Evangeline Rosenstein ► Florrie Arnold

- "Maman ! Evangeline c'est moche : je veux m'appeler Bambi."

J'avais approximativement 5 ans la première fois que j'ai vu le dessin animé de Disney, et ce fut une révélation. Personne ne m'appelait jamais Evangeline, préférant raccourcir mon prénom en "Eve" ou "Eva", mais aucun de ces nom n'était le mien. Alors pourquoi ne pas m'appeler Bambi ? Ce n'était pas plus mon prénom que "Eve" ou "Eva", mais si je le choisissait, il pouvait m'appartenir, n'est ce pas ? J'étais une petite fille on ne peut plus bornée, et pendant des semaines, des mois, je fis la sourde oreille lorsqu'on ne m'appelait pas Bambi. C'est petit à petit devenu une habitude. Ce surnom aurait pu disparaitre en grandissant mais il m'est resté, devenant le nom sous lequel tout le monde me connait. Evangeline reste celui que j'utilise pour tout ce qui est administratif, mais aucun étudiant ici ne me connait autrement que sous mon surnom. Ils seraient d'ailleurs bien incapables de dire qui est Evangeline, alors que ce ne serait en rien un problème de présenter Bambi.

- "Un jour, je serais le monsieur qui crie dans la télé."

C'est fou ce que l'on peut dire quand on est une petite fille de 7 ans. Le "Monsieur de la télé" en question était le journaliste sportif qui commentait les matches de football, soccer ou encore baseball. Cette phrase allait devenir mon crédo, ma ligne à suivre, mon objectif. Je me voyais déjà à la régie, affublée d'un caque ridicule et d'un micro, débitant dix phrases à la seconde, vibrant au rythme du jeu, tremblant avec les supporters. Pourtant, je n'avais jamais évoqué cette idée avant, je voulait être pompier, Totally Spies, Tortue Ninja ou alors Power Ranger. Vous pouvez aisément imaginer à quel point je fus prise au sérieuse en annonçant que je voulais être journaliste sportif. Mais l'idée est restée, prenant plus de place d'années en années dans ma tête et ma famille s'est faite à l'idée que je ne ferais jamais un boulot de fille. Je me suis toujours dis que grandir avec trois frères ainés avait largement contribué à développer en moi cet amour du sport et de la compétition. Mes amies étaient rares, elles ne comprenaient pas ce qui m'intéressait dans tout cela, et c'est auprès de la gente masculine que j'ai trouvé ma place à l'adolescence. Je n'ai pas été une petite fille sage qui aimait le shopping et les soirées film romantico-pathétiques. Je préférais de loin sortir faire du skate, me poser dans un parc avec un paquet de cigarette, quelques bouteilles et des amis à l'humour lourd à souhait. Sans en faire voir de toutes les couleurs à mes parents, j'ai fais mon lot de bêtises pendant cette période, rien de particulièrement sérieux, mais assez pour me forger des souvenirs intarissables de l'adolescence. Et puis il a fallut choisir une fac. Et j'ai suivit le chemin de mes frères, sans vraiment me poser de questions. Harvard est l'une des meilleur fac du pays et elle se trouve à l'opposé de Seattle aux USA, la solution parfaite pour prendre un peu d'indépendance. Et depuis presque deux ans, ma vie oscille entre cours de journalisme, joggings, soirées télé devant le sport et fêtes de folie avec les Mather.

- "Moi j'aime pas mes frères, moi j'aime que moi !" (avis aux amateurs qui reconnaitrons que ma culture télévisuelle est hautement développée (a))

Être la seule fille d'une fratrie de quatre pendant 14 ans ? Je l'ai plutôt bien vécu. J'ai été chouchoutée par ma maman et martyrisée par mes frères, comme tout bonne petite sœur qui se respecte. J'ai ris avec eux, j'ai joué avec eux, j'ai eu envie de les frapper des centaines de milliers de fois mais finalement, ce sont mes frères, et je sais pas ce que je ferais sans eux ... L'aîné est sans aucun doutes celui dont j'ai été la moins proche. Nous avions bien trop de différence d'âge et il est rapidement parti faire ses études avant de quitter le pays pour l'Égypte. Aujourd'hui, il connait certainement beaucoup mieux Ramsès II que moi. Il nous rend visite une fois par an, pour Thanksgiving, mais c'est peu pour nouer de vrais liens avec lui. Le second est étudiant ici depuis un peu plus longtemps que moi. Il est celui avec qui j'ai le plus rit, qui m'a le plus taquinée en cherchant les embrouilles à longueur de temps mais c'est bien souvent vers lui que je me suis tournée en cas de problème... J'ai une petite soeur d'à peine 8 ans, que j'aime apr dessus tout mais que je ne peux malheureusement pas voir aussi souvent que je le voudrais. Et puis il y a Klemens. Nous avons des caractères complétements différents et on ne pourrait qualifier notre relation de fusionnelle. Mais malgré tout, nous sommes en bons termes et je sais pertinemment que je peux compter sur lui. Nous sommes dans la même fac et amenés à nous voir plus souvent, ce que j'espere de tout cœur. Car oui, derrière la dingue de football, la fille qui hurle devant sa télé, avec un caractère bien trempé parfois, se cache une vraie fille, avec des envies de fille, des idées de fille, des sentiments de filles. Je suis comme un ourson en guimauve : Il y a le chocolat dur au dessus, la carapace de garçon manqué et puis la guimauve à l'intérieur, la fille qui tombe en transe devant un chaton et qui rêve de passer une nuit avec Brad Pitt et/ou ( ) Christan Bale. D'ailleurs, côté cœur, ça n'a pas toujours été simple. J'étais souvent plus considérée comme la super pote, plus que comme la potentielle petite amie. Alors j'ai eu quelques copains, comme ça, de temps en temps sur des durées lus ou moins longues, et ici, avec l'ambiance des fêtes chez les Mather, bien souvent je ne me rappelle plus de celui avec qui j'ai terminé la nuit. Who cares ? Je cherche pas l'exclusivité.