SLOAN BUSHNELL ► Will Higginson

BRONX, ETATS-UNIS, AVRIL 2004
Assis sur la première marche des escaliers de l'immeuble, Sloan était complètement défoncé. La drogue commençait à faire effet dans son organisme, la coke le rendait euphorique et surpuissant. Accompagné de quelques copains, ils refaisaient le monde à leur façon, bavant sur des meufs dont la réputation n'était plus à faire et critiquant le système dans lequel ils évoluaient. « J'le croise, la tête de ma mère que j'le défonce. » clama-t-il haut et fort, une clope à la main. Du haut de ses quatorze ans, le jeune Bushnell avait de très mauvaises fréquentations et sombrait de plus en plus dans la délinquance. « Eh les mecs, y'a du fight. » Les jeunes se levèrent et déboulèrent dehors pour voir se qu'il se passait et se mêler d'une embrouille qui n'était pas la leur. Plusieurs gars se battaient avec des battes de baseball, deux clans opposés qui réglaient leur compte. Sans chercher à comprendre plus loin, il entra dans la bagarre, défendant ses potes qui n'étaient même pas attaqués. Sloan aimait se battre, c'était plus fort que lui, il aimait libérer son agressivité qu'il n'arrivait pas à exprimer autrement. Il était toujours le premier pour casser la gueule aux autres, se battre semblait le canaliser. « Les flics ! » hurla l'un des membres de sa bande. Les jeunes se dispersèrent tous d'un coup, subissant l'assaut des forces de l'ordre. Par pur réflexe, il jeta sa drogue dans le premier buisson venu et se mit à courir à toute vitesse. Un policier se mit à sa poursuite. Sloan sprintait comme si sa vie en dépendait, il sauta au dessus de quelques barrières pour essayer de le semer. Après dix minutes de course acharnée, il parvint à le larguer. Une fois tout seul, il vint ralentir le rythme et mit sa capuche sur la tête. Le palpitant à son maximum, il peinait à respirer. La coke avait réduit ses réflexes et la phase d'euphorie semblait laisser place à quelque chose de tout aussi dévastateur. Vingt minutes de marche plus tard, il arriva devant chez lui. Il enfonça la clé dans la serrure et ouvrit la porte en essayant d'être le plus discret possible. Sa mère et sa petite soeur dormaient à l'étage. L'horloge de l'entrée affichait trois heures du matin. « Sloan, c'est toi ? » La voix de sa mère parvint à ses oreilles, il se retourna et enleva la capuche de sa tête. « Ouais, j'suis désolé, je ... » « Tu étais où bon sang Sloan, tu m'avais dis que tu allais te coucher. Regardes dans quel état tu es, ne me dis pas que tu as été voir tes copains. Pour l'amour de Dieu, quand cela va-t-il cesser ? Tu te rends compte de tout ce que je fais pour te sortir de leur influence ? » Sloan alla jusqu'au frigo et sortit une bouteille d'eau pour rafraîchir sa gorge pâteuse. « C'est bon, lâche moi. » Vêtue d'un peignoir au dessus de son pyjama, elle suivit son fils dans la cuisine pour espérer le faire réagir. « Non ce n'est pas bon. C'est de pire en pire, la semaine dernière je suis venu te chercher au poste de police, tu n'as que 14 ans. Tu veux ruiner ta vie juste pour prouver je ne sais quoi à tes copains ? Ce ne sont pas de vrais copains Sloan, ils ont une mauvaise influence sur toi, t'es un bon gamin, tu vaut mieux que ça. Qu'aurais dit ton père s'il t'avait vu dans cet état là ? » Sloan posa lourdement sa bouteille d'eau sur la table de la cuisine, il ne supportait pas qu'on parle de son père en sa présence. « Il est pas là donc il n'a rien à dire. Pourquoi tu dis ça hein ? Tu espères que ça me fasse réagir ? T'as vraiment rien compris, fou moi la paix. » Il fit de grands gestes et monta les escaliers en oubliant d'être discret. « Attends, s'il te plait, j'essaie de t'aider. Sloan, parle moi je t'en supplies, ne te renfermes pas sur toi même. » Il ouvrit la porte de sa chambre et, sans même adresser un regard à sa mère, il la claqua derrière lui. « Bonne nuit maman. » râla-t-il à travers le bois de la porte. Il la verrouilla et partit directement dans son lit pour commencer à déprimer. Sa mère baissa la tête, démunie face au comportement de son fils. Elle se démenait pour offrir une vie potable avec ses enfants, elle aimerait juste un peu d'aide de leur part.

Sloan est venu au monde il y a vingt-cinq ans, dans un quartier défavorisé de New York, connu sous le nom du Bronx. Son père est décédé lorsqu'il n'avait que cinq ans mais c'est à ce moment que sa famille s'est soudé. Très proche d'ALYS, sa petite soeur, il l'a prit sous son aile et a remplacé la figure paternelle qui leur manquait tant. Grand frère trés protecteur, Sloan a toujours été présent pour elle. Plutôt bon à l'école, ses fréquentations à l'extérieur n'étaient pas convenable. Il s'est rapidement retrouvé dans un monde aussi impur qu'illégal. Il a fumé très jeune, s'est pris sa première cuite alors que d'autres s'amusaient aux Playmobils. Une enfance plutôt chaotique qui lui a valut un séjour de deux ans dans un pensionnat en France. Un centre pour jeune délinquant comme demeure, c'est là-bas que l'attitude de Sloan s'est dégradée. Il a fait la connaissance de mecs torturés et cinglés, il y a apprit à fabriquer sa propre mixture de weed. Deux ans inoubliables pour lui, qui marqueront à jamais son existence. Sa mère s'est ruinée pour rien. Ce fut donc un Bushnell encore plus perturbé qui rentra à New York. Durant ces deux ans, sa petite soeur s'est éloignée de lui et sa mère avait rencontré un nouvel homme, Georges. Grâce à lui, Sloan intègre donc la prestigieuse Eliot House et, de ce fait, n'a pas eu d'autres choix que de changer de comportement. Il loge dans une suite d'hôtel privée louée depuis plus de huit ans. C'est chez lui et il s'y sent bien. Il s'est calmé niveau attitude mais depuis le récent décès de sa mère, il devient plus bipolaire que jamais. Il garde en lui une colère qu'il n'arrive pas à exprimer. Georges devient de plus en plus exigent envers Sloan et le suit à la trace, ne digérant toujours pas sa dernière relation amoureuse. A lui de se montrer digne de Georges et des Eliots, chose qu'il n'a pas du tout envie de faire.