Deak Featherstone ◘ kate moennig

"Ma première pensée chaque jour depuis ton départ est pour toi. Je prends alors ton t-shirt avec ton odeur dessus, comme pour panser mes plaies et j'attends en regardant la porte de la chambre, comme si tu allais revenir. J'aurai toujours cette petite lueur d'espoir en moi, puisque l'amour que je te porte est éternel. Voilà surement la seule promesse que j'ai vraiment tenue. T'aimer sans faille, sans relâche..."

Introduction.
1989, chute du mur de Berlin, tu t'en fous, tu viens à peine de voir le jour et t'es pas allemand. T'es né garçon, à ta majorité tu deviens une fille, tu te fais appeler Deak. Peu de gens connaissent ton secret, juste ta famille et tes amis vraiment proches, à Orlando. Tu fais passer ton toi masculin pour mort, un accident de voiture soit-disant. T'as mis ceux au courant de ton changement de sexe dans ta petite combine puis t'es partie à Cambridge pour laisser les choses couler. T'as un facebook "fake" pour les messages de courage à ta famille, mais t'es bien en vie, pour de vrai, tu te sens enfin toi.

Chapitre 1 : Vivre sa vie malgré soi.

"Derek, viens voir !" est surement la phrase que ma mère m'a le plus souvent dit lorsqu'elle était saoule, alors que mon père était en totale léthargie, comme inerte sur le sol. Il faisait une nouvelle overdose ou un nouveau coma éthylique. T'as quatorze ou quinze ans et t'as déjà sauvé la vie de tes parents une cinquantaine de fois. Tu fais les gestes de premiers secours sur ton père, appelle le 911 et le met en position latérale de sécurité, comme d'habitude. Tu te dis que t'en as marre que toutes les semaines c'est la même chose. Un coup lui, un coup elle. Et toujours la même phrase. "Derek, viens voir !" Tu n'aimes pas qu'on t'appelle Derek et t'es déjà androgyne, tu veux qu'on t'appelle Deak, ils ne le font pas car t'es mineur et que t'as pas le droit de choisir, selon eux. T'as honte de ton corps, t'as honte de ton sexe bien que tu étais bien fourni. Tu ne veux pas être un homme et tu attendras dix-huit ans pour qu'elle te laisse faire, puisque ton père est finalement mort trois overdoses plus tard, t'as pas réussi à le sauver une fois de plus et il t'a laissé toute sa drogue à portée de main, t'as essayé et tu as pris goût, tu sais que c'est mal. Tu n'arrêtes pourtant pas.

Chapitre 2 : Pour enfin vivre bien.

Dix-huit ans, enfin la libération. Tu pars en Californie pour changer de sexe, tu deviens une femme à part entière. Tu veux pas trop de seins donc tu prends des hormones, pareil pour ta voix et ta pilosité. Ils affinent ton visage, tu as mal pendant quelques temps, mais tu sais que c'est pour la bonne cause. Tu sors de là, tu te sens bien. Tu attends quelques semaines, huit en tout, avant de pouvoir coucher avec une femme à nouveau. Pour la première fois, tu tombes amoureuse. La première fois de ta vie à dix-huit ans. Jamais avant. Cette jolie brune t'a transcendée, t'a émue, t'a aimée pour qui tu étais, pas pour ce que tu étais. Deux ans de ta vie, ou presque, puis elle t'a quittée dans les cris et les pleurs. Tu t'es énervée, t'as faillis la frapper et elle a eu peur. Tu pensais qu'elle te trompait alors qu'elle n'a pas cessé de t'aimer. Tu as bu, pleuré, fumé comme un pompier puis t'es allée voir pleins de filles, chaque soir pour t'aider à l'oublier. Tu les baisais, mais tu partais aussi sec. Elles n'était pas elle, tu t'en foutais. T'es restée amie avec elle pour la voir, la serrer dans tes bras, mais elle n'était plus à toi, il a fallut t'y faire. Ca fait presque trois ans que tu vis ta vie comme tu l'entends, que tu ne rends plus compte à personne, et tu le vis très bien ainsi. Tu bosses dans ton bar, tu fais chier personne, tu te bats quand on te cherche, tu te drogue moins, tu fumes et bois toujours autant. Tu vis, tu t'amuses, et peut-être qu'un jour tu aimeras à nouveau.

Chapitre 3 : Paris, mon amour.

Après l'acceptation de la fin de ma relation avec cette fameuse fille, j'ai voulu passer un moment à Paris, pour me mettre les idées en place, voir un peu comment est la France, un peu tout. Je suis restée là-bas quelques mois avant mon retour à Cambridge, et là-bas, j'ai rencontré Lou, une fille avec qui le courant était très bien passé dès le départ. De fil en aiguille, je me suis attachée à elle, puis on a décidé de partir ensemble pour Cambridge, où elle suit ses études à Harvard.