Cette grande salle était immense, elle était froide par sa couleur mais également par l’air glacé de la Serbie. Cette salle d’interrogatoire n’était pas adaptée au confort d’une personne placée en garde à vue. L’air passé à travers les cloisons, les radiateurs étaient à peine allumés. Assis sur cette chaise inconfortable se trouvait Nickolaï. C’était un jeune qu’on pouvait considérer comme normal, sans histoire mais la réalité était toute autre. Il n’avait jamais été arrêté pour un crime, ni même un délit. Ce dernier n’avait même jamais eu à faire à une contravention. Les enquêteurs avaient misé sur lui. Avec un casier judiciaire vierge, il pouvait être relâché s’il apportait des renseignements cruciaux à ces derniers qui tentaient de détruire une partie du marché de la drogue organisée par la mafia russe. Comme à son habitude, Nickolaï paraissait normal, il était serein et examinait la pièce de ses grands yeux sombres. Il n’avait rien à se reprocher de toute façon, même s’il comprenait la raison de sa convocation, il n’était pas totalement fou pour dénoncer des membres de la mafia serbe En effet, ce jeune homme ans histoire s’était retrouvé dans la mafia serbe, il en faisait parti. C’était un pays qui était attaqué par la corruption. Peu de choix s’offraient aux Serbes, soit le système leur en faisait voir de toutes les couleurs et ils étaient perdants, soit ils passaient du côté de la mafia et la vie pouvait leur offrir de nombreuses opportunités. Le choix fut rapide pour le jeune homme, il n’avait pas eu envie de suivre les étiques fixées par ses parents. Elles étaient saines, mais n’apportaient rien de bons, mis à part pour sa conscience. Ces étiques n’avaient pas aidé ses parents. Ces derniers avaient été assassinés et personne n’avait enquêté sur leur meurtre. Tout le monde avait basé cette histoire sur un conflit matrimonial qui aurait mal tourné. Ses parents ne s’étaient jamais disputés, ils avaient toujours été fou amoureux l’un de l’autre et leur fils était leur plus grande réussite. Ils avaient attendu si longtemps pour l’avoir qu’ils n’avaient pas pu s’entretuer. Nickolaï avait toujours été furieux de ce système, il était né du mauvais côté de la barrière, et il avait fini par se rebeller. Même s’il était né en Allemagne, ses parents avaient fui ce pays qui leur avait promis beaucoup de choses, mais le mur de Berlin avait été plus un frein qu’autre chose. A la suite de ce drame, il avait été envoyé pour vivre chez sa grand-mère maternelle. Cette dernière n’avait jamais su combler le manque de ses parents, et encore moins de sa mère. Elle lui avait tout donné, mais il s’était enfui de chez lui à l’âge de 21 ans pour affronter ce système. Passant sa langue sur ses lèvres, l’enquêteur qui était venu chez lui finit par faire son entrée. Il avait tous des Serbes, le visage quelque peu fin, un ventre rebondi par de nombreux soucis qu’il tentait d’oublier et une fine moustache. Se plaçant devant lui, il tentait d’être chaleureux avec la personne qui était censée l’aider pour mettre fin à de nombreux soucis concernant son travail. « Bien ! Monsieur Bataković, je vous ai demandé de venir ici afin de m’apporter d’avantages d’informations sur un grand trafic de drogues qui demeure sur la Serbie depuis des années. J’aimerais que vous puissiez répondre à quelques questions, si cela ne vous dérange pas ! Je viens de voir dans mon dossier que vous avez 24 ans, vous avez arrêté vos études à la suite de la mort de votre grand-mère, il me semble. Qu’avez-vous fait de vos 21 à vos 24 ans ? » Le jeune homme joua avec ses doigts tout en écoutant d’une oreille avisée, il savait jouer la comédie. Heureusement ! C’était l’une de ses principales qualités, la mafia n’avait pas su passer outre cette fameuse qualité. Il frotta ses fronts, faisant ressentir qu’il était mal à l’aise. « J’ai enchaîné les petits boulots et j’ai beaucoup voyagé dans le monde. Comme peut l’attester mon passeport, j’ai effectué beaucoup d’aller-retour entre la Serbie et d’autres pays. Je n’ai pas pu supporter d’être à nouveau confronté à la mort. Mes parents sont décédés quand j’avais 10 ans et ma grand-mère a pris le relais, je n’ai pas pu assumer de la voir partir. Ce fut de nombreuses périodes noires dans ma vie. Encore aujourd’hui, j’ai dû mal à imaginer que ma famille soit décédée. Je suis vraiment désolé, mais c’est une période assez difficile pour moi. J’ai du mal à en parler… » Le jeune homme arriva à faire monter des larmes à ses yeux. Ce léger voile salé finit par toucher l’enquêteur qui venait de toucher une corde sensible, il sembla heureux sur le moment, cela allait lui permettre d’en savoir un peu plus sur lui. En faisant mal, il risquait de le faire craquer. « Je suis désolé vraiment. J’ai entendu votre histoire. Vous avez perdu vos parents à cause d’une dispute entre eux. Cela doit être dur de se dire que vous avez perdu votre mère par la faute de votre père qui a fini par l’assassiner. Mais vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’étiez pas celui qui tenait le révolver. C’était votre père l’assassin, mais je comprends que cela vous touche. On pense connaître nos proches, mais en réalité, c’est autre chose. Si vous voulez savoir, vous auriez dû continuer vos études ! Vous étiez en 3ème année de comptabilité, vous auriez pu faire une grande carrière rapidement, même maintenant vous pourriez reprendre vos études. C’est dommage ! » Le jeune homme finit par perdre ses moyens ! Comment pouvait-il agir ainsi devant lui ? Même la mafia Serbe lui avait affirmé que c’était un assassinat, ils avaient été les seuls à le croire. Depuis ses 10 ans, il clamait l’innocence de son père et prônait le suicide, mais personne n’avait su l’écouter sauf la mafia qui avait promis de retrouver la personne qui avait fait cette horrible chose. Il joua avec ses doigts une nouvelle fois, et se mordilla la lèvre. Ces derniers n’avaient pas encore retrouvé sa trace. « Vous ne comprenez rien ! Vous êtes comme les autres ! Mon père est innocent ! Jamais il n’aurait pu tuer ma mère, il l’aimait ! Ils ne s’étaient jamais disputés, pas même devant moi ! Ils ne communiquaient pas ainsi ! Respectez la mémoire de mon père et trouvez son réel agresseur avant de l’accuser sans avoir de réels indices, vous ne comprenez rien à rien ! De plus, si j’ai arrêté mes études, c’est pour ne pas dépendre d’incompétents comme vous ! Mais pour partir de cette ville qui est devenue malsaine ! » Le vieil homme commença à voir son plan se réaliser, ce jeune homme réagissait exactement comme il l’avait prévu, il l’avait cerné comme un sanguin et cette perspective le faisait sourire. Il allait rentrer chez lui beaucoup plus tôt. Il voulut encore plus le déstabiliser. « Mon jeune garçon vous oubliez quelque chose, nous avons enquêté sur votre famille et nous avons reconstitué la scène, il n’y a eu aucun doute c’est votre père qui a tué de sang-froid votre pauvre mère qui a tenté de se débattre en rien. Ce n’est pas notre incompétence qui a réalisé ce spectacle mais plutôt l’imagination débordante de votre père. Ses antécédents familiaux concrétisent cette raison. Vous devez sans doute connaître le grand frère de votre père, vous savez un certain Alexys Bataković ! Votre oncle n’est autre que l’un des plus grands dirigeants de la mafia Serbe. Cet homme se fait beaucoup d’argent en faisant de nombreuses magouilles, mais étrangement, il finit toujours par s’en sortir. Ce qui est louche, c’est qu’ils proviennent tous les deux de la même famille et sont très proches de sang, on ne peut éviter ce genre de ressemblances, qu’en pensez-vous ? Je pense que dès qu’on a une tare dans la famille, les gens proches sont affectés et ils finissent par avoir le même comportement. »
L’homme venait de parler d’un élément essentiel de l’enquête. Alexys… Ce dernier était son oncle. Il avait toujours été présent dans la famille. La mère de Nickolaï le voyait d’un mauvais œil. Elle venait d’une bonne famille qui trimait et qui n’avait jamais franchi la ligne. La famille de son mari était différente. Elle supportait Alexys parce que ce dernier était adoré par son frère, puis, il donnait quelque fois un peu d’argent. Il était essentiel pour cette famille. Dès que le petit était devenu orphelin, ses visites se faisaient rares. Il ne pouvait que rarement l’approcher. Il attendit que ce dernier ait atteint le collège pour venir le voir, sans que sa grand-mère soit présente. S’il était mal vu par sa belle-famille, cela était à cause de ses origines, ou plutôt de son travail. Alexys était l’un des piliers de la mafia Serbe, il magouillait sans cesse, était à la tête de nombreuses affaires illicites et empochait l’argent sans le moindre regret. S’il était proche de la famille, dès qu’elle rentrait dans les affaires, il devenait froid et imposait ses conditions. Il les traitait comme s’ils étaient ses employés. Ce n’était pas lui qui avait démarché Nickolaï, il le trouvait trop scolaire pour tenter quoi que ce soit. Pour lui, il n’avait pas les tripes pour ce genre d’affaire. Puis, quand il vit un jeune homme avec tant de rage dans le sang, il se dit que l’occasion était bonne pour le lancer dans la mafia. Il était fin prêt pour en être digne. L’occasion était trop belle pour la laisser passer. C’était par une journée d’été que le jeune homme s’était fait accoster par son oncle pour effectuer sa première mission. Il devait aller chercher de l’argent à l’aéroport. Cet argent avait été gagné par rapport à la vente de drogues. C’était un test, s’il le réussissait, il pouvait entrer parmi les siens. La mission ne fut pas facile, sa culpabilité ne cessait de le ronger. Il ne supportait pas l’idée d’avoir arrêté ses études, il pensait que sa famille allait le juger. Il avait de nombreux principes auxquels il ne pouvait pas déroger. De plus, s’il était embarqué par la police, il était sûr de finir au trou et d’avoir sa vie finit. Mais il n’avait plus rien à perdre, personne ne pouvait le juger. La plupart de son entourage était décédé, que pouvait-il risquer ? Il se lança dans la grande histoire sans réellement se poser de questions. L’enquêteur, devenu impatient, racla sa gorge pour attirer l’attention du jeune homme qui partait dans ses esprits. Le jeune homme le regarda avec un regard mesquin, il ne pensait tout de même pas qu’il allait tout lui déballer ainsi ? « Je vous prie de parler un peu de mieux de ma famille, je ne me permets pas de juger la vôtre… Elle n’a peut-être si tranquille que la mienne. Mon oncle n’est pas de la mafia, je ne l’ai jamais vraiment connu, je ne connais aucune de ses activités. Je ne pourrai pas vous en dire plus, je vois mon oncle quelques fois, mais il ne me raconte jamais. Il passe juste son temps à me crier dessus par rapport à mes études. Que voulez-vous que je vous dise de plus ? » Le jeune homme lui exprima un petit sourire ironique. Il voulait le faire tourner en bourrique, il savait très bien que ce dernier n’allait pas le lâcher, alors autant en profiter pour en jouer. « Vous savez que nous avons des preuves de vos actes ? Ou du moins de ceux de votre oncle ! Nous avons tout pour le coincer et vous allez tomber dans son piège comme bien d’autres, je vous conseille de nous aider un peu plus sur l’affaire. ». Le jeune homme soupira par la tournure des évènements. Il avait beau tourner en long, en large ou en travers. Il pensait réellement qu’il allait les trahir ? Trahir sa famille ? Ou même jouer de sa vie ? Il en était hors de question ! « Des preuves de mes actes ? Mais voyons, qu’aurais-je pu faire ? Vos ordinateurs ne vous facilitent donc pas la tâche ou vous ne savez pas vous en servir ? Vous avez bien du voir que je n’ai même pas une contravention pour excès de vitesse. Comment pourrais-je faire parti de la mafia ou même exécuter des actes. Il faut être logique, si je détournais de l’argent, ou vendais de la drogue, vous m’auriez déjà arrêté, non ? Il n’y a rien contre moi, ou même contre mon oncle. Nous ne faisons rien de mal, ce n’est pas parce qu’il est riche qu’il est mauvais. Je sais que le système est corrompu mais nous faisons juste notre nécessaire pour survivre. » . Il ne pouvait pas être plus convaincant. Ses affaires dans la mafia Serbe n’étaient pas saines du tout. Elles étaient illégales. Aussi jeune, il s’était déjà retrouvé au sommet d’une multitude d’hommes à surveiller. Ils devaient leur faire respecter les règles. Cette position lui était due par son oncle, il ne fallait pas s’en douter. Il faisait du blanchiment d’argent pour le gouvernement Serbe, Russe et d’autres pays, mais également pour son propre business et celui de son oncle. Il dirigeait beaucoup de trafics de drogues auxquels il était à la tête. Et il dirigeait également certains réseaux de prostitution, mais ce n’était pas sa fierté, il tentait par tous les moyens de ne pas les assumer. Il se chargeait principalement du blanchissement d’argent et de la vente de drogues, ce qui lui avait permis de devenir facilement millionnaire, mais il avait appris des combines pour ne pas garantir un accès à ces comptes par les autorités. Il était assez fier de ses exploits, personne n’avait réussi un tel parcours dans son clan, personne ne pouvait lui arriver facilement à la cheville. Bien sûr, il n’y a pas que des bons côtés à tous ces plans mafieux, il devait se charger des ventes et devait terroriser les dealers qui ne respectaient pas ses accords, jusqu’à ordonner à un de ses hommes de le menacer physiquement. Mais il ne se plaisait en rien de sa situation, cette situation de danger lui donnait des ailes. Il était sur un petit nuage. « Bien, si vous affirmez cela, je ne peux pas vous en empêcher. En revanche, je me posais la question, comment vous remettez-vous de la mort de Mademoiselle Anna Radotvitch ? » Le jeune homme frissonna en entendant ces syllabes. Elles résonnèrent dans sa tête, lui causant un mal de crâne impossible à gérer. Se tenant la tête, il vivait de nouveau cette scène effroyable. Anna était une jeune femme douce, élégante et intelligente. Elle avait cette petite pommette adorable quand elle souriait. Ses yeux bleus étaient aussi profonds que l’océan. Ils étaient presque turquoises. Ses cheveux étaient blonds comme les blés. Elle bénéficiait de cette gentillesse. Un don que peu de personnes possédaient. Bien que naïve, son caractère fleur bleue et petite fille avait fait fondre le jeune homme qui était tombé éperdument amoureux d’elle lors de leur première rencontre. C’était un soir d’hiver, il pleuvait, les deux jeunes gens avaient tenté de trouver un abri pour se réfugier de la tempêter qui faisait rage. Il avait bousculé la jeune femme qui ne s’énerva pas, elle le regarda avec un grand sourire et entama la conversation. Ils restèrent coincés pendant des heures sous ce petit abri, non loin de l’autre. Ils pouvaient sentir le parfum de l’autre, tout comme le souffle chaud qui heurtait leur cou. Si ces quelques heures passèrent vites, ils décidèrent de terminer leur soirée dans un bar. C’était la seule fille avec laquelle il n’avait pas envie de jouer. Il voyait en elle, la pureté, tout ce qu’il n’était pas. Au fil des jours, ils décidèrent de se revoir, et ils finirent par être sans cesse l’un avec l’autre. Elle arrivait à le comprendre, elle ne le jugeait pas. Elle trouvait qu’il avait un bon fond, malgré toutes ces magouilles qu’il entreprenait. Elle avait vite connu la vérité. C’était par pur hasard, en faisant une machine qu’elle tomba sur une note du jeune homme. Si elle avait eu du mal à entendre cette vérité, elle tenta de le ramener sur le droit chemin, en lui expliquant que ce n’était pas sain de vivre ainsi. Elle voulut qu’il quitte la mafia. Mais il ne pouvait pas et n’en avait pas envie. Elle l’avait menacé à de nombreuses fois de le quitter, mais ils étaient des âmes sœurs, ils ne pouvaient vivre l’un sans l’autre. Cette jeune femme pure de la campagne n’avait jamais eu affaire au danger. Une soirée, ce dernier devait se rendre en ville pour régler une affaire, si elle ne venait jamais, cette fois-ci, elle décida de l’accompagner pour découvrir son quotidien. La ruelle était glacée et peu lumineuse, Nicolaï avait rendez-vous avec certains de ses dealers pour établir le bilan de la semaine. Il l’avait avertie de rester dans la voiture, il se rappelait très bien de lui avoir pratiquement criée dessus pour qu’elle reste à l’intérieur pour ne pas être blessée si cela dégénérait. Elle ne l’écouta pas, elle voulait un peu mieux le comprendre. Comprendre pourquoi il aimait le danger. Quelle sensation il pouvait ressentir ? Et surtout, pourquoi il ne pouvait pas tout laisser tomber ? L’affront ne fut pas de courte durée, le compte n’y était pas. Si un pourcentage était pour lui, un plus gros était pour son oncle, et en affaires, ce dernier ne plaisantait pas. Après plusieurs menaces, les dealers ne réagirent pas. Ils ne pouvaient pas lui donner plus, ce qui agaça le jeune homme qui décida de lâcher ses hommes sur eux. Mais Anna fut plus malicieuse et observatrice, elle découvrit que l’un d’entre eux détenait une arme. Pensant qu’elle était chargée, elle cria le prénom du jeune homme. Ce dernier dégaina son arme et appuya sur la détente. Le coup sortit. Mais devant lui, de longues boucles blondes bougèrent sous le choc. Il venait de se rendre compte que sa petite-amie venait de se mettre devant lui pour le protéger de tout impact de balles. Sous l’effet de l’action, il n’y avait pas fait attention. Il venait de tirer sur elle. Jetant son arme sur le sol, il rattrapa le corps de la jeune femme qui tombait en arrière. Retirant une de ses bouclettes de son visage, des larmes montèrent. A bout de souffle, elle trouva le courage de lever sa main pour lui caresser la joue. Lui susurrant des « chut » pour qu’il puisse se calmer. Quand elle sentit sa mort venir, elle lui susurra un « Je t’aime » qui sortait du fond du cœur. Serrant son corps ensanglanté contre lui, il ne cessa de pleurer sa petite-amie décédée. Comment avait-il pu être aussi bête pour la tuer de sang froid ? C’était devenu un monstre ! Tout se passa très vite, les déclarations à la police, la reconnaissance du corps par ses parents. Face à eux, Nickolaï n’avoua pas. Il ne pouvait pas leur dire qu’elle était décédée. La seule chose qu’il trouva à dire c’est que les deux jeunes gens se promenaient et qu’elle fut la prise d’un homme. Par erreur ou non, on lui avait tiré dessus. Le jeune homme était le dernier à l’avoir vue. Mais il avait appelé les secours et s’était montré tellement affecté par la mort de cette dernière que personne n’osa l’accuser de meurtre. Ce fut le pire mensonge qu’il dut avouer. Voilà 6 mois que la jeune femme était morte, et il ne pouvait pas effacer son visage de sa mémoire. « Comment voulez-vous supporter la mort de votre moitié alors que cette dernière n’a pas vécu assez longtemps avec vous pour l’appréhender et y prendre goût ? Personne ne peut se remettre d’une telle mort ! Soudain, un homme d’une quarantaine d’années rentra dans la salle glaciale. Nickolaï le connaissait très bien, il s’agissait d’un des meilleurs avocats du pays, il avait des contacts avec tout le monde et il servait la mafia. Ce dernier était là pour faire sortir le jeune homme. Offrant un sourire à ce dernier, il s’adressa à l’enquêteur. « Monsieur Radtuyicht ! Quel plaisir de vous revoir, toujours à importuner mes clients ! Mais surtout, on se croise de plus en plus souvent. D’après vos collègues, vous avez effectué une erreur ! Je suis désolé Nickolaï, ce monsieur n’a pas vraiment été correcte avec vous. Il a oublié de te lire tes droits, mais surtout de me contacter avant tout interrogatoire. Monsieur Radtuyicht sait très bien que cette erreur annule une garde à vue, mais comme vous ne connaissez en rien vos droits, il en a joué, ce qui n’est pas très correcte ! Je vous prie de me suivre Nickolaï, comme il n’a rien sur vous, vous pouvez sortir et rentrer chez vous ! Il ne vous importunera plus ! » Le jeune Allemand savait très bien que cet avocat se pointait à chaque fois qu’un homme important de la mafia se faisait coincer. Son oncle lui avait envoyé, étant sans cesse sur surveillance, les mafieux ne pouvaient échapper aux autres. Sortant avec un grand sourire, il allait apprécier de nouveau l’air. Pourtant, cette sensation fut éphémère. Il ne pouvait oublier Anna, chaque coin de rue, chaque immeuble, chaque arbre lui rappelaient son existence. Il avait passé tellement de temps avec elle à marcher dans ces ruelles, à boire un verre dans un bar, à aller dans un cinéma, à supporter ces atroces heures de shopping… Cet enquêteur avait réussi à le déstabiliser ! Il ne pouvait plus vivre ici, il devait échapper, partir loin. Ce fut une décision prise sur un coup de tête. Plaçant toutes ses économies sur un unique compte que personne ne connaissait, il prit avec lui de maigres affaires pour se diriger en Allemagne, afin de recommencer une nouvelle vie dans son pays maternel. Il savait que cette étape était risquée, son oncle n’allait pas le laisser aller au bout du monde pour s’amuser. La mafia Serbe est une grande famille qu’on ne peut pas quitter à moins de mourir.
En Allemagne, la vie ne fut pas aussi belle qu’il l’avait prédit. La mafia Serbe remit très vite la main sur le jeune homme. Il en prit connaissance rapidement. Ses démons avaient fini par le rattraper. Il se retrouvait avec cette drogue dans les bras, et son plan de sortie pour leur échapper avait été de rentrer dans ce petit magasin. Il était rentré par pur hasard. Il ne savait pas qu’il allait se retrouver nez-à-nez avec cette jeune femme aux airs si doux qui lui rappelaient étrangement ceux d’Anna. Il n’avait pas d’autres moyens que de la faire rentrer dans sa combine alors qu’elle n’avait rien demandé. Il se retrouva à l’embrasser pour éviter qu’un des membres ne le reconnaisse. Sa réaction ne fut pas des moindres, elle le gifla pour ce geste mal placé qui lui avait pourtant sauvé la vie. Mais, il est difficile de se justifier auprès d’inconnus pour leur avouer qu’on est un ex-membre de la Mafia Serbe et que ces derniers veulent notre peau. Leur altercation leur fit perdre leur propre sac. Il s’en rendit immédiatement compte, mais elle venait de s’évaporer avec une grande quantité de drogues sur elle. Tapant le pied sur le sol, il sortit aussi rapidement que possible pour la suivre et récupérer cette saleté de sac ! Il la retrouva très vite, et sa seule réaction fut de la draguer pour récupérer ce sac. Cela ne fut pas très compliqué, mais il s’attacha rapidement à cette jeune femme. Ce n’était pas simplement une banale rencontre, mais elle l’intriguait, cette rencontre se transforma en un lien fort. Le jeune homme était intrigué par elle, et il passait la plupart de son temps libre en sa compagnie. Si elle lui faisait penser à Anna, et cette forte attirance qu’il ressentait, il ne pouvait se laisser aller. Salomée lui avait embrouillé l’esprit ! Il ne pouvait se détacher d’elle. Gardant ses principes, il passa son temps avec elle, et la mit en danger. Elle avait beau avoir des traits d’Anna, il ne pouvait oublier son âme sœur, sa moitié, il l’avait assassinée violemment et il ne se pardonnait pas. Se laisser aller avec elle était difficile, il tentait de voir ailleurs, mais elle lui bloquait son esprit comme Anna. Pour l’éloigner, il était devenu méchant, narcissique, voir salaud avec elle. Cela était un signe qu’il tenait à elle, il se sentait trop impliqué pour la laisser s’envoler. C’était une princesse connue des médias, mais à son goût, elle était trop fragile. Elle ne pouvait pas l’être. Son rôle était d’être à la fois douce et sévère, dure et gentille… Des défauts qu’elle n’avait pas adoptés. Il se permit donc de la prendre sous son aile pour l’aider à assumer son rôle de princesse. Elle devait être forte pour faire face au peuple et surtout aux médias. Son expérience était d’une grande aide. Seulement, il lui mentait depuis le début. Il avait changé son identité avant de la connaître. Passant son temps libre avec elle, il la mettait gravement en danger. C’était une position qu’il ne pouvait supporter. Elle ne pouvait pas être le prix des fantômes de son passé. Il pouvait lui arriver tant de choses en sa compagnie. Il ne pouvait plus demeurer à ses côtés. Pour sa protection, il décida de s’envoler pour Harvard, où il fut accepté pour suivre des cours l’année qui arrivait. Ce fut avec un grand déchirement qu’il l’abandonna à son sort. Mais il savait qu’elle commençait à s’endurcir et qu’il n’était devenu qu’une passade dans sa vie. C’était plus facile pour lui de partir, en s’imaginant de telles choses, car il ne savait pas que le destin finirait par les réunir tous les deux.