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Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis ~
Noah & Amanda
J’avais quitté la soirée précipitamment, y laissant ma veste au vestiaire et toutes les images qui me trottaient dans l’esprit. Noah, que je croyais être mon petit-ami, enlacé dans les bras d’une rousse et comme si cela ne suffisait pas, leur bouche collée l’une à l’autre comme des sangsues. J’avais été brisée par la scène qui s’était offerte à moi publiquement et je m’étais sentie humiliée, même si je savais que personne n’était au courant de notre liaison. Néanmoins, cela m’avait fait ouvrir les yeux, j’avais compris la raison pour laquelle le jeune homme ne voulait pas que l’on se montre et cela me brisait le cœur plus que tout.
Les yeux rougis, gonflés et humides de tristesse, je marchais sur le campus, me dirigeant vers la Quincy House pour retrouver mon « chez moi » le plus rapidement possible. Il faisait froid et pourtant je n’avais rien sur le dos, juste ma robe qui recouvrait parfaitement mes jambes. Robe que j’avais choisie pour Noah spécialement, pour qu’il me trouve belle et à son goût. Malheureusement, il ne m’avait jeté aucun regard, il n’avait eu pour moi, aucun intérêt alors que de mon côté, je n’attendais qu’une seule chose : Qu’il se manifeste. C’était un bal masqué, il aurait été facile pour nous d’avoir un minimum de contact sans que l’on nous reconnaisse… Je ne comprenais tout simplement pas son comportement. Il me semblait que ce soir-là, quelque chose s’était brisé entre nous, une partie de nous n’avait pas réussi à accomplir quelque chose et peut-être que cela s’appelait : La fidélité. Et puis, il fallait que je me fasse une raison, je ne connaissais que très peu Noah, malgré nos multiples sorties, notre relation était toute neuve et toute fraîche. J’avais l’impression que tout était terminé et qu’il ne reviendrait plus. Peut-être qu’il avait agi de la sorte pour me faire comprendre que c’était la fin entre nous deux et qu’il avait trouvé mieux…
Quoi qu’il en était, j’étais complètement dévastée, déçue, triste, et tout autre adjectif pouvant démontrer le choc que ressenti.
Après avoir quitté Mairin, j’arrivais près de la Quincy House lorsque je sentis quelques gouttes tomber. Il se mit à pleuvoir. Mes larmes se confondaient parfaitement avec les particules d’eau qui dégoulinaient le long de mon visage rougis par le frottement de mes mains sur mes joues. Mon mascara formait sur mes pommettes des traces noires allant de mes paupières à mes zygomatiques. Je devais vraiment avoir l’air paumée. C’était horrible comme sensation, je me sentais totalement vide et surtout, j’avais le cœur brisé. Comment l’homme que je considérais comme celui de ma vie, avait-il pu me faire une chose pareille ? Noah, le garçon si gentil et si sincère que j’avais rencontré, comment cela avait-il pu arriver ? Peut-être que je n’avais pas fait assez attention à lui, peut-être que je n’avais pas été comme il l’avait désiré… Je m’imaginais toutes sortes d’hypothèses plus folles les unes que les autres alors que j’entrai dans mon dortoir. J’étais trempées jusqu’aux os, j’avais froid et j’étais malheureuse. Cette fin de soirée avait été extrêmement dure et je n’osais même plus parler à Noah, de peur qu’il m’annonce que c’était terminé entre nous. Inconsciemment, je laissai la porte d’entrée ouverte de quelques centimètres et me dirigeai directement vers mon lit. Je n’arrivais plus à m’arrêter de pleurer, ma respiration entrecoupée de sanglots pouvait se faire entendre et mon corps tremblait sous l’anxiété. J’avais cette impression d’avoir tout perdu, un confident, un ami, un amour, tout ce qui me faisait rester à Harvard car depuis que j’avais arrêté de travailler à l’hôtel, j’avais beaucoup de mal à payer tout ce dont j’avais besoin et je devais même demander de l’argent à mon père, ce que je détestais par-dessus tout.
Je m’affalai sur le lit, en chien de fusil resserrant mes mains près de mon corps et essuyant de temps à autres les gouttes salées dévalant mes joues. J’avais le cœur serré et l’envie que tout s’arrête. C’était certainement stupide d’être aussi mal pour un garçon et surtout, un garçon rencontré il y avait peu de temps. Mais nous avions été tellement fusionnels et liés que ce qu’il venait de se produire était pour moi la plus grande déflagration qui pouvait m’être infligée.
Une heure plus tard, mes sanglots ne semblaient pas vouloir s’arrêter, mes pensées étaient dans une anarchie totale et mon anxiété à son paroxysme. J’étais profondément touchée et triste. Je me redressai doucement, attrapant dans ma table de nuit une petite boite cylindrique verte et l’ouvrit. J’en sortis deux petits comprimés blancs que j’avalai avec l’eau d’une bouteille se trouvant près de mon lit. Je redéposai cette boîte près de moi et me remis dans ma position initiale, fermant les yeux difficilement. Une trentaine de minute plus tard, mes sanglots s’étaient arrêtés et Morphée était venu me consoler…
Quelques jours étaient passés après cet incident. Noah ne n’avait donné aucun signe de vie et cette fois, je n’étais pas prête à me tourner vers lui. Je l’avais fait lorsque j’avais été en tord le soir de la Gatsby mais cette fois-ci, il fallait qu’il me prouve qu’il tenait à moi et qu’il était un homme de parole. Pour le moment, ce conte de fée que je vivais et que je pensais vivre encore très longtemps, était clairement en train de s’évanouir, et plus le temps passait, plus je me faisais à l’idée qu’il ne reviendrait pas et qu’il avait été sans cœur de me promettre des choses qu’il n’avait pas su tenir.
Nous étions dimanche, la veille, j’avais eu une soirée plutôt déroutante. Je ne me rappelais de presque rien, il me semblait avoir fait un marathon. Le matin-même, je m’étais retrouvée allongée sur le canapé de la Quincy, totalement habillée et un goût amer au fond de la gorge ainsi que des céphalées vertigineuses. Les aspirines avaient fait leur effet, le café aussi. Je m’étais préparée, sans rien attendre de cette journée qui de toute façon n’allait me mener à rien, comme les dernières que j’avais vécues.
Les heures avançaient et je m’ennuyais plus que tout. J’avais appelé mon patron pour lui dire qu’il serait impossible que j’aille travailler le soir même et il m’avait mise en garde, il m’avait dit que ce serait la première et la dernière fois que je lui faisais faux bond… En réalité, j’en avais marre, marre de tout ça, marre de faire semblant. C’était beau d’être à Harvard, d’étudier comme une dingue pour pouvoir réussir et se frayer un chemin parmi les plus grands… Mais je n’avais pas la force, je n’avais plus la force de me battre, plus la force de devoir étudier puis travailler et faire semblant d’avoir une vie ; j’avais envie de rentrer chez moi… A Oslo.
Finalement, un texto arriva. Il venait de Noah… Il me donnait rendez-vous pour prendre un verre. Il était très drôle… Je détestais cette facette de lui. Celle complètement incisive, qui ne me laissait pas le choix du tout. J’hésitais, j’avais envie de lui poser un lapin pour me venger mais en même temps… J’avais vraiment très envie de le voir. Après tout, je lui en voulais mais j’étais persuadée que dès que je croiserais son regard, tout cela allait s’évanouir et je me jetterai dans ses bras comme si de rien n’étais. Je haïssais cette partie de moi. Celle qui n’arrivait pas à en vouloir, ou avoir assez de rancœur pour quelque chose d’aussi injuste que l’infidélité.
Je décidai tout de même de m’y rendre, je ne perdais rien et puis de toute façon, je ne pouvais pas rester ainsi sans agir… Il me fallait des explications pour que je puisse comprendre et peut-être faire le deuil de notre relation qui n’en était peut-être pas une… En fait, j’étais totalement perdue, complètement déphasée et j’avais besoin de me retrouver pour le moment. Ces quelques jours seule, à réfléchir, m’avaient convaincue qu’il ne servait à rien de se morfondre pour si peu et que la vie continuait malgré tout. Ce rendez-vous allait m’offrir des réponses et surtout, cela me confirmerait que notre histoire était belle et bien terminée… Après-tout, même si je n’en avais aucune envie, peut-être que c’est ce que Noah voulait, et si cette solution était celle qui le rendrait le plus heureux, je l’accepterai, tout simplement.
J’étais arrivée dans un petit café de Charles Street, je m’étais déjà installée et j’avais commandé un café liégeois pour patienter, puisque j’étais arrivée avec quelques minutes d’avance. J’étais légèrement anxieuse à l’idée de revoir Noah, je ne savais pas du tout quelle allait être ma réaction et surtout, je savais que toute cette rancœur allait s’évanouir en l’espace d’un instant, en l’espace d’un regard. Mes doigts galopaient sur le dessous de tasse qui était devant moi et j’apportais quelque fois le contenant à mes lèvres. Tout traduisait mon stress et plus les minutes avançaient et plus mon cœur commençait à s’emballer…
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