INGabrielle, mon amour. Je m'en voulais tellement de lui avoir infligé les demi-sommeils sur le fauteuil instable de l'hopital, l'appréhension, la peine. Elle avait été là tout du long, il a fallut que j'insiste plus d'une fois pour qu'elle ose sortir de ma chambre, aller se changer, prendre l'air, me lâcher un peu. C'était douloureux dans le sens où j'imaginais aisément ce qu'aurait pu me faire la situation en sens inversée. Gabrielle entre la vie et la mort ... j'crois que je serais allé tuer la mort moi-même. J'étais sur mon lit à contempler le mur, mesurant à quel point on pouvait souffrir d'ennui, quand la plus belle apparut derrière la porte qui semblait s'envoler. Aller récupérer des affaires ? D'accord. J'appréhende un peu, ma dernière sortie n'avait pas été des plus sympathiques : les fusils de paintball pointés sur nous par les Mather, le trauma, la crise d'angoisse ... J'ai l'impression qu'une force surnaturelle essaye de me montrer à quel point je suis mieux dans ma bulle, loin, très loin de la réalité. Mais voilà, je n'ai jamais résisté longtemps à Gabrielle et il est vrai que l'air asceptisé me donne une nausée continuelle depuis que j'me suis réveillé. A l'Eliot House, on s'endort. On s'endort, je ne sais pas trop comment. J'crois que c'est la première fois depuis longtemps que j'dors aussi bien, tout mon corps enlacé au sien, comme si enfin, il nous était possible de nous reposer. Et y a ce bruit sourd qui cogne dans mes rêves, il est étrange, il parait si réel. Mes yeux peinent à s'ouvrir, finissent par se laisser faire quand je sens la main de Gabrielle me tirer. Je regarde autour de moi, un peu perdu et ... Putain, mais c'est une blague ! De la fumée, des cris, et ce bruit horrible d'alarme. J'vais pêter les plombs, la panique me gagne sans que je ne puisse la contrôler et pour ne pas en faire pâtir Gabrielle, je me fige instantanément. J'tourne un visage effrayé vers elle : "
Ga ... Gabrielle ...". Je me lève péniblement avant d'attraper la béquille qui me sert à me déplacer depuis que je n'utilise plus de fauteuil roulant. Je regarde la fumée sous la porte pendant quelques secondes sans pouvoir bougé, complètement ... tétanisé. Enfin, je réussis à parler avec un calme déconcertant étant donné le livide de mon faciès : "
Passe moi tes serviettes et de l'eau, on va bloquer le passage sous la porte". Je panique sans paniquer, c'est ultra troublant, je sens que j'vais péter les plombs comme un ordinateur saturé. Je tourne le visage vers Gabrielle, toujours cette même posture de fantôme effrayant : "
Mon coeur .... Des serviettes et de l'eau", avec ce sourire putain de faux, comme si mon esprit essayait de prendre l'ironie du sort comme un jeu.
@Gabrielle.L Ferguson