuvette des toilettes, Samara se décida sur les conseils d'une amie de faire un test de grossesse.

Elle se souvenait encore parfaitement de ce moment où elle avait porté son regard sur le test et avait aperçut le petit plus bleu qui était apparut. Elle s'était alors effondrée en larmes dans les bras de son amie, ne sachant comment elle pouvait bien gérer la situation. Elle n'avait passé qu'une nuit avec le père, elle ne connaissait que son prénom, et bien qu'elle aimait sa famille de tout son coeur, elle n'avait aucune envie de reproduire le schéma familial. Ce dont elle rêvait, c'était d'une grande carrière dans la médecine, pas d'être mère au foyer à 21 ans.

2 mois plus tard, elle avait toqué à la porte de la Mather House en pleine nuit. Elle ne pouvait plus garder ce secret pour elle, elle avait besoin d'en parler avec le père de l'enfant, de savoir ce qu'il comptait faire face à la situation. Il avait ouvert la porte et la surprise s'était dessinée sur son visage. Ils avaient alors parlé longuement, et bien que la nouvelle n'enchante guère le futur père, celui-ci avait fait la promesse d'assumer ses responsabilités du début à la fin et avait sut trouver les mots pour rassurer la jeune femme enceinte. Une amitié sincère se lia entre les 2 jeunes parents qui se donnaient rendez-vous pour les échographies et les achats en tout genre dans les magasins de puériculture. Mais malgré tous les efforts de Jude pour mettre Samara en confiance avec son avenir de mère, celle-ci cachait un profond mal être à l'idée de reproduire le schéma familial en ayant un enfant si jeune. Elle qui rêvait faire une brillante carrière ressentait une réelle appréhension à l'idée de perdre toute son ambition pour s'occuper de son bébé. Cependant, elle essayait de se convaincre elle-même qu'elle trouverait un moyen de s'organiser, que ce n'était pas une condamnation que d'avoir un enfant.

Elle n'avait personne pour se confier. Totalement terrifiée à l'idée de devenir mère, elle n'en avait parlé ni à sa mère, ni à ses frères et soeurs. Ils ignoraient tout de sa grossesse et elle qui ne leur avait jamais mentit se sentait comme la pire personne à l'idée de leur cacher quelque chose d'aussi gros. Seuls ses amis sur le campus et Jude lui apportaient un peu de réconfort.

Fin août 2012, elle accoucha d'un petit garçon que Jude et elle nommèrent d'un commun accord Aaron. Lorsqu'elle le porta pour la première fois sur son ventre et qu'elle put contempler les traits de son visage, son coeur se brisa car elle savait. Elle savait qu'elle n'était pas prête pour s'occuper de cet enfant, et cela lui donna le sentiment d'être la pire mère de la Terre. Comment pouvait elle remplir son rôle auprès de cet enfant alors qu'elle-même s'en sentait incapable.


Alors elle s'était enfuie, de la manière la plus lâche qu'il soit. Un bébé déposé sur la paillasson d'un maison, une lettre écrite à la volée et voilà qu'elle avait sauté dans le premier avion pour fuir à l'autre bout du pays. Elle avait demandé son transfert à San Francisco où elle passa 4 ans coupée de son passé, dans le déni de son statut de mère.


Et un jour, mêlée au reste du courrier, était apparue une enveloppe pas comme les autres. Elle avait immédiatement intrigué Samara qui l'avait ouvert en prenant son petit-déjeuner. Les mots "abandon des droits de mère" avaient eu l'effet d'un coup de fouet sur son corps, comme un rappel du fait qu'elle était bien la maman d'un petit garçon dans ce pays et qu'elle l'avait tout bonnement laissé tomber. Elle avait passé la journée enfermée chez elle, à se torturer l'esprit dans tous les sens. Elle devait retrouver son fils. Elle ne pouvait pas le laisser tomber pour de bon, c'était le fruit de ses entrailles, et puis tous les enfants ont besoin de leur mère non? Elle avait alors mené son enquête et avait découvert ainsi que la jeune femme voulant adopter son enfant était la compagne de Jude. Mais elle ne pouvait pas la laisser lui prendre son enfant pour de bon sans se battre pour lui avant. Elle avait alors demandé son transfert pour Harvard, prête à faire son grand retour dans la vie de son fils.