Spencer B. James-Lincoln ♫ Emily Browning

Je n’ai pas vu le jour dans une famille heureuse et unie comme la plupart d’entre vous. Mon père biologique a abandonné ma mère le jour où elle lui a avoué qu’elle était enceinte, comme un lâche. Comme sa grossesse était trop avancée, elle n’a pas pu avorter, mais n’a jamais regretté d’avoir du garder ce bébé. Même si elle n’avait que 20 ans et si elle a du arrêter ses études de médecine. Ma mère a surtout eu de la chance de pouvoir compter sur son meilleur ami, Michael, qui l’a soutenu tout le long de cette période pas forcément très facile. Bientôt, cet homme est même devenu plus qu’un ami pour elle, car j’avais à peine un an qu’ils se mariaient entourés de leurs proches, et qu’il m’adoptait le jour suivant, faisant de moi sa fille adoptive. Je sais qu’il n’est pas mon père biologique, ils m’ont rapidement raconté l’histoire de mes origines. Mais je l’ai quand même toujours appelé papa et il est pour moi le meilleur père que j’aurai pu avoir. Car je ne fais pas partie de ces enfants toujours à la recherche de leur passé, impossible de se projeter dans un futur sans avoir trouvé qui était celui qui leur avait permis d’être de ce monde.

J’ai donc grandit dans une famille un peu recomposée, mais ça ne m’a pas empêchée d’être heureuse et de m’épanouir, loin de là. J’ai peu de souvenirs de mon enfance, comme beaucoup de jeunes de mon âge. Mais je me rappellerais toujours de la première fois que j’ai vu Arwen, qui est rapidement devenue ma meilleure amie, mon double, la sœur que je n’ai jamais eue. J’avais déjà ce côté un peu garçon manqué qui me caractérise encore aujourd’hui, à préféré porter des salopettes aux jupes, et à grimper aux arbres plutôt que de coiffer mes poupées. Elle était tout mon contraire, joliment habillée et coquette. Pourtant elle m’a sourit quand je me suis assisse à côté d’elle et a tout de suite engagé la conversation avec moi, alors que les autres petites filles me regardaient de travers. En grandissant, nous ne nous sommes plus quittées, je savais tout d’elle et elle savait tout de moi. Elle me prétait des robes et m'aidait à me maquiller pour les soirées. Je la protégeais autant que je pouvais du monde extérieur. Nous n'avons eu qu'une période où nous nous sommes éloignées en fait, pendant nos années lycée. Arwen s'était laissée tenter par la drogue et devenait de plus en plus accro. Je continuais à veiller sur elle, mais de loi, ne voulant pas m'approcher des mauvaises choses, mais je ne me sentais pas fière de moi, car je voyais qu'elle n'était pas bien. Quand elle a décidé de s'en sortir, de redevenir elle-même, j'ai été la première à la prendre dans mes bras et à la soutenir, à l'encourager à rester forte pour ne pas sombrer à nouveau. Tout est redevenu comme avant entre nous. Nous avions triomphé de cette épreuve. Actuellement, nous sommes toujours aussi inséparables, étudiantes dans la même université et colocataires depuis cinq ans.

J'avais vingt ans lorsqu'elle m'a aidé à surmonter ma propre épreuve. J'étais en couple depuis trois mois avec Samuel, et je me sentais plutôt bien avec lui, tout en sachant pertinemment qu'il se serait pas un homme avec qui je passerai le reste de mes jours. Un soir, le préservatif que nous avions utilisé avait craqué pendant l'acte, je n'ai pas paniqué, après tout, je prenais la pilule depuis que j'avais dix-sept ans. Sauf que 15 jours plus tard, mes règles n'arrivèrent pas le jour prévu. Cinq jours plus tard, j'ai entraîné Arwen avec moi dans une pharmacie pour acheter un test de grossesse. Elle est aussi restée de l'autre côté de la porte pendant que j'urinais sur la petite bandelette, et c'est elle qui a lu les résultats à haute voix quand ils sont apparus. Enceinte, j'étais enceinte. Tout comme ma mère à mon âge. Sauf que je ne me voyais pas avec un enfant dans les bras, tout en continuant mes études que je refusais d'arrêter. Ce fut Arwen qui appella pour prendre le rendez-vous au planning familial, et qui me tient la main jusqu'à que mon tour arriva de passer en salle d'examen. Une demi-heure plus tard, je n'avais plus rien dans le ventre. Mais Sam ne savait toujours rien. Et ne répondait pas au téléphone. Après cinq appels en absence, je décidais de passer dans sa chambre de confrérie, son portable traînait surement par terre, sous un tas de vêtements. Devant les Mathers, il y avait deux voitures de police. Lorsque je me suis approchée, un garçon m'a désignée et l'une des policière s'est approchée de moi. Il y avait eu un gros accident dans les rues de Cambridge, un camion qui avait dérapé en voulant freiner et qui s'était renversé sur deux voitures stationnées sur le bas-côté. Sur la sienne. Il était mort sur le coup. Sans savoir que j'avais été enceinte sept jours. Qu'il avait été papa pendant sept jours. Sans savoir que j'avais avorté. Je suis rentrée dans la chambre que je partageais avec Arwen en courant, les yeux plein de larmes. C'est grâce à elle que j'ai eu la force de me relever le lendemain matin et de retourner en cours malgré les regards compatissants posés sur moi. Et puis avec le temps, la douleur s'est effacée.

En fait, mon style vestimentaire va plutôt bien avec mes études, et ma passion pour la musique. Mais attention, pas n’importe qu’elle musique. Ne me parlez pas de Rihanna, Madonna ou autres Lady Gaga, car j’aime le rock, le vrai rock, celui des Stones et des Beattles. Et d’ACDC. Et je ne suis pas contre un peu de métal actuel pour varier un peu les plaisirs. D’où me vient une passion pareille alors que je suis une fille toute frêle ? de mon (beau)-père. Lorsqu’il était jeune, il vouait un culte aux même groupes, faisant des centaines de kilomètres pour les voir en concert, une bonne partie de son maigre salaire d’étudiant y passait. Depuis que je suis toute petite, je l’entends écouter leurs meilleurs morceaux, parfois en version live, parfois en version studio. Un petit piano droit traîne dans le grenier de mes grands-parents maternels. Une fois, je suis grimpée tout en haut, je suis montée sur le tabouret attaché à l’instrument, et j’ai fait glisser mes doigts sur les touches noires et blanches, sans aucune notion de solfège, pour tester la sonorité des notes, et quelques minutes plus tard, je jouais les première notes du Nirvana que j’avais entendu dans la voiture. Lorsque mon mère a entendu les notes, et m’a vue assisse au piano, il n’en croyait pas ses yeux. Rapidement, mes parents m’ont inscrite à des cours de musique. Si apprendre le solfège était essentiel pour mieux comprendre la musique, je me suis rapidement ennuyée pendant ces cours. Et j’ai demandé à ne plus y aller. A la place, j’achetais des livres de méthodes, et j’apprenais les bases toute seule. Je m’entrainais sur le piano de ma grand-mère, plus tard sur la guitare que mon père m’a offerte pour mes 10 ans, et sur les batteries ou basses de mes petits amis musiciens. Lorsque j’ai du choisi ce que je voulais étudier à l’université, je n’ai pas hésité trois secondes avant de cocher la case musique.