MARLA WEASLEY ► sarah hyland

Il était une fois, une histoire comme les autres. Une histoire banale. Des parents aimants jusqu'à la naissance des jumelles. Non, ils ont toujours été aimants mais, disons que l'amour était, à présent, partagé. C'est parfois frustrant de passer troisième après avoir été première. Et ça n'a fait qu'empirer, au fil des années. C'est certainement de la jalousie, qui est devenu de la rancœur envers Kaya, la première née des jumelles. Trop d'attention envers elle et moins pour moi. Ce n'est pas de sa faute, je le sais. Pourtant, je l'aime, j'aime mes sœurs, il ne faut pas croire le contraire. La famille est importante pour moi. Je n'ai jamais rien dit sur ce que je ressentais, je mettais parfois de la distance, je ne faisais pas les mêmes activités, je fréquentais d'autres personnes. En parlant de mes fréquentations, c'était toujours compliqué, vis à vis de mes parents. Constamment à te surveiller, à tout savoir sur tes amis, S'ils avaient pu, ils m'auraient implanté une puce. Je n'exagère rien. Les sorties étaient très contrôlés avec couvre-feu oblige. C'est vrai, j'ai déjà désobéi et fréquenté des personnes, hors du cercle de mes parents. C'est parfois tentant de braver l'interdit. L'envie de découvrir y était pour beaucoup mais en faisant tout ça, je ne savais pas encore que je courais vers mon propre drame. Que cet événement allait tout chambouler, tout changer dans ma propre existence et que plus jamais, je ne serais la même.

C'était un soir où je devais sortir mais mes parents ont su qui étaient mes autres amis. Des personnes pas du tout fréquentable donc, ce soir là, c'était punition. Coincée dans ma chambre, à apprendre par message que mon petit ami de l'époque venait d'avoir un accident mortel. Un accident de la route. C'était fini. Avec ce message, ces quelques mots, je venais d'apprendre que la personne dont j'étais amoureuse était partie et ne reviendra jamais. Je n'ai pas réfléchi, tout de suite. Peut être que dans le fond, je ne voulais pas y croire. Après tout, ce n'était que des mots, rien de réel. Alors, je me suis couchée et j'ai attendu le lendemain matin. C'était pire. Parce que là, j'ai su que c'était réel et non un cauchemar. C'est là que j'ai commencé à péter les plombs, à en vouloir à mes parents, à moi-même, à tout le monde. Je devenais hystérique, je me sentais impuissante et seule. Peut être que j'aurai pu me retrouver au même moment, peut être que j'aurai pu l'empêcher de monter dans la voiture. Oui, tant de questions dont je n'aurai jamais les réponses. Au fil du temps, j'ai décidé de ne plus me les poser. Mais avant, j'étais dans un tel état que mes parents m'ont envoyés dans une maison de repos. Oui, ce terme est plus doux.

Pendant plusieurs mois, loin de mon entourage, de mes sœurs, j'ai essayé d'aller mieux. Avec de l'aide, beaucoup d'aide. Reprendre confiance, réapprendre à vivre. Quelques étapes, parfois difficiles mais bénéfiques, à la fin. Dès mon retour à la maison, j'ai pris un peu de temps avant de me décider à intégrer une université. J'avais le temps de choisir, j'ai même travaillé, durant ces quelques mois pour rattraper mon temps perdu. Et voilà qu'Harvard me propose une place. Pour moi, c'était le signe d'un nouveau départ. D'un réel nouveau départ. Cela m'a permis de me plonger en plein dans les études, me concentrer sur ma vie, et depuis ? Depuis, je vis mieux, même si, j'ai quelques fois des périodes sombres... Parce que je n'oublie rien.