FERYEL OSWALD ▶︎ gigi hadid

Mon regard se lève sur l’audience devant moi. Un publique qui était venu écouter son histoire, son discours. Est-ce que ses gens avides d’eux-même étaient vraiment là pour aider, ou alors ne le faisaient-il que pour avoir l’air bienveillant au près de la société? Y avait-il encore quelqu’un qui s’intéressaient vraiment pour l’avenir des plus infortunés? De ceux qui n’avaient rien? Qui se retrouvaient chasser de leur pays à cause d’une guerre civile sans fin? N’avoir plus rien, c’est quoi? Il y a tant de concepts qui ne sont jamais correctement définis. On annonce mon nom. C’est à mon tourd de parler.

Je me lève.

J’inspire profondément, avant d’avancer jusque l’avant de la scène, dans ce cercle rouge, les spots braqués sur moi. Plus de retour en arrière.

Un sourire, puis la tirade.

« Bonjour, je m’appelle Feryel Aicha Ibrahim El-Rachid Oswald. Un peu long, mais on va remercier mes parents pour cela, mais comment les remercier quand je n’ai aucuns souvenirs d’eux. Grandir dans un pays en guerre, c’est tout ce que vous pouvez imaginer. La nuit, on ne sort pas. On dort, on éteint les lumières, et plus rien. Une enfance? Inexistante. Ou alors l'amour, c’est la meilleure chose que vos parents puissent vous offrir. »

Une pause. Je reprend mon souffle.

« Puis un jour, y a des gens. Des inconnus décident de tuer vos parents car ils ne pratiquent pas leur foi de la même manière. J’ai toujours vu mes parents comme des personnes normales, respectables qui ne feraient jamais de mal à une mouche. Nous étions des personnes normales, des fermiers si je puisse dire. Pourtant, quelqu’un a décidé qu’ils devaient mourir, eux, ainsi que ma soeur jumelle et mon frère. Surement trop petite, ils m’avaient caché pour ne pas que je sois découverte. La seule survivante d’un massacre certain, tout le monde était mort.

On a finit par m’apporter dans un orphelinat près de Kaboul, la capitale, la ville dorée comme j’aimais parfois l’appeler. Cette ville est loin d’être dorée, et pourtant dans mes yeux de fille de 3 ans, c’était un tout nouveau monde, une nouvelle ville. Une ville dans la guerre. Je me souviens des sirènes, des bruits assourdissants d’un obus qui atterrit sur une maison lointaine, le tirs des fusils qui résonnent comment un écho incessant. Aujourd’hui encore, j’en rêve la nuit, de ses bruits. C’est quelqu’un qui est encré en moi, dans ma mémoire. Pourtant, cela fait plus de dix ans que je ne vis plus dans cet orphelinat.

Je suis une personne chanceuse, peut-être une des rares personnes qui a réussi à s’en sortir de mon orphelinat. Des morts? Des blessés? Des radicalisés? Surement que beaucoup d’entre eux font partis de cette dernière catégories, se sentant abandonnés par leur gouvernement, trahi par cette grande nation qui devait nous sauver. Il y a une génération entière qui se retrouve sans rien. C’est difficile d’essayer de vouloir devenir meilleur quand nous n’avons pas les facilités. On pourrait même se demander pourquoi est-ce que moi je parle pour mon peuple alors que je suis étudiante dans une Ivy League, que j’ai réussi à y avoir une bourse, d’y être entré avec des notes impeccables, et surtout que j’ai été adopté par une famille américaine.

Je vais vous dire quelque chose. Harvard, c’est un nom. Oswald est une famille. Sans eux, sans leur fils Rusty, un jeune soldat de vingt qui a sauvé ma vie, je ne serais pas là où je suis. Je serais toujours entrain de vivre une petite vie misérable à Kaboul, mariée à un homme que je n’aime pas, forcée à avoir des enfants à un bas âge. La réalité est que nous sommes encore loin, très loin des droits des femmes. J’ai eu de la chance, contrairement à beaucoup d’autres enfants. Je n’ai pas été né dans une famille aimante. Avant l’âge de dix ans, je ne savais même pas ce que c’était qu’une famille. Orpheline dans un pays pauvre, cela ne veut pas dire qu’on reçoit plus d’amour. Cela ne vaut rien. »

Je m’arrête, repensant à Rusty, lui qui m’a sauvé la vie alors qu’il aurait pu se sauver lui-même. Une petite afghane à qui la vie n’avait pas souri. Quelques mois après, il y avait cette famille qui voulait m’adopter. Une famille américaine, qui ne connaissait rien de moi, mais dont le fils m’avait sauvé la vie.

« Je crois au destin, à cette entité qui nous aide à trouver le bon chemin dans le vie. Je suis ici devant vous, car on me l’a permit. Je crois en un monde meilleur. Un monde où personne ne doit avoir peur de sortir dans la rue par peur de se faire tirer dessus pour sa couleur de peau, ou pour sa religion. La violence ne ressoud rien. Elle n’a jamais su résoudre quelque chose. Napoleon a dit que l’on pouvait tout faire avec une bayonnette sauf s’asseoir dessus. C’est impossible de stabiliser quelque chose avec la violence, avec les armes. Combien de fois avons-nous vu un pouvoir gagner par la violence? Jamais. La violence n’apporte que haine, et plus de violence. Apprendre à mettre nos différences de cotés est notre avenir. J’ai toujours cru en avenir meilleur pour mes enfants, pour mes petit-enfants, pour les personnes qui servent ce pays avec leur vie. Doit-on les abandonner, leur idéologie, leur courage, car cette personne nous aura tiré dessus en premier? Pensez-y quand vous sortirez de cette salle, de votre quotidien, de ce que vous pouvez faire pour un avenir sans violence. Offrez votre main quand quelqu’un est en aide, et ne fermez plus les yeux! 

Merci pour votre attention. »

Les applaudissements retentirent dans mes oreilles. J’avais réussi, mon premier TEDx talk. Parler de moi, de ma vie, de mon parcours, j’étais une activiste, une rebelle, celle qui voulait changer le monde.