L. MAXENCE DAVENPORT ► armie hammer (dc de paloma)

« Et voici mon fils, Maxence », précisa mon père en me faisant signe d'approcher. Je m'exécutai, comme à mon habitude, et m'approchai du groupe d'hommes en costumes qui accompagnaient mon père. Des poignets de mains s'échangèrent durant quelques minutes. « Maxence, comme vous le savez certainement, étudie à Harvard et, j'ai grand espoir qu'il suive un jour mes traces ». Des regards approbateurs se posèrent sur moi, tandis qu'intérieurement, je ne pouvais m'empêcher de lever les yeux au ciel. Je détestais avoir l'impression d'être un vulgaire objet dont on vantait les qualités dans le but d'appâter les clients. Pourtant, c'était comme cela depuis mon enfance.

Je me prénomme Maxence Davenport. De mon nom complet, Leandro Maxence Davenport. Ce nom ne vous est certainement pas inconnu, puisque mon père n'est autre que le chef de cabinet de la Maison Blanche. Autant dire qu'il joue un rôle important dans le pays et que, de ce fait, il est constamment présent sur la scène politique et médiatique. Et, étant son fils, cela me met également sous le devant des projecteurs, ce dont je me serais bien passé. Le destin a cependant souhaité que j'appartienne à l'une des familles les plus médiatisées des Etats-Unis et aussi à l'une des plus influentes. Bien entendu, mon père a eu son rôle à jouer dans tout cela mais, ma mère a également apporté sa pierre à l'édifice.

Il y a quelques temps, Francesca Giuliana Mancini, fille d'un des plus hauts membres de la mafia New Yorkaise, a épousé John Adam Davenport, fils de Charlie Eric Davenport, avocat aussi réputé que controversé. Bien entendu, ce mariage avait été préalablement arrangé par les deux familles, qui n'y trouvaient que des avantages. De cette union, me voici. Mes parents se trouvaient en Sicile, rendant visite à la famille de ma mère, à Palerme, lorsque je né mais en réalité, ils s'étaient installés à Washington auparavant, puisque que mon père devait sans cesse être auprès du président. Autant dire que je traine derrière moi le lourd fardeau d'appartenir à une famille, certes célèbre et influente, mais avec énormément de zones d'ombres que peu de personnes connaissent.

Je me trouvais en pleine conversation avec les hommes que mon père m'avait présenté auparavant lorsque je sentis une main presser doucement mon épaule. Quelques secondes plus tard, une voix familière déclara : « Messieurs, je vous l'emprunte quelques instants ». Les hommes firent un signe de tête et reprirent leur conversation. Flaviana m'attrapa le bras tout en murmurant : « Viens, il faut qu'on sorte ». Je la regardai, perplexe. C'était elle qui avait insisté pour que l'on vienne à ce gala. Et maintenant, elle voulait que l'on parte ? Quoi que, venant d'elle, ce genre de réaction ne m'étonnait pas.

Flaviana n'était autre que ma fiancée, depuis trois ans. Nous sommes ensemble depuis l'âge de seize ans. Autant dire que ça aussi, ça a été arrangé. En fait, Flaviana est la fille d'une très grande amie de ma mère. Je les soupçonne d'avoir eu l'idée de nous caser ensemble alors que nous n'étions encore que des enfants. J'en suis même certain. Tout cela pour dire que Flaviana, je la connais, depuis le temps. Je peux prévoir ses réactions, je sais quand il ne faut rien dire pour ne pas aggraver la situation, je sais quand il faut être honnête, et quand il faut mentir, aussi. Même si je n'ai pas eu le choix, je dois dire que j'ai finalement eu de la chance de tomber sur Flaviana. C'est une personne remarquable, certes un tantinet capricieuse et égocentrique et ayant une fâcheuse tendance à vouloir être admirée mais je l'aime bien. Et puis, nous ensemble, tout le monde est content donc ...

« Non mais tu te rends compte ! Quel culot ! Si elle savait ce que tout le monde pense d'elle, elle serait bien refroidie, je peux te le dire ! Mais vraiment, je n'arrive pas à y croire ! ». Aussitôt dehors, la tornade Flaviana avait pointé le bout de son nez. Elle gesticulait, criait, tapait du pied. Parfois j'étais étonné de voir à quel point elle pouvait faire bonne figure et se retenir d'exploser en présence de personnes importantes pour finir par piquer une crise une fois que personne risquant de pourrir sa réputation puisse la voir. « J'espère que tu vas agir en conséquence ! », déclara t-elle d'un ton sérieux en me fixant d'un regard noir. Agir en conséquence ? Je n'avais pas suivi la conversation, trop occupé à observer mon père, non loin de là, en grande conversation avec un homme qui m'était complètement inconnu. « Oui. Je ferais le nécessaire, ne t'inquiètes plus de ça », lâchai-je d'un air faussement concerné. Flaviana devait sûrement criser après l'une de ses amies, pour une raison dont je n'attachais guère importance. Mon attention s'était reportée sur mon père. Il avait l'air inquiet et voulait apparemment que l'homme s'en aille. Intérieurement, je soupirais.

J'étais certainement l'une des seules personnes à savoir que mon père était régulièrement en contact avec l'une des familles de la mafia new-yorkaise. En fait, celle dont mon grand-père faisait parti. Mon père en profitait donc pour en tirer toutes sortes d'avantages, essentiellement économiques. Évidemment, cela restait secret mais quelques personnes se doutaient qu'il se passait quelque chose de louche dans la famille Davenport. Je n'approuvais pas du tout cela et j'avais déjà essayé d'en parler à mon père mais bien sûr, il n'avait rien voulu entendre.

« Bon alors, tu viens ? Je veux rentrer ! », se plaignit Flaviana en me tirant le bras vers l'intérieur d'une de nos limousines. Je ne pouvais détacher les yeux de mon père. Je me dégageai de l'étreinte de Flaviana et me dirigeai vers celui-ci. « Tout va bien ? », questionnai-je. L'inconnu avec lequel traitait mon père marmonna quelques mots puis s'éloigna sans se retourner. « Mais bien sûr, pourquoi demandes-tu cela ? », répondit mon père avec un grand sourire. Puis jetant un coup d'œil vers ma fiancée qui attendait impatiemment, il ajouta : « Vas, ce n'est pas correct de faire attendre une dame ». Je m'exécutai pour la énième fois de la soirée, sans ajouter un mot. A quoi bon ?