C'est plus facile de dessiner que de le dire... {Cole}

 J’affichais une moue vexée à ses mots, et lorsqu’elle écorcha mon nom de famille, ce rictus s’aggrava : « Je crois que tu avais moins de problèmes de prononciation lorsqu’il s’agissait de crier mon nom ce fameux soir… » répliquai-je donc, avec un air pincé. Je lui aurais bien prouvé moi, que j’étais en mesure de la faire craquer à nouveau, et je lui aurais fait crier mon prénom dans ce placard en moins de deux… A une autre époque, dans une autre vie. Si je n’avais pas Kyla dans la peau. On ne me changerait pas, Kyla ne me changerait pas : je restais le même bon vieux Cole, séducteur et charmeur. Et au fond de moi, il n’y avait qu’à ma petite amie que j’aspirais à plaire réellement, et je savais que pour se faire, il fallait que je renonce à séduire les autres. Là en l’occurrence, plaire à Kyla c’était déplaire à Malicia, c’était la laisser me casser et me faire descendre de mon piédestal. Qu’importe, Kyla m’y ferait remonter bien vite. Alors j’entrainais donc sagement la demoiselle hors de ce placard. Et contre toute attente, je me pris au jeu de la discussion sympathique, la questionnant sur son été. Ce n’était pas notre joute verbale dans ce placard, ce n’était pas notre nuit passionnée plusieurs mois auparavant, ce n’était rien de cela qui me poussait à cette conversation, c’était juste que Malicia, de par son caractère, son charisme et sa répartie, elle avait su gagner mon respect. Elle m’avait sauvé des dangers du métro bostonien, ça liait à jamais ce genre de choses, pire encore qu’une partie de jambes en l’air je vous l’assure. Je fus navré pour elle d’entendre que son été avait été aussi mauvais que le mien, et je fus surpris de constater la concordance de timing et de localisation de nos deux emplois du temps. « J’étais en Angleterre aussi en Août. J’ai passé juillet à Cap Breton et ensuite je suis parti naviguer en mer anglaise. T’aurais du me le dire que t’y étais, je t’aurais prise avec moi à bord… » lançai-je alors, l’imaginant bien en moussaillon, avec son côté aventurière en effet. « Sans mauvais jeu de mot, hein… » précisai-je quant à ma phrase précédente. « Et le neveu ça va ? » Finalement le SC c’était un peu la poisse en fait, on repassera. « Le summer camp c’est surfait. Ils en font tout un foin mais y’avait aucun standing dans leurs piaules là bas. L’été prochain je m’organise mon propre voyage. » Un jet privé. Ma Kyla. Les caraïbes…   

« J’étais en Angleterre aussi en Août. » «  C’est vrai ? » dit-elle surprise qu’ils se soient retrouvé dans le même pays sans le savoir. « J’ai passé juillet à Cap Breton et ensuite je suis parti naviguer en mer anglaise. T’aurais du me le dire que t’y étais, je t’aurais prise avec moi à bord… » «  J’aurais adoré » répondit-elle du tact au tact. Non pas parce qu’il s’agissait de Cole, ce n’était pas se retrouvait seule avec lui qui l’intéressé,  mais réellement la promenade en bateau, elle qui avait toujours soif d’aventure. Se retrouvait à naviguer sur les eaux loin de tout. Le rêve… « Sans mauvais jeu de mot, hein… » Elle mit une demi seconde à comprendre qu’il soulignait son » je t’aurais prise » qu’on aurait pût prendre pour un sous-entendu sexuel, bien que ce ne fût pas son cas. Un sourire, elle retrouvait bien le jeune homme qu’elle avait côtoyait pendant plusieurs heure au mois de juin. D’abord dans le métro, ensuite le long de la route et dans un camion de fermier et pour finir dans les locaux de la Eliot House. «  Bien évidemment » dit-elle avec malice, rangeant un peu ses griffes, puisque la conversation semblait prendre une tournure amicale. Ce genre de réplique semblait pleinement faire partit du jeune homme et elle n’avait pas l’envi de le faire changer. Malicia n’était pas une prude qui se vexer à pour si peu. Elle avait pour habitude, avec ses airs de petit garçon manqué de rester avec les gars, alors elle était habitué en quelque sorte. «  Ton propre voyage ? Les Eliots sont décidemment très chanceux » dit-elle avec une certaine envie. Malicia ne partait jamais si ce n’était pour les voyages organisés des confréries. Quand elle était petite chaque été elle partait en Irlande, mais c’était avant la mort de sa grand-mère. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu de vacances digne de ce nom…

(Invité)