CHARLIE HESTON ▶ Martha Hunt

Elles étaient belles, aussi belles que nous l’étions à l’époque. Stacy et moi avions toujours été très proches l’une de l’autre. J’étais sa grande sœur et elle était ma petite sœur. Mon regard s’était attardé sur ces deux petites filles. Leur mère était assise sur les nombreuses chaises d’attente qui ornaient le couloir. Elle était silencieuse. Son regard se perdait dans le vide tandis que les deux petites filles se réconfortaient sur le siège d’à côté. On pouvait lire de la peur et de la tristesse dans leur regard, cette même peur que j’avais ressenti des années auparavant quand nous étions à la place de ces petites filles. La scène était identique à celle de mon passé. Ma mère sur cette chaise ne répondant à aucune de mes questions. Stacy a mis côté comprenant parfaitement que notre père était partie. Ce souvenir hantait et hantent toujours mes nuits. Elle était restée là silencieuse devant notre détresse. Je me mis à aspirer avant d’être brutalement coupé par le bruit d’une porte. Une personne en chemise blanche se posta devant moi et attira mon attention. « Charli... la visite d’aujourd’hui devra être courte. Stacy n’est pas aux meilleures de sa forme et elle a besoin de se reposer.» dit-elle délicatement. Tores avaient cette facilité à avoir de l'empathie. Depuis plus d’un an, Tores s’occupait de Stacy. Elle la suivait depuis le début. Un délicat sourire forcé s’afficha sur mes lèvres relevant enfin mon regard vers le docteur. Venir ici, me rappelait tous les jours que je vivais pas dans un cauchemar. La réalité était bien là, à l’entrée de cette putain de chambre d’hôpital. Stacy était allongée là depuis plus d’un an. Sa maladie la rongeait et ce traitement bien qu'excessivement cher ne la soignait pas. Ils l’empêchaient juste de se propager. « aucun problème... je devais venir aujourd’hui.» Mon regard se reporta sur ces petites filles et à cet instant précis j’étais en train de prier pour ne plus jamais revivre cette situation. « Je sais bien Charlie.» Tores étaient devenue une amie, une personne avec qui jamais discuter. Elle connaissait la situation de Stacy et c’était toujours agréable de pouvoir parler pleinement des craintes qui planaient au-dessus de ma tête. Cette maladie restait dans cette pièce. L’état de santé de ma soeur était un sujet que je refusais d’aborder en dehors de cet hôpital. Personne n’était au courant et c’était bien mieux comme ça. Je me redressais et finis par rentrer. Elle était allongée, les yeux fermés et le masque à oxygène qui recouvrait son visage. Ma gorge se noua à cette simple vision. Aujourd’hui, Stacy n’était pas bien. Des grimaces pouvaient se lire sur son visage et subitement je fis : « Vous lui avez donné quelque chose ? elle souffre !» dis-je en m’approchant vers Stacy. Mes mains s’entremêlaient à celle de ma petite soeur et mon regard s’arrêta sur ce visage que j’aimai temps. « Salut ma chérie...» dis-je délicatement en passant une de mes mains sur le haut de son visage. « Bon anniversaire Stacy...» dis-je en affichant un petit sourire. Elle ouvrit délicatement les yeux et un fin sourire se dessina sur ces lèvres sous le masque. Ses yeux me fixaient. Aujourd’hui, elle ne pouvait pas parler mais ses yeux me suppliaient de mettre fin à ce calvaire. Et comme toujours, j’ai ignoré son appel au secours refusant de baisser les bras !

L’incomprehension se lisait sur mon visage. Mon regard se détacha du sien. J’avais besoin de quitter cette pièce, de fuir son regard. Il ne voulait plus de moi. Les choses étaient aussi simples que cela. Il ne m’aimait plus. Jeremy Stevenson ne m’aimait plus. Son amour s’était dissipé au fur et à mesure de mon changement. La maladie de Stacy avait pris une place beaucoup trop grande dans mon quotidien et son amour s’était dissipée. Soudainement, les nerfs me montaient aux joues et mon regard se releva pour le fusiller quand il me fit « j'ai couché avec une autre » je m’étais approché de lui l’obligeant à reculer. L'hôpital n'était alors qu'une excuse, une pauvre excuse qu'il avait trouvée pour camoufler la véritable raison de son abandon « Tu t’es tapé une autre ?» dis-je comme pour le défier de le redire. Jeremy me regarda et hocha la tête sans prononcer le moindre mot. Un silence s’installa tandis que j’étais en train d’apprendre à la haïr. « Tu n’étais jamais là Charlie...» et sans que je ne le laisse terminé. Je me mis à crier retournant tous les visages curieux vers nous. « VA TE FAIRE FOUTRE JEREMY !» Son regard venait de s’assombrir. Je m’approchais de lui avant de jeter le contenu de mon verre sur lui. « J’ETAIS A L’HOPITAL ! JE N’ÉTAIE PAS EN TRAIN DE ME TAPER QUELQU’UN» je n’arrivais plus à me contrôler. Comment avais-je pu aimer un pauvre connard comme Jeremy Stevenson, capitaine de football ? Mes yeux se plissaient et ma mâchoire se resserra. « Enfoiré !» dis-je avant de partir de cette soirée. J’avais ruiné deux ans d’amour pour un mec qui au final ne comprenait absolument pas ma situation. Je m’étais échappée par le jardin évitant les regards indiscrets. L’air était froid et ma colère semblait se dissiper à mesure que je marchais. Les rues étaient silencieuses. Trop silencieuse peut être mais j’avais besoin de décompresser. Subitement une voiture s’arrêta à ma hauteur. Mon visage se tourna tout en continuant de marcher. « On travaille ce soir ?» mon regard se fronça et je finis par soupirer longuement avant de lui dire : « va te faire foutre !» l’inconnu se mit à rire face à mon insolence. Je me mis à le regarder de nouveau ne comprenant pas pourquoi il rigolait. « 600 dollars pour passer la nuit avec moi ?! Je te les donne tout de suite.» Je fronçais les sourcils continuant de marcher. 600 dollars ? 600 dollars pour coucher avec lui. Était-il aussi désespérer que sa ? Il s’arrêta alors et sortie de la voiture pour se placer devant moi. Mon regard se releva avant de m’arrêter devant lui. « 600 dollars ?» Il tendit l’argent devant moi et mon regard vrilla. Le mec était sérieux. Cette somme était le pris d’un putain de traitement pour Stacy, le genre d’argent que je ne pouvais pas me faire en une nuit mais en un mois. Je le fixais et sans apporter la moindre réponse, je lui pris le fric des mains et fis demi-tour pour monter dans sa voiture. De simple étudiante, je suis devenue la prostitué de luxe.

Quatre mois, que les choses n’avaient pas changé ou évoluer. Stacy restait cette même petite fille prisonnière de ce lit d’hôpital à Boston. Je suis partie de Toronto pour rejoindre ma petite soeur. Je suis arrivée un peu avant avant les grandes vacances. Encore inconnu à Harvard. J’ai repris mes études débuts septembre dans la prestigieuse université d’Harvard. Mes journées étaient bien remplies. Les études me prenaient le temps qu’il me fallait et mon travail me permettait de subvenir aux besoins de ma soeur. L’argent était devenu mon principal problème. Mes économies s’étaient envolé, les économies de ma mère également. La seule chose qui me permettait de ne pas couler, c’était ce boulot. Coucher avec des hommes pour obtenir l’argent nécessaire pour payer le traitement de Stacy et pour payer mes études. Je me suis enfermée dans ce cercle infernal essayant de ne pas changer mes habitudes ou mon quotidien. Assise dans le bar du plus grand hôtel de la ville, un cocktail à la main. Personne ne me soupçonnait de quelque chose. Mon physique se contentait t’attiser les regards leur faisant oublier que ma présence ici était suspecte. Une main se déposa dans le creux de mon dos. Une voix légèrement susurra à mes oreilles. « Bonsoir Charlie» je me retournais pour apercevoir John Castellan. Un de mes plus fidèle client, si je ne m'abuse. Riche entrepreneur, il était de loin le plus généreux de la bande. Ses exploits n’étaient certes pas remarquables mais je devais avouer qu’il m’enlevait à chaque entrevu une épine du pied. J’avais besoin de son argent et il avait besoin de mes services. C’était une illusion dans laquelle je me renfermais. J’affichais un sourire de sympathie avant d’apporter mon verre à mes lèvres prête à monter dans la chambre avec lui. « Charlie... non pas ce soir.» mon regard se fronça et je me mis à regarder autour de moi voyant déjà avec les menottes aux poignets. « Comment ça ?» dis-je en me redressant et en arborant un air tout à fait normal. « J’aimerais vous proposer un boulot permanent... J’ai besoin d’une compagne et j’ai cru comprendre que votre bail se terminait à la fin du moi. Vous n’avez nul part ou aller, vous avez besoin d’argent et votre salaire sera bien plus élevé. Vous aurez une chambre dans notre appartement. Vous serez libre de faire ce que vous voulez à défaut bien sur de répondre à mes attentes quand j’en aurais besoin.» mes sourcils se froncèrent. Pute de luxe au quotidien. Cette idée ne m’attirait pas. John avait beau être riche et plein de ressources je n’en restais pas moins attacher à ma liberté. « 4000 dollars par mois.» mes sourcils se froncèrent et mon visage se tourna aussitôt vers lui avant de lui dire en chuchotant. « PARDON ?» 4000 dollars ? était-il réellement sérieux ? il afficha un maigre sourire coincé et c’est sans grande hésitation que je me mis à hocher la tête. Prise au piège... je venais de mettre aux enchères ma putain de liberté.