GIULIA M. SCORSESE ► Alba Galocha

Giulia est née en Toscane, dix minutes après Ezio, son frère, le 12 décembre 1991. Ils grandiront pour découvrir que la famille dans laquelle ils avaient leur place, les Scorsese, était l'une des plus influentes du monde dans le domaine artistique. On avait connu plus banal, d'autant plus que mamma et papà, sensés être les personnages principaux de cette mise en scène, délaissaient souvent leurs rôles pour vaquer à d'autres occupations. Faute d'une présence parentale suffisante, les jumeaux ont toujours veillé l'un sur l'autre, et même si un ouragan devait les séparer, rien n'ébranlera jamais, c'est une certitude, leur complicité. Ils ont grandit ensemble avec leurs cinq cousines, toutes très différentes les unes des autres, et même si la bonne entente n'était pas toujours au rendez-vous, les liens familiaux les ont toujours empêché de s'éloigner trop loin. Des tuteurs venaient leur enseigner ce que les autres enfants apprenaient à l'école, aucun d'entre eux ne se plaignant de rester à la maison toute la journée. Quand elle y repense, Giulia regrette avoir raté l'occasion de changer d'environnement, de rencontrer de nouvelles personnes, considérant son travail en peinture comme plus riche depuis ses voyages et son entrée à Harvard.
Tandis qu'en grandissant, Ezio se rapprochait de son grand-père Martin, Giulia, aux alentours de ses 11 ans, trouva grand intérêt à farfouiller dans l'atelier de sa mère, et développa vite un don pour la peinture. Dans ses tableaux, elle insérait des histoires, qu'elle avait lues, entendues, ou imaginées. À défaut d'être là à ses côtés, sa mère autorisait tout de même ces visites et prenait des nouvelles de sa fille et de ses travaux. Elle s'intéressait à elle, et même si Giulia avait moins souffert que son frère concernant le manque de présence parentale, ce nouveau contact avec sa mère l'aida à franchir la puberté. Giulia devenait belle, les têtes sur son passage se tournaient, et l'opportunité d'un début de carrière dans le mannequinat vint frapper à la porte de leur villa l'hiver de ses 15 ans, en 2006. Son frère Ezio était parti, et la solitude de Giulia s'étaient ressentie autour d'elle et dans sa peinture. N'y voyant que du bon pour combattre la déprime, et saisissant pour la première fois l'opportunité d'être médiatisée alors que certaines de ses cousines l'avaient eue bien plus tôt, elle enchaîna quelques photoshoots et défilés. Le départ de son frère avait accentué son côté garçon manqué qui, auparavant, avait été plus discret. Son attitude légèrement masculine, combinée à sa joie de vivre et son sourire pétillant lui prêtèrent alors une image singulière aux yeux des caméras. Son succès dura une année et un printemps, puis une pause de quatre mois entre deux projets lui permis de se recentrer sur ses études. Malgré les efforts de ses précepteurs pour lui inculquer les sciences, Giulia, qui n'avait jusqu'alors pas eu de problèmes pour atteindre les meilleurs résultats, eu de grosses difficultés à suivre, et ne conserva son excellence qu'en langues, arts et histoire. Elle abandonna complètement les sciences, les jugeant inutiles dans sa propre vie, et se prit d'intérêt pour le programme qu'Harvard proposait sur les arts visuels. Ses peintures, plus matures depuis son expérience dans le mannequinat, étaient relativement plus abstraites et représentaient, selon elle, des sensations, des sons ou des phrases.
Quand vint le moment de reprendre le mannequinat, en septembre 2008, son agent lui annonça qu'en raison de sa trop petite taille et de sa poitrine quasi inexistante, l'avenir pour elle dans ce domaine serait quasiment précaire. Plus déçue que blessée, elle décida de se donner au maximum sur la peinture et organisa une année entière de voyage, inspirée par son frère, avant de partir pour Harvard. À 18 ans, entre 2009 et 2010, elle voyagea à travers le Canada, l'Inde, les îles Maldives, le Japon, la France, le Royaume-Uni et l'Espagne, entre autres. Pendant ce temps, sa mère avec qui elle entretenait une correspondance régulière se chargeait d'introduire ses œuvres au grand public et exposa son travail dans quelques galeries réputées.
En Septembre 2010, la jeune femme, faute d'avoir grandit en taille, avait mûri spirituellement, et entra à l'Université d'Harvard qu'elle avait convoité. L'apprentissage de l'anglais lui ayant été inculqué en Toscane, l'adaptation la plus difficile fut, étonnamment, la météo. Ce vent froid et brutal qui venait chambouler une Giulia habituée à la chaleur du soleil méditerranéen. Ce souvenir des températures italiennes poussa sa curiosité vers les études latines, qu'elle choisit en sujet mineur, et sa façon de peindre se rapprocha alors plus de ce qu'elle était à ses débuts ; elle s'inspirait des sujets vu en cours et traduisait les histoires, les sentiments, les paroles et actes en images. Mis à part les cours, la jeune Italienne se mit à fréquenter pas mal de fêtes, buvant et fumant parfois un peu trop, surtout dans les premières années. La vie est une expérience à laquelle elle dit oui, parfois par sagesse, par courage, ou dans d'autres cas de figure, par inconscience.
Giulia fut ravie que son frère la rejoigne à Harvard, il y a deux ans de cela en prétendant adorablement qu'il était là pour rattraper le temps perdu. Il lui avait manqué, elle s'était sentie trahie, mais ne lui avait jamais fait la tête, non, ça aurait été beaucoup trop difficile. Alors elle l’accueillit à bras ouverts, en se demandant comment elle avait survécu sans lui, toutes ces années. Rien n'avait changé entre eux : cela ne faisait aucun doute.