Chrissy is back. - Ma rédemption:
J'pense que mon histoire, la plupart des gens la connaissent. Du moins la majorité. Alors, ce serait totalement sans intérêt que de parler de mon enfance, de l'endroit où je viens ni même de mes premières années à Harvard. En fait, je pense que vous êtes plutôt intéressés par ce qui a bien pu se passer après mon départ. J'dirais même que vous attendez de savoir pourquoi est ce que je suis partie. Alors j'vais expliquer, parce que ça me semble important mais libre à vous de ne pas lire, de faire comme si vous vous en fichez -ce qui après tout et peut être le cas-. Ce sera donc une lettre. Une lettre d'excuse, d'explication, d'incohérence aussi. Ce sera ma rédemption en fait, et puis paraît que ça ne peut que me faire du bien.
Commençons par le début. Le summer camp, c'est sûrement ce qui m'a achevée en fin de compte. J'étais déjà pas mal amochée. Ma relation destructrice avec Dorian, ma tentative de suicide, les rumeurs incessantes, les critiques blessantes. J'étais à deux doigts de sombrer, de tomber plus bas que terre et pourtant, j'essayais de tenir encore et encore. Mais en étant réaliste, tomber enceinte du plus gros con j'avais venu au monde -my shame- cumulé au reste, c'était peut être la chose de trop. Alors bien sûr, certains diront que je pouvais compter sur mes amis -et je ne le remets pas en doute- mais j'pouvais juste plus. Quand on en arrive au point de ne plus être capable de se regarder dans le miroir, j'pense que c'est la limite. Le point de non retour. Au final, j'ai pas vraiment réfléchie. J'ai fais mes valises et j'suis partie. C'était sûrement une surprise pour beaucoup, se lever un matin et se rendre compte que j'avais disparu sans même laisser un mot. Egoïste non ? Sûrement. J'ai pensée qu'à moi, je l'assume mais.. J'en avais besoin. J'avais besoin de prendre du temps pour moi, de remettre les compteurs à zéro et tout le reste aussi. Et faut pas croire que ce n'était que du plaisir, bien au contraire. En trois mois d'absence, j'ai pas profité de soleil utilisant mon argent dans un endroit paradisiaque ou peu importe ce que vous avez pu vous inventez. Non, à vrai dire -et j'en ai pas honte- j'étais dans un hôpital de Londres plutôt réputée. Parce que oui, j'avais besoin de me faire soigner. De chasser mes démons et surtout, SURTOUT, sortir de ma tête toutes ces idées noires, ces envies de mettre fin à mes jours et tout ce qui pouvait me plomber jour après jour. Alors oui je suis faible et égoïste et je ne vais pas prendre ma dépression comme excuse pour justifier les actes parfois irrespectueux que j'ai pu avoir mais, j'en avais besoin. Je devais prendre un nouveau souffle, re vivre correctement.
J'dois avouer que ça n'a pas vraiment été facile. J'avais des vices dur à enlever, des tendances suicidaires à ne pas négliger et je refusais en premier temps de voir la vérité en face. J'sais pas ce qui m'a fait tenir, ce qui a provoqué le déclic. Peut être étais-ce les longues séances chez le psy ou bien tout ces cachets qu'on me forçait à absorber mais.. Jour après jour je pouvais voir l'amélioration. Et au fond de moi, je savais que je voulais m'en sortir. Que je voulais redevenir maître de ma vie et continuer à vivre loin de tout ça. Alors j'ai fais des efforts, avouée mes tords, appris à vivre avec mes erreurs jusqu'à être capable de sortir de l'endroit ou je m'étais moi même enfermée : ma tête. Et même après ça, j'suis restée chez moi. Ma vie de famille était peu être compliquée mais, j'avais besoin d'être avec eux. Ma mère, mon père.. J'avais besoin d'eux et je crois qu'ils ont été le soutien le plus immense que j'ai pu avoir. Au final, j'avais besoin de leurs pardonner. De pardonner tout et surtout de me pardonner moi même. Alors maintenant, je suis prête. Prête à revenir. D'ailleurs, j'serais bientôt là. J'attends juste que l'avion décolle. Revenir à Harvard, c'était pas un souci. J'avais toujours eu des notes excellentes et j'allais pas être blâmé pour des problèmes de santé. Non, j'avais pas eu de souci pour ça. L'pire, ce que j'avais vraiment peur d'affronter c'est vous. J'suis partie sans le dire à personne, je reviens sans le dire à personne non plus. Et quand j'disais que cette lettre serait ma rédemption, c'est parce que j'ai besoin de m'adresser à chacun de vous.
Dorian ; je crois bien que tu es le seul à avoir eu un tant soit peu de mes nouvelles. Même si ça s’est arrêté à un mail, même si je n’ai pas répondu par la suite, t’es le seul à qui j’ai donnée signe de vie. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment moi-même. Peut être parce que tu avais été tellement important qu’au fond de moi, il me semblait juste de venir vers toi. Puis parce que j’avais besoin de savoir que t’allais bien aussi. Je sais que je t’ai laissée tomber. Je sais aussi que les choses ne redeviendront certainement jamais comme avant mais.. J’avais besoin de te parler. Tu sais, j’appréhende vraiment le moment ou l’on va se retrouver face à face. J’ai peur de tes mots. J’ai peur de ton regard surtout. Peur que tu décides de me laisser derrière toi. J’sais que c’est probablement ce qui va arriver mais.. J’aimerais tellement pouvoir changer cette fin. T’étais mon meilleur ami avant tout. Celui avec qui je pouvais parler de tout. Qui me disait des trucs débiles pour me faire rire et qui me confiais les choses les plus embarrassantes. Je suis pas surréaliste, je sais qu’il est peu probable qu’on retrouve ça un jour mais comme on dit, l’espoir fait vivre. T’as les cartes en main maintenant, c’est à toi de jouer.
Maxime ; toi aussi tu mérites des excuses. Peut être plus que les autres. Je t’ai lâchement abandonné sans me retourner une seule seconde alors que t’étais là à me soutenir dans mes choix et mes envies. Je t’ai abandonné alors que t’avais promis d’être là. Au final, c’était pas toi le mauvais. C’était pas toi le fautif. C’était moi et juste moi. Je le sais et j’en suis désolée. Désolée de t’avoir fait miroiter des choses qui n’ont jamais eu lieu. D’avoir prit ton cœur pour ensuite le broyer. J’avais besoin de me remettre sur pieds et pour ça, je t’ai lamentablement brisé. Peut être que tu m’en veux, peut être pas. J’vais pas chercher à t’énoncer toutes les excuses du monde puisque de toute façon, peu importe ce que je pourrais dire, je resterais encore et toujours la connasse dans l’histoire, pas vrai ? T’avais raison de penser en premier lieu que je n’étais pas une fille bien. Je ne le suis définitivement pas. Je me suis perdue et je t’ai perdu par la même occasion. J’pense pas qu’il soit indispensable de remémorer des souvenirs qui ne feraient que blesser les deux partis alors juste, je suis désolée. Vraiment désolée.
Nevada ; toi, je te dois des excuses. D’énorme excuse. Je suis désolée de pas avoir été assez forte. De ne pas avoir été à la hauteur. De ne pas avoir été capable de faire comme toi et de me battre. Quelque part, j’ai honte. Au fond de moi, j’ai la sensation de t’avoir déçue. Tu m’as donnée ton soutien et même avec ça, j’ai pas su m’en sortir. Alors forcément, je comprendrais les reproches que tu serais susceptible de me faire. Je les comprendrais parce que t’aurais totalement raison. J’ai toujours tellement voulu être comme toi. Je t’admire Neva. Pour ta force, pour ton courage et pour ta capacité à toujours tenir le cap. Je t’admire mais je ne suis pas comme toi. Désolée d’avoir été lâche, de ne pas avoir sur joindre les deux bouts, d’avoir abandonnée avant même d’avoir vraiment essayée. J’espère qu’au final, tu seras pas fâchée. Parce qu’en toi, j’avais trouvée plus que du soutien, j’avais une amie. Te perdre, ça serait sûrement l’une des pires choses. J’suis désolée Neva, vraiment.
La vie ne peut être vécue qu'en allant de l'avant,
et comprise en revenant en arrière.
Cours Cours loin et échappe à tout ça. Echappe à ce qu'on te dicte, à ce qu'on t'impose. Cours et ne te retourne pas. Ne les laisse pas faire de toi ce que tu n'as jamais voulu être. Ne les laisses pas te façonner à leurs image et provoque ton destin.
Princesse, rien que ça. Un titre comme un autre. Quelque chose sans importance. T'étais la deuxième née alors forcément, ça ne te servirais à rien. Non, tu pourrais profiter des richesses, des belles robes et des bijoux brillants mais tu ne serais pas pas la dirigeante du royaume. Tant mieux, t'avais jamais eu l'âme d'une leadeuse.
Carrie Jade Théa Rosen, princesse de suède et dernière née. Ta soeur, Chrissy, n'était ton ainée que de quelques minutes mais personne n'était capable de vous dissocier.
Jumelle identique. Même visage, même expression, même façon de parler, seul vos caractères permettaient de déterminer qui était qui mais ça, seulement quand vous n'étiez pas d'humeur à faire tourner le monde en rond. Jeu, langage incompréhensible, fusion des sens, c'était vous contre le monde. Si Chrissy avait toujours suivit et appliquée les ordres à la lettre, toi tu préférais mille fois jouer dans la boue, trouer tes robes en grimpant aux arbres et laisser tes cheveux s'emmêler plus que de raison. C'était pas important, tout le monde s'en fichait puisque tu n'étais que la deuxième option.
Pauvre Carrie. Non, t'étais pas malheureuse. T'aimais ta liberté, tes choix et jamais t'avais pensée que tout pourrait basculer.
Votre fille est diagnostiquée schizophrène. Elle sera adepte des changements d'humeurs trop rapides et d'états d'esprit qui changent rapidement. Je suis désolé de vous apprendre une si mauvaise nouvelle, mais vous devez agir. Elle ne pourra pas gouverner un pays avec cette maladie. Tu ouvrais grand les yeux sans comprendre, préférant faire des grimaces affreuses à ta soeur. Tu le faisais tout le temps parce que s'il y avait bien un truc que t'aimais, c'était son rire. Elle avait le rire le plus merveilleux au monde. Mais malheureusement, celle-ci semblait bien trop concentrées sur les paroles d'adultes.
Et mon dieu ce que c'était ennuyant les conversations d'adultes. Que se passe-t-il père ? Aucune réponse. Comme si Chrissy était invisible. Toi, tu la voyais et tu prenais sa main comme pour lui dire que tout irait bien. Tout irait toujours bien.
Est-ce qu'il est possible de les échanger ? Est-ce que vous pensez qu'il est possible que ce soit Carrie qui monte sur le trône à l'âge légal ? Je ne peux pas laisser Chrissy gouverner, comprenez-moi, il faut faire quelque chose et rapidement. C'était un jeu ? Un jeu oui. Du moins, c'était ce que tu avais pensée sur le moment. Juste un jeu drôle qui ne durerait que quelques instants.
JE NE VEUX PAS ! - «
Pleure pas Chrichri. C'est juste pour rire. » Pas vrai que c'était pour rire ?
Trop naïve. On te le reprochait souvent.
Tu n'as pas le choix Chrissy, si tu ne veux pas obéir, je t'emmène dans un hôpital spécialisé et tu ne reviendras plus jamais ici. Tu les regardais tour à tour et tu comprenais pas. Tu comprenais pas ou tu ne voulais pas comprendre. Il avait pas le droit de te l'enlever, sans elle t'étais plus rien.
Et toi ma petite Carrie, tu vas devenir reine, fait le pour protéger ta sœur. Les gens vont se poser des questions, ils vont vouloir faire d'elle, un animal de foire. Je sais que tu feras tout ce qui est en tout pouvoir pour faire attention à elle, alors tu obéiras. Non, non, non. C'était pas prévu ça. Il avait pas le droit.
Désormais, tu t'appelles Carrie et ta sœur Chrissy, je ne vous laisse pas le choix. Tu roulais des yeux attendant la chute de la blague. Et innocemment, tu finissais par prendre la parole. «
Mais moi c'est Carrie papa. Tu vois bien que je suis Carrie. » Ou pas. Tu ne l'étais plus. Pas aux yeux des autres. Le jeu du mensonge venait de commencer.
Parce que je suis la fille qui préfère s'enfuir,
en abandonnant derrière elle tous ceux qui ne peuvent pas suivre.
Echange d'identité. T'étais pas consciente du mal que ça pouvais faire ce genre de connerie.
Cours. Echappe à tout ça tant qu'il en est encore temps. Fuis le plus loin possible. Bas toi pour que ce que tu. Ne les laisse pas pas te changer. Et pourtant t'étais faible. T'avais toujours été la plus faible. Et si Chrissy ne se battait pas, comment pourrais-tu le faire ? La carrure tu ne l'avais définitivement pas. T'étais qu'une enfant pleines de rêve et tu croyais à ce qu'on racontait. Tu voulais pas que Chrissy elle parte. La faire partir c'était comme
retirer une partie de toi. Alors puisque c'était pour la protéger, tu la protégerais.
Tu n'étais plus Carrie désormais. Elle était toi, tu étais elle et personne ne semblait voir que quelque chose clochait. C'était dur de ne pas répondre à l'entente de ton prénom. Difficile d'être quelqu'un d'autre. Tu avais pris sa place et tu te retrouvais propulsée au premier rang. T'étais la futur reine.
La parfaite futur reine. T'étais Chrissy maintenant. Et malgré la complication, tu finissais par t'y habituer. Tout est une question
d'habitude. Les yeux mi-clos, la tête en feu, tu écoutais à moitié la discussion. Tu te fichais toujours de tout de toute façon. Mais pas cette fois. Cette fois c'était différent. Faire partir Chrissy -pardon Carrie- ? Ou ça ? Pourquoi ? Combien de temps ? «
Non, elle s'en va pas. » Mais t'étais qui toi pour donner des ordres à qui que ce soit ? T'avais onze ans depuis peu, t'étais une enfant, rien de plus. Tu devais taire, juste
te taire. Et elle était partit. T'étais seule dans ce grand chateau continuant à jouer le rôle qu'on avait cousu de toute pièce pour toi. Ta place était dans l'école la plus réputée du pays et en bonne enfant studieuse que tu étais, rien ne pouvais t'être reprochée. Tu faisais ça pour elle, pour la revoir, pour qu'elle revienne, pour qu'on ne te l'enlève pas. Au final, les vacances c'était toujours ce que tu attendais le plus parce que c'était là qu'elle revenait. Elle était différente, tu le savais mais tu le disais pas. Tu le disais pas parce qu'elle restait Chrissy et que dans ton monde, y avait juste elle et toi.
CARRIE ! C'était pas normale qu'elle soit là. C'était pas les vacances mais, vos parents avaient crisés pendant des jours.
C'était sa faute. Mais toi t'étais juste heureuse de la voir là.
Avant qu'elle reparte une énième fois. T'étais plus un enfant maintenant. T'allais avoir quinze ans. T'étais grande, t'étais belle, tu rencontrais les premiers garçons et t'allais bientôt passer au lycée. Pourtant, tu t'en fichais. C'était bientôt les vacances d'été et ça voulais dire deux mois. Deux mois avec ta jumelle, deux mois de complicité. Juste elle et toi jusqu'à la prochaine fois. «
Même quand t'es loin je t'aime. J'veux pas que tu repartes Chrissy. » T'avais chuchotée doucement pour être sûre qu'elle seule t'entende. T'avais pas le droit de l'appeler comme ça. Tu devais toujours dire
Carrie alors que Carrie c'était toi. Mais tu te fichais bien de ce que tu pouvais ou pas. Ils avaient déjà mentit en disant qu'il la laisserait ici si tu prenais sa place. Au lieu de ça tu n'avais le droit qu'à quelques semaines bien trop courte pour satisfaire ce besoin que tu avais d'être près d'elle. «
Un jour, tout redeviendra comme avant. » Un jour, peut être. Douce illusion.