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En soit, j'avais une chance sur des milliers – voire des millions – de tomber sur mon ex dans ce salon de tatouage. Il en avait, j'en avais, mais.. je dois avouer que je ne savais plus où il allait pour se les faire. Ma vie ne pouvait pas non plus se caler selon la sienne. À Harvard, je le croisais de temps en temps, mais je passais mon chemin sans me poser plus de questions. J'avais réussi à passer au-delà du fait qu'il me manque terriblement. Les fêtes de fin d'année approchaient et mes parents m'avaient déjà demandé si je comptais les passer avec eux. Autant être franche, je ne leur avais pas dit qu'entre Austin et moi c'était terminé et encore moins la façon dont nous nous étions séparés. Je connaissais assez leur avis sur le fait que j'avais laissé une seconde chance à mon ex petit ami alors si je leur disais qu'il m'avait trompé.. Je pense que sa vie serait terminée. Si je venais à le laisser échapper, je lui proposerais de changer de pays. En tout cas, pour le moment, j'avais préféré dire à mes parents que j'y réfléchissais. J'avais l'habitude de le passer uniquement avec Austin alors être en famille, « normalement », je ne savais pas si ce serait possible. Les entendre me demander de ses nouvelles étaient déjà assez douloureux, pas besoin d'être assommée de questions durant un dîner entre nous.
Progressivement, je me détendais sous l'aiguille du tatoueur. Le fait de me plonger dans mes pensées me faisaient oublier le picotement que me procurait le transfert d'encre. Une rose sur l'omoplate. Après celui que j'ai en commun avec mon ex petit ami et le petit cœur que j'ai sur l'une de mes phalanges, j'avais longuement hésité avant de revenir. Maintenant que je m'occupais un peu plus de moi, j'avais pris mon courage à deux mains pour prendre rendez-vous. J'espérais que le résultat serait comme je l'avais imaginé. Doucement, je rouvrais les yeux que j'avais fermé pour réfléchir sans être perturbé par l'environnement qui m'entoure. Immédiatement, je tombais sur ce fameux demi-signe de l'infini qui ornait mon avant bras. Pendant un instant, j'avais songé à me le faire retiré. Après tout, c'était terminé entre nous et je doutais sincèrement qu'un jour, il se repasse quoique ce soit entre Austin et moi..
Pourtant, je n'arrivais pas à me dire que ça irait mieux sans ce symbole que je partageais avec lui. Peut-être que le jour où il le ferait, je le ferais moi aussi. Même si c'est compliqué pour moi, je voulais garder un souvenir indélébile de lui et ce tatouage en était une preuve, en plus de tous les souvenirs que je gardais en tête. Je lui en voulais toujours pour ce qu'il avait fait et ça me poursuivrait toute ma vie, sûrement. Comment refaire confiance à lui, ou même une autre personne, lorsqu'on a été trompée, bafouée, trahie déjà une fois ? Je ne saurais le dire. Peut-être faut-il du temps, simplement. Ou plus. La vie me le dira bien. En attendant, pour me vider la tête, je travaillais plus au café histoire d'avoir des économies pour les cadeaux de Noël, j'allais plus souvent à la Cabot House, je m'occupais pleinement de mes bizuts rose et.. je profitais de la vie, tout simplement. Le bruit de l'aiguille s'arrêtait enfin et je souriais en entendant le tatoueur me dire que c'était terminé pour cette fois-ci. J'hésitais encore sur les couleurs que je souhaitais utiliser, mais j'avais le temps d'y songer pendant les fêtes de Noël.
Alors qu'il me disait d'attendre le temps que l'encre sèche, je regardais un peu partout. J'aimais cet endroit. J'avais l'impression d'être dans une bulle loin de la Terre, loin d'Harvard et loin de tous mes petits tracas. J'avais pour habitude que le prochain « candidat » rentrait pendant que mon tatouage sèche. Certes, l'autre fois, je n'étais pas en sous-vêtement mais ça ne me gênait pas plus que ça. Enfin, ça ne m'aurait pas perturbé si la personne qui venait de rentrer dans la pièce était mon ex petit ami. À croire que ça n'arrive qu'à nous de se croiser trop souvent quand on ne veut plus se voir. Je retenais un soupir en faisant mine que je me fichais de sa présence. Le tatoueur nous annonçait qu'il devait passer un appel qui prendrait quinze minutes minimum et hop, il fermait la porte, nous laissant tous les deux dans la même pièce. Le destin avait vraiment quelque chose contre nous. Il nous pousse sans cesse à nous voir, mais aussi tout pour nous séparer le plus vite possible. C'était épuisant, à la longue..
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