Silent is better sometimes { Madi

J’étais moi-même étonné de n’avoir dormi que trois heures en une semaine. En fait, depuis ma rupture officielle, officielle avec Madisson, j’étais juste à bout de nerfs, je buvais bien plus, je fumais bien plus et je crois bien que j’étais devenu encore plus connard que l’ancien Austin lorsque j’étais parti de Cleveland pour venir à Harvard. Néanmoins, je n’avais jamais été aussi studieux je crois. D’ailleurs, je me retrouvais à la bibliothèque avec une pile de bouquin à étudier et tout un tas de feuilles volantes. Je cherchais du regard une place de libre, mais malheureusement, seule la place à côté de mon ex était libre. Je crois que je n’avais pas trop le choix. Je déposais silencieusement mes affaires à ses côtés, sortant ma bouteille d’eau qui contenait en réalité que de la vodka, mais entre nous, ça ne se voyait même pas. Je gardais le silence, me plongeant dans mes études.

Une semaine. Cela faisait une semaine que je n'avais pas croisé Austin et en toute sincérité, il ne me manquait pas autant que je l'aurais pensé. Pas en temps que petit ami, en tout cas. En temps que meilleur ami.. c'est plus délicat. Moi qui avais toujours été habituée à sa présence, j'avais fait le choix de l'éloigner de ma vie. C'était ce qu'il voulait, alors je lui offrais. Nous étions ainsi à égalité. Mon temps libre était divisé entre mon travail que j'avais repris avec quelques accrochages, la CH, mon appartement et la bibliothèque de l'université. C'était d'ailleurs là où je me trouvais en ce moment-même et le silence qui y régnait me convenait parfaitement. Et soyons honnête, ici, j'étais certaine de ne pas croiser mon ancien petit ami. Malheureusement pour moi, le hasard fait toujours en sorte que l'on se revoit et ça commençait à m'agacer. J'aimerais déménager à l'autre bout du monde. Sans un mot, il venait de prendre place à côté de moi. Évidemment, je vérifiais rapidement qu'il n'y avait pas de places ailleurs et.. non apparemment. Fais chier. Une pile de livres, des feuilles, une bouteille d'ea.. pas d'eau – ça se voit à la façon dont le liquide bouge.. je suis naïve mais pas totalement conne non plus – et sa personne. Si j'allais l'ignorer ? Mh.. non. Tu pourrais au moins me demander si j'attendais quelqu'un.. La politesse, tu connais? murmurais-je, calmement. J'aurais pu être hostile, mais nous ne pouvions pas crier ici et je n'avais pas de temps à perdre. Je lui faisais juste remarquer que j'aurais préféré qu'il ne prenne pas place près de moi. Après.. j'acceptais sa présence, même si dans d'autres cas, je lui aurais bien envoyer mon poing dans la gueule ou fait en sorte qu'il ne puisse ni baiser, ni copuler un jour. C'était bien ce qu'il avait dit, qu'il avait peur de l'avenir, avoir une famille et des gosses, alors autant qu'il soit stérile. Sans plus de temps, je baissais mes yeux sur mon cours de philosophie pour oublier sa présence mal-venue.

Je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part. Il faut croire que je l'avais fait grandir la petite Madi' toute apeurée. J'esquivais un petit sourire amusé. « La petite Madi' se rebelle ? » Chuchotais-je à son intention en étouffant un rire moqueur. « T'as pas d'ami, qui voudrais-tu attendre ? » Méchant ? Totalement. Elle avait commencé ce eu-là avec moi, il ne fallait pas me lancer.  Il n'y a qu'un pas entre l'amour et la haine. Je crois que nous étions justement en train de le franchir. On aurait pu se contenter de l'ignorance, mais il faut croire que la jeune demoiselle n'était pas prête à tirer un trait sur moi quitte à se sentir obligé de m'adresser la parole juste pour ne rien dire. Ça faisait rire intérieurement tandis que e commençais mon écrit qui se trouvait être fort plus intéressant que les paroles de mon ex. Autrefois je me serai collé à elle pour l'amadouer afin de récolter des réponses fraîchement composées par sa petite tête, car la flemme de réfléchir, mais nous ne sommes jamais mieux servi que par soi-même. La situation était un vraiment bizarre je devais bien l'avouer, car j'avais beau l'aimer -oui je l'avoue- il y avait un truc en moi qui me poussait à être méchant juste comme ça et ça commençait à me plaire. C'était limite effrayant.

S'il pouvait disparaître ou mourir, ça m'arrangerait bien. Bon.. le fait qu'il meurt devant moi, il faudrait que j'appelle une morgue et tout alors ça me faisait un peu chier. Juste partir loin, ça suffirait alors. Mais avec la promesse de ne jamais croiser sa route à nouveau. Son sourire et ses paroles ne me faisaient plus rien. J'avais envie de l'envoyer chier, mais je me contenais.. même si la suite me fit serrer les poings. Quel connard putain, il ne manquait pas d'air. « T'as raison, j'en ai pas » claquais-je sèchement avec un sourire de dédain. Je reprenais ma lecture tranquillement. « Mieux vaut être seule que mal accompagnée » dis-je à son attention, tout comme à mon explication qui suivait. « Parce qu'entre tes plan cul, tes conquêtes et des gens avec qui tu te bourres la gueule ou tu te défonces, t'as pas de leçon à me donner » terminais-je en tournant la page de mon livre. J'aurais pu me taire et l'ignorer, mais sincèrement.. il me provoquait, hein, je ne suis pas folle ? Il aurait pu emprunter ces putains de bouquins et étudier dans sa chambre à la MH. À croire que je lui manque.

Qu'il me réponde ne me blessait plus comme avant. Au contraire, ça me passait au-dessus et même si rentrer dans son jeu ne m'avait jamais apporter rien de bon avec lui, autant être franche et lui répondre. J'espérais vraiment qu'il se la ferme pour que je puisse travailler en paix. J'étais d'ailleurs très surprise que lui bosse sur un devoir. Le plus discrètement possible, j'essayais de jeter un coup d’œil et le bref aperçu que j'ai pu lire c'était qu'il se débrouillait pas mal. Comme quoi, il vit largement mieux sans moi et je serais tout de même contente qu'il puisse réussir ici, même si je ne participerais plus à sa vie quotidienne. Je gardais le silence en me concentrant sur ma lecture. Ça me faisait vraiment chier de ne plus pouvoir être amie avec lui comme avant, mais soyons honnête, il avait tout fait pour que je le déteste alors autant qu'il garde ce qu'il voulait. Sa méchanceté ne me plaisait pas, mais si c'était la manière qu'il avait de me rejeter, ok. Il ne se rendait juste pas compte qu'il perdait plus que moi à ce « jeu ».

Je riais à son manque de répartie. Si elle pensait réussir à m’atteindre avec ses paroles, elle se mettait le doigt dans l’œil. D’ailleurs, je préférais ne rien répondre à cela. Je continuais ma dissertation de mon devoir de psychologie en silence. Au final, c’était peut-être préférable de garder le silence. Je ne pouvais m’empêcher de regarder Madisson et de l’à trouver belle. Et dire que nous allions passé Halloween et Noël séparément. Ça me serrait le cœur. Je me sentais étouffé. Je déchirais mon devoir de philo. De toute façon j’étais con, alors autant l’être jusqu’au bout et foirer mon année. Je jetais les morceaux de papiers avant de me lever. Je ne pouvais plus rester à ses côtés. Je savais que j’avais eu envie qu’elle me déteste pour qu’elle tourne la page et qu’elle m’oublie, mais ça faisait mal de voir qu’elle n’avait eu aucun mal à le faire. Après tout, après toutes les crasses que je lui avais fait.

Je sortais de la bibliothèque et fus surpris de voir des larmes de rages me brûler les yeux. J’avais besoin d’une bonne bière et de mes potes défoncés et complètement bourrés. La mather house était mon chez moi et l’endroit dans lequel je me sentirais le mieux, alors autant y retourner au plus vite.

Son rire ne me faisait rien. Je devrais mal le prendre, je suppose, mais ça me passait au-dessus. Il se moquait tellement facilement de moi que ça ne me choquait même plus. En attendant, je lisais tranquillement en me forçant à ne pas le regarder. Malgré mon manque d'attention envers sa personne, je pouvais sentir son regard sur moi. Que cherchait-il à me faire ? Plus de mal encore ? Il n'avait pas besoin d'en rajouter, il avait touché un point de non-retour si violent que je me devais de ne plus faire demi-tour. Il avait eu ce qu'il voulait, il devrait s'en contenter. Étant absorbé par mon livre, je fus surprise en le voyant déchirer brusquement son revoir, le foutre à la poubelle en petits bouts et partir sans un mot. Mon cœur se brisait en le voyant s'en aller ainsi. Toujours à fuir sans raison, c'était fatiguant. Après tout.. Nous n'avions plus rien à vous dire alors pourquoi me dirait-il quelque chose avant de prendre le large ?

Mes yeux me piquaient alors que je tentais de reprendre ma lecture. Quand il était en face de moi, c'était plus facile d'être forte et de faire semblant que j'avais tiré un trait sur lui.. alors que lorsqu'il était loin de moi, je me rappelais sans cesse les bons comme les mauvais moments entre nous. Au départ, je ne voyais que les mauvais, mais j'avais appris que pour passer à autre chose, il faut pouvoir voir les autres. Ce dont je n'avais jamais réussi à faire pendant toutes ces années. Peut-être que je me voilais la face à tenter de me dire que je pourrais avancer sans lui, mais il n'y avait pas d'autres options envisageables à ce niveau là. Il me voulait loin de lui, c'était le cas. Ce n'était plus à moi de débloquer la situation, vu que c'était lui qui l'engendrait. Il devrait comprendre que sa fierté et ses conneries sont à la base de tout ça et que s'il ne changeait pas, tant pis.