La légende d'un nom particulier :
Adonis, jeune demi-dieu de la mythologie grecque, est devenu le symbole de la beauté masculine. Aphrodite, déesse de l'Amour, s'éprit de lui avec passion. Mais au cours d'une partie de chasse, il fut tué par un sanglier. Folle de douleur, Aphrodite alla supplier Jupiter de le rendre à la vie. Le roi des dieux se laissa convaincre et ressuscita le jeune homme. Cette tendre légende a été mille fois racontée par les poètes de l'Antiquité. Elle explique la révérence entourant ce prénom qui n'a jamais été très répandu.
Et mon histoire :
J’ouvris les yeux. Le ventilateur tournait non loin, je l’entendais. Mes paupières papillonnèrent un peu. Que s’était-il passé ? J’avais mal au crâne. Je me redressais. Où étais-je ? J’avais une sensation de déjà-vu. En me retournant, je vis une petite flaque de sang sur le sol. Je ne pouvais m’être fait ça seul, il n’y avait pas d’obstacle autour de moi, et pas d’objet sur lequel j’aurais pu me blesser à la tête. Je parcourais la pièce. Tout était familier, mais c’était le noir complet, je ne savais pas d’où ça venait. J’entrais dans la salle de bain et me retrouvai face à un miroir. Je fus choqué, tétanisé. Un miroir nous renvoi notre reflet, alors pourquoi est-ce que je ne me reconnaissais pas ? Qui était-il ? Qui étais-je ? Je ne me souvenais de rien, absolument rien. Comment étais-je arrivé là ? Où étaient les autres ? Je ne devais pas être seul ! Il devait y avoir une explication. Je fouillais les pièces, tombait sur différents papiers à l’air important, des dossiers scolaires au nom d’Adonis de la Torre, des factures, des certificats, des photos ; c’était mon reflet sur ces dernières, entouré de deux personnes : un homme et une femme, qui, comme le reste, me semblaient familier. JE voulais penser que je les avais croisé il y a peu, mais je devais me rendre à l’évidence : ma mémoire me faisait défaut. Où étaient-ils ? Je n’en savais rien. Mais s’ils revenaient, comment leur dire ? Ils étaient des étrangers de ma mémoire.
J’ouvris d’autre portes, tombait sur la cuisine. Je m’emparai de tout ce qui me passait sous la main. Je ne savais pas depuis combien de temps j’avais dormi, mais j’étais sûr d’une chose : j’avais faim, et pas qu’un peu. Puis je découvris les chambres, au nombre de deux. La première, dans des teintes pastelles, était meublée d’un grand lit et d’une armoire en bois massif. La seconde, de couleur blanche, était emplie de posters et d’objets divers et variés. Je m’attardai dans cette ci. Sur le bureau, il y avait une carte du monde, et une multitude de stylos dont la plupart ne marchaient plus. Il y avait des affiches de groupes et des tournées de concert un peu partout. Je testais le matelas du lit avant de m’allonger dessus, les bras derrière la tête. Je regardai l’inscription au plafond : « J’irai à Harvard, c’est promis ». Harvard… Je me redressai d’un bond. Le lit grinça. Je me précipitais sur l’ordinateur du salon. Il n’était pas protégé par un mot de passe, heureusement ! Je tapais « Harvard » sur un moteur de recherches. C’était une école. Je voulais me rendre dans une école. Il fallait absolument que je m’en souvienne lorsque mes parents rentreraient. Je m’appelais Adonis de la Torre, je voulais aller à Harvard. J’avais quel âge ? Quel était le nom de mes parents ? Étais-je fils unique ? J’avais l’impression d’être un auteur de roman à la recherche d’une famille pour un personnage. Je fouillais partout, et finis par dénicher le livret de notre famille. Ma mère s’appelait Thérèsa, mon père Patrick, tous deux australiens. J’étais leur seul enfant, né le 14 juillet 1991. Sur le calendrier de l’ordinateur, nous étions le 16 juillet 2008. Je venais d’avoir dix-sept ans. Et si on m’avait agressé le jour de mon anniversaire ? Ça ferait deux jour que j’étais étendu… Et personne ne serait venu. Mais je me remontais le moral en me disant que je devais me tromper.
J’attendis de longues heures, m’occupant à toutes sortes d’activités sur moi-même. J’avais eu de bons bulletins, j’étais un élève sérieux et attentif, mais un peu froid d’après certains professeurs. Froid ? D’autres marquaient : « ne parle jamais en cours » ou « bon trimestre, attention au comportement cependant ». J’épluchais aussi nos factures. Nous avions eu plusieurs courriers signalant que si nous ne payions pas l’électricité, elle sera coupée. Le dernier était récent, il datait du 13 juillet. Nous avions donc des problèmes pécuniaires. Pourtant, l’appartement n’était pas très grand, bien que confortable. J’attendis longtemps, le soir tomba, mais mes parents ne revenaient pas. Il se passait quelque chose. Je dénichai mon téléphone portable dans la table de nuit de ma chambre. J’appelais les numéros au nom de « papa port. » et « maman port. », il y avait plusieurs tonalités, mais aucun ne décrochait. Je m’inquiétais. Quelque chose ne tournait pas rond. Après vérification, j’avais reçu des SMS, l’un de « patron bar », datant d’aujourd’hui, qui me demandais pourquoi je n’étais pas venu travailler pendant les deux derniers jours, l’autre de « Hermine », en date du 14, qui me demandait de la rejoindre à la piscine. J’étais bien inconscient depuis deux jours.
Je laissai passer la nuit sans dormir. Au matin, je me décidai : il fallait que je parte, on avait voulu ma mort, et visiblement mes parents n’y étaient pas étrangers. J’avais trouvé d’importantes sommes d’argent sous leur lit. Je ne savais pas d’où ça leur venait, mais ça allait m’aider à partir d’ici. Je fis une valise avec les choses les plus importantes : les papiers, tous les papiers qui pourraient assurés ma sécurité et d’où je venais. Je rajoutais quelque vêtements, mais pas d’objets personnels : je n’étais plus attaché à aucun d’entre eux. Je pris un taxi qui me déposa à l’aéroport le plus proche. Je m’étais servi d’internet pour commander un billet : mon père était sorti en laissant son portefeuille et sa carte bleue derrière lui. J’avais pris la réservation en direction de l’aéroport le plus proche de la grande école que je visais, aux Etats-Unis. C’était là-bas qu’il fallait que j’aille avant de me faire attraper à mon tour. Il y avait un bémol cependant : j’avais sauté une classe, j’avais mon diplôme, mais… Je ne savais pas si Harvard accepterait un jeune de 17 ans. Mais la question ne se posa pas. Lorsque j’arrivai, le temps que je me trouvasse un hôtel et que je me situasse par rapport à l’école, je découvris que les inscriptions étaient terminées.
Je ne désespérais pas : je louais un logement pour jeune émancipé. Je trouvais un travail en tant que serveur, et je gagnais maigrement de quoi vivre. J’avais compté l’argent légué par mes parents : chaque liasse représentait environ 10 000$. Il y en avait en tout 19. L’une d’entre elle avait disparu, mais pour le jeune que j’étais, ça ne faisait pas beaucoup de différence. Je m’inscrivis à Harvard l’année suivant mon installation, et en tant que freshman, je m’installai sur le campus, sans pour autant lâcher mon métier.
Cependant, il y a peu, je me découvris quelque chose d’étrange : les filles ne m’intéressaient pas le moins du monde : il y en avait des blondes, des brunes, de toutes les tailles, toutes les formes, mais ce que je désirais, ce n’était pas elles. Elles me faisaient peur. Je pouvais les côtoyer, bien sûr, e temps des cours, mais je n’osais pas m’en approcher. Depuis cette fameuse nuit où, sortant du restaurant où je travaillais comme serveur, elles s'y étaient mises à plusieurs pour essayer de me dépuceler comme on dit, je ne peux plus leur faire confiance. Et du coup, je ne connaissais personne, je restais comme une ombre hantant l’école, j’étais quasiment persuadé que personne dans ma maison ne m’avait aperçu jusqu’alors. J’évitais tout le monde pour une raison simple que je me découvris au fur et à mesure : si les filles me faisaient peur, les mecs m’attiraient. Je n’étais pas normal…