Nashville, c'est là où je suis née, où j'ai toujours vécu. J'ai grandi là bas avec mon frère et ma soeur dans une famille de classe moyenne, mais je n'ai jamais manqué de rien, bien au contraire. A présent avec le recul, je sais que j'étais la chouchoute, celle que ma mère adorait coiffer et que mon père montrait fièrement à ses collègues de bureau. J'étais la petite dernière, et mon sourire et mon visage d'ange n'y étaient peut-être pas pour rien dans le fait que tout le monde m'appréciait. J'ai compris rapidement qu'en utilisant mon charme, je pouvais arriver à mes fins, et si tout ça restait bien naïf lorsque j'étais petite fille, ça l'a beaucoup moins été à l'adolescence lorsque j'ai compris que cela marchait aussi avec les garçons. Aucun ne me résistait, et le besoin de liberté vibrait en moi plus que tout autre chose alors que mes parents me gardaient pour eux comme un petit oiseaux fragile. Bien plus vite que la moyenne, je me mis à sortir le soir, à apprécier ce sentiment qui m'envahissait alors que je jouais avec le danger. A mes seize ans, je travaillais comme serveuse pour me faire un peu d'argent. Je m'amusais au milieu de l'alcool, la musique country et les clients qui m'applaudissaient alors que je faisais mon show sur le comptoir. J'étais dans mon élément, m'enivrant de cette ambiance au grand dam de mes parents qui ne savaient plus quoi faire de moi et de la réputation que j'étais en train de me faire. Pourtant, tout le monde m'appréciait là-bas, en véritable bout en train que j'étais. Mon sourire ne me quittait jamais, me donnant la douce illusion que tout allait bien pour moi. C'est lors d'une ces soirées que je l'ai rencontré. Graham. Je me souviens de son regard, qui ne me lâchait plus dès l'instant où il m'avait aperçue. Ce n'était pas le premier à me regarder comme ça, mais il y avait quelque chose chez lui qui m'a tout de suite plu. Il m'attirait comme un aimant, et si j'ai d'abord cru que ça se terminerait au petit matin en quittant ses draps comme à chaque fois, j'ai vite compris que je ne pouvais pas me passer de lui. On ne se quittait plus, passant nos journées et nos nuits ensemble en s'aimant comme des fous. Certes notre relation était électrique et souvent tortueuse, mais on finissait toujours par se réconcilier. Tous ces mois de bonheurs auraient pu durer encore longtemps si... si ça ne s'était pas produit. A l'époque, nous sortions tous les soirs avec notre bande, se régalant à danser et s'amuser dans les bars jusqu'au petit matin. Lily fut comme une meilleure amie pour moi. Nous étions si différentes, elle d'un naturel calme et timide alors que moi je ne pouvais jamais rester en place. Mais on s'adorait, et les autres aussi l'appréciaient à sa juste valeur. On parvenait même à la décoincer petit à petit, et les choses auraient pu en rester là si je ne l'avais pas entraînée avec moi à cette soirée. C'était un gars que j'avais rencontré par hasard qui m'avait invité à ce club un peu chelou, fréquenté par tout un tas de gens chelou. Je savais que c'était pas le genre d'établissement où on allait, mais l'excitation de l'interdit avait pris le dessus alors que j'entraînais Lily là bas avec moi. J'étais inconsciente, saoule et animée par une soif de nouveauté.. ou alors de danger ? Je finissais par ne plus du tout apprécier cette soirée, coincée entre deux types qui ne me lâchaient pas d'une semelle alors que j'avais perdu Lily de vue. J'appelais Graham pour qu'il vienne me chercher, ayant soudain peur de rentrer seule et ayant surtout envie de quitter l'endroit le plus vite possible. J'étais tellement bourée que je ne pensais même pas à prévenir mon amie. Lily se débrouillerait pour rentrer, c'était pas grave. Voilà ce que je me disais. Ce n'est que quelques semaines plus tard qu'on appris le suicide de Lily. J'étais choquée, bouleversée par cette nouvelle qui me détruisait de l'intérieur. Mais ce ne fut rien lorsque j'appris qu'elle c'était fait violée ce soir là, lorsque je l'avais abandonnée. Et que c'était ce qui l'avait poussée au suicide. Je me sentais sale, vidée de moi même alors que la culpabilité me rongeait de jour en jour. Je ne voulais plus parler à personne, alors que tous les gens de Nashville me tenaient pour responsable de ce drame. Et au bout d'un moment, je me mis à y croire. Elle était morte à cause de moi. C'était ma faute. Les mots de Graham n'y faisaient rien, je me sentait coupable, triste.. et terriblement seule. J'en vins à penser que je n'étais bonne pour personne, ni pour tous ces gens qui m'accusaient, ni pour ma famille.. en encore moins pour mon petit-ami. La culpabilité prenait le pas sur tout et bientôt, j'étouffais au milieu de ces regards et ces messes basses. C'est sûrement la raison pour laquelle un jour, je pétai littéralement un câble. Je disparut du jour au lendemain, laissant ma famille, mes ami, et l'homme que j'aimais derrière moi pour tout recommencer ailleurs. Je pris la décision de partir avec le premier inconnu qui m'amènerait loin d'ici, arrivant finalement à Cambridge où je décidai de m'inscrire à Harvard. J'avais toujours souhaité faire des études, et mes résultats scolaire et mes capacités me le permettaient. Je reprenais alos contact avec ma famille, plus fière de moi que jamais alors que j'entamais ma première année à Harvard. Mais je ne contactai pas Graham. L'image qu'il avait de moi me répugnais, et j'étais prête à tout recommencer, ici, à Cambridge. Grâce à mes excellentes notes, j'obtins une bourse qui me permettais de vivre confortablement en suivant mes études. Ma première année à Harvard fut géniale, bien que mouvementée avec les agressions et les prises d'otages qui me donnaient l'impression de revenir à ce soir-là. Je plongeai rapidement dans la drogue sans vraiment m'en rendre compte, ne pouvant plus me passer de cette sensation de bien-être qu'elle me procurait.
Aujourd'hui, je m'apprête à commencer ma deuxième année à l'université, avec mes nouveaux amis, mes nouveaux mecs, loin de mon passé que je m'évertue à cacher.