STELLA DI MÉDICIS ► chiara ferragni

le téléphone sonne, tu sais pas où il est. il est trop tôt. beaucoup trop tôt, ça tu le sais. tu tâtonnes un peu et finis par le trouver dans une pile de vêtements aux pieds du lit. et tu te dépêches de décrocher.

si?

habitude maternelle...
fuck, c'est ton père,
qui parle pas un mot d'américain,
pas parce qu'il peut pas,
juste parce qu'il veut pas.

il te fait déjà mal à la tête. il parle, sans arrêt. t'as du mal. c'est beaucoup trop tôt pour se faire attaquer comme ça. putain ce que t'étais bien dans les bras de Morphée. enfin de monsieur X, tu te souviens pas trop de son prénom. juste que t'étais bien dans ses bras, il y a quelques minutes. tu le laisses parler, tu places des petits si, manière. manière qu'il pense que tu l'écoutes. alors qu'en fait, non. tu l'écoutes plus du tout.

tu connais trop le refrain,
tu le connais par coeur.

il a jamais supporté ta façon de vivre. ton choix de partir faire tes études en Amérique, loin de la famille. loin de ta jumelle. avec qui il te compare depuis toujours. t'y fais plus attention avec le temps, tu réussis même à t'en foutre aujourd'hui. généralement tu le laisses parler, tu le laisses te dire son point de vue. et tu finis par couper la conversation, disant que t'es occupée. que t'as quelque chose à faire et que vous en reparlerait la prochaine fois que tu l'appellera. c'est à dire jamais.


3 mois. c'est le temps qui te sépare de la fin de tes études. avant que tu puisses vivre de ce que t'aimes, que tu puisses afin t'assumer toute seule. sans l'aide de ta famille, de ton père. c'est tout proche, enfin. au bout de sept années passées dans les murs d'Harvard, à étudier pour toujours être au top.

t'as trop hâte,
trop impatiente de vivre cette nouvelle vie.

surtout que cette année t'as pu bosser sur une idée que t'as dans la tête depuis quelques temps. la raison de ta venue aux états unis. celle pourquoi tu voulais faire du design de mode ton métier. et que dès que tu seras diplômée, tu pourras tout mettre en place et voir le résultat de toutes ces années à imaginer ce projet.


ça y est,
t'es plus à Harvard.
t'es dans ta boutique là,
la première,
à Boston,

mais sûrement pas la dernière.

t'es à quelques minutes d'un rdv super important. t'es à Vegas mais tu t'en fous. tu penses pas du tout au lieu dans lequel t'es. tu penses juste à la présentation que tu vas faire dans les minutes qui suivent. t'as juste rdv avec la première chaîne de luxe qui aimerait vendre ta collection. tu peux pas foirer ça.

t'es trop proche du but.
juste à quelques minutes de ton but.


lendemain matin, tu te réveilles. t'sais pas où, t'sais pas quelle heure il est. et putain, pourquoi t'as mal à la tête comme ça? et pourquoi t'arrives pas à te rappeler de la fin de ta soirée? tu paniques pas, t'as l'habitude après toutes ces années chez les Mathers. tu regardes juste fait autour de toi. déjà, y'a ton meilleur pote. il pionce juste à tes côtés. vous êtes dans la chambre d'hôtel. ça va.

c'est pas normal,
y'a un truc qui cloche?

y'a bien une raison à si tu te rappelles de rien.

tu te lèves en scred et t'essayes de trouver ton sac. tu galères un peu, c'est le bordel autour de vous en vrai. t'ouvres ton sac et en vérifies le contenu. déjà oklm, tu tombes sur les papiers en lien avec l'entretien. la présentation leur a plu, vous avez trouvé un accord. vous avez donc célébré ta victoire toute la nuit.

tu continues de chercher,
au cas où tu tombes sur quelque chose,
une minute, deux...
il est le bout de papier,
le truc qui cloche dans cette soirée,

tu lèves les yeux et vois ton meilleur pote qui te fixe,
en mode : qu'est ce qui se passe?

askip on est mariés.

ouais. askip on est mariés. vive Vegas.