K. Da-Shawn Banks ⊱ Trey Songz

« Da-Shawn, réveille-toi, on part dans une heure! » crie ma mère depuis le pied des escaliers. Quelques minutes plus tard, mon réveil retentit. Je me sens secoué mais enthousiaste..oui, très enthousiaste de quitter la Trinité et Tobago. Je n'en gardais pas de bons souvenirs. Ma vie ne ressemblait pas à un conte de fée et non ce n'était pas l'ambiance ineffable que l'on pensait de la vie aux Antilles. Là-bas, on était pauvre..certes, notre situation n'allait pas s'améliorer aux Etats-Unis. Notre réel motivation à ma mère et moi-même a été de laisser le passé derrière nous. Changer d'endroit, de cadre, d'environnement, tirer un trait sur ce qu'on a fait, oublier ce qu'on aimerait oublier, ne pas rester que sur des regrets. Si on restait sur nos regrets car oui nous éprouvions des regrets chacun pour des raisons différentes, on se condamnerait à mener une vie triste. Vous voulez vraiment savoir pourquoi j'ai quitté mon île natale? Je vais vous raconter.

Je ne garde pas de bons souvenirs de mon île natale. Certes, il y'avait les plages aux paysages indescriptibles, les fruits sucrés et délectables qu'on pouvait déguster en bord de plage, la musique et la chaleur de la population locale. Mais ma vie de famille avait depuis toujours été instable...Je ne sais par où commencer..Je n'ai jamais connu mon père. Il avait quitté ma mère dès la naissance et je n'ai depuis jamais essayé de le retrouver. Je nourrissais une haine évidente contre lui. Je n'ai jamais pardonné la façon dont il a abandonné ma mère mais remarquez ce n'était pas plus mal. Il vendait de la drogue et buvait tout le temps même quand ma mère était enceinte de moi. Abandonnée, ma mère était très triste et je l'ai ressenti. Pour arrondir les fins de mois, elle a du commettre un acte indigne d'elle: se prostituer. Des hommes entraient et partaient de chez moi comme un moulin. Je détestais ces hommes. Ils ne respectaient pas ma mère. Ses soeurs ne cessaient de lui dire d'arrêter ces actes malsains, elle continuait, pour notre bien. Ma mère ne s'occupait pas seulement de moi. Elle avait plusieurs bouches à nourrir dont mes demis-frères et soeurs. Il y'avait du monde à la maison, beaucoup et elle avait du mal à joindre les deux bouts. Le soir, je l'entendais pleurer seule dans sa chambre. Je me suis progressivement renfermé sur moi-même. J'étais timide, je bégayais dès que je prenais la parole. J'étais parfois violent envers mes camarades. Mes résultats étaient très médiocres, c'était le moins qu'on pouvait dire. Les choses se sont empirées dès mon adolescence.

J'étais l'aîné de la famille. J'estimais que je devais jouer un rôle paternel, prendre en quelque sorte le rôle du père. J'ai intégré un gang à l'époque. Nous vendions de la drogue mais pas seulement. On volait, on saccageait par pur amusement. On avait une sale réputation dans la ville. Mais les filles aimaient ça. Les "rude boy" comme elles nous nomment. Ce surnom me valait à ravir. Dans le groupe, il y'avait une fille sur qui tous les mecs de la bande craquait et..cette fille, il se trouve qu'elle avait couché avec chacun d'entre nous. Pour faire bref, des activités malsaines rythmaient notre quotidien. On vivait la nuit. Je savais que c'était mal mais je continuais pour me faire des sous et subvenir aux besoins de ma famille. J'en avais plus que marre de voir ma mère se saigner, se prostituer tout ça pour nous faire vivre. Je devais prendre le relais.

Ma mère a essayé de trouver le "grand amour". Ce n'était que des balivernes. Un certain Calvin. Il m'insupportait. Il n'aimait pas ma mère, ça se voyait. Il la brutalisait. Un jour, il l'a menacé de mort. J'ai alors voulu protéger ma famille et j'ai liquidé cet homme d'une balle dans la tête. Ma mère nous a ensuite poussé à nous enfuir. Le soir-même, nous avons quitté notre île natale pour rejoindre tante Antonise à Cambridge. Voilà maintenant vous savez pourquoi nous habitons à Cambridge. Pendant quelques mois, tante Antonise nous a hébergé. Je me suis ensuite trouvé deux jobs: serveur dans un restaurant et garde du corps. N'étant pas doué pour les cours, j'ai décidé de m'améliorer dans le domaine où j'étais le plus doué, le sport. Je l'étudie à Harvard depuis quatre ans maintenant. J'ai du mal à concilier les études, le travail et les activités extrascolaires mais globalement je ne m'en sors pas trop mal. D'un point de vue caractériel, je suis plus posé, je ne fréquente plus les gangs mais je continue à jouer les bad boys. On ne change pas ce qu'on est...